dimanche 28 février 2010

Procrastiner... moi?

Je crois vous avoir dit déjà que je veux écrire un roman. Si je ne vous ai pas fait part de ce projet encore, je vous saurais gré de me le laisser savoir puisque je croyais bien l'avoir fait. Si j'erre, j'aurais un appel à faire. Un certain Jules.

Alors, je pense avoir trouvé une bonne idée pour mon projet d'écriture. Ça, c'est quand je ne me mets pas à angoisser. J'ai alors peur de tomber dans des lieux communs. Ou je me dis que je me prends pour quelqu'un d'autre et que je n'ai rien de vraiment intéressant à raconter.

Pour mieux nourrir mon angoisse, j'ai lu la semaine dernière le blog d'une journaliste de Cyberpresse, Chantal Guy pour ne pas la nommer, qui donnait des conseils aux écrivains en herbe. Cela ne m'a pas aidée. Je me suis mise à douter encore plus : "Ai-je vraiment quelque chose à dire?" "Est-ce que j'apporte quelque chose de neuf ou une formulation nouvelle au genre romanesque?"

J'avais envie de me lancer dans une autofiction. Mais l'un des conseils précise bien qu'il ne faut pas confondre écriture et thérapie. Cela tombe sous le sens et je veillerai au grain... au cas où je viendrais à m'étendre un peu trop longtemps sur la page.

Je n'adore pas les longues descriptions même si Zola demeure l'un de mes auteurs préférés. Il faut dire que lui il a un talent "incroyable" - je mets ici l'adjectif entre guillemets et je fais un aparté pour vous signaler que ce qualificatif a fait l'objet d'un usage abusif dans la dernière semaine pour décrire à peu près n'importe quoi de ce qui avait trait aux Jeux Olympiques. Son suremploi a même constitué un running gag dans la chronique olympique quotidienne de Jean Dion dans Le Devoir. Bref, pour en revenir à un autre des conseils, il paraît qu'on n'est pas obligé de décrire des paysages pendant des pages entières. Tant mieux car j'ai encore en mémoire la description du jardin/parc/bois dans lequel le pauvre abbé Mouret a succombé aux plaisirs de la chair dans le roman de Zola justement intitulé La Faute de l'abbé Mouret. J'avais parfois l'impression de lire un traité de botanique. Par contre, à certains moments, j'ai cru sentir le parfum des fleurs et certainement imaginé la douceur du tapis de mousse sur lequel les deux pécheurs se sont finalement étendus pour faire je ne sais trop quoi car la longue description de leurs ébats était loin d'être concluante. M'enfin. Ils avaient fauté et le roman pouvait suivre son cours.

Il semble aussi que chaque mot compte et que la première page est VRAIMENT importante. C'est bien ce que je croyais. Voilà pourquoi je l'ai déjà recommencée à plusieurs reprises. Je suis assez en accord avec ce conseil car moi-même, avant de me décider à acheter un livre, je lis presque toujours la première page ou, du moins, les premières lignes. Il m'est arrivé souvent d'acheter simplement parce que l'auteur m'avait accroché là, tout de suite. Angoisse donc à l'idée de ne pas arriver à trouver la formule qui titille l'intérêt.

On a insisté aussi sur le fait que les lecteurs aiment mieux attendre un auteur plutôt que de se taper un livre pas intéressant. Comme on le faisait subtilement remarquer : rien ne presse. J'ajoute donc la peur de ne pas être certaine que le moment est vraiment venu pour moi d'essayer de publier.

Enfin, j'ai décidé de retenir ces deux commentaires du blog qui ont au moins le mérite de redonner à l'écrivain qui sommeille en moi le courage de foncer. Tout d'abord une citation de Cioran (philosophe roumain) : "On n’écrit pas parce qu’on a quelque chose à dire mais parce qu’on a envie de dire quelque chose." Et ce conseil d'un lecteur :"Écrivez ce que vous voulez comme vous le voulez. Faites-vous plaisir. Il y aura bien quelqu’un quelque part qui aimera. Ça pourrait être moi."

Voilà qui devrait répondre à la procrastination que je pratique allégrement quand vient le moment de prendre le clavier!

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Les étoiles vous annonceront désormais un nouveau genre de notes qui me permettra de partager avec vous des faits destinés à nous garder les neurones en état d'alerte.

Notes anti-foutaises (ou anti-bullshit) :
Savez-vous que le gouvernement conservateur a annoncé cette semaine qu'il s'en tiendra à sa contribution de 11 millions de dollars par année pour venir en aide aux athlètes et qu'il ne compensera pas le retrait des gouvernements provinciaux et des entreprises qui versaient un autre 11 millions depuis la création du programme d'aide aux athlètes "À nous le podium"? Apparemment, le déficit fédéral ne le permet pas.

Disons plutôt que le sport amateur ne fait pas partie des priorités de notre gouvernement qui préfère consacrer à son aventure en Afghanistan 200 millions... par mois! Concrètement, cela signifie qu'en sept heures de présence militaire là-bas, l'entièreté des 22 millions dont le programme "À nous le podium" a besoin pour une année est dépensée! La disproportion des sommes en cause est en soi un éditorial. (tiré de la chronique de Josée Boileau du journal Le Devoir, édition des 27 et 28 février)

Vous connaissez mon enthousiasme envers le sport olympique? Il est largement dépassé par ma répulsion envers la nouvelle mission guerrière de nos forces armées. Qu'est-ce qu'on dit déjà? Faites du sport, pas la guerre!!

samedi 27 février 2010

L'indécence incandescente

J'ai marché par un temps de grisaille aujourd'hui. Le ciel était sombre avec par endroit de minuscules coins de lumière qu'il fallait vraiment chercher, sinon... Sinon c'était foutu et c'était le noir et blanc qui gagnait. Même sur le moral.

Pendant que j'arpentais l'ancienne rue où habitait le Pusher, j'ai dû assister au spectacle désolant du "vidage" d'un appartement. J'imagine que les locataires n'avaient pas payé leur loyer. Tout de même. Faut-il pousser le respect de ses droits jusqu'à violer l'intérieur de quelqu'un, à mettre toutes ses affaires dans des sacs de poubelle et à faire atterrir son mobilier dans la neige et la gadoue? Me semble que c'est indécent. Voir les tiroirs béants, les pièces de vêtement qui traînent dans l'entrée, les taches sur les matelas. Faut-il à ce point détester l'humanité pour détruire le peu de biens que certaines personnes possèdent? Il y avait un écran d'ordinateur dans le banc de neige. Pas un de ces beaux grands écrans plats que le Fils et tous ses amis possèdent. Non. Un vieil écran beige comme celui que nous avions il y a plusieurs années. Il était sans doute encore fonctionnel et il répondait probablement aux besoins de son propriétaire. Certainement plus à l'heure actuelle.

Tout cela me fait chier. Désolée pour la vulgarité mais je ne trouve pas d'autres mots pour décrire à quel point ces situations me dérangent. Juste pour ajouter à mon propos, je vous révèle qu'il y a environ trois semaines, c'est un aquarium qui s'est retrouvé comme ça dans le banc de neige. Croyez-vous qu'il avait été vidé de ses occupants? Non. Tout y était. Les pauvres bêtes qui agonisaient dans l'eau verdâtre et les algues gluantes. La scène marine trônait au milieu des restes de ce qui semblait avoir été un divan, une table de nuit, une chaise, et je ne sais quoi d'autre. C'est de l'indécence incandescente et on ne s'offusque pas.

Vous savez ce qui me travaille les intestins aussi depuis ce matin? Deux manchettes. Tout d'abord celle qui touche l'état des urgences dans les hôpitaux, surtout ceux de Montréal. Je vous pose une question, et je ne suis pas la seule heureusement à avoir cette interrogation : pendant combien de temps un gouvernement peut-il prétendre que c'est à cause du gouvernement précédent que les urgences, et le secteur de la santé dans son ensemble tant qu'à y être, sont dans un état déplorable? Au moins sept ans, soit la durée des mandats de M. Charest au pouvoir. Non seulement la situation des urgences a empiré depuis son arrivée mais on force maintenant le personnel infirmier à travailler des heures supplémentaires obligatoires sans s'inquiéter outre mesure des effets désastreux qu'une telle façon de faire peut entraîner. Indécent? Très, selon moi.

Et l'autre manchette qui m'a purgée concerne celui qui prend un plaisir viscéral à pratiquer l'indécence incandescente. J'ai nommé bien évidemment notre cher M. Harper. Sa dernière trouvaille pour s'assurer que ses valeurs conservatrices sont respectées en tout temps? Il coupe les fonds des organismes non gouvernementaux (ONG) qui affichent des positions contraires à celles du gouvernement, notamment sur Israël. Et voilà que des critères politiques semblent maintenant déterminer le financement de projets humanitaires. Indécent. Grossièrement indécent. Et l'incandescence? Elle transparaît, que dis-je, elle irradie dans les réponses des politiciens qui couvrent leurs agissements par une pléthore de belles paroles et de faux-semblants.

jeudi 25 février 2010

À tous vents

Je ne sais pas comment on devient un esprit libre. Tout ce que je sais, c'est que j'aurais bien voulu en être un. Mais qu'est-ce que j'entends exactement par esprit libre? Je pense automatiquement à quelqu'un qui est fidèle à lui-même, qui est en contact avec ses besoins et ses désirs. J'imagine quelqu'un qui prend ses décisions sans se soucier constamment de l'opinion des autres. Le fameux "Fuck it!" de la Fille, quoi.

Un exemple récent de cette belle façon de s'assumer est le patineur américain Johnny Weir. Aujourd'hui, dans Cyberpresse, Pierre Foglia rapportait les propos de M. Weir lors de la conférence de presse qu'il a donnée hier pour répondre aux commentaires "mononcle" des journalistes Goldberg et Mailhot qui sont allés jusqu'à mettre en doute sa masculinité. Ce n'est pas tant cette attaque qui lui a déplu, mais plutôt les remarques voulant qu'il soit un mauvais exemple. Voici sa réponse :

"Je souhaite à tous les enfants d'être élevés comme je l'ai été, de recevoir autant d'amour que j'en ai reçu. Surtout, je souhaite à tous les enfants de pouvoir devenir ce qu'ils sont, de s'épanouir pleinement."

Je ne sais toujours pas comment on devient un esprit libre. Mais il faut croire que je sais comment on élève des esprits libres. Je me rappelle encore de ma réaction lorsque le Fils m'a annoncé qu'il voulait faire une technique au Cégep : "Tu n'y penses pas. Si tu fais une technique, tu ne voudras pas continuer à l'université." Réponse stoïque du Fils : "Je me suis informé. À l'École de technologie supérieure, où je veux aller étudier pour devenir ingénieur, on accepte seulement les étudiants qui ont fait une technique." (À noter que les critères ont changé depuis.) Il avait évidemment raison. Et après avoir pris la peine de mettre à jour mes connaissances en orientation scolaire, j'ai bien dû me rendre compte qu'il proposait un cheminement tout à fait valable. Il proposait surtout un cheminement qui lui convenait à lui. C'est ça l'important. Quand je le vois si bien adapté à sa vie de Montréalais et si heureux des études qu'il poursuit depuis déjà trois ans, je ne peux que me féliciter qu'il se soit senti suffisamment sûr de lui et confiant dans ses moyens pour avoir fait fi de ma réaction initiale.

Et ce midi, c'est au tour de la Fille de m'informer de ce qui sera son cheminement à elle après le Cégep. Peut-être l'École nationale de théâtre si elle est acceptée. Sinon, c'est le sac à dos et l'aventure pour un an. J'ai bien sûr un serrement au coeur quand j'imagine tout ce qui pourrait lui arriver. Si je m'arrête un peu plus longuement, toutefois, je sens que l'angoisse qui m'étreint se rapporte surtout à moi. Jamais je n'aurais eu le courage de prendre une telle décision. Jamais je n'aurais senti que j'avais en moi ce qu'il fallait pour partir et affronter l'inconnu. Encore à mon âge, j'angoisse parfois simplement à l'idée de quitter la maison pour aller à Montréal. Ne vous inquiétez pas... je me soigne. Bref, si moi je ne suis pas encore prête à collectionner les tampons dans mon passeport, ce n'est pas nécessairement le cas de la Fille. Et c'est bien ainsi.

Je suis peut-être un esprit libre après tout. Encore attaché à ses amarres. Mais si le vent se lève suffisamment fort un jour, qui sait si l'esprit libre n'aura pas envie de prendre son envol? C'est ce que je me souhaite.

mercredi 24 février 2010

Pause toujours!

J'avais un rendez-vous chez le physio aujourd'hui. J'ai pris la journée pour faire une pause. Volupté...

J'ai quand même été efficace. Et j'ai quand même fréquenté la gent fonctionnaire puisque je me suis présentée à un bureau de Passeport Canada. C'était la dernière étape à franchir pour obtenir le droit de me promener un peu partout sur la planète. J'avais drôlement hâte d'arriver à la fin des formalités car le chemin vers la reconnaissance du voyageur peut être long et ardu. Ainsi, le simple fait de remplir le formulaire pour l'obtention du fameux document représente un défi en soi. Mais un défi pas aussi imposant que celui de lire au complet les instructions permettant de remplir adéquatement ledit formulaire. Tu penses que tu as compris mais il y a toujours un détail qui t'a échappé. Tu crois que tu es prêt à passer à l'étape finale quand tu te rends compte que tu as oublié de faire signer une de tes photos par ton répondant. Ou encore que ton répondant a signé la photo mais il te manque la date de délivrance et la date d'expiration de son passeport. Ou que tu es certain d'avoir réuni toutes les pièces d'identité dont tu as besoin pour t'apercevoir qu'il t'en manque encore une, que tu as laissé à la maison de surcroît. M'enfin. Tous ces embêtements sont derrière moi maintenant puisque Passeport Canada a promis de livrer mon document et celui de la Fille d'ici la mi-mars.

Oui, la Fille repart. Je ne vous en ai pas glissé mot encore? C'est possible. Elle s'en va cette fois écumer le Cambodge et peut-être aussi la Thaïlande. Si je suis inquiète? Plus ou moins car elle ne part pas seule. Et puis... je vois bien qu'il n'y a rien pour retenir cette globe-trotter devant l'éternel. En plus de tous les vaccins qu'elle doit recevoir avant de partir, elle avait déjà eu la piqûre du voyage. Alors aussi bien me faire à l'idée et embarquer avec enthousiasme dans ses projets. Et puis, je l'envie bien un peu. N'est-ce pas le temps ou jamais de succomber aux plaisirs de la découverte et du dépaysement?

En attendant d'utiliser le mien de passeport pour me rendre à Boston avec la soeur Psy cet automne (Je ne vous ai pas glissé mot de ça non plus? Si ça continue comme ça, va falloir me placer. "Jules, est-ce qu'il y a encore de la place à Cité-Jardin pour quelqu'un dont les besoins viennent subitement d'évoluer?"), je continue à marcher. Et cet après-midi, malgré l'eau, malgré la gadoue, c'était fantastique. Je ne sais pas si le traitement du physio a induit le surplus d'énergie qui m'animait, mais je volais presque sur les trottoirs. Et j'avais trouvé pour m'accompagner la sélection metal parfaite tirée de La marche de Noël fournie par le Pusher. Tout d'abord, je me suis tapée au moins cinq fois Revolution de Crematory :

The beginning of the age - to start revolution
now break and leave their cage - time for revolution
take those traitors away from us - and start revolution
giving back belief and trust - so live the revolution

It's time for - so start a - and live the - revolution
it's time for - so start a - and live the - revolution

Ensuite, trois ou quatre fois, je ne sais plus, Immortal d'Adema et Beastial Behavior de Ghoulunatics :

Dying... is the last thing to do

Suivi par Angels of Clarity de Dead by April :

Save me from myself!

Save me
Falling down
Angels of clarity
(I am done by society!)
Save me
Frozen inside
Angels of clarity
(I am done by society!)

Et, enfin, Denied de Sonic Syndicate :

There is nothing left for me
There is nothing left for you
There is nothing left at all
A wasteland of my mind

Don't think you ever will see
Don't think you ever will know
How much I actually cared
About everything we shared

Why the fuck did you lie then?
Why in hell did you bring me down?
Don't you realize?
No one gets out of this place alive

Hasn't been screaming all these years
Just to see the world crashing around me
Maybe this life is overrated
But I won't let the world burn around me

A situation like this, should never exist
Then why are we out of control
I see smoke from the eden fire
Watch it going higher and higher


Désolée pour tous ceux qui ne connectent pas au metal. Il faut l'expérimenter, c'est tout. Très grande volupté...

mardi 23 février 2010

So long Jules!

J'ai été kidnappée hier soir à mon retour du travail par un de nos voisins que l'Homme et moi avons affectueusement baptisé "Jules". C'est qu'il nous a toujours fait penser au personnage de Jules César dans Astérix et les Romains. Vous savez, grand, mince, le visage buriné, les cheveux blancs.

À 80 ans bien sonnés, notre Jules à nous se prépare à quitter pour de bon le quartier. Sa maison a été vendue récemment. Depuis deux jours, il demeure même déjà à Cité-Jardin, "premier complexe dans la région à proposer un milieu de vie intégré et segmenté en fonction des besoins évolutifs de la Génération Plus tout en répondant véritablement aux attentes." Avouez que ça donne envie d'être vieux... surtout qu'on fait bien attention à ne pas utiliser le mot honni. Non, on fait partie de la Génération Plus et on a des besoins évolutifs. Autrement dit, on est des vieilles badernes et on va bientôt porter des couches!

Mais je n'en suis pas encore là. Et je reviens donc à Jules, qui lui, est rendu là. Il m'a interceptée sur le trottoir parce qu'il tenait absolument à me faire visiter sa maison, déjà vide. C'était touchant de le voir se promener d'une pièce à l'autre et de l'entendre me décrire de long en large (la seule manière dont Jules peut parler de quelque chose) les divers travaux qu'il avait effectués au cours des trente-huit dernières années pour rendre grand et spacieux ce modeste bungalow. Dans la cuisine, trônaient sur l'îlot deux décorations musicales de Noël. Il a remonté les mécanismes en me disant, tout fier : "Je laisse un cadeau aux nouveaux propriétaires!" Et nous avons poursuivi notre visite sur les notes d'un "air de saison".

J'ai donc parcouru les deux étages et le sous-sol, "entièrement fini", comme me l'a proclamé mon cher Jules. J'ai dû tester la solidité des rampes de l'escalier, ouvrir toutes les portes des nombreuses armoires de la cuisine, essayer le ventilateur de la salle de bains, entrer dans la chambre froide pour constater qu'il y faisait effectivement pas très chaud, apprendre le fonctionnement de la fournaise, du climatiseur central et de l'échangeur d'air, bref, une visite en règle. Pourquoi avais-je la fâcheuse impression que Jules, en se donnant comme prétexte le désir de me montrer sa maison, faisait un pas de plus dans le deuil d'une vie heureuse et remplie?

Il y avait encore des fauteuils dans le salon. Il m'a dit que je devais m'y asseoir pour me reposer un peu. Il en a profité pour me parler de sa femme, décédée depuis huit ans. Il m'a dit qu'aucune autre ne pouvait la remplacer dans son coeur. C'est sûr qu'il aime bien la veuve qu'il courtise depuis quelque temps, "un vrai bijou", comme il dit. Il m'a ainsi appris qu'elle le quitte parfois parce qu'elle "a des problèmes avec son corps qui l'empêchent de le satisfaire, lui, sexuellement parlant". Il m'a même affirmé, en jetant un rapide coup d'oeil vous déduisez où, qu'il n'en revenait pas qu'il y avait encore de la vie là-dedans à son âge. Moi, je ne suis pas vraiment étonnée parce que Jules a bon pied, bon oeil. Il s'entraîne plusieurs fois par semaine dans un gymnase. Il voyage régulièrement. Et il aime tellement jaser. Ça arrivait que l'Homme et moi, quand on le voyait se pointer vers la maison, on aille se cacher dans la cour. C'est qu'il n'y avait jamais de courtes conversations avec Jules. Quand on avait tout notre temps, c'était parfait. Mais quand on avait une liste de tâches à faire, il valait mieux prévenir que guérir!

Finalement, il a bien fallu sortir de la maison. Un peu plus et Jules oubliait de fermer à clé. Il a avoué : "C'est pour ça que je m'en vais. C'est sûr que la tête va commencer à me jouer des tours bientôt." Nous sommes arrivés près de sa voiture. Il voulait même me reconduire à la maison... j'habite à trois minutes de chez lui! Je l'ai regardé dans les yeux et je lui ai dit : "Est-ce que je peux au moins vous embrasser?" Devinez quoi? Il a dit oui sans hésiter! J'espère seulement que les dames qui habitent à Cité-Jardin ont des besoins évolutifs compatibles avec ceux de notre don juan de Jules!!

vendredi 19 février 2010

Nivellement par le haut

Bon, vous en avez sans doute assez de mes propos sur l'actualité. J'accepte de vous accorder un temps d'arrêt, qui n'en n'est pas vraiment un. Ainsi, je ne peux m'empêcher de vous citer une phrase tirée de la chronique d'aujourd'hui de Christian Rioux du journal Le Devoir sur les écoles juives en France parce qu'on y retrouve un mot que l'on n'utilise pas souvent. Et pour cause. Il est considéré comme littéraire dans le Multidictionnaire de la langue française. Voici donc la phrase... savourez : Ce dernier exemple montre bien que, dès que l'on quitte les débats abscons qu'affectionnent certains universitaires, la laïcité québécoise est beaucoup moins éloignée qu'on le croit de celle qui se pratique en France. Je vous évite la recherche. Ce beau mot, trop oublié, signifie "difficile à comprendre".

Laissons le littéraire. Passons au familier. Un autre extrait provenant cette fois de la chronique de Serge Truffaut... souriez : Dans l'histoire des guerres de l'ombre que se livrent les maîtres-espions, les barbouzes et leurs acolytes, les certitudes sont rares. On parle ici des agents secrets, tout simplement. Avouez que ça huile les neurones de lire autre chose que notre horoscope!

J'ai lu Le Devoir toute la semaine. J'ai presque pris la décision de m'y abonner. Les textes sont tellement bien écrits et les idées bien étoffées. C'est une lecture un peu plus ardue que La Presse mais combien plus gratifiante. On croit presque qu'il y a encore des penseurs au Québec. C'est rafraîchissant. Et très encourageant.

En parlant d'encouragement, justement, je termine avec la conclusion de l'éditorialiste Bernard Descôteaux, qui parle de la dernière position de Lucien Bouchard sur la souveraineté. C'est un message d'espoir dont on a rudement besoin... exultez : Aussi lointaine que puisse être sa concrétisation, la souveraineté est le moteur de l'engagement politique de nombre de Québécois. Dans l'immédiat, il est par ailleurs le seul projet qui permette d'échapper à un certain fatalisme. L'abandonner voudrait dire se résigner au fédéralisme tel qu'il se pratique. Se résigner au statu quo. Se résigner à vivre avec cette constitution de 1982 imposée au Québec unilatéralement. Se résigner à voir le poids politique du Québec diminuer au fil du prochain siècle, sans se donner une solution de rechange. De cela, il faut en être conscient, lucidement.

jeudi 18 février 2010

Le prix de la lucidité

Je ne sais pas si je vais continuer à lire les journaux. Je trouve ça éprouvant d'être lucide. Comme les bons coups font rarement la une, je suis dans l'obligation d'encaisser les décisions stupides et les commentaires aberrants qui sont rapportés quotidiennement dans les médias. Et il y en a une pléthore. Je pourrais alimenter ce blog uniquement à partir des faits révoltants signalés dans les organes d'information.

Ainsi, dans Cyberpresse, le chroniqueur Michel Girard nous apprend aujourd'hui que le gouvernement Charest n'éprouve aucune difficulté à justifier l'octroi d'une subvention de 250 000 $ destinée à un hôtel de luxe pour chiens et chats. Par contre, il remet une fois de plus aux calendes grecques la décision de mettre sur pied un programme d'aide financière qui permettrait de payer les frais annuels d'entretien des chiens d'assistance pour les personnes handicapées. Malgré les nombreuses études déjà réalisées démontrant que les utilisateurs de ces chiens ont moins recours aux services publics sociaux et aux services de santé, notre "prudent" gouvernement indique qu'il doit prendre le temps d'analyser davantage cette proposition... qui avait été entérinée par le ministre Couillard en mai 2008!!

Et, dans Le Devoir, la journaliste Marie-Andrée Chouinard revient sur le cas d'Omar Khadr, seul ressortissant occidental toujours détenu à Guantànamo. Le Canada n'a jamais reconnu qu'il s'agissait d'un enfant-soldat. Pire, des fonctionnaires canadiens l'ont interrogé sous la torture. Malgré le jugement rendu par la Cour suprême, le gouvernement persiste et signe... une note diplomatique minable demandant aux autorités américaines d'être assez clémentes, s'il-vous-plaît-merci, pour ne pas tenir compte des témoignages obtenus sous la torture. La belle affaire!

Je suis fatiguée parce que mon caractère impétueux voudrait combattre sur tous les fronts. Impossible. J'essaie bien de prendre une distance en m'informant mais ça ne dure jamais longtemps. Je comprends maintenant de plus en plus pourquoi certaines personnes choisissent délibérément de ne pas écouter les nouvelles ou de lire les journaux. Qu'est-ce qu'on dit déjà? Ah! oui, je me souviens : Le danger croît avec l'usage. Mais je m'inquiète encore plus de celui-ci : Le machiavélisme des uns croît avec l'ignorance des autres. Alors, lucide ou pas? Le débat est lancé.

mercredi 17 février 2010

Dépendance indépendante

Quelqu'un m'a posé une question fort intéressante aujourd'hui. Il m'a demandé si c'était possible que je devienne dépendante de mon blog. J'avoue que je ne m'étais jamais arrêtée à considérer cet aspect de la chose.

C'est sûr que lorsque je regarde le nombre de messages que j'ai écrits depuis un an, force m'est d'admettre que j'ai beaucoup de choses à dire. Oserais-je ajouter, comme l'Homme me le faisait remarquer un peu plus tôt, que j'ai en fait toujours quelque chose à dire. Possible.

Je crois que je suis surtout dépendante de mon besoin d'écrire et le blog répond à ce besoin. Et je suis également dépendante de mes échanges avec ceux qui me lisent et vos commentaires satisfont mes désirs à cet égard.

Enfin, pour être totalement franche, je dois être plus dépendante que je veux bien l'admettre car, même s'il se fait tard, je suis encore devant l'ordi en train d'écrire pour ce foutu blog. Allez, je vous laisse. De toute façon, il ne s'est rien passé dans ma journée qui mérite quelque ligne que ce soit... à part le fait que j'ai été amèrement déçue de la prise de position de Lucien Bouchard. C'est évident qu'avec l'enthousiasme délirant qu'il démontre, nous n'aurons jamais notre pays. Heureusement qu'il reste des purs et durs pour croire encore que nous pouvons être maîtres chez nous. Vivement le respect! J'en ai assez de tendre la joue, la main, le bras, le dos, alouette!

mardi 16 février 2010

Légers et lourds irritants

Juste comme j'apprenais ce matin dans le journal que, pour la première fois en quarante ans, les déplacements en voiture à Montréal ont enregistré une baisse d'un petit point, j'ai dû respirer pendant un bon quinze minutes le gaz carbonique d'une voiture qu'on faisait "réchauffer" en face de l'arrêt d'autobus. "Eh! bonhomme! Il fait super beau aujourd'hui. Si tu sortais dehors avant de partir ton char, tu pourrais constater qu'il n'y a aucun risque pour que tu te les gèles. Et j'oserais avancer que, de toute évidence, le vert n'est pas ta couleur préférée."

C'est drôle... M. Charest a déclaré qu'il aurait souhaité mieux comme place accordée au français lors de la cérémonie d'ouverture des fameux JO. Comme d'habitude, sa vive indignation (!!) s'arrêtera là. Il ne faudrait surtout pas qu'il demande et exige le respect de notre culture. Autre drôlerie. Il s'oppose avec véhémence à la tenue d'une commission d'enquête sur les pots-de-vin dans la construction mais il s'est empressé de mettre sur pied la Commission sur le droit de mourir dans la dignité pour discuter de l'euthanasie. Bizarre de société qu'est la nôtre. Jamais vraiment prête à réagir pour s'attaquer de front aux problèmes mais toujours partante pour s'auto-détruire. Ça fait tellement d'années qu'on ne réclame plus rien et qu'on se laisse bafouer en présentant, comme tout bon chrétien qui se respecte, l'autre joue pour prendre la prochaine claque, que je crois que la preuve est faite que nous sommes absolument habilités à mourir dans la dignité... ou serait-ce dans la plus totale indifférence?

L'indifférence, c'est certainement ce qui caractérise les réactions de tous face à la décision prise récemment par le Parti conservateur de s'occuper de la santé maternelle et infantile. Et pourtant, on devrait s'inquiéter. Tout de go, un sentiment d'incrédulité devrait nous envahir étant donné le peu de cas accordé par le gouvernement à la cause des femmes depuis son arrivée au pouvoir. En effet, il s'est plutôt employé jusqu'à présent à couper le financement des organismes voués à la défense des droits des femmes. Et voilà que son aide à l'amélioration de la santé des femmes dans les régions démunies du monde semble vouloir être assortie de conditions. Comme le dit très bien la journaliste Marie-Andrée Chouinard dans Le Devoir d'aujourd'hui : "Une femme meurt en couches, dans de pitoyables conditions médicales? Elle méritera tous les égards de ce gouvernement. Elle décède des suites d'une interruption volontaire de grossesse pratiquée par un boucher charlatan? On ne daignera pas s'épancher un instant sur son sort misérable." Je vous le dis. C'est la grande noirceur.

Insidieusement, ce gouvernement dévoile son vrai visage. Et il est laid. Par exemple, croyez-vous qu'il est prêt à encourager l'excellent travail réalisé par la clinique Insite à Vancouver? En permettant aux toxicomanes de la rue de se rendre dans un site d'injection supervisé, cette clinique réduit les coûts de traitement et d'hospitalisation et diminue le taux de mortalité par overdose. Bien évidemment, le gouvernement est contre et il se bat pour faire fermer la clinique. Celle-ci gagne des batailles juridiques mais, lors de sa dernière victoire, les experts ont bien laissé entendre qu'elle devra éventuellement baisser les bras. C'est notre belle fierté "canadian" qui s'exprime encore ici.

Je termine sur un mode plus aérien mais non moins agacé. Les fumeurs! Je déteste devoir traverser leur barrière de fumée pour entrer dans un immeuble. Ce soir, la barrière sentait le cigare. C'était dégueulasse.

Et qu'ai-je vu de plus aberrant dans ma journée? Une stupide fonctionnaire en train de prendre un message penchée sur le comptoir de la salle de bains l'oreille rivée à son BlackBerry! Je suis toujours émerveillée de l'importance que certaines personnes peuvent se donner. Je m'incline bien bas... devant la bêtise.

Scusez-la!

lundi 15 février 2010

Jouez tout seul!

Je suis inadéquate. Une mésadaptée de la vie. Tout le monde est à l'heure olympique, sauf moi. Je ne veux surtout pas déprécier les efforts déployés par les athlètes pour se rendre au podium. C'est juste que ça ne m'intéresse pas vraiment, pour ne pas dire pas pantoute.

Alors, qu'est-ce que vous pensez? Toute la journée, je me suis sentie comme une extra-terrestre qui essaie d'intégrer ses trois bras et ses cinq pieds dans une société qui ne veut soudainement plus rien savoir du multiculturalisme ni de l'ouverture aux autres. Non. Pour les prochaines semaines, il faut être comme tout le monde. Et vibrer uniquement aux performances, aux exploits, aux réussites, à l'excellence, au dépassement de soi, à la PERFECTION! Je m'excuse mais j'aimerais passer à autre chose.

Impossible. Je vais à une réunion ce matin. Avant même que l'on se mette à attaquer le vif du sujet qui nous avait tous réuni dans une minuscule salle, il a fallu bien évidemment discuter des Jeux olympiques! Si ce n'avait été de la soeur Psy qui m'avait appris hier soir qu'Alexandre Bilodeau avait gagné une médaille d'or, j'aurais eu l'air d'une véritable... extra-terrestre! Ça s'est donc mis à raconter de long en large l'entier déroulement de la cérémonie d'ouverture. Puis ça s'est enchaîné avec les mérites d'un pays par rapport à un autre. Et ça s'est poursuivi avec des plaintes genre "À la fin des Jeux, on va être complètement mort. Faut se coucher tellement tard si on veut tout voir!" et "C'est donc ben plate qu'il ne fasse pas beau à Vancouver. Y on pas de neige, c'est épouvantable!" Une chance que ça s'est arrêté là. J'étais sur le point de vomir.

Vous trouvez que j'exagère. Détrompez-vous! Que voit-on à la une de tous les journaux depuis que le cirque a commencé? Uniquement des articles sur la préparation mentale des athlètes, des statistiques sur chacune des disciplines sportives, des analyses de probabilité sur nos chances de remporter ou non une médaille, et j'en passe. La Terre a arrêté de tourner et, on l'espère, de trembler. Que les habitants de Haïti montent leurs tentes tout seuls. Nous, on n'a plus le temps. On skie, on patine, on glisse, on joue au hockey.

Comme si ce n'était pas suffisant. Il faut en plus digérer l'infecte sauce rouge et blanche dans laquelle les Jeux baignent. Que dis-je... dans laquelle ils surnagent. Je n'en peux plus d'entendre parler de fierté nationale, d'occasions à saisir pour faire connaître notre beau pays, de la chance incroyable qui nous est donnée d'accueillir le monde chez nous, de la nécessité de présenter une vision idyllique des peuples fondateurs, bref de l'hypocrisie. La visite est là... il faut se mettre sur notre 36!

En tout cas, le grand César avait bien compris la nature humaine : "Du pain et des jeux, et le peuple sera content!" Moi, j'suis pas contente.
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Notes pédestres : Le soleil couchant, ce spot de lumière, était orangé ce soir. Ma mère disait que c'était signe de beau temps. On va voir ça demain!

dimanche 14 février 2010

Respirer par le nez

"I've been places in my head, I've been places in my head, places in my, places in my, places in my heaaaadddd!", je criais à tue-tête ces mots de la chanson Safe Home d'Anthrax, marchant des bouts de trottoir les yeux fermés tellement j'étais prise dans ma bulle. J'ai bien entendu un ou deux chiens aboyer. Mais c'est tout. Faut croire que j'étais dans le ton, ou encore qu'il n'y avait pas âme qui vive dehors.

Je m'en foutais de toute façon. J'étais seule avec la vie qui battait si fort en-dedans de moi que j'avais parfois l'impression que j'étais pour éclater. À ce moment-ci de l'année, j'adore marcher à la fin de l'après-midi quand le soleil commence à baisser. À la fin de mon parcours, je le reçois en pleine face. Souvent je m'arrête net. Juste pour le regarder. Juste pour me laisser envahir toute entière par ses puissants rayons. On dirait un immense spot dirigé vers moi. Je n'ai d'autre choix que d'être dans la lumière. Et je repars, heureuse de pouvoir respirer à plein nez l'oxygène nécessaire pour alimenter mon corps.

Aujourd'hui, j'avais une énergie que je sentais presque inépuisable. C'est merveilleux quand ça se produit. Et aussi j'arrivais à demeurer dans le moment présent pour en jouir pleinement. C'était la deuxième fois depuis le matin. Un cadeau rare, donc encore plus apprécié.

Eh! oui, en ce jour de la Saint-Valentin, je n'ai pas fait la grasse matinée car je m'étais inscrite à un atelier de respiration donné par mon prof de yoga. J'avais bien demandé à l'Homme de venir avec moi pour partager une activité en commun en ce jour des amoureux, mais il a carrément refusé : "Un atelier pour respirer? Qu'est-ce que je vais aller faire là? Je suis très bien capable de respirer tout seul." Voilà qui a le mérite d'être clair. Et d'un côté, il a raison. La respiration est un réflexe automatique. Cependant, quand on prend le temps d'être à l'écoute de son souffle, on s'aperçoit vite qu'on respire trop rapidement, donc pas assez profondément, et principalement du haut de la cage thoracique et pas à partir de l'abdomen.

En tout cas, l'heure et demie a filé. J'ai adoré les exercices, notamment celui qui consiste à inspirer et à expirer chacune des voyelles. C'est vraiment intéressant d'observer les vibrations de chacune d'elles dans notre boîte crânienne. Et j'aime particulièrement faire le son de l'abeille. Chaque fois, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire pendant que je le fais. C'est apaisant et réjouissant.

Je sais que je vais vous étonner mais il n'y avait que trois hommes dans notre groupe de vingt-deux!!? Les gars, vous qui savez si bien tout faire et, entre autres, respirer par le nez, vous n'avez jamais pensé que d'assister à ce genre d'atelier ou encore de participer à un cours de yoga, représente un excellent moyen de rencontrer des filles. Pensez-y! Vous pouvez devenir plus souple, allonger votre respiration et être en contact avec l'autre sexe. Il me semble que c'est une combinaison gagnante. Et imaginez la tête de votre amoureuse quand vous lui direz à l'oreille : "Bzzzz, Bzzzz, Bzzzz".

Je vous aime! Heureuse Saint-Valentin! :)

jeudi 11 février 2010

Pingrerie

Je me sentais pas mal "cheap". C'était le deuxième mendiant que je croisais dans la rue ce midi et je n'avais pas ouvert mon portefeuille. Déjà, après avoir passé devant le premier, j'avais presque fait demi-tour pour lui donner quelques sous. Mais je m'étais dit que j'étais pressée, que je ne pouvais tout de même pas donner chaque fois que je rencontrais quelqu'un qui me sollicitait, bref j'avais très rapidement passé dans ma tête toutes les raisons qu'on se donne pour avoir bonne conscience.

J'avais un autre obstacle à ma "cheaperie". C'est que j'essaie toujours de regarder dans les yeux ces gens qui demandent la charité. Je ne veux surtout pas qu'ils pensent qu'ils sont invisibles. Qu'ils n'existent pas. Encore une fois juste pour garder ma bonne conscience. Mais c'est difficile de faire ça quand on ne donne rien. C'est bien beau un pauvre sourire ou un léger hochement de tête mais ça ne remplit pas un ventre creux.

Et, finalement, je me sentais "cheap" pas seulement parce que je ne répondais pas à leur demande. Non. C'était aussi parce que je passais devant eux avec un beau gros sac de plastique blanc qui contenait l'immense salade de poulet que je venais d'acheter pour mon lunch et les chocolats que j'étais allée chercher dans un magasin réputé pour fabriquer des friandises de grande qualité. J'avais donc dépensé tout près de 30 $ mais je ne pouvais pas disposer de 2 ou 3 $ pour des personnes moins chanceuses que moi??!! "Cheap!" "Cheap!" "Cheap!"

À la fin de ma journée de travail, je ne pensais évidemment déjà plus à tout ça. Mais la vie, elle, qui sait si bien être ironique et nous attendre au détour, n'avait rien oublié du tout. En descendant de l'autobus, je me dirige donc vers l'épicerie pour acheter mon souper. (Petite parenthèse : pour ceux qui croient que je ne cuisine plus, je dis : "Détrompez-vous!" C'est seulement une de ces journées où je me sens un peu lâche... et "cheap").

Alors, me voici en ligne à la caisse pour payer mes achats. Devant moi, un jeune gars avec un tatouage dans le cou. Je trouve ça original. Pendant que j'essaie de déchiffrer discrètement ce qui est écrit dans l'étoile bleue qui dépasse de sa chemise, la caissière lui annonce le montant qu'il doit verser. Il se met à compter frénétiquement les sous qu'il a dans sa main. Il lui remet les pièces mais la caissière lui apprend qu'il n'en n'a pas assez. Il cherche dans ses poches. Il dit à la caissière qu'il ne comprend pas. Qu'il a sans doute mal évalué le montant de sa petite commande. La caissière lui propose à ce moment d'aller au comptoir du service à la clientèle pour se faire rembourser quelques articles. Comme elle s'apprête à remplir un papier quelconque à cette fin, je me décide à intervenir et lui demande comment il doit. Je remets le montant en question au jeune gars qui me remercie et part avec son sac. La caissière me regarde et déclare : "Vous êtes gentille. C'est sûr que ça va vous être remis". Effectivement, ça venait de m'être remis!

mercredi 10 février 2010

Les paroles ne s'envolent pas toujours

Il paraît que j'ai une démarche spéciale quand je m'entraîne sur mes trottoirs adorés et il semble aussi que j'écoute de la musique fuckée. J'ai appris du même souffle que je déambule sans plus rien voir ni personne parce que trop prise dans ma bulle. C'est du moins la description qu'une voisine a donné de moi aujourd'hui. Ce n'était pas méchant... je crois. La seule chose qui m'agace vraiment, c'est quand on attaque la musique que j'aime. Encore une fois, c'est l'ignorance qui parle. Mais je comprends. Qui n'a pas péché par ignorance? On le fait trop souvent : émettre des jugements sans vraiment savoir de quoi on parle.

Laissons maintenant le jugement de côté et parlons du respect. J'ai des entretiens depuis quelque temps avec une collègue qui éprouve des problèmes avec sa fille. Elle voudrait que celle-ci la respecte simplement parce qu'elle est sa mère. Elle m'a rapporté dernièrement une conversation qu'elle a eue avec une thérapeute qui a tenté de lui faire comprendre que, de nos jours, la définition du respect n'est plus celle à laquelle nous étions habitués autrefois. Mais ma collègue n'est pas d'accord. Elle n'accepte pas la prémisse qui veut que le respect se mérite. Elle tient mordicus à ce que les enfants respectent les parents comme ce qui est dit dans la Bible : "Honore ton père et ta mère." Pourquoi n'ai-je pas pensé à lui citer le reste du texte qui continue en disant : "Parents, n'exaspérez pas vos enfants!"

Passons finalement à la condescendance que le dictionnaire définit comme une attitude hautaine et plus ou moins méprisante. La Fille en a été victime récemment. Comme elle me racontait l'incident et la façon dont elle s'était sentie à cette occasion, je ne pouvais m'empêcher de penser à quel point il est important de mesurer nos paroles. Autant les mots peuvent faire grandir, autant ils peuvent aussi détruire. Qu'est-ce que le proverbe dit encore? Ah! oui, qu'il faut tourner sa langue sept fois avant de parler. Peut-être que, dans ce cas, ce serait approprié de retourner à la Bible et de tourner sa langue soixante-dix-sept fois sept fois!

mardi 9 février 2010

Sucre et adrénaline

Rapide... très, très rapide blog. Il est tard. Demain, je ne serai pas du monde!

Juste un mot pour vous dire qu'après avoir dormi tout le trajet d'autobus entre le bureau et la maison après le travail, je n'avais qu'une envie : m'écraser devant la télévision jusqu'à l'heure de la réunion que j'avais ce soir. Changement de programme radical après avoir pris une bolée d'air frais. Je ne pouvais pas ne pas aller marcher. Je ne me suis jamais changée aussi vite. En quinze minutes, j'avais nourri les chats et j'étais dehors en train de respirer à pleins poumons.

C'était, c'était extraordinairement vivifiant. Il faisait tellement beau. On aurait presque dit le printemps. Et aucun vent. Et, à part quelques plaques de glace, de beaux trottoirs comme je les aime. Et le bonheur de me sentir en vie et en forme!

J'avais choisi pour m'accompagner dans ce paradisiaque moment une livraison du Pusher qui datait (la livraison, pas le Pusher bien sûr!). Quel plaisir donc de réécouter Bullet for my Valentine, Born of Osiris, Blood Simple et Bless the Fall! Dommage que je n'aie pas pris le temps de sauter sur un banc de parc pour exprimer encore davantage mon énergie débordante.

Se pourrait-il que le chocolat noir à 72 % de cacao acheté ce midi et ingurgité peu de temps après ait produit une explosion dans mes cellules? En tout cas, j'étais chargée à bloc!

lundi 8 février 2010

La violence banale

Je vous écris ce message en attendant que l'émission 24 commence. Je ne sais pas pourquoi je continue à faire monter ma pression ainsi tous les lundis soirs. Même après plusieurs saisons, je ne m'habitue pas aux interrogatoires expéditifs, aux empoisonnements à cause de l'exposition à des matières radioactives, aux tortures raffinées ou brutales, aux traîtres de tout acabit, aux meurtres en série. C'est sûr, l'intrigue est bonne. Moins surprenante qu'elle l'a déjà été à ses débuts, mais assez intéressante encore pour garder le spectateur sur le bout de sa chaise.

Je crois que c'est la violence qui me dérange le plus. Même si je sais que c'est arrangé avec le "gars des vues", je suis incapable de garder une distance. Je ferme les yeux ou je regarde au plafond. J'attends que les cris cessent. J'espère que le sang a commencé à coaguler. Bref, selon le Fils, je manque les meilleures scènes. Mais je m'en fous. Chus pas capable!

C'est comme Dexter, cette émission qui porte sur un psychopathe qui tue des meurtriers. Et le Pusher et le Fils me disent qu'ils aiment bien. En fait, le Pusher aime beaucoup. Alors, pour leur faire plaisir et aussi pour comprendre les méandres de leur cortex, j'ai essayé d'écouter la première émission de la première saison. Je l'ai fait aussi parce que je connais très bien l'acteur principal que j'adorais dans la série Six Feet Under. Il doit d'ailleurs être encore très bon car il a remporté plus d'un prix pour son rôle dans cette morbide émission.

Déjà, dès les premières séquences, je constate que je vais avoir besoin de respirer un bon coup et d'enfiler quelques calmants. Je sais bien que ça commence seulement par un presque étranglement, suivi d'images sur des cadavres de jeunes enfants déterrés pour rappeler ses crimes au meurtrier, et d'un gros plan sur le visage du gars dont Dexter veut se débarrasser et sur sa joue qu'il coupe avec un couteau. J'ai mis tout ça sur pause. J'en avais des sueurs froides. Quand j'ai raconté ça au Fils, il m'a dit : "T'aurais pas dû arrêter là. Quelques minutes plus tard, ça devenait psychologique". Je veux bien moi, mais qui va me soigner à la fin de l'épisode quand je serai gaga dans mon fauteuil? Là, ça va devenir psychologique!!!

dimanche 7 février 2010

Ça rime à quoi

Je suis allée chercher aujourd'hui à la librairie le dictionnaire de rimes que j'avais commandé il y a quelques semaines et que j'avais oublié d'aller récupérer. À ce propos, anecdote amusante. Après avoir écouté l'aveu de mon amnésie partielle, la préposée me raconte justement qu'une dame s'est présentée récemment en déclarant : "Je suis venue acheter un livre mais je ne me souviens plus du titre". Ce à quoi la préposée a répondu : "Est-ce que ce serait Comment tripler votre mémoire après 50 ans?" Et la dame de s'exclamer : "Oui, oui, c'est le livre que je voulais". Est-il besoin d'en dire plus?

Bon, pour en revenir aux rimes et à mon très beau dictionnaire de la collection Les Usuels du Robert chaudement recommandé par l'Ami et avec raison, je me sens un peu embarrassée. C'est que mes deux derniers poèmes, pondus tout frais d'hier, étaient encore une fois en anglais. Je crois bien que je n'aurai pas le choix. Je vais également devoir me procurer le même type d'ouvrage, mais dans la langue de Shakespeare.

J'ai quand même pris le temps de feuilleter mon nouvel outil pour voir un peu de quelle façon il présente la chose. J'ai bien rigolé. C'est que, pour aider le rimeur amateur, le dictionnaire pousse la gentillesse jusqu'à présenter des citations de poèmes et de chansons. Il semble y en avoir pour tous les goûts. Ainsi, je tombe tout à fait par hasard(!!) dans la section des mots qui se terminent en -erme. Attachez vos tuques avec d'la broche :

Ce fut un amant dans toute la force du terme :
Il avait connu toute la chair, infâme ou vierge,
Et la profondeur monstrueuse d'un épiderme,
Et le sang d'un coeur, cire vermeille pour son cierge!
(Paul Verlaine, Un conte)

Moi je suis le téton et vous le sperme,
dans cette comédie au goût rectal.
Ô cadavre lettré, mettons un terme
à la littérature, notre mal!
(Alain Bosquet, Douteux poète...)

J'adore. Allons-y justement pour des rimes en -ore :

Pourquoi le sable du désert
pourquoi l'essor
et pourquoi la chute d'Icare
pourquoi les ports
pourquoi les gares
pourquoi la mort
qui se prépare
et pourquoi le vide empli jusqu'aux bords?
(Luc Estang, Du vide)

Vous ne trouvez pas que ça donne envie d'en lire plus sur certains de ces auteurs? En tout cas, cela avive certainement l'intérêt pour l'art de la poésie. Voyez plutôt :

Je dois arrêter là mon exploration créatrice
jusqu'à ce que je doive à mon tour
chercher une rime pour mettre fin au supplice
du poète incapable de terminer son discours!
(La Marcheuse urbaine)
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Notes pédestres : Un soleil radieux pour une deuxième journée de suite. Mon âme se réchauffe sous les rayons bienfaiteurs. Le vent était à écorner les boeufs mais, grâce au capuchon, les oreilles sont restées en place. Petite incursion dans le cimetière en passant. Tout était comme hier au point mort.

samedi 6 février 2010

Pour bien "perler"

Je fais des mots croisés. Presque tous les jours. Ça me vient de ma mère. Je la revois encore penchée sur la table de la cuisine. J'étais fascinée par la vitesse avec laquelle elle remplissait ces petites cases. Je me souviens, dans ce temps-là, avoir tenté en cachette de trouver la réponse à au moins une définition. Peine perdue. La grande majorité des indices ne me disaient absolument rien. Je comprenais encore moins les allusions parfois un peu tordues du concepteur. Comme disait d'ailleurs ma mère à son sujet : "Les Hannequart, ce sont les plus cochons". Aujourd'hui, je la comprends. Je ne sais pas combien de fois, après m'être désespérément creusée les méninges pour trouver la solution, je me suis exclamée : "C'est écoeurant. Ça s'peut pas où il va chercher ça!"

Je suis assez fière de constater que j'ai transmis ma passion des cases noires et blanches à la Fille. Pour elle, ça a été comme pour moi. Elle me voyait régulièrement plancher sur ces énigmes et maugréer quand je n'arrivais pas à les élucider. Un jour, elle m'a demandé comment ça marchait et elle a commencé à s'intéresser à la chose. Au début, elle acceptait facilement mon aide. Puis, quand elle est devenue plus habile, elle s'est mise à la refuser carrément... sauf quand elle se retrouvait devant un problème insoluble. J'avais alors le droit non pas de lui donner la réponse mais plutôt des indices devant la mener à trouver la réponse en question. Il paraît que je n'étais pas très bonne dans la suggestion car j'étais trop évidente dans mes énoncés et cela devenait comme si je lui soufflais la réponse et, vous l'avez sûrement déjà compris, cela mettait la Fille complètement en rogne. Le même phénomène, c'est-à-dire celui de la naissance d'un autre cruciverbiste, s'est produit pour l'Homme. Pour le moment, toutefois, ce dernier accepte encore que je lui vienne en aide. J'adore quand il s'exclame : "Mais comment ça se fait que tu sais ça?" Ça flatte toujours un peu mon ego. Et pourquoi pas?

Tout ça pour dire que la section "Amusez-vous!" du journal La Presse est fortement sollicitée à la maison. Il a même fallu établir des règles. La Fille fait les Mots fléchés, l'Homme les Mots croisés et moi les Mots croisés PLUS. Et on a le droit d'intervenir dans les plates-bandes des autres uniquement lorsqu'ils ont déclaré forfait. Ça vous tente de voir quels sont les mots fort utiles qu'on peut apprendre en faisant des mots croisés pour essayer ensuite de les ploguer dans une conversation? Voyez donc.

Tout d'abord l'art de la guerre. À l'époque médiévale, on se protégeait avec un écu (bouclier) et, à la Grèce antique, on tentait de se prémunir contre les blessures aux jambes en utilisant des cnémides (prononcer "knémides"). Et que dire de l'ypérite, liquide huileux utilisé pour la première fois en 1917 comme gaz de combat suffocant? Avouez que ça se place bien dans un 5 à 7!

Mettons que tous les vaillants guerriers du paragraphe précédent ont été occis. Il ne nous restera qu'à assister à leur obit, service religieux qui sera célébré à la date anniversaire de leur mort, et à nous recueillir devant leur orant ou statue funéraire.

Trop morbide? Passons donc à la cuisine et régalons-nous de délicieux nems (crêpes vietnamiennes), de savoureux acras (boulettes de morue antillaises) ou d'un immense tian (gratin de légumes provençal).

La faune et la flore sont également des thèmes prisés dans les mots croisés. Ainsi, j'ai appris ce matin que le sanglier habite en bauge, que l'iule, ce mille-pattes au corps cylindrique, est un arthropode, et que l'exocet est un poisson-volant. Dans un paysage bucolique, l'inule ou aunée vient ajouter de petites taches jaunes tout comme l'ive ou ivette.

Et je vous laisse en vous apprenant que j'ai fait le ménage dans mon brouillamini en me débarrassant de tous mes brimborions. Bon, c'est pas tout ça, faut que j'aille prendre quelque chose pour mon mal de tête.
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Notes pédestres : Quelle journée magnifique! Un ciel hiémal (un reste de mots croisés!) d'un bleu parfait, un soleil radieux et des trottoirs dégagés à perte de vue. C'était ce que j'appelle une journée franche parce qu'absente de zones grises. Je vibrais en marchant. C'est pourquoi, arrivée dans le parc de l'école, je n'ai pas pu résister à grimper sur un des bancs en bois et là, sur le rythme endiablé de Thou Shall Not Fear de Lazarus, j'ai tenté quelques pas de danse. J'crois pas que ça s'danse vraiment alors j'ai donné quelques bons coups de tête en suivant la musique et cela était beau et bon!

vendredi 5 février 2010

M'écoutes-tu?

Ah! les parents. Nos élites gouvernementales peuvent bien se sentir obligées de fabriquer des commerciaux pour les inciter à être davantage présents à leurs enfants. Voici deux observations recueillies aujourd'hui.

Je suis dans la salle d'attente de la clinique médicale. À côté de moi, un papa, une maman et leur petit garçon d'environ six ans. Ça fait un bout de temps qu'ils sont là. Le petit garçon a quand même été patient, je trouve, en demeurant assis bien sagement sur sa chaise. À un moment donné, il enlève une de ses bottes d'hiver et dit à sa mère : "J'sais pas c'qui se passe avec ma botte. Ça me fait mal des fois quand je mets mon pied dedans. On dirait qu'y a k'chose qui me pique". La mère demeure imperturbable. Le petit se tient maintenant devant elle et la regarde espérant sans doute qu'elle lui propose une explication quelconque ou, à tout le moins, qu'elle s'intéresse à la chose. Finalement, la mère semble se rendre compte de la présence de son fils et lui répond : "Veux-tu bien remettre ta botte dans ton pied et l'attacher tout de suite". C'était sans réplique. Et le petit garçon n'a eu d'autre choix que de remettre sa botte sans même que son problème soit reconnu.

Je suis dans la salle d'attente du Sondeur d'âme. À mes côtés, un ado d'environ quinze ou seize ans et son père. Les deux lisent, le premier un magazine, le second son journal. Tout d'un coup, l'ado laisse tomber son magazine et, regardant son père assis en face de lui, commence à lui faire part de son opinion au sujet de l'article qu'il vient de parcourir. "Tu sais, c'est drôlement intéressant ce qui est dit ici. On propose de cesser de parler de l'adolescent et d'utiliser plutôt l'expression jeune adulte". Le père poursuit sa lecture. Il ne relève même pas la tête. Mais l'ado continue : "Dans l'article, on a interviewé une jeune fille qui dit que les parents préfèrent ne pas savoir la vérité sur la vie sexuelle de leurs enfants en préférant par exemple qu'ils couchent avec leurs chums ou leurs blondes chez des amis. Comme ça, si ça ne se passe pas chez eux, c'est comme si ça n'existait pas". Toujours aucune réaction, même infime, de la part du père. L'ado ne lâche pas : "Après ça, les parents s'étonnent d'apprendre par d'autres que leurs enfants ont une vie sexuelle active". Là, c'est moi qui ai lâché mon livre pour l'écouter. Je trouvais que la conversation devenait intéressante. Pas le père. Il ne bronchait toujours pas. J'en étais à me demander si je ne devrais pas échanger avec cet ado allumé quand leur Sondeur d'âme s'est présenté pour les inviter à passer dans son bureau. En fait, c'est à l'ado qu'il s'adressait. Mais le père s'est levé et a dit au Sondeur d'âme : "Je vais y aller pour quelques minutes. Je veux savoir comment il va". Pourquoi attendre de demander à quelqu'un d'autre ce qu'il aurait sans doute pu savoir lui-même s'il avait seulement écouté son fils?

Je sais que les parents sont pris avec leurs problèmes et que la vie va trop vite. Mais justement, parce que la vie passe si vite, est-ce que ce n'est pas encore plus important de prendre le temps d'écouter les enfants pendant qu'ils sont là et qu'ils ont besoin de nous? Il vient bien assez tôt le jour où l'on n'entend plus résonner les mots : "Maman, maman, il faut que j'te parle".

jeudi 4 février 2010

200 chandelles et des poussières

Un instant que je me secoue un peu. J'ai encore les ailes mouillées et légèrement fripées. Pourtant l'atterrissage s'est déroulé sans heurts. Il y avait pas mal de brume en descendant - ce qui explique les ailes mouillées - mais le sol était recouvert de mousse et très accueillant. Je ne vois pas trop bien encore où je me trouve mais je prends mon temps pour explorer... et récupérer.

En attendant, je ne peux passer sous silence le premier anniversaire de mon blog. Si je veux être précise, je dois avouer que c'est hier que j'aurais dû en parler puisque l'aventure a vraiment débuté le 3 février 2009. Avouez tout de même que le précipice et le saut de l'ange convenaient drôlement bien pour illustrer tout le chemin parcouru. Et je vous jure que c'est par pure coïncidence que j'ai écrit ce texte. D'aucuns pourraient dire qu'il n'y a jamais de hasard dans la vie et j'aurais tendance à les croire.

Est-il nécessaire de disserter sur le passé? Seulement s'il permet d'aider à comprendre ce qui est à venir. Tant qu'à y être, si le passé est garant de l'avenir, j'ai l'intention de continuer à vous faire part de mes états d'âme et des découvertes que je ne manquerai pas de faire dans la nouvelle contrée que j'ai courageusement décidé d'examiner de plus près. Je veux également vous faire encore partager mon quotidien et, bien évidemment, mes indignations sur tout ce qui soulève mon ire. Et comme la Marcheuse urbaine n'existerait pas sans sa musique metal, vous devrez inévitablement subir mes envolées passionnées sur ces notes et ces mots qui font vibrer mon être et l'aident à mieux vivre.

J'ai aussi la ferme intention d'accorder une place plus grande à l'écriture. Je vais donc poursuivre mes tentatives dans la composition de textes de chansons metal et, surtout, me mettre sérieusement à la rédaction d'un roman. Ce dernier exercice me causera sans doute douleurs et cauchemars (c'est d'ailleurs déjà commencé), mais il me révélera également une autre facette de mon moi-même. Je vous tiendrai au courant de l'évolution du projet.

Je termine en disant merci à celles et ceux qui me lisent et je sais que certains sont très fidèles. Cela me touche énormément. C'est maintenant le temps de souffler les chandelles. Allez, tous ensemble, ppfffftttt!

mercredi 3 février 2010

Le saut de l'ange

Je suis au bord d'un précipice. Je me tiens debout là depuis quelque temps. Paralysée. Parfois, je jette un bref coup d'oeil vers le bas et j'aperçois le bout de mes pieds. J'essaie vraiment très fort de ne pas regarder ailleurs de peur de basculer vers l'avant.

Je ne me sens évidemment pas très bien. Je suis étourdie. Assez souvent. Quand ça arrive, je recule légèrement la tête pour ne pas être aspirée par le vide. J'ai aussi des nausées. Mais je sens surtout mon coeur qui bat la chamade. Je l'entends qui frappe littéralement mes côtes. Je tente d'en contrôler les battements. Je me concentre alors sur ma respiration pour ralentir le moteur emballé. Pour quelques minutes, ça marche. Je me sens un petit peu mieux. Mais ça ne dure pas.

Ce qui me dérange le plus, c'est ce poing en plein milieu de ma cage thoracique. Il m'opprime tellement fort que j'ai de la difficulté à avaler. On dirait que je n'ai plus de salive. Ça me fait paniquer et c'est pire encore. Je ferme les yeux. Juste pour quelques secondes. Pour me reprendre et ne pas piquer du nez.

Et que dire du mal de tête qui m'assaille sans répit. Bang! Bang! Il n'y a pourtant pas de mur devant moi mais c'est comme si mon crâne se frappait contre de la pierre. Je n'en peux plus. Je suis très fatiguée. Je ne dors presque pas. S'il fallait que mes jambes fléchissent et que je tombe... l'horreur!

Comment suis-je arrivée là, vous demandez-vous peut-être? Ça m'a pris moi-même un certain temps pour le comprendre. J'ai d'abord parcouru un long chemin. Très long chemin. Au début, il était plus tortueux, il empruntait des détours et il était assez ennuyeux. Après un bout de temps, toutefois, le paysage a changé. C'était beaucoup plus agréable et, surtout, l'accès était plus facile. Je me sentais plus en mesure, de toute façon, d'affronter les quelques embûches qui se présentaient encore. Et puis, à un moment donné, j'ai eu le goût de m'engager dans un sentier qui présentait des défis, certes, mais qui promettait aussi un voyage différent et passionnant. Je n'ai pas réfléchi plus de deux secondes et je me suis lancée dans l'aventure.

C'était effectivement exaltant. Je découvrais en moi des ressources insoupçonnées. Chaque jour, il me semblait que j'accomplissais quelque chose pour prendre soin de mon bien-être et me donner confiance en mes moyens. Je grandissais. J'avais le goût de faire de nouvelles expériences, de rencontrer de nouvelles personnes, tout ça pour mieux partir à la découverte d'un côté de moi que j'apprenais à connaître et à aimer parce que je lui permettais d'exister. Et, juste au moment où j'ai ressenti que je pourrais enfin prendre mon envol, je suis arrivée au bord du précipice. Le test ultime. J'ai figé.

C'est là où j'en suis. Ou plutôt où j'en étais. En effet, j'ai longuement tergiversé. J'ai même songé sérieusement à rebrousser chemin. Mais je me suis dit que je ne pouvais pas me faire ça, que je me devais de continuer à avancer. J'ai donc décidé aujourd'hui que j'allais faire le saut, peu importe, en m'assurant de bien ouvrir les bras pour embrasser le monde. À moi la liberté!
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Note au Pusher de metal : Il manque une chose à ce portrait. La toune metal qui accompagnerait le saut de l'ange. Des suggestions?