samedi 31 décembre 2011

Un peu de délire et pourquoi pas!

Hier, avec l'Homme, nous avons fait ce que nous appelons nos visites paroissiales. Cela veut dire que nous sommes allés à la rencontre de personnes malades ou esseulées.

Notre premier arrêt a été pour un ancien confrère de mon oncle R., prêtre des Missions-Étrangères. Ce frère de maman me fascinait. Avouez qu'avoir un oncle qui travaillait au Japon dans les années 60, c'était plutôt inusité! Et un oncle missionnaire de surcroît, c'était un plus pour une petite fille qui fréquentait une école encore dominée par l'enseignement des religieuses. Grâce à mon gentil oncle, qui correspondait avec moi, je collectionnais aussi de fort beaux timbres que j'étais la seule à posséder dans mon patelin du Saguenay. Et je suis convaincue que l'admiration qu'il vouait aux habitants du pays du soleil levant n'est pas étrangère au choix que l'Homme et moi avons fait d'adopter des enfants asiatiques. Bref, mon oncle est mort trop jeune, au début de la soixantaine. Ses problèmes de santé ne l'ont jamais empêché, toutefois, de vivre à plein. Après son retour forcé du Japon, il a continué sa mission au pays en agissant entre autres comme interprète et en prêtant main forte aux prêtres des paroisses avoisinant Pont-Viau, son port d'attache. Ça, c'était pour ses activités professionnelles. Il n'a jamais cessé non plus de pratiquer ses sports favoris, dont le ski. À ce sujet, il se plaisait à dire à ma mère, qui s'inquiétait pour lui : "Ne t'en fais pas. Quand j'arrive en haut de la côte, j'évalue le vent. S'il souffle normalement, je prends une nitro. S'il souffle fort, j'en prends deux!" Vous voyez le moineau.

C'est au décès de mon oncle que j'ai rencontré le père B. Depuis vingt-neuf ans maintenant, j'entretiens une relation d'amitié qui se traduit par des échanges de lettres, des appels téléphoniques et, de temps à autre, une visite à la Maison centrale de Pont-Viau. Le père B., âgé de 86 ans, a toujours bon pied, bon oeil. L'entendre parler du travail de la Société dans les différents pays où elle envoie des prêtres et des laïcs est absolument fascinant. Quatre-vingt dix minutes se sont donc écoulées à la vitesse de l'éclair.

Prochain arrêt : la résidence de Belle-Maman. Là, c'est une autre histoire pour ce qui est de la conversation. Nous devons composer avec une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer, ce qui limite passablement les échanges. Pas grave. Il semble que les sempiternelles mêmes blagues de l'Homme réussissent toujours à tirer un sourire à sa maman. Pour aider à passer le temps, nous en profitons pour jaser avec d'autres habitants de la place, parfois aussi perdus que Belle-Maman, mais plus bavards qu'elle. C'est le cas notamment de Madame C. dont le père était notaire comme elle se plaît constamment à le rappeler. Elle est habituellement tirée à quatre épingles. Hier, je l'ai retrouvée dans le couloir avec sa marchette, vêtue de sa robe de chambre et son petit sac à main en bandoulière. Comme je l'interrogeais sur sa tenue, elle me répond sans détour, avec sa diction d'élève de l'ancien cours classique : "Mais oui, je me suis habillée car papa vient me chercher. Je sors ce soir. Maman m'attend à la maison." Ai-je besoin de vous préciser que Madame C., à l'âge vénérable de 96 ans, est orpheline depuis un bout? Bref, après avoir attendu en vain un père qui ne s'est finalement pas montré le bout du nez, elle est venue nous jaser ça au salon : "Je ne sais pas ce qui se passe. Papa n'arrive pas. J'aurais dû le rappeler. Il a sans doute oublié." Et là, elle nous regarde, l'Homme, le Fils et moi, et nous déclare le plus sérieusement du monde : "Je ne sais pas si je pourrais rester un soir de plus. Vous savez, j'ai une chambre ici." Moi, en essayant de contenir mon fou rire, je prends le parti de la rassurer : "Je crois que ce serait possible, Madame C. Je pense même que cela ne posera aucun problème." Et le Fils de rajouter avec son flegme asiatique : "Profitez-en, c'est le même prix."

mercredi 28 décembre 2011

Entre deux rots de tourtière

Double plaisir pour vous chers lecteurs aujourd'hui. Rendez vous également sur le blog de la Marcheuse urbaine libre pour une toute récente mise à jour sur la vie à la retraite.

La première partie des réjouissances est terminée. Noël est déjà derrière nous. Il est finalement né le Divin Enfant. J'ai assisté encore une fois cette année à la messe gospel et j'ai fondu. J'adore Jean, le prêtre qui a créé la chorale et qui préside aux célébrations. Il fait "preacher", c'est vrai, mais il réussit toujours à m'embarquer. Dans son homélie, il nous a dit de laisser Dieu tomber dans nos vies, de le laisser descendre dans nos coeurs. J'avais besoin d'entendre ça parce que c'est seulement avec l'aide de ma foi que j'arrive à être capable de côtoyer jour après jour la misère, la faim, l'abandon, la pauvreté. J'ai pleuré quand l'une des membres de la chorale a chanté "Tous les jours de ma vie, j'annoncerai ton Nom" parce que c'est ça que je fais depuis le mois de septembre. Et c'est dur.

Que je vous rassure tout de suite : je ne suis pas entrée en religion. Autre précision : je n'ai pas planifié que cela se passe de cette façon. Dernier détail mais non le moindre : je ne me présente pas à la Soupière ou au Service de dépannage avec la bible d'une main et le crucifix de l'autre. Mais les qualités d'écoute, de présence et d'empathie que cela demande pour vraiment accueillir les gens dans leur dignité et les accepter comme ils sont, je les retrouve dans le message du Christ. J'ai décidé, sans trop m'en rendre compte, d'aller plus loin que la boîte de soupe. En fait, c'est depuis que la responsable du Service de dépannage m'a étiquetée préposée à l'accueil que je mesure davantage la valeur ajoutée que je peux apporter.

Je suis encore maladroite dans mes approches mais je commence à établir des liens. Je trouve ça merveilleux. D'ailleurs, j'ai pensé à plusieurs de ces extraordinaires personnes depuis que je suis en vacances de bénévolat. Je me demande si tout se passe bien pour elles et j'ai déjà hâte de les revoir. De fait, hier après-midi, en arpentant mes trottoirs, j'ai croisé E. qui rentrait chez lui avec des sacs à la main. Il m'a reconnue. Nous nous sommes salués et nous avons échangé un "Joyeux Noël!" en souriant. C'est drôlement bien quand les étrangers deviennent des familiers!
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Notes félines : Il fait froid. Très froid. Je pars demain pour une semaine. Le voisin est "supposé" nourrir les chats du dedans et du dehors. Dans le dernier cas, je ne suis pas certaine qu'il va le faire étant donné qu'il n'est pas d'accord avec mon entreprise de bar ouvert. Je suis donc vraiment inquiète. Les petits chats et leur maman étaient encore là tout à l'heure attendant que je remplisse les plats. Il était tard. Presque 23 h. C'est qu'ils ont peur parfois de venir le jour à cause du bruit et des autres chats. Je n'ai malheureusement pas d'autre choix que de faire confiance à la débrouillardise et au courage de mes protégés. Dire que j'écris ça avec la Reine-Marguerite blottie à côté de moi dans le lit en train de ronronner de contentement. C'est bien vrai que même les animaux ne naissent pas tous égaux!

mercredi 21 décembre 2011

Noël à la bonne conscience

Le compte à rebours est commencé. Nous avons entamé le dernier droit. Depuis deux jours, je baigne dans les paniers de Noël, les fêtes organisées pour les enfants, les montagnes de cadeaux amassés par des âmes généreuses et remis à neuf pour une nouvelle vie, les repas de saison destinés à remplir les estomacs et à réchauffer les coeurs. Je nage dans l'esprit de Noël, et pourtant.

Vous aurez deviné qu'il s'agit d'activités tenues par les organismes pour lesquels je bénévole afin d'offrir aux personnes démunies un peu de la magie du temps des fêtes. Je sais et je vois le bien que cela apporte. J'ai été attendrie par les sourires des enfants quand ils ont été appelés par le Père Noël, par leur joie de découvrir les jeux, les toutous, les cahiers à dessiner et les sacs de bonbons. J'ai été émue par les soupirs de soulagement de leurs parents en constatant que leurs enfants sont pour un instant pareils à tous les autres. J'ai surpris les éclairs dans les yeux de certaines personnes quand on leur demande de se choisir une gâterie parmi les choses plus "spéciales" récoltées pendant la Guignolée. J'ai entendu des mercis nombreux et généreux en offrant un morceau de gâteau fait maison. J'ai reçu des becs sur les joues donnés spontanément par des gens heureux de repartir avec des sacs de nourriture abondamment garnis. Je devrais exulter, déborder d'allégresse, et pourtant.

C'est que, voyez-vous, tous ces beaux gestes ne me donnent pas nécessairement bonne conscience. Ils ne m'empêcheront pas de penser par exemple qu'il va quand même y avoir des personnes seules, des enfants tristes, des parents découragés pendant que je vais fêter avec ma famille. Il va encore y avoir des frigidaires vides, des logements mal chauffés, des arbres de Noël avec deux ou trois boules pour seules décorations, des tables avec pas grand-chose dessus pendant que je vais partager des moments privilégiés entourée de ceux et celles que j'aime. Je ne perdrai pas ma capacité de m'indigner simplement parce que j'ai versé une goutte d'eau de bonté dans un océan de misère.

Par ailleurs, le fait que j'ai été témoin de plein de petits miracles depuis deux jours me comble de gratitude. Constatez plutôt. Je suis allée livrer des cadeaux en fin d'après-midi sous une pluie verglaçante qui avait transformé les trottoirs et les escaliers en véritables patinoires. Je n'aurais jamais été capable de grimper au deuxième étage pour jouer à la Mère Noëlle. C'est un jeune garçon de huit ans qui a bravé les intempéries pour venir à ma rencontre. Il a dû faire l'aller-retour deux fois pour réussir à monter tous les paquets jusqu'à sa maman. Un autre bout de chou de quatre ans, après avoir reçu ses cadeaux, a offert spontanément un de ses toutous à un plus jeune parce que, disait-il, "moi je suis grand et je ne vais pas jouer avec, alors je préfère lui donner." Et que dire de l'énergie, du temps et des efforts consacrés par tous les organisateurs pour assurer le succès de ces journées. Hier, c'est plus de 80 paniers qui ont été remis dans un minuscule local où l'opération avait été montée de main de maître. Aujourd'hui, ce sont 300 repas qui ont été servis dans une ambiance de fête avec musiciens et visite du bonhomme rouge.

Pourquoi je reste triste alors? Peut-être parce que je voudrais tellement que ce soit tous les jours Noël pour tout le monde.

dimanche 18 décembre 2011

Éviter la "surnôwellisation"

Voilà qui n'est pas évident. Et pourtant, je m'efforce de vivre le Noël le plus vert possible. Tout d'abord, côté décoration, je laisse les arbres dehors et je me contente de monter dans le salon mon petit village composé de la crèche fabriquée par l'Homme-bricoleur et des maisons en carton provenant directement de ma tendre enfance. Je m'assure ensuite de ne pas abuser des lumières pour empêcher Hydro de faire faillite. Enfin, je réutilise à l'extérieur les graminés toujours dans l'immense pot qui se trouvait dans l'entrée, pot qui a été déplacé dans la cour arrière pour l'occasion. L'Homme a ajouté un projecteur, et j'ai planté quelques branches lumineuses au travers du feuillage. Tadam! Décoration de saison instantanée et passablement écolo. J'oubliais. L'éclairage s'éteint tous les soirs à heure dite grâce à la minuterie.

Je suis donc pas mal fière de moi. Restent les cadeaux. Grâce à l'indignation de la Fille, c'est une coutume que nous avons bannie depuis quelques années. Pour quand même agrémenter la soirée du Réveillon, nous achetons chacun un cadeau d'environ 20 $ et nous jouons à l'encan chinois. Nous changeons de thème selon les années. Nous avons eu droit au cadeau "noir et blanc", au cadeau "produit du terroir" et au cadeau "culture québécoise". Cette année, c'est le cadeau "petite douceur". Je n'ai pas eu le choix. J'ai dû me rendre au centre commercial. Misère.

Le stationnement débordait même en plein vendredi après-midi. Coudonc, tout le monde es-tu à la retraite? Après quelques viraillages, j'ai réussi à trouver un espace à l'autre bout du monde, mais qu'importe puisque je ne suis pas encore impotente! Rappelez-vous. Je n'ai qu'un seul cadeau à acheter. Malheureusement, la parcimonie ne me réussit pas. Je ne peux en effet échapper à l'obligation de parcourir les allées et de me frayer un chemin parmi la cohorte de magasineurs déchaînés. Les pôvres! Ils tiennent la liste d'une main et la carte de crédit de l'autre. Ils entrent et sortent des boutiques à pleine vitesse, ils comptent sur leurs doigts pour être certains de n'oublier personne, ils parlent au téléphone pour demander une énième fois c'est quoi encore la dernière bébelle électronique que les enfants voulaient. Je suis un peu découragée de constater que les lignes les plus longues aux caisses se retrouvent au Magasin du dollar! Est-ce cependant si étonnant quand on connaît le taux d'endettement des ménages canadiens? Il a atteint dernièrement un sommet de 153 %. Ça fait peur, non?

Bon, bon. La curiosité vous titille-t-elle? J'arrête de vous faire languir. Oui, j'ai acheté ma petite douceur. Prix avec taxe : moins de 20 $. J'ai aussi trouvé deux chandails en vente que je vais pouvoir porter lorsque je bénévole. Prix avec taxe : moins de 40 $. Malgré tout, j'ai succombé à la caisse en acceptant d'acheter deux couvertures molletonnées pour le prix d'une, soit 6 $. Je crois que c'est parce que j'avais trop respiré le fameux parfum de Nôwell qui embaume (empeste?) le centre commercial au complet. J'avais les narines remplies de cannelle, de clou de girofle et de sapin. L'odeur de Nôwell m'habitait. Mon cerveau était passé en mode réjouissance. À la vendeuse, j'ai répondu : "Ho! Ho! Ho!, pourquoi pas? On n'a jamais trop de couvertures douces dans une maison. Où est-ce que j'insère ma puce?"
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Notes littéraires : J'ai terminé ma lecture de Benoîte. Je vous laisse avec une dernière citation qui explique la raison pour laquelle je n'arrive plus le matin à rabattre rapidement les couvertures pour me lever juste sur une ripompette comme je l'ai fait pendant si longtemps : Vieillir, il faut l'admettre, c'est aussi perdre la beauté du geste. On s'éloigne de plus en plus du mouvement idéal, celui qui joint la précision à l'économie. Peu à peu les gestes perdent de leur spontanéité : ils tiennent plus de la gesticulation, butant sur une limite douloureuse, cumulant l'inutile et le maladroit. Ce n'est pas tant la beauté de la formule qui m'émeut que son incroyable justesse.

jeudi 15 décembre 2011

Bénévole un jour, bénévole toujours

Après avoir effectué un sondage scientifique auprès d'un vaste échantillon d'une personne, j'ai constaté que, sans vraiment le vouloir, j'ai présenté une image un peu rébarbative du bénévolat. Consciente de mon rôle de représentante des bonnes âmes, j'ai décidé de vous reparler de mon expérience de travailleuse non payée.

Le vilain virus mettant un temps fou à me quitter, j'avais décidé la semaine dernière, sur un coup de tête dont je ne suis pourtant pas familière (!!), de cesser de bénévoler jusqu'après les fêtes, histoire de me donner le répit suffisant pour guérir. C'était sans compter sur ma bande de joyeux lurons dont deux membres plutôt qu'un m'ont téléphoné lundi pour s'enquérir de la date de mon retour. Évidemment, l'appel était intéressé puisqu'il y avait des muffins à envelopper. Qu'à cela ne tienne, hier j'étais de retour au poste avec L., ma bénévole souriante préférée.

Vous dire à quel point j'aime ce milieu est difficile à expliquer. Mon comportement, cependant, ne laisse place à aucun doute. D'abord, quand je sais que je bénévole le lendemain matin, je me couche avec une sérénité inhabituelle et une certaine frénésie en pensant au plaisir que j'aurai à retrouver ma gang. Je voudrais presque que la nuit passe plus vite pour que je sois déjà en train de me préparer, et ce, même si je trouve parfois pénible de me lever tôt. Ensuite, je ne peux nier à quel point cela me fait chaud au coeur de sentir que je suis utile. Vous le savez, parce que je me suis épanchée à ce sujet dans d'autres chroniques, mes dernières années au travail ont été franchement inutilement longues, une mort professionnelle qui n'en finissait plus de finir. J'aurais voulu qu'on me débranche d'un coup. M'enfin. Le gouvernement préfère de loin les faux-semblants et les manoeuvres hypocrites. L'important, c'est que je suis maintenant passée à autre chose et, étrangement, je ne m'ennuie jamais de mon ancienne vie. Finalement, les remerciements et les marques de reconnaissance foisonnent quand tu bénévoles. Je ne compte plus les fois où un responsable peut nous dire dans une journée comment il apprécie notre présence, pas plus que je ne peux dénombrer les sourires épanouis de tous ceux que je rencontre quand j'arrive sur les lieux de mon "travail". J'imagine que c'est parce que les bénévoles représentent une denrée rare et que les voir se pointer régulièrement ne peut qu'activer les muscles zygomatiques.

Je suis encore en train d'apprivoiser ce nouveau monde, mais je constate que j'y trouve tranquillement ma place et que j'y suis de plus en plus heureuse. Tenez, hier, en plus d'envelopper les muffins, j'ai aussi servi le dîner. C'est là une activité que j'aime particulièrement. Aussi, quand je suis entrée dans la cuisine pour me chercher un jus et que Serge le chef m'a dit : "Eh! ça te dirait de me remplacer au service quand tu auras fini de manger?", j'ai acquiescé avec enthousiasme. J'ai avalé mon repas à la vitesse de l'éclair pour me diriger le plus rapidement possible derrière le comptoir. En plus de retirer du plaisir à servir un bon repas chaud, je m'efforce de répondre aux petits caprices de la clientèle en donnant quelques biscuits supplémentaires, en mettant plus de sauce sur les patates ou en offrant le choix du dessert.

Je peux vous dire qu'une journée à la Soupière, c'est plus fatiguant physiquement que n'importe quelle journée passée au bureau devant un écran d'ordi. J'étais donc bien contente de me reposer aujourd'hui, et je comptais retourner à mon poste seulement mercredi prochain. Le téléphone a sonné toutefois en fin d'après-midi. J'ai accepté d'aller demain aider au dépannage. Je dois y être pour 8 h (c'est tôt pour une retraitée), mais M., le responsable, a promis de m'attendre avec un café. Pour ne pas être en reste, j'ai cuisiné des muffins aux bleuets. J'ai déjà hâte.
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Notes félines : Hélas, hélas, ce que je craignais est devenu réalité. La maman chatte d'Espagne que je nourris depuis un bon bout de temps maintenant a deux chatons. J'ai d'abord vu en fin de semaine une petite bête adorable au pelage jaune qui jouait avec sa maman sous le cèdre qui se trouve près de la fenêtre de la salle à manger. J'étais déjà découragée... jusqu'à ce je surprenne maman avec un deuxième bébé, celui-là tout noir avec de magnifiques yeux verts comme Mignonne. Je suis chavirée. Ils sont tous évidemment absolument craintifs bien que j'aie réussi à établir un certain contact avec Maman. Ces pauvres animaux ne passeront pas l'hiver. Ils sont encore bien petits. Pour le moment, la température est de leur bord, mais pour combien de temps??? Avec Noël qui s'en vient, il ne me reste pas beaucoup de jours pour les attraper avant que je ne quitte pour les vacances et que les refuges ferment leurs portes. Je réfléchis à une stratégie. À suivre.

lundi 12 décembre 2011

Arrêtez-moi quelqu'un

C'est le titre qui m'est venu à l'esprit pendant que je passais mon anxiété hier soir en cuisinant comme une Ricardo déchaînée. À la fin de ma folie culinaire, j'étais prête à ouvrir un Tim Horton : une douzaine de muffins aux framboises, une douzaine de muffins aux bleuets et un pain au chocolat et au café. Tout ça en une heure et des poussières! Comme je me désespérais devant l'Homme de mon handicap maladif, celui-ci m'a réconfortée en m'affirmant sans ambages : "Moi je trouve que tu t'en fais trop. C'est plutôt avantageux que tu réagisses ainsi quand tu te sens mal dans ta peau. Ça me permet de me goinfrer à mon goût." C'est effectivement une façon de voir les choses. Je ne suis pas certaine cependant que cela soit bon pour le tour de taille. M'enfin.

J'ai tout de même fermé mon resto à un moment donné (je n'avais plus de farine) et je me suis calmée. Après une nuit reposante, j'étais prête pour mon lundi, ma journée désormais préférée. Aujourd'hui, je n'ai pas trouvé d'ex-collègue disponible pour prendre un café avec moi. Je me suis donc attablée à un Tim Horton (pas aussi bien équipé en pâtisseries que le mien) et j'ai poursuivi ma lecture d'un livre de Benoîte Groult intitulé Mon évasion. Je savais uniquement de Benoîte qu'elle était une féministe reconnue. J'ai donc tout appris sur son cheminement et j'ai beaucoup aimé la façon dont elle raconte sa vie. J'en ai extrait les deux notes littéraires ci-dessous qui m'ont tiré un sourire parce que tellement près de ma façon de jouer mon rôle de mère.

À la demande de la Nièce littéraire qui aime ces nouvelles notes, je vous les présente sous le format habituel.
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Notes littéraires : En parlant de sa difficulté à imposer des règlements à ses enfants, Benoîte avoue ainsi son impuissance - "Faire peur, quel rêve! Je connais des femmes plus douces que moi mais dont chaque ordre est exécuté sans broncher. Et avec bonheur qui plus est, car au fond les enfants aiment autant obéir que désobéir, à condition qu'ils n'aient pas l'occasion d'hésiter. S'ils décèlent la moindre hésitation dans votre voix, c'en est fait de vous. Je n'ai jamais su être assez ferme..."

Comme je me suis passée souvent cette réflexion en constatant moi aussi à quel point certains parents étaient sévères et exigeaient (et obtenaient) plein de choses de leurs enfants. Bon, je trouvais aussi qu'ils exagéraient parfois. Je n'ai jamais été partisane de l'obéissance type militaire et je n'ai jamais eu la ténacité nécessaire pour remplir des tableaux, coller des bonshommes sourires et récompenser le plus petit effort accompli par le Fils et la Fille. Je choisissais mes batailles pour égoïstement économiser mon énergie. En ayant moins de choses à surveiller, j'arrivais plus facilement à obtenir des résultats. Puis, quand ils ont vieilli, le Fils et la Fille m'affrontaient de temps à autre et ne se gênaient pas pour remettre en question mes préceptes, principes et valeurs. C'est une époque où j'ai beaucoup appris parce que j'ai accepté de me remettre parfois en question. Cela m'a permis de faire le ménage dans les affaires que je traînais depuis longtemps sans me demander si elles étaient encore pertinentes et valables. Ah! et puis, pour tout vous dire, j'étais pas mal fière de constater à quel point ils savaient ce qu'ils voulaient et je ne détestais pas les voir me proposer des chemins différents de ceux que je connaissais. Je ne le disais pas tout de suite mais, après une bonne discussion, je réfléchissais et je me rendais à leurs arguments même si cela voulait dire que mon coeur de mère allait souffrir. À cet égard, je laisse le dernier mot à Benoîte :

"Après tout, l'affrontement, ce n'est pas nécessairement quelque chose de néfaste. Comme dans les rapports entre parents et enfants, on se libère d'autant mieux qu'on peut s'opposer."

vendredi 9 décembre 2011

Au petit trot...

...s'en va la Marcheuse avec ses préparatifs de fêtes joyeuses! Admirez ici le souci de respecter une rime quelconque pour faire honneur à cette traditionnelle chanson de saison. Oui, depuis hier, j'ai fait du chemin pour arriver en même temps que les autres au Réveillon.

Tout d'abord, grâce à l'aide inestimable du marmiton Athos (un ami du Fils), j'ai cuisiné mon fameux boeuf bourguignon et des feuilletés aux épinards et au fromage de chèvre. J'avais l'impression de jouer à Ricardo en expliquant à mon aide les petits et grands secrets de cette recette de Soeur Berthe, recette que j'ai déjà donnée sur ce blog. Il faut dire que j'avais pris la peine avant son arrivée d'installer les planches à découper, de mesurer la farine pour la mettre dans un bol, de sortir les ingrédients et de commencer à couper le lard salé. Il ne manquait que les caméras. Tant qu'à faire, j'ose une confidence. Il m'arrive parfois pendant que je cuisine en solo de commenter à haute voix les opérations que je suis en train d'exécuter en prétendant m'adresser à un auditoire invisible mais ô combien intéressé par mon expertise culinaire. Je le fais surtout quand je me sens vraiment fière du plat que je viens de réaliser, ou encore plus simplement du nombre de plats que j'ai réussi à mijoter en une journée.

En tout cas, Athos et moi n'avons pas pris le risque d'empoisonner quiconque et nous nous sommes sacrifiés pour déguster une minime portion de ce mets savoureux. C'est d'ailleurs un succès qui a été qualifié de hautement gastronomique par mon marmiton d'une journée. Quand un peu plus tard j'ai mis tout ça au congélateur, j'ai éprouvé le plaisir de l'écureuil heureux de savoir qu'il dispose des provisions nécessaires pour voir venir les jours plus froids ou, en ce qui me concerne, pour accueillir famille et amis qui se présenteront à ma porte très bientôt.

Et aujourd'hui, je suis allée effectuer quelques achats pour me plonger une fois pour toutes dans l'esprit de Noël. J'ai en effet décidé de cesser de combattre la nostalgie, le désir de perfection et le stress de ne pas être prête à temps pour me laisser envahir complètement par la magie. Ça tombait drôlement bien. Il neigeait des flocons blancs. Pour renouveler ma flotte de vieilles décorations, je me suis portée acquéreur d'un Père Noël de dimension respectable que j'ai baptisé Gontran. Quand je l'ai ramené à la voiture, j'ai décidé de l'installer sur le siège arrière comme un véritable passager. Il avait l'air content. Et quand je suis arrivée au magasin pour récupérer l'Homme, je n'ai pas pu m'empêcher de faire un brin de causette avec Gontran pour qu'il ne s'inquiète pas de mon absence : "Je vais revenir dans quelques minutes avec l'Homme. Tu vas l'aimer Gontran, c'est sûr. En attendant, sois bien sage." Et je lui ai foutu un baiser sur le bout du nez molletené avant de refermer la portière en parlant à mon moi-même à voix haute : "Bon, voilà que je converse avec un Père Noël de peluche. S'il fallait que quelqu'un me voit." Et, comme de bien entendu, en terminant ma phrase, je me suis rendue compte qu'un monsieur achevait de fumer sa cigarette debout près de la voiture à côté de la mienne. Il m'a regardée d'un air bizarre. Je n'ai fait ni une ni deux, et je suis partie en quête de l'Homme au petit trot...

mercredi 7 décembre 2011

Être ou ne pas être malade

Vous me connaissez maintenant. Ainsi, vous ne serez pas surpris si je vous apprends que, souffrant toujours du même virus tenace, j'aie décidé d'organiser une inspection surprise à l'hôpital le plus près dans la nuit de lundi à mardi. Histoire de vous présenter un compte rendu de l'état de notre système de santé, quoi!

J'ai donc quitté la maison vers les trois heures du matin sans même avertir l'Homme que je me sentais au bord de l'abîme. J'ai pensé qu'il était bien chanceux, lui, de pouvoir dormir et je l'ai laissé dans les bras de Morphée. J'ai éprouvé cependant un léger remords en constatant que la Reine-Marguerite semblait me regarder d'un oeil désapprobateur après que je l'aie gentiment poussée afin de me préparer pour mon escapade nocturne. Mais l'anxiété a été plus forte. Devrais-je quand même vous préciser que j'ai eu un réflexe sain en m'habillant une première fois et, constatant le geste stupide que je m'apprêtais à poser, que je suis retournée me mettre en pyjama? Pour une demi-heure peut-être. Jusqu'à ce que ma compagne inséparable me pousse finalement à réaliser mon inspection.

Je suis donc partie en voiture dans les rues désertes. Je voudrais toujours conduire quand les rues sont désertes. Ce serait tellement plus facile pour moi qui n'aime pas particulièrement me retrouver derrière le volant. M'enfin. Quand je suis arrivée dans le stationnement de l'hôpital, il tombait une petite neige. C'était vraiment beau. Mais je ne devais surtout pas me laisser séduire par la magie de la poudre blanche et je me suis dirigée tout droit à l'urgence. Je ne sais pas pourquoi j'espérais que l'endroit soit aussi désert que les rues. En même temps, s'il l'avait été, comment aurais-je pu mener à bien ma mission?

Une soi-disant amélioration avait été apportée depuis mon dernier séjour : il faut maintenant prendre un billet pour obtenir le droit de passer au triage. On n'arrête pas le progrès! Après avoir pris un numéro, le malade doit se diriger vers une première salle d'attente. À un moment donné, l'infirmière l'appelle pour lui donner une cote de priorité... qu'elle ne lui révèle pas. Par contre, lorsqu'on se rend compte après presque dix heures que l'on se trouve toujours dans la deuxième salle d'attente, on n'a pas besoin d'être un disciple d'Esculape pour déduire que notre cas ne suscite aucune inquiétude immédiate. Je savais en partant de la maison que ce serait mon sort. Heureusement, je ne suis restée que quatre heures sur ma chaise droite. Mais 240 minutes, c'est suffisant pour avoir le temps d'observer, surtout lorsque notre nous-même n'est pas sous observation.

Une chose par contre n'avait pas changé : la convivialité qui se développe presque automatiquement entre les patients en attente. C'est quand même une phénomène intéressant. Tu arrives dans une salle bondée où tu ne connais personne et, après un certain temps, tu surveilles la place de celui qui s'en va fumer dehors au cas où on l'appelle pendant sa pause-santé ou tu t'en vas chercher un verre d'eau pour celle qui vient de vomir dans la poubelle. Une véritable entraide se manifeste. J'ai vu notamment une mère qui accompagnait sa fille s'enquérir auprès du médecin, une fois que leur tour est enfin venu, de la raison pour laquelle l'homme qui avait reçu un bloc de béton sur la tête se trouvait toujours dans la salle d'attente. Elle est venue ensuite lui rapporter cette réponse laconique : "Tu n'es pas considéré comme urgent." Et les confidences pleuvent, aussi bien sur les malaises que sur les détails plus personnels. Vraiment, après un bout, on souhaite presque que notre tour ne vienne jamais pour éviter d'avoir à laisser nos nouveaux amis. En tout cas, j'ai pu passer ma nuit et mon anxiété. À 8 h, j'ai décidé de traverser la rue pour me rendre à la clinique. Autre salle d'attente, mais sans le côté amical. Au moins, j'ai pu y être examinée... pour la troisième fois en six semaines.

Et pour finir cette saga, imaginez-vous que j'ai appris cet après-midi que je souffrais en fait du virus de l'année dernière! Oui, oui. C'est l'acupunctrice qui me l'a dit. Elle était surprise que j'aie pris autant de temps à l'attraper. Comme je lui confiais que mon calvaire avait maintenant pris la forme d'une sinusite, elle m'a formulé cet encourageant encouragement : "C'est bien, c'est le dernier stade avant la guérison!" Que Saint-Sébastien, que je crois être le saint patron des acupuncteurs parce qu'il est aussi celui des archers, l'entende!

lundi 5 décembre 2011

Enfin délivrée!

En prenant l'autobus aujourd'hui pour me rendre à mon cours de yoga, je me suis rendue compte en espionnant discrètement les conversations des fonctionnaires qui m'entouraient que la retraite me conférait un autre avantage notable : je suis délivrée à tout jamais des diverses activités de saison organisées dans les bureaux! Je jubile. Vraiment.

N'allez pas croire que je suis la représentante féminine de l'esprit chiche de Gratteux! Pas du tout. C'est plutôt qu'avec les années, une tendance malsaine s'était développée voulant que tous les employés, sans exception, fassent acte de présence au party de Noël sous peine d'être taxés de mauvais joueurs et d'empêcheurs de tourner en rond. Étrangement, lorsque j'ai fait mes premiers pas dans la fonction publique, je n'ai jamais senti de la part de mes superviseurs ce désir farouche de forcer les membres de leur équipe à s'amuser et à fraterniser sur commande. Ce n'était pas nécessaire. Nous avions du plaisir l'année durant. Noël représentait simplement une autre occasion de nous réunir et de partager un bon moment ensemble. Et puis, tout semblait si simple. Une rapide consultation ralliait tout le monde pour le choix du restaurant et de la date. Je ne me souviens d'aucun tordage de bras pour encourager fortement les récalcitrants à se joindre à la masse. Je vais utiliser une expression qui traduit mon grand âge : c'était l'bon temps!

Que s'est-il passé pour que l'approche du temps des fêtes en vienne littéralement à me donner des boutons sur le corps dans les dernières années de ma vie active de travailleuse? Noël a été récupéré. Il est devenu un critère de performance, un objectif de rendement, un coefficient d'efficacité. Il a été embrigadé dans les stupides grilles d'évaluation dont la fonction publique possède la recette secrète et éprouvée (ou devrais-je dire éprouvante?). Que dire en effet d'un gestionnaire incapable de rallier ses ouailles autour d'une activité aussi conviviale qu'une partie de quilles, un tournoi de fléchettes ou une compétition de go-carts (je n'invente rien ici)? Que penser d'un patron qui ne parvient pas à convaincre son monde de participer à un cinq à sept (même s'il sait pertinemment qu'il compte dans son effectif de nombreux jeunes parents pour qui la garderie n'attend pas) ou encore de se rendre dans un resto super dispendieux à l'autre bout de la ville (quand il devrait savoir que la plupart des fonctionnaires ordinaires n'ont pas les moyens comme lui de se payer un stationnement et qu'ils empruntent le transport en commun)? Il sera sévèrement jugé par les hautes sphères qui concluront automatiquement qu'il ne possède pas les habiletés nécessaires pour susciter le travail d'équipe. Ou encore qu'il n'est pas assez proche de ses employés, qu'il ne sait pas se mettre à leur diapason. Ces grandes instances déduiront aussi que le climat de travail doit en souffrir. Adieu donc productivité!

Pas étonnant que, pour éviter le couperet implacable, les patrons décident de passer au mode offensif en proposant des activités destinées à motiver leurs troupes. C'est là qu'entrent "en jeu" les compétitions et les tournois les plus loufoques. Malheur à ceux et celles qui ne sont pas attirés par ce type d'occupations dignes de l'école primaire! Ils devront travailler la journée des réjouissances s'ils ne veulent pas faire partie du groupe de fêtards, ou présenter une demande officielle de congé s'ils osent boycotter l'initiative du patron en restant à la maison.

Je vous l'avoue, je n'en pouvais plus. Je ne sais pas pour vous, mais moi je suis fort capable de travailler en parfaite harmonie avec mes collègues sans nécessairement avoir besoin de boire, de chanter, de danser, de dessiner, de bricoler ou de me déguiser avec eux. Qu'est-ce que c'est que cette fausse prétention de devoir faire copain-copain avec tout le monde au travail? Mes amis, je les choisis. Et contrairement à la tendance Facebook, je les compte sur les doigts d'une seule main.

Alors, fêter, c'est bien. Mais fêter quand on en a vraiment envie, c'est mieux!

jeudi 1 décembre 2011

Ho! Ho! Ho! le bénévolat

J'ai décidé de continuer à m'exclamer pour ce deuxième message de la semaine. Vous aurez assurément reconnu dans mon titre l'onomatopée décrivant le rire heureux du bonhomme rouge que nous croisons un peu partout depuis que les fantômes et autres monstres halloweeniens nous ont quittés. Et pour cause... Je bénévole ces jours-ci pour remplir les paniers de Noël des moins bien nantis.

Cet après-midi, je suis allée au centre commercial avec la responsable du Service de dépannage pour ramasser des sous à l'occasion de la Guignolée des médias. Dès que nous sommes arrivées, nous avons été reçues du traditionnel chapeau de saison rouge avec pompon blanc muni, en sus, de petites lumières clignotantes sur le devant. Absolument charmant! Comme je m'affublais du ridicule mais nécessaire couvre-chef, je me suis demandée encore une fois la raison pour laquelle je m'entêtais, depuis que je suis à la retraite, à conserver un semblant de fierté pour ma chevelure. Que de produits capillaires gaspillés en vain pour me placer les mèches récalcitrantes juste avant de les écraser avec un chapeau ou un filet! Y a rien à faire... j'ai continuellement les cheveux aplatis. Un bénévole ne doit pas avoir un soupçon d'orgueil pour les poils de son crâne!

Alors, dûment coiffées, nous avons entrepris de déambuler dans les couloirs du centre commercial pour faire appel à la fibre généreuse des magasineurs. Vous ai-je dit que nous devions aussi brandir une pancarte pour nous rendre encore plus visibles, principalement auprès de ceux et celles qui nous contournaient rapidement en gardant la tête baissée? Le même comportement que l'on adopte trop souvent en voyant un itinérant nous tendre la main. Je sais qu'il est difficile de regarder quelqu'un dans les yeux en sachant que l'on ne veut ou que l'on ne peut pas donner. Mais ce n'est pas la bonne façon de faire. L'itinérant, tout comme le bénévole-quêteur, ne demande qu'à être reconnu que ce soit au moyen d'un simple sourire ou d'un sympathique bonjour.

Pendant que j'accomplissais ma bonne action, je me disais que j'avais acquis pas mal de cran au fil des ans. Disons que mes ballades sur les piquets de grève m'ont appris notamment à maîtriser le port de la pancarte. Elles m'ont aussi donné le courage de regarder en face ceux et celles qui n'éprouvent aucun remords à enfreindre le droit des travailleurs à revendiquer de plus justes conditions, et presque la capacité de les invectiver au besoin. Oui, presque, car moi qui ai pourtant une grande gueule, j'ai toujours manqué d'aplomb dans ce domaine.

Vous aurez sûrement deviné cependant que ce n'est pas seulement en scandant "So, So, So, Solidarité" que j'ai développé l'habileté de faire fi de ma gêne pour défendre la bonne cause. Passer de maison en maison pour la Guignolée de la paroisse, participer aux brunchs du comité de vie de quartier, aider à confectionner les paniers de Noël, emballer des cadeaux pour Nuages de rêves et même travailler pour les élections municipales et fédérales, toutes ces fois où j'ai dit oui, j'ai appris le plaisir de travailler en équipe, de partager des compétences, de découvrir des talents cachés. Surtout, j'ai appris le dépassement de soi. Pour que la cause avance, il faut foncer.

Et marcher. Je crois que nous avons parcouru le centre commercial au moins six ou sept fois pendant les deux heures où nous devions faire acte de présence. Nous avons rencontré plein de gens désireux de nous appuyer, dont une jeune fille qui a littéralement ouvert son portefeuille pour nous donner "tous ses cinq dollars" comme elle nous l'a dit (il y en avait pour 20 $) et une petite fille qui est venue avec un sac en plastique nous remettre les sous de sa tirelire. Mais, mais nous avons aussi risqué nos vies. Parfaitement. Nous avons pratiquement été renversées par un train. Oui. Le train du fameux père Noël qui se promène un peu partout dans les allées. Imaginez la une : deux bénévoles écrasées sous les roues de la locomotive du petit train du Royaume Magique. Seuls leurs chapeaux clignotaient encore!

lundi 28 novembre 2011

Ah! les lundis

Comme je les aime mes débuts de semaine depuis que je suis à la retraite. Autant j'entamais avec réticence les lundis, autant je m'y précipite maintenant avec enthousiasme et délectation. C'est qu'ils ont pris ma couleur et qu'ils n'incluent dorénavant que du plaisir. Oui, le plaisir de faire uniquement des activités dont j'ai vraiment envie.

Prenez aujourd'hui, par exemple. Tôt levée, j'attendais l'autobus à 8 h 30 sur le trottoir pour aller prendre mon café avec une ex-collègue. Ensuite c'était le cours de yoga avec mon groupe de retraités. Une heure et demie de pure satisfaction, d'étirements bienfaisants, de respirations lentes et conscientes, de relaxation énergisante. J'étais prête pour profiter d'un bon dîner en bonne compagnie. J'ai évidemment terminé l'après-midi à la Maison de thé où j'ai rencontré une autre amie en dégustant un Puerh choisi par A. juste pour moi. C'est que j'ai mes petites préférences et les merveilleuses personnes qui travaillent à la Maison de thé sont magnifiquement capables de s'adapter au gré de mes humeurs. Je suis véritablement gâtée. Enfin, retour à la maison vers 15 h 30.

Et c'est comme ça tous les lundis. Incroyable, non? Ces journées m'appartiennent entièrement. Grâce à mes rencontres autour d'un café, d'un thé ou d'un repas, je continue de prendre le pouls de mon ancien monde. Mais à distance. Et l'extraordinaire puissance du yoga vient compléter à merveille ce tableau idyllique en me donnant l'énergie nécessaire pour me dévouer aux autres le reste de la semaine. Je suis très fière de mes lundis. Je les chéris précieusement et je suis gré à la vie de pouvoir ainsi en profiter.
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Notes littéraires : C'est nouveau ça... vous auriez remarqué sans que je ne vous le signale? Je ne sais pas si je vais récidiver mais je tenais absolument à vous citer ces quelques phrases tirées du roman Les chaussures italiennes de Henning Mankell parce que j'aurais voulu les écrire tellement elles décrivent exactement ce que je ressens.

Il y a une mélancolie particulière qui accompagne le départ des oiseaux migrateurs. L'envers exact de la joie qu'on éprouve à leur retour au printemps. L'automne refermait son livre. L'hiver approchait de jour en jour.

jeudi 24 novembre 2011

Divine sublimation

C'est fou chers lecteurs comme vous m'inspirez. Ce soir, je pars d'un conseil fort judicieux qui m'a été donné il y a quelques jours. Comme je frôlais constamment le ras-des-pâquerettes, j'ai été invitée à sublimer mon quotidien. Cela m'a interpelée. Pour être certaine de faire la bonne chose, je suis même retournée au dictionnaire où j'ai trouvé cette définition de la nouvelle attitude que j'ai décidé de mettre à l'essai. Sublimer consiste donc à transformer une tendance vers quelque chose de plus élevé, moralement ou spirituellement.

J'ai commencé par sublimer ma toux. Plutôt que de pester contre elle, j'ai tenté de faire avec. Je dois dire que mon taux de réussite est assez élevé. Probablement aussi que le vilain virus commence à s'épuiser et que le bronchodilatateur agit sur mes poumons endoloris. Mais je refuse de laisser à ces deux seuls facteurs la plus grande sérénité que j'éprouve envers le mal qui m'afflige. Je considère ici avoir fait un bel effort de lâcher prise et je m'en félicite.

Toujours déterminée à aider les autres envers et contre tous les obstacles qui se dressent sur ma route, je suis retournée à la Soupière de l'Amitié pour bénévoler avec ma joyeuse gang de bizarroïdes (et je m'inclus dans le groupe). Vous vous rappelez ce que je disais au sujet du tapis de yoga qui ne devait surtout pas changer de place? Eh! bien, une bénévole boude en ce moment parce qu'une nouvelle venue s'est assise sur la chaise qu'elle occupe habituellement pour envelopper les muffins des petits déjeuners! Difficile à croire, mais vrai. La place ainsi libérée m'a été dévolue et j'ai eu beaucoup de plaisir à ensacher les mini-gâteaux qui seront servis aux enfants. Cela m'a permis entre autres de jaser avec L., une bénévole de 76 ans qui a l'air d'en avoir juste 66 et qui est dotée d'une attitude positive à faire rougir la grande anxieuse que je suis.

Pour le dîner, Serge nous avait concocté un pâté chinois à sa façon. Il a rajouté un étage et, comment dire, virilisé le steak haché en le remplaçant par de la viande sauvage tuée je ne sais où, ni par je ne sais qui. La recette modifiée se présentait ainsi : chevreuil(??) du Canada, blé d'Inde, fromage brie (oui, vous avez bien lu) et patates. Étonnamment, c'était très bon. J'ai même suggéré à Serge de faire breveter sa recette devant le succès remporté. Nous essayons maintenant de le convaincre de nous faire une crème d'épinards avec les restants du souper qui a eu lieu jeudi dernier. Lui, il veut nous servir les verdures en salade. Nous, nous pensons qu'elles seront trop fanées pour être dégustées fraîches. Mais ce n'est pas nous qui avons le dernier mot dans la cuisine et c'est très bien comme ça.

Du côté des trottoirs, j'ai vraiment repris du poil de la bête. Aujourd'hui, je trouvais même que mon pas était plus rapide. Vous ai-je dit que, depuis que je suis à la retraite, j'écoute la radio de Radio-Canada sur une base très régulière? Je trouve que je m'instruis et m'amuse tout en étant capable de faire d'autres choses en même temps, dont marcher. C'est ainsi que j'ai appris tout ce qu'il faut savoir sur les pneus d'hiver cet après-midi! J'aurais donc dû switcher au métal, mais j'ai préféré sublimer mon envie et m'élever spirituellement à l'échelle du caoutchouc. Me semble que ça manquait dans ma vie.
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Notes félines : J'ai acheté un petit lit douillet pour Mignonne afin qu'elle puisse être plus confortable quand elle dort devant la fenêtre du salon. Même si je lui mettais une couverture, je trouvais que la vitre était froide. Vous devriez la voir lovée dans son nid, la tête appuyée sur le rebord molletonné. Elle a l'air d'une reine sur son trône. Mais, mais, elle continue quand même de me rendre visite le soir. Elle vient justement de sauter dans le lit, à côté de moi. Bonne nuit!

mardi 22 novembre 2011

Pis ma vie

Je n'avais pas l'intention d'écrire ce soir mais la Resurfaceuse m'a envoyé un courriel avec ce titre inspirant : "Pis, ta vie?" D'emblée, je réponds : "Voulez-vous vraiment le savoir?"

Le vilain virus continue de me donner du fil à retordre. Chaque fois que je pense remonter la côte, une quinte de toux me rappelle que je ne suis pas encore sortie du bois. Parfois, quand j'ai fini de cracher mes morceaux de poumons, je ne peux m'empêcher de crier très fort : "Maudit que je suis écoeurée!" Cela aide-t-il? Pas du tout. C'est désolant mais j'ai zéro patience pour les affaires qui n'en finissent plus de finir. "Tuez-moi tout de suite et qu'on en finisse au plus coupant," que j'aurais crié à mes bourreaux si j'avais vécu au temps des rois et des reines qui s'empoisonnaient et s'éliminaient à une vitesse effarante.

Dimanche, je suis allée marcher et je n'ai pas encore réussi à faire mon parcours habituel. Je ne veux évidemment pas me lancer dans la montée et la descente des escaliers étant donné que je coqueluche juste à mettre lentement un pied devant l'autre. J'avais quand même une idée, ou plutôt un titre de blog en tête : "Presque." Ce seul mot. Qui veut tout dire pour l'instant. Qui résume ma vie depuis un mois. Je profite presque de ma retraite. J'arrive presque à faire toutes mes activités. Je suis presque sereine.

Pis, ma vie? Trop souvent la nécessité de composer avec la frustration de ne pas être au maximum de ma forme. Je sais que j'ai là quelque chose à apprendre. Entre nous, ils sont une denrée rare les gens qui peuvent se vanter de n'être jamais malades. C'est sûr que je voudrais faire partie de ce groupe sélect mais, lorsque j'ai appelé pour m'abonner, je me suis fait dire qu'il était complet. Ce sera pour une autre fois. À Pâques ou à la Trinité?

J'ai quand même bénévolé aujourd'hui au service de dépannage où j'ai appris une autre leçon : des fois, sans le savoir, tu empêches un bénévole de se valoriser en voulant trop bien faire. J'ai été retournée dans l'arrière-boutique. Fort bien. Je devrai me créer un nouveau rôle. À dire vrai, je vais sérieusement repenser mon engagement après les fêtes. Je ne pensais pas qu'il fallait aussi se battre dans le monde du travail gratuit pour faire sa place. D'une naïveté totale, je croyais que les organismes se réjouissaient d'accueillir de nouveaux bras et qu'ils s'employaient à les inclure le plus rapidement possible dans leurs rangs. Ce n'est pas le cas, du moins d'après ma petite expérience des derniers mois. Vous savez à quoi ça me fait penser? À ces gens, jeunes ou vieux, qui assistent par exemple à un cours de yoga et qui placent toujours, toujours, toujours leur tapis au même endroit. Il n'y a pas de marque sur le sol. Il n'y a pas de points de repère comme sur une scène. Non. Mais, pour être bien, ils doivent s'étendre sur le même coin de prélart. Jusqu'au jour où arrive un nouveau venu qui, tout à fait malencontreusement, déroule son tapis à l'endroit fatidique. De deux choses l'une : l'habitué va lui demander de déplacer son tapis ou il va le déplacer lui-même. Rarement l'habitué va se taire et accepter de se détendre sous un autre angle.

C'est comme ça que je me sens aux deux endroits où je bénévole. On semble content que je sois là, mais on ne veut pas vraiment me donner une place. Il y a une chasse gardée que je ne comprends pas. Je ne vais pas là pour obtenir une promotion, ni pour voler la job de quelqu'un. Je veux juste me rendre utile, faire une différence, apporter quelque chose dans la vie des gens que je viens aider. Où est le problème?

Pis, ma vie? J'arrive presque à la supporter.
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Notes aquatiques : Première gelée pour les espiègles qui se sont retrouvés ce matin sous un toit glacé. Je n'ai pas encore installé le bulleur. J'espère que la pompe va tenir jusqu'à ce que j'hivernise le bassin pour de bon. Là aussi, pas de retour en arrière possible. Je me croise les doigts pour retrouver ma faune piscivore au complet lorsque les beaux jours reviendront.

samedi 19 novembre 2011

Plonger

J'ai fait quelque chose aujourd'hui que je n'avais pas fait depuis très, très longtemps. L'idée m'est venue comme ça, subitement. J'étais en train de vaquer dans la cuisine en toussotant comme de bien entendu. Je me sentais vraiment fatiguée, ou était-ce plutôt écoeurée? Comme l'Ami se plait à me le répéter, il y a une grande différence entre ces deux états d'âme, un véritable fossé en fait. Dans le cas qui nous occupe, je crois qu'il s'agissait effectivement d'une attaque d'écoeurite aigüe. Le vilain virus qui virevolte dans ma vie me vide les veines dans une vertigineuse virée. Voilà!

Alors, je terminais donc de préparer la soupe et je cogitais en tentant de stopper la course effrénée du hamster dans sa roulette d'anxiété quand, eurêka, je me suis dit comme ça : "J'ai envie de prendre un bain." Il était 15 h 30. Peut-être une drôle d'heure pour s'immerger mais je n'en n'avais cure. J'avais un sentiment d'urgence qui me tenaillait et je devais plonger drette-là dans la baignoire bienfaisante.

Ce que je fis. J'avais presque oublié à quel point il est bon de descendre doucement dans l'eau chaude et de la laisser caresser les vieux muscles endoloris. Plaisir et volupté. Je soupirais d'aise. Je me doute que les amateurs inconditionnels du lavage en bassin comprennent difficilement mon éloignement de ce genre d'ablutions. C'est que, pour l'anxieuse finie que je suis, le trempottage, loin de me calmer, m'énerve au plus haut point. Au lieu de me laisser bercer au creux de la vague, comme j'ai réussi à le faire cet après-midi, je reste tendue comme une corde de violon et cherche désespérément quelque chose à faire à part me savonner. J'ai essayé les huiles et les bains moussants. Peine perdue. Mon hypocondrie refait bien vite surface pour me demander si je n'aurais pas une quelconque allergie envers la lavande ou l'eucalyptus, ou si je ne vais pas développer une infection à levure en raison des produits contenus dans les bubulles censés me détendre et m'amuser.

Ai-je besoin de préciser que j'ai pris un bain "straight"? J'étais seule avec ma débarbouillette et mon savon hypoallergène et sans parfum. Pas grave. C'était un beau moment de détente avec mon moi-même. Je dois cependant vous confesser que la position évachée dans le bain m'a permis de constater que le dessous de mon porte-savon était sale. Martha, Martha, je t'appelle à mon secours. Je fais les coins ronds!
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Notes aquatiques : Devinez qui j'ai vu sur le bord de l'étang cette semaine? Oui, Gertrude la grenouille. Elle m'a fait un peu peur car installée comme elle l'était avec sa petite tête hors de l'eau et le reste du corps dans le bassin, j'ai pensé pendant un instant qu'elle flottait pour l'éternité. Heureusement, en m'approchant doucement, je l'ai vue plonger dans les profondeurs. Et vous savez quoi? Elle avait tellement grandi que j'ai eu aussi un doute sur son identité. En même temps, je ne connais pas des tonnes de batraciens. Faut croire que Gertrude a décidé de passer l'hiver avec les espiègles, peut-être enfoncée dans l'un des deux pots de nénuphars. Me semble que ça commence à faire du monde dans un espace, ma foi, assez restreint. J'imagine que plus on est de fous, plus on rit...

**Je vous gâte aujourd'hui avec un message également sur le blog de la Marcheuse urbaine libre.**

mardi 15 novembre 2011

Le train-train

Aujourd'hui, j'ai décidé de remettre un pas dans la vie. Je tousse toujours. Je suis évidemment retournée une autre fois à la clinique pour faire sonder mes poumons. "Tout est clair", que le doc m'a dit. J'en suis apparemment rendue à l'étape de la toux post-virale. Nouvelle recherche dans la Toile : aucun médicament, même une pompe, ne semble assurer un rétablissement plus rapide des voies respiratoires. Le temps, mes amis, le temps. Et la patience. Le premier, vous le savez, j'en ai plus qu'il n'en faut. La deuxième, je l'attends comme Godot.

Fort bien. Je ne peux rien faire de plus côté médical. Je vais donc aller respirer un peu d'air frais. J'ai bien tenté d'effectuer mon parcours habituel mais la maudite toux ne lâchait pas. "Qu'à cela ne tienne", me suis-je dit en mon for intérieur, "je vais justement pratiquer la lenteur, cette qualité dont je vantais les mérites il n'y a pas si longtemps encore." J'ai donc marché à un pas de vieille retraitée. J'allais pas vite mais, comme le répétait ma mère, "p'tit train va loin."

Il faisait tellement beau que j'ai décidé de rester dehors après ma marche de personne âgée. "Je vais en profiter", ai-je solliloqué, "pour commencer les décorations de Noël sans risquer l'engelure fatale." En ouvrant les deux gros bacs de plastique, j'ai failli reculer. Quel désordre! Les guirlandes étaient toutes emmêlées, les couronnes avaient perdu leurs boucles, les lumières avaient été placées un peu n'importe comment. Devinez qui avait rangé les décorations à la fin de l'hiver? Pan! En plein dans le mille. Celui-là même.

J'ai donc failli reculer devant la tâche titanesque qui m'attendait quand je me suis rappelée mon motto de la journée, oui, répétez après moi : "p'tit train va loin." J'ai vaqué tranquillement en jouissant du soleil et de ma cour. J'ai jeté des arachides à un écureuil atteint d'une frénésie peu commune. J'ai mis au compostage les plantes toujours en pot avec un pincement au coeur en constatant que l'une d'entre elles contenait une belle petite fleur rose. "Wow!", me suis-je exclamée pour mon moi-même, "il en faut du courage pour résister aux intempéries et garder la tête haute malgré la froidure." Je me suis arrêtée pour regarder passer les volatiles rieurs en partance pour des cieux plus cléments. J'ai nettoyé l'étang des espiègles en n'oubliant pas de leur prodiguer les conseils appropriés pour qu'ils passent l'hiver. Peine perdue. Trompés par la chaleur inhabituelle des derniers jours, ils ne voulaient que s'ébattre comme des fous dans tous les coins et recoins du bassin. À ce jour, j'en compte dix-neuf. J'aimerais tellement qu'ils soient encore tous là au printemps. Hélas! C'est la dure loi de la Nature qui aura le dernier mot.

Et les décorations? J'ai réussi à faire tout ce que je pouvais sans l'aide du spécialiste en rangement. J'étais pas mal fière de moi. J'avais pas trop crachoté en plus. Y a de l'espoir que je m'en sorte. Je vous le dis : p'tit train va loin!

vendredi 11 novembre 2011

Seule sur mon étoile

Tous ces jours qui ont passé sans que j'aie eu vraiment envie d'écrire. Ou plutôt si. Mais je n'avais rien de précis ou d'intéressant à raconter. Même mon quotidien, qui sait habituellement si bien me servir en matière brute, n'a pas réussi à m'inspirer. Pourquoi? Telle est ma question ce matin.

J'ai pourtant respiré cette semaine. Je ne suis pas restée terrée dans mon lit. Au contraire. J'ai été assez occupée. J'ai vu de la danse et entendu de la musique au Centre national des Arts. Ce n'est pas rien. Marie Chouinard, Mozart et Brahms confondus, c'est de la haute voltige culturelle. J'ai atteint un palier du nirvana au cours de yoga. Et je crois bien avoir mesuré un peu plus encore l'envergure de la liberté qui est maintenant mienne en allant dîner avec une ex-collègue retraitée elle aussi sans avoir à regarder ma montre pour me rappeler qu'il est temps de retourner au bureau. C'était absolument enivrant de réaliser encore une fois que je suis dorénavant seule maîtresse à bord.

C'est sûr que le bénévolat ne s'est pas révélé aussi efficace que les autres fois pour meubler mon vide. Au lieu de m'activer comme une poule pas de tête dans les tâches domestiques, comme je le fais trop souvent quand je sens monter l'anxiété, j'ai participé à la confection de 500 tourtières! N'est-ce pas là une autre forme d'échappatoire? J'ai bien peur que oui. Encore là, je dois poursuivre l'introspection pour mieux cerner mes besoins et les moyens que je prends pour les satisfaire.

Et ce matin. Je me suis levée avec un immense sentiment de solitude. Heureusement que Galarneau brille de tous ses feux. Je ne sais pas ce que je ferais si je devais en plus supporter un ciel ennuagé. J'en ai assez avec le mauvais temps qui m'emplit l'âme. Je me sens seule avec mon combat. L'hypocondrie a frappé fort ces derniers jours. Je suis retournée consulter le médecin et me suis tapée un trois heures d'attente pendant lequel j'ai remis moult fois en question ma décision de me trouver là. La peur l'a emporté sur la raison. Et je suis restée sur ma petite chaise avec mon obsession de vouloir me faire rassurer à n'importe quel prix. Je n'avais évidemment rien de sérieux mais je suis sortie quand même avec un bronchodilatateur pour m'aider à évacuer le mucus de mes poumons que je n'arrivais pas à moucher! Mon problème n'était résolu qu'à moitié. Rassurée j'étais, obsédée je devenais. Prendre un médicament représente un geste simple pour le commun des mortels. Je ne suis pas commune. Je lis donc le dépliant qui accompagne le sirop, la pilule ou la pompe de long en large en m'attardant principalement sur les effets secondaires, les rares autant que les fréquents. Parfois je pousse l'obsession jusqu'à compléter mes recherches sur la Toile. Pour mon plus grand malheur.

Alors c'est ça. J'ai résisté pendant vingt-quatre heures à inhaler le médicament. Hier matin, je n'en pouvais plus et je l'ai pris. Je me suis sentie mieux. Le soir, je devais récidiver. J'ai passé une nuit misérable. Je me suis réveillée à trois heures du matin avec la bouche tellement sèche que j'ai pensé un instant que j'avais entrepris la traversée du désert. Et j'ai toussé pour tenter une énième fois de me dégager les voies respiratoires. Je me suis levée. J'ai pris de l'eau chaude. J'ai remonté mes oreillers pour dormir en position assise. J'ai relu le maudit dépliant sur les effets secondaires tentant de me persuader que je n'avais pas besoin de courir aux urgences. J'ai finalement sucé une pastille aux herbes des montagnes. Et j'ai surtout flatté Marguerite qui ronronnait à côté de moi.

Je pleure ce matin sur ma solitude nocturne. Sur mon incapacité de me rassurer moi-même, de prendre soin de moi. Et pourtant il faudra bien que j'y arrive un jour. Il y a plein de choses que l'on ne peut vivre que seul, dont l'ultime rendez-vous. Paraît qu'on n'y accepte que les solos.

vendredi 4 novembre 2011

Et la lumière se fit

Je suis dans le noir. Panne d’électricité. D’après ce que j’ai pu observer en regardant par les fenêtres, c’est tout le quartier qui est atteint. Un coup de fil placé auprès de notre firme nationale pourvoyeuse de courant m’a permis d’apprendre par voix automatisée interposée que la panne a été causée par un bris d’équipement. Retour prévu à la normale : 23 h. Il est 19 h 30. L’Homme travaille ce soir. Je dois donc compter sur les félines pour me tenir compagnie.

sont-elles justement? On dirait que depuis l’arrivée des ténèbres, elles ont subitement disparu. Ouais. C’est vrai que, dans le cas de la toute noire Mignonne, il n’est pas nécessaire d’éteindre les lumières pour la perdre de vue. Mais la Reine-Marguerite, elle, qui n’a de cesse que de chercher continuellement à s’étendre quelque part à côté ou sur le dessus de ma personne, où a-t-elle trouvé refuge pour son gros corps? En tout cas, je n’ai certainement pas l’intention de lancer une battue pour retrouver ces lâches compagnonnes à poil, surtout pas en m’aidant d’une simple chandelle. Tant pis pour elles. Qu’elles restent dans leur trou noir!

Bon, bon. Dix minutes ont passé. C’est fou comme on manque d’imagination quand on est plus branché à rien... et qu'on est seul. J’ai quand même apporté les journaux dans mon lit dans l’espoir de rattraper la lecture que je n’ai pas eu le temps de faire ces derniers jours. Je commence décidément à penser que deux quotidiens, c’est un peu trop même quand on est à la retraite. Un autre mythe qui vole en éclats. Moi qui pensais qu’une fois libérée du joug du travail, je pourrais lire tranquillement mon journal tous les matins. Grave erreur. C’est absolument impossible à moins d’y passer tout l’avant-midi, surtout si on fait les mots croisés! Je veux bien me tenir au courant de l’actualité mais je crois qu’il est préférable que je constate de visu l’état du monde en sortant de la maison de temps à autre.

Une heure s’est écoulée. Je viens subitement de réaliser que je peux utiliser Zola car il est doté d’une batterie. Youpi! Naïvement et technologiquement défaillante, j’ouvre l’ordi en croyant pouvoir naviguer sur la Toile. Qu’est-ce que c’est que ce message? « Erreur de chargement », mon œil! Je tape furieusement plusieurs fois sur « Réessayer » jusqu’à ce que la lumière se fasse dans mon cerveau. Il ne faut jamais désespérer. J’attends toujours l’éclairage de la maison mais, au moins, la panne vient de se régler dans la boîte à neurones. Le Fils serait fier de moi. J’ai réussi à faire un lien entre le manque d’électricité et l’impossibilité de me raccorder au monde virtuel. Qu’à cela ne tienne, je peux encore taper mon message dans un fichier Word pour le copiercoller au retour de la pause du monde moderne.

Eh! il n'est même pas 21 h et la maison est de nouveau éclairée. J'entends le ronronnement rassurant de la fournaise. Je viens de brancher Zola au mur. Et devinez qui vient de retrouver son chemin jusque sous mes couvertures? Oui, la Reine qui a laissé les noirs cachots pour retrouver sa couche dorée.

mardi 1 novembre 2011

D'un mal à l'autre

Après le mal d'estomac, voilà le mal de gorge qui rapplique. Un instant. Je consulte un livre qui me dira tout sur les raisons de ces maux qui m'affligent les uns après les autres. Alors, voyons, que dit cette bible qui nous propose d'écouter notre corps, "notre plus grand ami sur la Terre" : "Le mal de gorge est le signe d'une colère ravalée que tu retournes contre toi-même. Ton mal de gorge peut aussi t'indiquer qu'il est temps de t'exprimer et de dire quelque chose à quelqu'un."

En fait, je n'en voulais à personne avant de commencer à sentir des picotements dans la gorge. C'est ce que je pense du moins. Depuis, c'est vrai, je suis enragée. Je déteste souverainement être malade parce que je m'arrange presque toujours pour l'être deux fois plus que les autres. Je m'explique. À cause de ma très légère tendance hypocondriaque, je prends tous les symptômes au sérieux. Je m'inquiète de leur durée. Je voudrais avoir fini de me moucher avant que le nez ne commence à couler.

Vous devriez voir ma table de nuit au moment où je vous écris. Elle est envahie par un véritable arsenal de produits de toutes sortes destinés à me soulager. Mais comme je déteste les médicaments autant que les maladies, je persiste à me soigner de la façon la plus naturelle possible. J'ai donc des comprimés de vitamine C dans un pot, une tasse remplie d'eau chaude, de miel et de citron, une bouteille d'eau, un verre contenant des glaçons, un tube de granules pour la toux et le rhume, un pot de Vicks pour me frotter (me semble que l'odeur seule m'aide à guérir), du sirop, des pastilles aux herbes sans sucre, des pastilles antiseptiques pour la gorge et des pastilles au menthol, une boîte de papiers mouchoirs, un flacon de comprimés d'ibuprofène. Et, panacée d'entre les panacées, une Reine-Marguerite étendue de tout son long contre moi. J'adore. Quand je commence à m'endormir, je la flatte doucement pour l'entendre ronronner. Je fais la même chose pendant la nuit lorsque je suis réveillée par ce foutu mal de gorge.

De la colère, dites-vous? Ouais, peut-être un peu contre moi qui n'arrive pas assez vite à mon goût à m'adapter à ma nouvelle vie. Je me rends bien compte que je ne fais pas preuve de suffisamment de patience. C'est comme pour le rhume. Je voudrais être une retraitée béate avant même d'avoir reçu mon premier chèque de pension! On se calme. On respire par le nez. On a encore beaucoup de temps pour laver l'armoire en-dessous de l'évier de cuisine. On a encore quelques semaines avant les fêtes pour mitonner de bons petits plats. On a tout le reste de la vie pour classer les recettes et les photos. Faut que je me garde de l'ouvrage sinon... sinon aussi bien faire comme ma voisine et m'installer dans ma chaise berçante, le nez collé dans la fenêtre du salon, pour regarder ceux zé celles qui vivent encore.

mercredi 26 octobre 2011

J'ai trouvé ma niche

Et je m'y trouve comme un poisson dans l'eau! Amusant, non, comme image?

Qu'est-ce que c'est que j'ai donc fait de si agréable? Du bénévolat pour la Soupière de l'Amitié. J'ai commencé ce matin à 8 h tapant. Dans la cuisine. Mon nouveau patron, c'est le chef Serge. Gentil comme tout. Taciturne sur les bords, il n'a pas l'air de surveiller mais pourtant il voit tout. Et il y en a des comptoirs avec des bénévoles!

Qu'est-ce que c'est que j'ai donc fait de si passionnant? J'ai principalement coupé du chou-fleur. Deux boîtes. En tout petits morceaux. J'ai aussi aidé au service quand est venu le moment du dîner. J'ai servi de la soupe. J'ai donné de la salade de fruits. Et j'ai dit "Bon appétit!" un nombre incalculable de fois. Avec le sourire, bien sûr.

Qu'est-ce que c'est que j'ai tant aimé? Ne pas avoir à penser. C'était tellement reposant. Je coupais et je remplissais d'immenses bols en inox. Comme trame sonore, la radio qui jouait. De temps en temps, un bénévole chantait. J'entendais aussi des conversations sans vraiment comprendre les propos, et je souriais lorsque des éclats de rire fusaient. Appelée à partager ma poubelle, je suis vite devenue amie avec Lucie qui écalait les oeufs et Ronald qui coupait les piments.

Voyons, quoi d'autre? Ah! oui, j'ai aimé aussi prendre une pause de quinze minutes en dégustant un thé préparé dans une grosse machine en métal et un muffin au banane frais sorti du four. Là, j'ai plus écouté que jasé. Comme ça faisait du bien. Les bénévoles se taquinaient beaucoup. L'atmosphère était bon enfant. Les clients de la Soupière commençaient déjà à arriver. Il fallait retourner à nos chaudrons.

C'est là que j'ai été envoyée au service : "Bonjour. Allez-vous prendre de la soupe? Les biscuits soda? Un hot-dog sans la salade. D'accord. Et comme dessert, voulez-vous le pouding au chocolat et la salade de fruits? Bon appétit." J'ai vu des vieux, des jeunes, des hommes, des femmes et même une petite fille. Pour la plupart, ils étaient contents d'être là et appréciaient le repas chaud. J'ai même été invitée par un jeune avec qui j'avais déjà jasé au service de dépannage à me rendre à la manifestation organisée ce soir par les militants du mouvement "Occupons Ottawa" dans le parc de la Confédération. Et j'ai retrouvé une jeune fille, rencontrée elle aussi au service de dépannage, avec qui j'ai encore une fois échangé sur nos lectures préférées.

Bilan de ma première journée : une assiette renversée sur le bord du comptoir et un pouce lacéré sur le tranchant de la grosse boîte de Saran Wrap. Ayoye! C'est Serge qui m'a soignée. Il m'a donné mon après-midi. Très drôle.

Je retourne demain. C'est sûr.

mardi 25 octobre 2011

Gardez vos lampes allumées

Oui, je vous conseille de ne pas souffler la chandelle car vous ne savez ni l'heure, ni le jour où vous pourriez vous retrouver pauvre comme Job. Je ne vous souhaite pas toutefois de devoir partager à un moment de votre vie le sort de ce pauvre hère. Je m'explique.

Je ne vous apprendrai rien en vous disant à quel point il est important d'être conscient de notre bonne fortune et, surtout, d'en être reconnaissant. Je dois avouer que cette attitude devient encore plus facile à adopter quand on revient d'un séjour au service de dépannage alimentaire de la paroisse.

Aujourd'hui, je suis carrément outrée et je dénonce. J'horripile cette société égocentriste qui n'a de cesse de s'admirer le nombril sans jamais relever la tête pour voir plus loin que son petit nez en l'air. Oui, je clame haut et fort que nous sommes tous devenus des champions de l'indifférence cantonnés dans notre confort de bourgeois arrivistes.

J'exagère? Vous voulez des preuves. En voici. Nous avons reçu ce matin la commande livrée par la banque d'alimentation, pauvre organisme tributaire de ses "généreux" donateurs. Je vous donne ci-dessous la liste de certains des articles que nous avions à distribuer aujourd'hui :

Des boîtes de biscuits amochées
Je vous le concède, cela n'enlève rien à la qualité du produit. Nous nous sommes même réjouis en constatant qu'on nous donnait déjà des biscuits des fêtes... de l'année dernière. Ouais, c'est ça. Les fêtes de 2010! Merci Père Noël!

Des cannettes de la boisson gazeuse brune (marque générique, bien sûr!)
Une denrée qui a sans doute été ajoutée récemment au Guide alimentaire canadien. Comme si ce n'était pas suffisant, certaines des cannettes étaient tellement gonflées qu'on aurait pu les utiliser comme cocktails Molotov! Des envies de passer à l'action? Pour les adresses, j'ai des suggestions.

Une tonne d'enveloppes de poudre
Pas de la poudre blanche qui permettrait d'oublier, non. Plutôt toutes ces sortes de préparations chimiques à la liste d'ingrédients aussi longue qu'une litanie de déclarations libérales vides portant sur la nécessité de démasquer la corruption. Je parle ici de ces "supposés" expédients de la vraie cuisine conçus pour aider le chef de la maison à préparer par exemple des sauces dauphinoises pour les pommes de terre, des sauces au fromage orangé pour les nouilles et des sauces brunes pour la viande faisandée. Sans oublier ce classique des mets nourrissants : le sachet "Ramen" pour ne pas le nommer. Mettez-y de l'eau bouillante et le tour est joué. Ramenez-en, on est capable d'en prendre.

Des fruits et des légumes "frais"
Là encore, si vous êtes pauvre, on considère que vous n'avez pas droit à la variété. Que diriez-vous de belles clémentines reçues il y a maintenant plus de deux semaines dans un état frôlant le compostage? Eh! bien, nous en avons encore et nous n'avons rien d'autre à offrir de ce côté. Pour ce qui est des légumes, vous pourrez vous jeter sur le sac de carottes parce que les piments, hum, sont atteints de tavelure avancée. Peut-être qu'en enlevant les parties pas belles vous arriverez à sauver deux ou trois lanières pour une trempette. Attendez. Je crois justement avoir vu une enveloppe pour préparer... du guacamole! C'est aussi ça, être pauvre. Vous n'avez pas le choix. Vous devez vous contenter de ce qui est là, privé du plaisir de manger ce dont vous avez vraiment envie.

Des articles "hétéroclites"
Il y en a toujours. Des affaires qui ne se vendent pas et qui sont donc envoyées aux banques d'alimentation. Nous avons en ce moment un tube de frangipane, des boîtes cabossées remplies d'une sauce blanche dont j'oublie le nom, un nécessaire pour douche vaginale. Oui, vous avez bien lu. Il y a de tout, mais surtout du rien, de l'inutile, du passé date, du pas bon et du pas toujours frais.

C'est donc seulement ça que les démunis méritent selon notre bonne société : les restants. J'ai tellement honte. J'arrête là, mais j'y reviendrai. J'aurai toujours un restant d'indignation pour monter aux barricades. Et vous?

samedi 22 octobre 2011

Un après-midi à Gatineau-les-bains

Encore une fois, je suis debout de bon matin. C'est sûr que les félines y sont pour quelque chose car, affamées et prêtes à retourner aux sources de leur instinct carnivore pour obtenir satisfaction, elles ont miaulé on ne peut plus clairement leur désir de voir leurs gamelles remplies drette-là. J'ai évidemment obtempéré.

Faut dire aussi que je me suis couchée passablement tôt hier soir, fatiguée d'une journée ma foi fort remplie. Je n'avais pas réussi à m'exorciser pour me débarrasser de Ricardo et de Clodine. J'ai donc cuisiné une douzaine de muffins aux pommes et à l'érable, deux pains aux courgettes et un potage au brocoli. Après avoir terminé la montagne de vaisselle, j'ai senti un souffle froid me parcourir l'échine et j'ai vu des olives vertes s'envoler. J'ai compris que j'étais libérée.

Comme tous les jours depuis je ne sais combien de temps maintenant, il faisait sombre mais j'avais trop envie d'air pur pour rester confinée à l'intérieur. Je suis donc sortie, en compagnie de la Reine-Marguerite qui réclamait elle aussi son droit à la bolée d'air, pour ramasser mes fameuses feuilles. Il ne faisait pas froid et ça sentait bon l'humus. J'ai commencé par nettoyer le bassin qui en avait bien besoin. Les espiègles étaient contents. Ils sont tous venus à la surface pour me saluer. Je l'ai déjà dit et j'en suis toujours convaincue : ils me reconnaissent. En tout cas, ils semblaient drôlement contents de retrouver un semblant de jet d'eau pour s'amuser un peu.

Puis, je me suis attelée à la tâche, ou plutôt au plaisir, de ramasser les feuilles. Oui, j'aime être dehors, toute seule, en plein milieu de l'après-midi, à travailler sur mon terrain. Printemps, été et automne confondus. Tous travaux inclus. Grâce à mon immense érable, j'ai l'impression d'être enveloppée comme dans un cocon. Encore hier, il m'a permis de demeurer dans mon petit monde. Malgré une fine pluie, j'ai pu continuer à oeuvrer parce que ses branches pas complètement dénudées me protégeaient. Bon, c'est sûr que la Reine-Marguerite, moins bucolique que moi, a exigé de retourner dans son confort douillet dès qu'elle a senti une gouttelette lui chatouiller le nez. Peureuse, va!

Moi j'ai perdu la notion du temps. Je sais seulement que je raclais lentement en respirant consciemment l'odeur de la terre mouillée. J'entendais les enfants en récré qui s'amusaient dans la cour d'école au bout de la rue. J'ai réussi à ne pas trop sombrer dans la nostalgie en me rappelant les gros tas de feuilles que l'Homme et moi nous amusions à faire pour que le Fils et la Fille puissent ensuite s'y précipiter avec de grands cris de joie. J'ai finalement rempli cinq sacs sans trop m'en rendre compte. Parfois je m'arrêtais uniquement pour apprécier le moment présent, pour rendre grâce d'avoir le bonheur de vivre en toute liberté.

Plaisir indescriptible que j'ai tenté de partager. Pour tout saisir, il faut beaucoup lire entre les lignes.

jeudi 20 octobre 2011

Il pleut, il mouille, il pleut, il mouille

Avertissement 1 : Estomacs sensibles, digérez avant de lire
Avertissement 2 : Dépressifs saisonniers, passez à un autre appel

Je me suis finalement secouée les puces et suis allée marcher aujourd'hui. Entre deux averses. Je vous dis qu'il faut être faite forte pour supporter ce temps d'automne sombre et pluvieux, et s'adapter parallèlement à la vie de retraitée en gardant le moral.

Je suis fière de moi. Je n'ai pas encore sombré. Pourtant, ce n'est pas l'eau qui manque. Les espiègles pataugent maintenant dans un étang au liquide de plus en plus noir orangé à cause de l'accumulation de feuilles d'érable en fin de vie. Ce sera parfait pour l'Halloween. J'essaie bien, lors des pauses de Dame Nature éplorée, de retirer les cadavres, mais c'est une bataille perdue d'avance. En plus, la pompe me fait faux bond. Elle refuse de lancer son jet comme il se doit et elle n'offre maintenant qu'un pauvre bloup bloup fort inefficace. Là aussi j'ai tenté, pendant un arrêt de travail des courants humides qui occupent illégalement le ciel, de remédier à la situation. Je n'ai réussi qu'à me faire arroser copieusement sans obtenir de résultat probant. Les grenouilles, elles, ont complètement disparu. Je ne sais pas si elles ont déjà décidé d'aller se cacher dans la vase jusqu'au printemps prochain n'en pouvant plus de dégouliner sur le bord caoutchouté du bassin. Si c'est ça, je les comprends parfaitement.

Ouais. Moi aussi je m'enfouirais la tête dans la vase si je le pouvais. Je prédis que c'est une semaine à oublier. D'abord, je me suis faite écraser le toton mardi matin. C'est une suite de l'aventure totonesque qui refuse de se faire complètement oublier. Eh! Va donc voir chez les grenouilles si j'y suis et fous-moi la paix!

Ensuite, comme si ce n'était pas suffisant d'avoir le toton aplati, voilà que mes boyaux décident de se vider de façon anarchique et imprévue. Toute une journée à faire l'aller-retour entre le bol blanc et le petit écran. Vraiment. Et vous savez quelles sont les émissions présentées le plus souvent aux désoeuvrées de ce monde pendant la journée? Ouais. En plein dans le mille. Une saga de Ricardo et de Clodine qui n'en finissent plus de se mettre les mains dans les plats. J'ai eu la chance notamment d'observer de fins connaisseurs se prêter à une dégustation d'olives, dont certaines étaient fourrées au citron, au piment fort et au fromage de chèvre. Je venais juste de réprimer un rot acide découlant de mon repas de la veille. Je me suis sentie devenir aussi verte que les olives. Ouache.

Et, finalement, il y a eu cette éclaircie bienheureuse qui m'a sans doute sauvée de la camisole de force. Au moment où je vous écris, je pense à mon plan de match (s'cusez le vocabulaire sportif, ce doit être à cause de l'Homme qui écoute son hockey) pour demain. Je crois que je vais... cuisiner. Je sais, je sais. Clodine, Ricardo, sortez de ce corps!

dimanche 16 octobre 2011

Citoyens, levez-vous!

De 11 h à 17 h. C'est le temps que l'Homme et moi avons passé aujourd'hui assis sur une chaise dans une salle de classe pas de fenêtre de la polyvalente située en haut de la côte. Pourquoi ce masochisme voulu? Pour participer à une assemblée citoyenne organisée par le Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ) qui portait sur la langue et la culture. Faut aimer son pays, non?

Mais nous n'étions pas les seuls amoureux présents au rendez-vous. Je dirais que nous étions environ une soixantaine d'irréductibles indépendantistes venus échanger sur le déclin de notre pauvre langue française que nous laissons malmener par les anglophones, les nouveaux arrivants et notre nous-même individuel. Nous avons eu la chance d'entendre entre autres Gérald Larose, président du Conseil de la Souveraineté du Québec, Pierre Curzi, député indépendant de Borduas, Charles Castonguay, professeur à l'Université d'Ottawa et chercheur en démographie linguistique, et Jocelyn Desjardins, porte-parole du NMQ. Et nous avons aussi profité des nombreuses interventions au micro des personnes présentes.

Pourquoi je vous parle de ça? Parce que depuis la défaite crève-coeur du Bloc Québécois le 2 mai dernier et à cause des chicanes qui n'en finissent plus au sein du Parti Québécois, j'ai peu perdu le Nord, et ce, malgré le Plan de Charest! Je sais toujours que je veux un pays, mais je ne sais plus trop avec qui m'associer pour arriver à mes fins. À cet égard, le NMQ offre un forum intéressant pour tenter de regrouper les forces vives du mouvement indépendantiste. Comme le disait son porte-parole M. Desjardins, si nous arrivons à nous entendre sur un certain nombre de points, nous devrions ensuite être en mesure de pouvoir travailler ensemble à la réalisation de notre rêve à tous.

J'ai surtout aimé l'importance accordée à la société civile et au rôle que nous pouvons tous jouer comme partie intégrante de ladite société. Comme le faisait remarquer à juste titre Édith Gendron, présidente du groupe Le Québec, Un pays!, "quand les citoyens bougent, le politique bouge." C'est donc chargés d'une mission que nous sommes sortis de la rencontre, soit celle qui consiste à remettre sur la place publique le débat sur l'indépendance.

Ça ne pourra pas toujours ne pas arriver. - Gaston Miron

vendredi 14 octobre 2011

Retour en arrière

Avant d'aller bénévoler hier après-midi, j'ai fait un détour par mon ex-bureau pour saluer mes toujours amies et collègues. J'ai pris l'autobus pour m'y rendre comme je l'ai fait deux fois par jour pendant beaucoup, beaucoup d'années. C'était étrange, cependant, de suivre ce trajet à 14 h plutôt qu'à 7 h. Assise dans mon cher wagon à bestiaux, je me sentais presque nostalgique, mais ce n'est pas l'émotion qui dominait. Non. Ça avait un autre goût.

J'ai lu jusqu'à destination. Un roman de Maupassant que je ne finis plus de finir. Pas grave. Je n'ai pas envie tant que ça d'arriver à la dernière page. Plongée dans le Paris du XIXe siècle, je savoure encore plus mon plaisir parce que je peux maintenant voir dans ma tête certains des quartiers décrits par l'auteur car moi, la marcheuse urbaine, j'ai déambulé sur les pavés de la Ville-Lumière. De temps en temps, je quittais tout de même mon livre pour regarder par la fenêtre le paysage si familier. Je me sentais bien. Mieux en fait que je m'étais sentie de toute la semaine. J'avais envie de sourire. J'avais le coeur léger.

Quand j'ai parcouru la rue qui mène à mon ex-adresse de travail, j'ai eu l'impression que la nostalgie revenait. Les boutiques, les restos, les chantiers de construction que je ne voyais même plus parce que je les voyais trop me semblaient différents. Je remarquais ici une nouvelle pancarte dans la vitrine, là une clôture qui avait disparu. Subitement, je voyais tout. Je suis finalement arrivée devant l'immeuble. En gravissant les quelques marches qui mènent à la porte principale, je me suis revue par les matins d'hiver me dépêchant d'entrer pour me réchauffer tout en pestant contre le fait que l'escalier n'avait pas été déblayé convenablement et que je me retrouvais de la neige plein les bottes. Je me suis rappelée les canicules et la chaleur étouffante de l'été qui me faisaient désespérer de retrouver la fraîcheur bienfaisante de la climatisation dès que je franchissais la porte. Puis, en empruntant l'escalier roulant qui conduit à l'étage de l'ascenseur, j'ai éprouvé un regret mais d'une fraction de seconde seulement. Ouais. Je me suis rendue compte que, malheureusement, les souvenirs pénibles des deux dernières années ont pour le moment pris toute la place. Et je me suis redit pour la énième fois que j'avais pris la bonne décision en quittant.

Mes collègues m'ont réservé un accueil absolument chaleureux. Et moi, j'étais tellement contente de les revoir que je les ai tous embrassés. Je n'en finissais plus de répondre à leurs questions au sujet de mon voyage et de la façon dont je m'adapte à ma nouvelle vie. J'aurais voulu avoir le temps de faire le tour et de saluer tout le monde, mais j'étais attendue au Marché de solidarité. Il ne fallait tout de même pas que j'arrive en retard et que je sois renvoyée la première journée!

Quand je suis sortie de l'immeuble, j'ai poussé un long soupir. De contentement. Je me trouvais chanceuse de m'en aller faire une activité que j'avais choisie parce que j'avais réellement envie de la faire. Je me trouvais privilégiée d'avoir le temps de parcourir les trottoirs lentement en admirant les beautés de l'automne et en respirant l'air mouillé des gouttelettes fines qui tombaient. Et c'est là que j'ai mis le doigt sur l'émotion qui m'habitait. Je suis libre.

mercredi 12 octobre 2011

Matinalement vôtre

Pour les lecteurs à l'acuité visuelle non exercée, je signale qu'en tournant légèrement votre regard à gauche, vous apercevrez une image du derrière de mon moi-même tourné en direction d'un horizon indéfini. Si vous cliquez dessus, vous pourrez lire mon tout nouveau blog sur la retraite. Fin de la publicité virtuelle.

5 h 30 ce matin. C'est l'heure à laquelle je me suis réveillée. Ouache. C'était l'heure à laquelle je me réveillais avant. Quand je faisais encore partie de la vaillante cohorte des travailleurs. Pourquoi diable mon horloge interne m'a-t-elle fait ce coup? Vieux réflexe, j'imagine.

Je n'avais pas envie de lire. J'ai allumé la télé... en me rappelant des consignes données par le Fils lors de mon cours accéléré de maniement de la manette, cours que je n'ai réussi qu'en partie puisque, tout comme l'Homme, j'ai échoué lamentablement à l'examen pratique. Ce dernier, particulièrement difficile, consistait à retrouver le mode télé après que le Fils eut volontairement cliqué sur tous les boutons inimaginables de la télécommande. Nous voir nous dépatouiller en tentant de nous rappeler qu'il fallait ouvrir le câble et la télé tout en n'oubliant pas de peser chaque fois sur "Power" mais sans jamais vraiment arriver à obtenir le résultat souhaité a sans nul doute constitué le haut fait de la fin de semaine du Fils. Je suis certaine qu'il est reparti en se promettant de commencer à visiter les centres d'accueil pour vieilles badernes technologiquement désemparées.

Bref, la télé. J'ai d'abord pris connaissance des prévisions météo pour constater que le beau temps prenait fin aujourd'hui. Pour les prochains jours, c'est l'ondée. Me semble que j'aurais dû à ce moment retourner me plonger dans les bras de Morphée. Non. Le sommeil a continué de me bouder. Je me suis donc tapée une émission sur TV5 qui parlait de l'art d'être branché. Ça m'a presque donné le goût de me mettre à l'heure de Facebook. Ce n'est pas le temps qui me manquerait, j'imagine, pour tenter de comprendre cet outil et me mettre au goût du jour. Mais je résiste encore étant donné que j'alimente déjà deux blogs, que je me fais un devoir de consulter mon courriel plusieurs fois par jour et que je tiens à vivre plus souvent dans le monde réel que dans la Toile. Voilà.

À 7 h, j'ai abandonné la partie et je me suis levée. Les félines étaient contentes parce qu'elles avaient très envie de leur petit déjeuner. En regardant machinalement par la fenêtre de la cuisine pour m'assurer que les espiègles se portaient bien, j'ai malheureusement constaté que le bassin avait eu de la visite pendant la nuit. De toute évidence, les bêtes indésirables sont intelligentes. Elles ont désormais compris qu'en longeant le garage, l'effaroucheur ne pouvait pas les atteindre. Le papyrus git donc lamentablement au milieu de l'étang. Bon, je devais le rentrer dans la maison de toute façon. J'aurais aimé cependant avoir la possibilité de décider quand je m'attellerais à cette tâche. En plus, comme j'ai un rendez-vous à 10 h, alors je ne sais pas si je vais avoir le temps de patauger avant de quitter la maison. Surtout que j'avais l'intention de mettre drette là une brassée sur la corde à linge toute nouvelle que mon des-fois-bricoleur de mari a réussi à installer fin seul hier après-midi.

Non mais que de préoccupations obsédantes, problèmes insurmontables et tâches titanesques une retraitée doit affronter tous les jours! C'est à vous dégoûter de n'avoir rien à faire.

lundi 10 octobre 2011

Parlez plus fort... j'entends rien!

Deformatory, Fuck the Facts, Mortör, Napalm Death. Non, il ne s'agit pas ici d'une incantation satanique, mais bien de la liste des groupes que l'Homme, le Fils et moi sommes allés entendre hier soir. Vous aurez sans nul doute reconnu dans l'énumération le groupe métal du Pusher. C'était la principale raison de notre présence.

Le spectacle se donnait au même endroit où l'Homme et moi avions été entendre Mortör la dernière fois. Nous avions détesté la salle et l'acoustique. Mais après avoir obtenu confirmation du Pusher que "la salle du bas est vraiment meilleure", nous avons décidé de récidiver. Nous avons ressorti nos chandails à l'effigie de notre groupe préféré et avons pris soin de choisir les couleurs sombres qui conviennent pour le reste de notre accoutrement. Vous auriez dû nous voir tous les trois avec le même chandail sur le dos : moi avec un gaminet un tantinet trop moulant, le Fils avec un gaminet un tantinet trop grand et l'Homme avec un gaminet, ma foi, ajusté juste comme il faut. Pendant un moment, j'ai pensé que je me retrouvais dans l'histoire de Boucle d'or et des trois ours!

Nous revoici donc dans l'antre métallique. Nous n'avons pas à faire le trottoir pour attendre d'entrer puisque le premier groupe est déjà sur scène. Tant mieux. Cela évite les formalités embarrassantes comme celle d'avoir à sortir un carte d'identité pour prouver que nous avons l'âge requis pour assister au spectacle ou l'âge vénérable pour retourner nous coucher au plus vite au centre d'accueil d'où nous nous sommes vraisemblablement échappés! Nous ne pouvons éviter toutefois l'estampillage de notre poignet intérieur droit. Je ne suis jamais arrivée à lire l'inscription qui s'étalait sur deux lignes. J'imagine que c'était quelque chose comme "À consommer à vos risques et périls" ou, comme nous étions de l'autre côté de la rivière dans le ROC, ce devait être plutôt "Listen and Die". 

Tout se passe bien avec les deux premiers groupes, dont celui du Pusher qui présentait hier soir seulement les nouvelles tounes du prochain CD. Je dois quand même en profiter pour vous dire que le Pusher est une véritable bête de scène. Il démontre une telle aisance et une telle présence qu'on dirait qu'il se produit tous les jours. Fin de la parenthèse groupie. Alors, l'intensité des décibels se supportait. L'Homme et le Fils se vantaient d'ailleurs de n'avoir pas besoin de bouchons et se moquait un peu de moi qui n'avait pas voulu prendre le risque de devenir sourde avant l'âge.

Ça c'était jusqu'à ce qu'arrivent les deux principaux groupes de la soirée, soit Fuck the Facts et Napalm Death qui font tous deux dans le grindcore ou, comme me l'expliquait le Pusher, la musique extrême. À ce jour, mes pauvres oreilles portent la stigmate de mes abus de vieille retraitée. Malgré le port de bouchons, j'entends un sifflement constant et j'ai l'impression d'être sous l'eau. Mais l'expérience en valait la peine (c'est le cas de le dire et j'insiste sur "peine"). Je n'avais jamais entendu de grind et j'ai été vraiment époustouflée par la performance de la chanteuse de Fuck the Facts, une jeune femme toute menue avec une voix de "death grunt" assez impressionnante. Même si j'avais l'impression qu'elle hurlait des syllabes plutôt que des paroles (ce qui était peut-être le cas en fin de compte d'après ce que j'ai lu sur le genre de métal en question), j'en ai retiré beaucoup de plaisir allant même jusqu'à "headbangner" avec les fans.

Malgré tout, ce matin, quand j'entends ma voix me résonner dans la tête toutes les fois que j'ouvre la bouche, je me dis que je devrai peut-être, je dis bien peut-être (je me laisse une petite marge de manoeuvre au cas où l'ouïe me reviendrait), accrocher mes oreilles. Mais seulement pour les spectacles, s'entend, car le métal continuera encore et toujours d'accompagner les pas de la Marcheuse urbaine.
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Notes pédestres : J'ai marché "au naturel" ce matin, puisque sans ma musique préférée. J'ai décidé en effet de donner une pause salutaire et curative à mes oreilles. Il faisait encore tellement beau que j'ai pu sortir vers 8 h 30 sans avoir besoin d'une petite laine. Ça faisait changement de marcher en entendant mes pas sur le trottoir (oui, je les entendais) et, surtout, en écoutant les oiseaux, les chiens et les enfants.  J'ai croisé beaucoup de retraités sur ma route, un indice de ce qui m'attend pour les années à venir. Pour le moment, je marche encore sans bâton de vieillesse. Je suis seulement un peu dure de la feuille!

Notes félines : Vous auriez dû voir la Reine-Marguerite combattre les feuilles mortes dans la cour cet après-midi. Elle s'était trouvée un coin au soleil pour se dorer la couenne mais comme le coin en question se trouvait sous l'érable, elle recevait régulièrement une feuille sur le bout du nez ou sur son immense arrière-train. Toutes les fois, elle prenait un air vraiment dégoûté et regardait autour d'elle pour savoir d'où venait l'ennemi. Sans jamais le trouver, évidemment. Alors, elle se levait et se déplaçait de quelques centimètres pour déjouer la chute végétale. Comme elle n'avait pas pleinement confiance dans sa stratégie, elle dormait juste d'un oeil en surveillant de l'autre une potentielle FVNI (feuille volante non identifiée). Franchement écoeurée, elle a finalement abandonné sa "folle" bataille pour se réfugier sous la haie de cèdres où, même sagement couchée, elle a réussi à donner une syncope à un écureuil qui passait par là. Que d'action, chers lecteurs, que d'action!

samedi 8 octobre 2011

Coup d'éclat automnal

J'ai retrouvé mes trottoirs cet après-midi. Et sous quel soleil! Quel plaisir, même si j'en connais trop bien la courte durée, de sentir la chaleur sur mes épaules nues! Je me sentais toute enveloppée dans ce beau cocon coloré qui me permettait d'admirer une nature littéralement enflammée. C'était non pas l'action, mais l'état de grâce.

Encore une fois, mes pauvres mots peuvent difficilement vous transmettre mon expérience. Pourtant, tout le temps que je marchais et que je savourais chacune des minutes qui s'écoulaient, je composais un texte dans ma tête avec l'intention bien arrêté de vous faire partager ce que je ressentais. N'ayez crainte, les neurones en branle ne m'empêchaient en rien d'apprécier le spectacle qui s'offrait à moi. Faut croire que j'ai vibré à plein et que j'ai totalement habité ma bulle parce que les phrases se sont envolées. Il reste heureusement le merveilleux sentiment de bien-être qui continue de meubler mon intérieur.

Je dois ajouter que le programme musical que j'avais choisi s'accordait pleinement à ma démarche pédestre. De ce temps-là, je tripe sur un nouveau groupe métal que le Pusher m'a fait découvrir. Il s'agit de Times of Grace. Avouez que juste le nom, c'est inspirant. La musique du groupe me brasse tellement que, par bout, j'avais envie de m'agenouiller et de pleurer pour justement rendre grâce pour l'intense joie, gratitude, reconnaissance - je ne sais plus trop ce qui convient le mieux ici - qui m'envahissait. Je me suis même dit à un moment donné que c'est le genre de parcours qu'il faudrait faire à genoux et à pied, comme à l'Oratoire. À vous je peux bien l'avouer, j'avais parfois la petite larme à l'oeil quand je faisais corps avec la musique qui éclatait, le doux vent qui me caressait la peau, l'odeur d'humus pas encore trop prononcé qui venait à mes narines, la flamboyance du décor qui m'entourait et, bien sûr, les pieds qui gardaient la cadence. Comme cela m'arrive à l'occasion quand je suis vraiment "dedans", je me prenais pour le chanteur et j'osais crier avec lui : "One Love, One Truth, One Destiny."  Vous dire à quel point ça fait sortir le méchant... Et comme je garde intact l'espoir de vous intéresser un tantinet au métal, je vous laisse sur les mots de Times of Grace tirés de la chanson Strength in Numbers :

As we live in these dark days filled with violence, opposition and hate.
There lies a place of saving grace
Protected in the hearts of the humble
The faithful, the ones who choose the path of resistance to protest
Protect, save, proclaim our lives lived not in vain.
In flesh, in spirit eternal
One love, One truth, One destiny

Arise and be triumphant
No rest until all is fulfilled
Our roots must balance our branches
Be vigilant in truth and love


There is a strength in numbers we must unite mankind
There is a strength in numbers, our faith lies deep inside
 We struggle, we suffer, so we must come together
We struggle, we suffer, but we will live forever

May the sun shine upon you and bless your inner light
and may you find true peace


C'est la grâce que je ne nous souhaite à tous.