lundi 28 novembre 2011

Ah! les lundis

Comme je les aime mes débuts de semaine depuis que je suis à la retraite. Autant j'entamais avec réticence les lundis, autant je m'y précipite maintenant avec enthousiasme et délectation. C'est qu'ils ont pris ma couleur et qu'ils n'incluent dorénavant que du plaisir. Oui, le plaisir de faire uniquement des activités dont j'ai vraiment envie.

Prenez aujourd'hui, par exemple. Tôt levée, j'attendais l'autobus à 8 h 30 sur le trottoir pour aller prendre mon café avec une ex-collègue. Ensuite c'était le cours de yoga avec mon groupe de retraités. Une heure et demie de pure satisfaction, d'étirements bienfaisants, de respirations lentes et conscientes, de relaxation énergisante. J'étais prête pour profiter d'un bon dîner en bonne compagnie. J'ai évidemment terminé l'après-midi à la Maison de thé où j'ai rencontré une autre amie en dégustant un Puerh choisi par A. juste pour moi. C'est que j'ai mes petites préférences et les merveilleuses personnes qui travaillent à la Maison de thé sont magnifiquement capables de s'adapter au gré de mes humeurs. Je suis véritablement gâtée. Enfin, retour à la maison vers 15 h 30.

Et c'est comme ça tous les lundis. Incroyable, non? Ces journées m'appartiennent entièrement. Grâce à mes rencontres autour d'un café, d'un thé ou d'un repas, je continue de prendre le pouls de mon ancien monde. Mais à distance. Et l'extraordinaire puissance du yoga vient compléter à merveille ce tableau idyllique en me donnant l'énergie nécessaire pour me dévouer aux autres le reste de la semaine. Je suis très fière de mes lundis. Je les chéris précieusement et je suis gré à la vie de pouvoir ainsi en profiter.
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Notes littéraires : C'est nouveau ça... vous auriez remarqué sans que je ne vous le signale? Je ne sais pas si je vais récidiver mais je tenais absolument à vous citer ces quelques phrases tirées du roman Les chaussures italiennes de Henning Mankell parce que j'aurais voulu les écrire tellement elles décrivent exactement ce que je ressens.

Il y a une mélancolie particulière qui accompagne le départ des oiseaux migrateurs. L'envers exact de la joie qu'on éprouve à leur retour au printemps. L'automne refermait son livre. L'hiver approchait de jour en jour.

jeudi 24 novembre 2011

Divine sublimation

C'est fou chers lecteurs comme vous m'inspirez. Ce soir, je pars d'un conseil fort judicieux qui m'a été donné il y a quelques jours. Comme je frôlais constamment le ras-des-pâquerettes, j'ai été invitée à sublimer mon quotidien. Cela m'a interpelée. Pour être certaine de faire la bonne chose, je suis même retournée au dictionnaire où j'ai trouvé cette définition de la nouvelle attitude que j'ai décidé de mettre à l'essai. Sublimer consiste donc à transformer une tendance vers quelque chose de plus élevé, moralement ou spirituellement.

J'ai commencé par sublimer ma toux. Plutôt que de pester contre elle, j'ai tenté de faire avec. Je dois dire que mon taux de réussite est assez élevé. Probablement aussi que le vilain virus commence à s'épuiser et que le bronchodilatateur agit sur mes poumons endoloris. Mais je refuse de laisser à ces deux seuls facteurs la plus grande sérénité que j'éprouve envers le mal qui m'afflige. Je considère ici avoir fait un bel effort de lâcher prise et je m'en félicite.

Toujours déterminée à aider les autres envers et contre tous les obstacles qui se dressent sur ma route, je suis retournée à la Soupière de l'Amitié pour bénévoler avec ma joyeuse gang de bizarroïdes (et je m'inclus dans le groupe). Vous vous rappelez ce que je disais au sujet du tapis de yoga qui ne devait surtout pas changer de place? Eh! bien, une bénévole boude en ce moment parce qu'une nouvelle venue s'est assise sur la chaise qu'elle occupe habituellement pour envelopper les muffins des petits déjeuners! Difficile à croire, mais vrai. La place ainsi libérée m'a été dévolue et j'ai eu beaucoup de plaisir à ensacher les mini-gâteaux qui seront servis aux enfants. Cela m'a permis entre autres de jaser avec L., une bénévole de 76 ans qui a l'air d'en avoir juste 66 et qui est dotée d'une attitude positive à faire rougir la grande anxieuse que je suis.

Pour le dîner, Serge nous avait concocté un pâté chinois à sa façon. Il a rajouté un étage et, comment dire, virilisé le steak haché en le remplaçant par de la viande sauvage tuée je ne sais où, ni par je ne sais qui. La recette modifiée se présentait ainsi : chevreuil(??) du Canada, blé d'Inde, fromage brie (oui, vous avez bien lu) et patates. Étonnamment, c'était très bon. J'ai même suggéré à Serge de faire breveter sa recette devant le succès remporté. Nous essayons maintenant de le convaincre de nous faire une crème d'épinards avec les restants du souper qui a eu lieu jeudi dernier. Lui, il veut nous servir les verdures en salade. Nous, nous pensons qu'elles seront trop fanées pour être dégustées fraîches. Mais ce n'est pas nous qui avons le dernier mot dans la cuisine et c'est très bien comme ça.

Du côté des trottoirs, j'ai vraiment repris du poil de la bête. Aujourd'hui, je trouvais même que mon pas était plus rapide. Vous ai-je dit que, depuis que je suis à la retraite, j'écoute la radio de Radio-Canada sur une base très régulière? Je trouve que je m'instruis et m'amuse tout en étant capable de faire d'autres choses en même temps, dont marcher. C'est ainsi que j'ai appris tout ce qu'il faut savoir sur les pneus d'hiver cet après-midi! J'aurais donc dû switcher au métal, mais j'ai préféré sublimer mon envie et m'élever spirituellement à l'échelle du caoutchouc. Me semble que ça manquait dans ma vie.
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Notes félines : J'ai acheté un petit lit douillet pour Mignonne afin qu'elle puisse être plus confortable quand elle dort devant la fenêtre du salon. Même si je lui mettais une couverture, je trouvais que la vitre était froide. Vous devriez la voir lovée dans son nid, la tête appuyée sur le rebord molletonné. Elle a l'air d'une reine sur son trône. Mais, mais, elle continue quand même de me rendre visite le soir. Elle vient justement de sauter dans le lit, à côté de moi. Bonne nuit!

mardi 22 novembre 2011

Pis ma vie

Je n'avais pas l'intention d'écrire ce soir mais la Resurfaceuse m'a envoyé un courriel avec ce titre inspirant : "Pis, ta vie?" D'emblée, je réponds : "Voulez-vous vraiment le savoir?"

Le vilain virus continue de me donner du fil à retordre. Chaque fois que je pense remonter la côte, une quinte de toux me rappelle que je ne suis pas encore sortie du bois. Parfois, quand j'ai fini de cracher mes morceaux de poumons, je ne peux m'empêcher de crier très fort : "Maudit que je suis écoeurée!" Cela aide-t-il? Pas du tout. C'est désolant mais j'ai zéro patience pour les affaires qui n'en finissent plus de finir. "Tuez-moi tout de suite et qu'on en finisse au plus coupant," que j'aurais crié à mes bourreaux si j'avais vécu au temps des rois et des reines qui s'empoisonnaient et s'éliminaient à une vitesse effarante.

Dimanche, je suis allée marcher et je n'ai pas encore réussi à faire mon parcours habituel. Je ne veux évidemment pas me lancer dans la montée et la descente des escaliers étant donné que je coqueluche juste à mettre lentement un pied devant l'autre. J'avais quand même une idée, ou plutôt un titre de blog en tête : "Presque." Ce seul mot. Qui veut tout dire pour l'instant. Qui résume ma vie depuis un mois. Je profite presque de ma retraite. J'arrive presque à faire toutes mes activités. Je suis presque sereine.

Pis, ma vie? Trop souvent la nécessité de composer avec la frustration de ne pas être au maximum de ma forme. Je sais que j'ai là quelque chose à apprendre. Entre nous, ils sont une denrée rare les gens qui peuvent se vanter de n'être jamais malades. C'est sûr que je voudrais faire partie de ce groupe sélect mais, lorsque j'ai appelé pour m'abonner, je me suis fait dire qu'il était complet. Ce sera pour une autre fois. À Pâques ou à la Trinité?

J'ai quand même bénévolé aujourd'hui au service de dépannage où j'ai appris une autre leçon : des fois, sans le savoir, tu empêches un bénévole de se valoriser en voulant trop bien faire. J'ai été retournée dans l'arrière-boutique. Fort bien. Je devrai me créer un nouveau rôle. À dire vrai, je vais sérieusement repenser mon engagement après les fêtes. Je ne pensais pas qu'il fallait aussi se battre dans le monde du travail gratuit pour faire sa place. D'une naïveté totale, je croyais que les organismes se réjouissaient d'accueillir de nouveaux bras et qu'ils s'employaient à les inclure le plus rapidement possible dans leurs rangs. Ce n'est pas le cas, du moins d'après ma petite expérience des derniers mois. Vous savez à quoi ça me fait penser? À ces gens, jeunes ou vieux, qui assistent par exemple à un cours de yoga et qui placent toujours, toujours, toujours leur tapis au même endroit. Il n'y a pas de marque sur le sol. Il n'y a pas de points de repère comme sur une scène. Non. Mais, pour être bien, ils doivent s'étendre sur le même coin de prélart. Jusqu'au jour où arrive un nouveau venu qui, tout à fait malencontreusement, déroule son tapis à l'endroit fatidique. De deux choses l'une : l'habitué va lui demander de déplacer son tapis ou il va le déplacer lui-même. Rarement l'habitué va se taire et accepter de se détendre sous un autre angle.

C'est comme ça que je me sens aux deux endroits où je bénévole. On semble content que je sois là, mais on ne veut pas vraiment me donner une place. Il y a une chasse gardée que je ne comprends pas. Je ne vais pas là pour obtenir une promotion, ni pour voler la job de quelqu'un. Je veux juste me rendre utile, faire une différence, apporter quelque chose dans la vie des gens que je viens aider. Où est le problème?

Pis, ma vie? J'arrive presque à la supporter.
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Notes aquatiques : Première gelée pour les espiègles qui se sont retrouvés ce matin sous un toit glacé. Je n'ai pas encore installé le bulleur. J'espère que la pompe va tenir jusqu'à ce que j'hivernise le bassin pour de bon. Là aussi, pas de retour en arrière possible. Je me croise les doigts pour retrouver ma faune piscivore au complet lorsque les beaux jours reviendront.

samedi 19 novembre 2011

Plonger

J'ai fait quelque chose aujourd'hui que je n'avais pas fait depuis très, très longtemps. L'idée m'est venue comme ça, subitement. J'étais en train de vaquer dans la cuisine en toussotant comme de bien entendu. Je me sentais vraiment fatiguée, ou était-ce plutôt écoeurée? Comme l'Ami se plait à me le répéter, il y a une grande différence entre ces deux états d'âme, un véritable fossé en fait. Dans le cas qui nous occupe, je crois qu'il s'agissait effectivement d'une attaque d'écoeurite aigüe. Le vilain virus qui virevolte dans ma vie me vide les veines dans une vertigineuse virée. Voilà!

Alors, je terminais donc de préparer la soupe et je cogitais en tentant de stopper la course effrénée du hamster dans sa roulette d'anxiété quand, eurêka, je me suis dit comme ça : "J'ai envie de prendre un bain." Il était 15 h 30. Peut-être une drôle d'heure pour s'immerger mais je n'en n'avais cure. J'avais un sentiment d'urgence qui me tenaillait et je devais plonger drette-là dans la baignoire bienfaisante.

Ce que je fis. J'avais presque oublié à quel point il est bon de descendre doucement dans l'eau chaude et de la laisser caresser les vieux muscles endoloris. Plaisir et volupté. Je soupirais d'aise. Je me doute que les amateurs inconditionnels du lavage en bassin comprennent difficilement mon éloignement de ce genre d'ablutions. C'est que, pour l'anxieuse finie que je suis, le trempottage, loin de me calmer, m'énerve au plus haut point. Au lieu de me laisser bercer au creux de la vague, comme j'ai réussi à le faire cet après-midi, je reste tendue comme une corde de violon et cherche désespérément quelque chose à faire à part me savonner. J'ai essayé les huiles et les bains moussants. Peine perdue. Mon hypocondrie refait bien vite surface pour me demander si je n'aurais pas une quelconque allergie envers la lavande ou l'eucalyptus, ou si je ne vais pas développer une infection à levure en raison des produits contenus dans les bubulles censés me détendre et m'amuser.

Ai-je besoin de préciser que j'ai pris un bain "straight"? J'étais seule avec ma débarbouillette et mon savon hypoallergène et sans parfum. Pas grave. C'était un beau moment de détente avec mon moi-même. Je dois cependant vous confesser que la position évachée dans le bain m'a permis de constater que le dessous de mon porte-savon était sale. Martha, Martha, je t'appelle à mon secours. Je fais les coins ronds!
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Notes aquatiques : Devinez qui j'ai vu sur le bord de l'étang cette semaine? Oui, Gertrude la grenouille. Elle m'a fait un peu peur car installée comme elle l'était avec sa petite tête hors de l'eau et le reste du corps dans le bassin, j'ai pensé pendant un instant qu'elle flottait pour l'éternité. Heureusement, en m'approchant doucement, je l'ai vue plonger dans les profondeurs. Et vous savez quoi? Elle avait tellement grandi que j'ai eu aussi un doute sur son identité. En même temps, je ne connais pas des tonnes de batraciens. Faut croire que Gertrude a décidé de passer l'hiver avec les espiègles, peut-être enfoncée dans l'un des deux pots de nénuphars. Me semble que ça commence à faire du monde dans un espace, ma foi, assez restreint. J'imagine que plus on est de fous, plus on rit...

**Je vous gâte aujourd'hui avec un message également sur le blog de la Marcheuse urbaine libre.**

mardi 15 novembre 2011

Le train-train

Aujourd'hui, j'ai décidé de remettre un pas dans la vie. Je tousse toujours. Je suis évidemment retournée une autre fois à la clinique pour faire sonder mes poumons. "Tout est clair", que le doc m'a dit. J'en suis apparemment rendue à l'étape de la toux post-virale. Nouvelle recherche dans la Toile : aucun médicament, même une pompe, ne semble assurer un rétablissement plus rapide des voies respiratoires. Le temps, mes amis, le temps. Et la patience. Le premier, vous le savez, j'en ai plus qu'il n'en faut. La deuxième, je l'attends comme Godot.

Fort bien. Je ne peux rien faire de plus côté médical. Je vais donc aller respirer un peu d'air frais. J'ai bien tenté d'effectuer mon parcours habituel mais la maudite toux ne lâchait pas. "Qu'à cela ne tienne", me suis-je dit en mon for intérieur, "je vais justement pratiquer la lenteur, cette qualité dont je vantais les mérites il n'y a pas si longtemps encore." J'ai donc marché à un pas de vieille retraitée. J'allais pas vite mais, comme le répétait ma mère, "p'tit train va loin."

Il faisait tellement beau que j'ai décidé de rester dehors après ma marche de personne âgée. "Je vais en profiter", ai-je solliloqué, "pour commencer les décorations de Noël sans risquer l'engelure fatale." En ouvrant les deux gros bacs de plastique, j'ai failli reculer. Quel désordre! Les guirlandes étaient toutes emmêlées, les couronnes avaient perdu leurs boucles, les lumières avaient été placées un peu n'importe comment. Devinez qui avait rangé les décorations à la fin de l'hiver? Pan! En plein dans le mille. Celui-là même.

J'ai donc failli reculer devant la tâche titanesque qui m'attendait quand je me suis rappelée mon motto de la journée, oui, répétez après moi : "p'tit train va loin." J'ai vaqué tranquillement en jouissant du soleil et de ma cour. J'ai jeté des arachides à un écureuil atteint d'une frénésie peu commune. J'ai mis au compostage les plantes toujours en pot avec un pincement au coeur en constatant que l'une d'entre elles contenait une belle petite fleur rose. "Wow!", me suis-je exclamée pour mon moi-même, "il en faut du courage pour résister aux intempéries et garder la tête haute malgré la froidure." Je me suis arrêtée pour regarder passer les volatiles rieurs en partance pour des cieux plus cléments. J'ai nettoyé l'étang des espiègles en n'oubliant pas de leur prodiguer les conseils appropriés pour qu'ils passent l'hiver. Peine perdue. Trompés par la chaleur inhabituelle des derniers jours, ils ne voulaient que s'ébattre comme des fous dans tous les coins et recoins du bassin. À ce jour, j'en compte dix-neuf. J'aimerais tellement qu'ils soient encore tous là au printemps. Hélas! C'est la dure loi de la Nature qui aura le dernier mot.

Et les décorations? J'ai réussi à faire tout ce que je pouvais sans l'aide du spécialiste en rangement. J'étais pas mal fière de moi. J'avais pas trop crachoté en plus. Y a de l'espoir que je m'en sorte. Je vous le dis : p'tit train va loin!

vendredi 11 novembre 2011

Seule sur mon étoile

Tous ces jours qui ont passé sans que j'aie eu vraiment envie d'écrire. Ou plutôt si. Mais je n'avais rien de précis ou d'intéressant à raconter. Même mon quotidien, qui sait habituellement si bien me servir en matière brute, n'a pas réussi à m'inspirer. Pourquoi? Telle est ma question ce matin.

J'ai pourtant respiré cette semaine. Je ne suis pas restée terrée dans mon lit. Au contraire. J'ai été assez occupée. J'ai vu de la danse et entendu de la musique au Centre national des Arts. Ce n'est pas rien. Marie Chouinard, Mozart et Brahms confondus, c'est de la haute voltige culturelle. J'ai atteint un palier du nirvana au cours de yoga. Et je crois bien avoir mesuré un peu plus encore l'envergure de la liberté qui est maintenant mienne en allant dîner avec une ex-collègue retraitée elle aussi sans avoir à regarder ma montre pour me rappeler qu'il est temps de retourner au bureau. C'était absolument enivrant de réaliser encore une fois que je suis dorénavant seule maîtresse à bord.

C'est sûr que le bénévolat ne s'est pas révélé aussi efficace que les autres fois pour meubler mon vide. Au lieu de m'activer comme une poule pas de tête dans les tâches domestiques, comme je le fais trop souvent quand je sens monter l'anxiété, j'ai participé à la confection de 500 tourtières! N'est-ce pas là une autre forme d'échappatoire? J'ai bien peur que oui. Encore là, je dois poursuivre l'introspection pour mieux cerner mes besoins et les moyens que je prends pour les satisfaire.

Et ce matin. Je me suis levée avec un immense sentiment de solitude. Heureusement que Galarneau brille de tous ses feux. Je ne sais pas ce que je ferais si je devais en plus supporter un ciel ennuagé. J'en ai assez avec le mauvais temps qui m'emplit l'âme. Je me sens seule avec mon combat. L'hypocondrie a frappé fort ces derniers jours. Je suis retournée consulter le médecin et me suis tapée un trois heures d'attente pendant lequel j'ai remis moult fois en question ma décision de me trouver là. La peur l'a emporté sur la raison. Et je suis restée sur ma petite chaise avec mon obsession de vouloir me faire rassurer à n'importe quel prix. Je n'avais évidemment rien de sérieux mais je suis sortie quand même avec un bronchodilatateur pour m'aider à évacuer le mucus de mes poumons que je n'arrivais pas à moucher! Mon problème n'était résolu qu'à moitié. Rassurée j'étais, obsédée je devenais. Prendre un médicament représente un geste simple pour le commun des mortels. Je ne suis pas commune. Je lis donc le dépliant qui accompagne le sirop, la pilule ou la pompe de long en large en m'attardant principalement sur les effets secondaires, les rares autant que les fréquents. Parfois je pousse l'obsession jusqu'à compléter mes recherches sur la Toile. Pour mon plus grand malheur.

Alors c'est ça. J'ai résisté pendant vingt-quatre heures à inhaler le médicament. Hier matin, je n'en pouvais plus et je l'ai pris. Je me suis sentie mieux. Le soir, je devais récidiver. J'ai passé une nuit misérable. Je me suis réveillée à trois heures du matin avec la bouche tellement sèche que j'ai pensé un instant que j'avais entrepris la traversée du désert. Et j'ai toussé pour tenter une énième fois de me dégager les voies respiratoires. Je me suis levée. J'ai pris de l'eau chaude. J'ai remonté mes oreillers pour dormir en position assise. J'ai relu le maudit dépliant sur les effets secondaires tentant de me persuader que je n'avais pas besoin de courir aux urgences. J'ai finalement sucé une pastille aux herbes des montagnes. Et j'ai surtout flatté Marguerite qui ronronnait à côté de moi.

Je pleure ce matin sur ma solitude nocturne. Sur mon incapacité de me rassurer moi-même, de prendre soin de moi. Et pourtant il faudra bien que j'y arrive un jour. Il y a plein de choses que l'on ne peut vivre que seul, dont l'ultime rendez-vous. Paraît qu'on n'y accepte que les solos.

vendredi 4 novembre 2011

Et la lumière se fit

Je suis dans le noir. Panne d’électricité. D’après ce que j’ai pu observer en regardant par les fenêtres, c’est tout le quartier qui est atteint. Un coup de fil placé auprès de notre firme nationale pourvoyeuse de courant m’a permis d’apprendre par voix automatisée interposée que la panne a été causée par un bris d’équipement. Retour prévu à la normale : 23 h. Il est 19 h 30. L’Homme travaille ce soir. Je dois donc compter sur les félines pour me tenir compagnie.

sont-elles justement? On dirait que depuis l’arrivée des ténèbres, elles ont subitement disparu. Ouais. C’est vrai que, dans le cas de la toute noire Mignonne, il n’est pas nécessaire d’éteindre les lumières pour la perdre de vue. Mais la Reine-Marguerite, elle, qui n’a de cesse que de chercher continuellement à s’étendre quelque part à côté ou sur le dessus de ma personne, où a-t-elle trouvé refuge pour son gros corps? En tout cas, je n’ai certainement pas l’intention de lancer une battue pour retrouver ces lâches compagnonnes à poil, surtout pas en m’aidant d’une simple chandelle. Tant pis pour elles. Qu’elles restent dans leur trou noir!

Bon, bon. Dix minutes ont passé. C’est fou comme on manque d’imagination quand on est plus branché à rien... et qu'on est seul. J’ai quand même apporté les journaux dans mon lit dans l’espoir de rattraper la lecture que je n’ai pas eu le temps de faire ces derniers jours. Je commence décidément à penser que deux quotidiens, c’est un peu trop même quand on est à la retraite. Un autre mythe qui vole en éclats. Moi qui pensais qu’une fois libérée du joug du travail, je pourrais lire tranquillement mon journal tous les matins. Grave erreur. C’est absolument impossible à moins d’y passer tout l’avant-midi, surtout si on fait les mots croisés! Je veux bien me tenir au courant de l’actualité mais je crois qu’il est préférable que je constate de visu l’état du monde en sortant de la maison de temps à autre.

Une heure s’est écoulée. Je viens subitement de réaliser que je peux utiliser Zola car il est doté d’une batterie. Youpi! Naïvement et technologiquement défaillante, j’ouvre l’ordi en croyant pouvoir naviguer sur la Toile. Qu’est-ce que c’est que ce message? « Erreur de chargement », mon œil! Je tape furieusement plusieurs fois sur « Réessayer » jusqu’à ce que la lumière se fasse dans mon cerveau. Il ne faut jamais désespérer. J’attends toujours l’éclairage de la maison mais, au moins, la panne vient de se régler dans la boîte à neurones. Le Fils serait fier de moi. J’ai réussi à faire un lien entre le manque d’électricité et l’impossibilité de me raccorder au monde virtuel. Qu’à cela ne tienne, je peux encore taper mon message dans un fichier Word pour le copiercoller au retour de la pause du monde moderne.

Eh! il n'est même pas 21 h et la maison est de nouveau éclairée. J'entends le ronronnement rassurant de la fournaise. Je viens de brancher Zola au mur. Et devinez qui vient de retrouver son chemin jusque sous mes couvertures? Oui, la Reine qui a laissé les noirs cachots pour retrouver sa couche dorée.

mardi 1 novembre 2011

D'un mal à l'autre

Après le mal d'estomac, voilà le mal de gorge qui rapplique. Un instant. Je consulte un livre qui me dira tout sur les raisons de ces maux qui m'affligent les uns après les autres. Alors, voyons, que dit cette bible qui nous propose d'écouter notre corps, "notre plus grand ami sur la Terre" : "Le mal de gorge est le signe d'une colère ravalée que tu retournes contre toi-même. Ton mal de gorge peut aussi t'indiquer qu'il est temps de t'exprimer et de dire quelque chose à quelqu'un."

En fait, je n'en voulais à personne avant de commencer à sentir des picotements dans la gorge. C'est ce que je pense du moins. Depuis, c'est vrai, je suis enragée. Je déteste souverainement être malade parce que je m'arrange presque toujours pour l'être deux fois plus que les autres. Je m'explique. À cause de ma très légère tendance hypocondriaque, je prends tous les symptômes au sérieux. Je m'inquiète de leur durée. Je voudrais avoir fini de me moucher avant que le nez ne commence à couler.

Vous devriez voir ma table de nuit au moment où je vous écris. Elle est envahie par un véritable arsenal de produits de toutes sortes destinés à me soulager. Mais comme je déteste les médicaments autant que les maladies, je persiste à me soigner de la façon la plus naturelle possible. J'ai donc des comprimés de vitamine C dans un pot, une tasse remplie d'eau chaude, de miel et de citron, une bouteille d'eau, un verre contenant des glaçons, un tube de granules pour la toux et le rhume, un pot de Vicks pour me frotter (me semble que l'odeur seule m'aide à guérir), du sirop, des pastilles aux herbes sans sucre, des pastilles antiseptiques pour la gorge et des pastilles au menthol, une boîte de papiers mouchoirs, un flacon de comprimés d'ibuprofène. Et, panacée d'entre les panacées, une Reine-Marguerite étendue de tout son long contre moi. J'adore. Quand je commence à m'endormir, je la flatte doucement pour l'entendre ronronner. Je fais la même chose pendant la nuit lorsque je suis réveillée par ce foutu mal de gorge.

De la colère, dites-vous? Ouais, peut-être un peu contre moi qui n'arrive pas assez vite à mon goût à m'adapter à ma nouvelle vie. Je me rends bien compte que je ne fais pas preuve de suffisamment de patience. C'est comme pour le rhume. Je voudrais être une retraitée béate avant même d'avoir reçu mon premier chèque de pension! On se calme. On respire par le nez. On a encore beaucoup de temps pour laver l'armoire en-dessous de l'évier de cuisine. On a encore quelques semaines avant les fêtes pour mitonner de bons petits plats. On a tout le reste de la vie pour classer les recettes et les photos. Faut que je me garde de l'ouvrage sinon... sinon aussi bien faire comme ma voisine et m'installer dans ma chaise berçante, le nez collé dans la fenêtre du salon, pour regarder ceux zé celles qui vivent encore.