samedi 6 février 2010

Pour bien "perler"

Je fais des mots croisés. Presque tous les jours. Ça me vient de ma mère. Je la revois encore penchée sur la table de la cuisine. J'étais fascinée par la vitesse avec laquelle elle remplissait ces petites cases. Je me souviens, dans ce temps-là, avoir tenté en cachette de trouver la réponse à au moins une définition. Peine perdue. La grande majorité des indices ne me disaient absolument rien. Je comprenais encore moins les allusions parfois un peu tordues du concepteur. Comme disait d'ailleurs ma mère à son sujet : "Les Hannequart, ce sont les plus cochons". Aujourd'hui, je la comprends. Je ne sais pas combien de fois, après m'être désespérément creusée les méninges pour trouver la solution, je me suis exclamée : "C'est écoeurant. Ça s'peut pas où il va chercher ça!"

Je suis assez fière de constater que j'ai transmis ma passion des cases noires et blanches à la Fille. Pour elle, ça a été comme pour moi. Elle me voyait régulièrement plancher sur ces énigmes et maugréer quand je n'arrivais pas à les élucider. Un jour, elle m'a demandé comment ça marchait et elle a commencé à s'intéresser à la chose. Au début, elle acceptait facilement mon aide. Puis, quand elle est devenue plus habile, elle s'est mise à la refuser carrément... sauf quand elle se retrouvait devant un problème insoluble. J'avais alors le droit non pas de lui donner la réponse mais plutôt des indices devant la mener à trouver la réponse en question. Il paraît que je n'étais pas très bonne dans la suggestion car j'étais trop évidente dans mes énoncés et cela devenait comme si je lui soufflais la réponse et, vous l'avez sûrement déjà compris, cela mettait la Fille complètement en rogne. Le même phénomène, c'est-à-dire celui de la naissance d'un autre cruciverbiste, s'est produit pour l'Homme. Pour le moment, toutefois, ce dernier accepte encore que je lui vienne en aide. J'adore quand il s'exclame : "Mais comment ça se fait que tu sais ça?" Ça flatte toujours un peu mon ego. Et pourquoi pas?

Tout ça pour dire que la section "Amusez-vous!" du journal La Presse est fortement sollicitée à la maison. Il a même fallu établir des règles. La Fille fait les Mots fléchés, l'Homme les Mots croisés et moi les Mots croisés PLUS. Et on a le droit d'intervenir dans les plates-bandes des autres uniquement lorsqu'ils ont déclaré forfait. Ça vous tente de voir quels sont les mots fort utiles qu'on peut apprendre en faisant des mots croisés pour essayer ensuite de les ploguer dans une conversation? Voyez donc.

Tout d'abord l'art de la guerre. À l'époque médiévale, on se protégeait avec un écu (bouclier) et, à la Grèce antique, on tentait de se prémunir contre les blessures aux jambes en utilisant des cnémides (prononcer "knémides"). Et que dire de l'ypérite, liquide huileux utilisé pour la première fois en 1917 comme gaz de combat suffocant? Avouez que ça se place bien dans un 5 à 7!

Mettons que tous les vaillants guerriers du paragraphe précédent ont été occis. Il ne nous restera qu'à assister à leur obit, service religieux qui sera célébré à la date anniversaire de leur mort, et à nous recueillir devant leur orant ou statue funéraire.

Trop morbide? Passons donc à la cuisine et régalons-nous de délicieux nems (crêpes vietnamiennes), de savoureux acras (boulettes de morue antillaises) ou d'un immense tian (gratin de légumes provençal).

La faune et la flore sont également des thèmes prisés dans les mots croisés. Ainsi, j'ai appris ce matin que le sanglier habite en bauge, que l'iule, ce mille-pattes au corps cylindrique, est un arthropode, et que l'exocet est un poisson-volant. Dans un paysage bucolique, l'inule ou aunée vient ajouter de petites taches jaunes tout comme l'ive ou ivette.

Et je vous laisse en vous apprenant que j'ai fait le ménage dans mon brouillamini en me débarrassant de tous mes brimborions. Bon, c'est pas tout ça, faut que j'aille prendre quelque chose pour mon mal de tête.
_____________________
Notes pédestres : Quelle journée magnifique! Un ciel hiémal (un reste de mots croisés!) d'un bleu parfait, un soleil radieux et des trottoirs dégagés à perte de vue. C'était ce que j'appelle une journée franche parce qu'absente de zones grises. Je vibrais en marchant. C'est pourquoi, arrivée dans le parc de l'école, je n'ai pas pu résister à grimper sur un des bancs en bois et là, sur le rythme endiablé de Thou Shall Not Fear de Lazarus, j'ai tenté quelques pas de danse. J'crois pas que ça s'danse vraiment alors j'ai donné quelques bons coups de tête en suivant la musique et cela était beau et bon!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire