vendredi 14 octobre 2011

Retour en arrière

Avant d'aller bénévoler hier après-midi, j'ai fait un détour par mon ex-bureau pour saluer mes toujours amies et collègues. J'ai pris l'autobus pour m'y rendre comme je l'ai fait deux fois par jour pendant beaucoup, beaucoup d'années. C'était étrange, cependant, de suivre ce trajet à 14 h plutôt qu'à 7 h. Assise dans mon cher wagon à bestiaux, je me sentais presque nostalgique, mais ce n'est pas l'émotion qui dominait. Non. Ça avait un autre goût.

J'ai lu jusqu'à destination. Un roman de Maupassant que je ne finis plus de finir. Pas grave. Je n'ai pas envie tant que ça d'arriver à la dernière page. Plongée dans le Paris du XIXe siècle, je savoure encore plus mon plaisir parce que je peux maintenant voir dans ma tête certains des quartiers décrits par l'auteur car moi, la marcheuse urbaine, j'ai déambulé sur les pavés de la Ville-Lumière. De temps en temps, je quittais tout de même mon livre pour regarder par la fenêtre le paysage si familier. Je me sentais bien. Mieux en fait que je m'étais sentie de toute la semaine. J'avais envie de sourire. J'avais le coeur léger.

Quand j'ai parcouru la rue qui mène à mon ex-adresse de travail, j'ai eu l'impression que la nostalgie revenait. Les boutiques, les restos, les chantiers de construction que je ne voyais même plus parce que je les voyais trop me semblaient différents. Je remarquais ici une nouvelle pancarte dans la vitrine, là une clôture qui avait disparu. Subitement, je voyais tout. Je suis finalement arrivée devant l'immeuble. En gravissant les quelques marches qui mènent à la porte principale, je me suis revue par les matins d'hiver me dépêchant d'entrer pour me réchauffer tout en pestant contre le fait que l'escalier n'avait pas été déblayé convenablement et que je me retrouvais de la neige plein les bottes. Je me suis rappelée les canicules et la chaleur étouffante de l'été qui me faisaient désespérer de retrouver la fraîcheur bienfaisante de la climatisation dès que je franchissais la porte. Puis, en empruntant l'escalier roulant qui conduit à l'étage de l'ascenseur, j'ai éprouvé un regret mais d'une fraction de seconde seulement. Ouais. Je me suis rendue compte que, malheureusement, les souvenirs pénibles des deux dernières années ont pour le moment pris toute la place. Et je me suis redit pour la énième fois que j'avais pris la bonne décision en quittant.

Mes collègues m'ont réservé un accueil absolument chaleureux. Et moi, j'étais tellement contente de les revoir que je les ai tous embrassés. Je n'en finissais plus de répondre à leurs questions au sujet de mon voyage et de la façon dont je m'adapte à ma nouvelle vie. J'aurais voulu avoir le temps de faire le tour et de saluer tout le monde, mais j'étais attendue au Marché de solidarité. Il ne fallait tout de même pas que j'arrive en retard et que je sois renvoyée la première journée!

Quand je suis sortie de l'immeuble, j'ai poussé un long soupir. De contentement. Je me trouvais chanceuse de m'en aller faire une activité que j'avais choisie parce que j'avais réellement envie de la faire. Je me trouvais privilégiée d'avoir le temps de parcourir les trottoirs lentement en admirant les beautés de l'automne et en respirant l'air mouillé des gouttelettes fines qui tombaient. Et c'est là que j'ai mis le doigt sur l'émotion qui m'habitait. Je suis libre.

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