mardi 29 juin 2010

Des nouvelles de Jules et des autres

Eh! Imaginez-vous que l'Homme et moi avons revu Jules dimanche dernier - les infidèles peuvent lire le blog du 23 février dernier pour savoir de qui je parle.

Que disais-je donc? Ah! oui, Jules est venu nous rendre visite. Toujours aussi taquin, il s'est stationné près de l'Homme qui arrachait des mauvaises herbes en avant de la maison et qui n'avait pas vu son auto. Coup de klaxon! L'Homme sursaute et Jules rit, tout fier de son coup. N'empêche. Nous ne l'avions pas recroisé depuis qu'il était déménagé dans sa nouvelle demeure. Il nous avait bien dit en partant qu'il continuerait à fréquenter l'église du quartier (qui se trouve en face de la maison où il habitait) et qu'il en profiterait pour faire un tour. Il a donc tenu promesse.

Il était en pleine forme. Toujours souriant. Toujours plus qu'heureux de faire causette. Nous lui avons fait admirer notre étang car Jules est un amant de la nature. C'est vrai que lui faisait cependant plus dans la culture des tomates, des petites fèves et des concombres que dans les fleurs, mais il a quand même apprécié notre bassin, surtout les poissons.

Il aime beaucoup son appartement et ses environs. "Il y a de la femme comme ça!", nous a-t-il confié en montrant son poing fermé. Je ne sais pas si c'est la raison pour laquelle il a changé de petite amie. Je vous avais déjà glissé un mot de sa vigueur, ou plutôt de sa verdeur. Il garde la forme en continuant de s'entraîner trois fois par semaine. Bref, selon Jules, tout fonctionne à merveille sous son pantalon et l'autre n'arrivait pas à le satisfaire. Il a remplacé le corps défaillant par un autre plus fonctionnel. Il regrette par ailleurs la peau blanche de l'autre corps. On ne peut pas tout avoir mon cher Jules!

Aujourd'hui, dans la salle d'attente de la dermato, j'ai rencontré une charmante vieille dame (de 93 ans ai-je appris plus tard) accompagnée de sa fille. À un moment donné, une jeune maman est arrivée avec son bébé. Cela a déclenché une réaction immédiate chez la grand-maman qui s'est mise à fredonner pour le poupon cette chanson que les personnes âgées semblent particulièrement affectionner, et pour cause... je viens de découvrir qu'elle s'intitule La prière d'un vieillard :

Dernier amour de ma vieillesse
Venez à moi petits enfants
Je veux de vous une caresse
Pour oublier, pour oublier mes cheveux blancs

C'était vraiment attendrissant de la voir s'exclamer au moindre mouvement du bébé qui lui faisait risette sans gêne aucune.

Et choc ce soir en marchant sur mes trottoirs chéris. Une pancarte "À vendre" devant la maison d'un grand vieux monsieur qui habite là depuis très longtemps. Depuis que l'Homme et moi sommes dans le quartier en fait. Je sais qu'il a perdu sa femme il y a quelques années mais je continuais à le voir balayer son entrée, entretenir ses plates-bandes, pelleter un peu l'hiver, comme il l'avait toujours fait. Un autre dont la présence me manquera. Un autre qui ira à la pêche avec Jules peut-être? Qui sait?

dimanche 27 juin 2010

Des vertes et des pas mûres


Voici l'amoureux de Joufflue, la laitue d'eau : le Juncus Effusus Spiralis, mieux connu sous le nom de Bras Long. Je les ai observés tous les deux l'autre après-midi de mon lieu de contemplation. Je ne pouvais pas les manquer. Ils s'ébattaient juste en face de moi. Bras Long avait passé une de ses tiges amoureusement autour d'une des feuilles de Joufflue et tentait ainsi de la retenir contre lui. Joufflue semblait consentante. En tout cas, elle se laissait porter au gré des bouillons de la pompe, bien accrochée à Bras Long. Cela a duré longtemps. Parfois, Joufflue tentait de s'éloigner un peu mais Bras Long s'étirait davantage et la serrait plus fort pour qu'elle revienne à côté de lui. À d'autres moments, un des poissons frôlait les racines de Joufflue, ce qui avait pour effet de la forcer à tournoyer et à tester la capacité d'étirement de Bras Long. Mais ce dernier réussissait toujours à garder sa bien-aimée à proximité de ses tentacules d'amour.

"Comme c'est attendrissant!", me passais-je comme réflexion en les voyant tous deux barboter doucement dans l'étang. Le soleil lançait des reflets au travers les branches de l'érable et frappait l'eau qui lui renvoyait sa lumière en pleine face. Les poissons dansaient autour de la pompe et se poursuivaient à qui mieux mieux d'un bout à l'autre de leur habitat. Une scène idyllique. Jusqu'à ce que Joufflue décide tout d'un coup qu'elle en avait assez de faire du surplace. La séparation a été soudaine et imprévisible. En moins de temps qu'il n'en faut pour dire "Coudonc", Joufflue avait rompu les amarres et s'enfuyait de toute la vitesse de ses longues racines à l'autre bout de l'étang. Bras Long en est resté hébété et moi aussi. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour que Joufflue coupe les ponts de façon aussi radicale? A-t-elle été attirée par son congénère qui flottait depuis un moment déjà dans la partie creuse, libre de toute attache? A-t-elle été poussée par le vent de la liberté? Qui sait ce qui se passe entre deux feuilles de laitue?

Je passe du végétal à l'animal pour vous donner quelques nouvelles de Mignonne, la post-traumatisée du tremblement de terre. Elle a passé la fin de semaine terrée derrière le lit. Je devais penser à la sortir de sa cachette deux fois par jour pour l'amener près de son bol de nourriture. Chaque fois que je déplaçais le lit pour aller la chercher, je voyais deux yeux verts terrifiés qui me regardaient. Elle acceptait volontiers, toutefois, que je la prenne et que je la cajole. Je dirais que ce soir, pour la première fois depuis le "séisme", elle a adopté un comportement plus normal. Après l'avoir sortie une fois de plus de son trou, j'ai remarqué qu'elle est restée dans le salon et a même risqué un petit dodo sur sa couverture préférée près de la fenêtre. Espérons maintenant que le pire est derrière nous!

vendredi 25 juin 2010

Je veux être une laitue d'eau

Vous avez vu comme c'est beau? C'est ma nouvelle acquisition. Étant donné que le monstre qui se plaît à ravager mon étang aime beaucoup les jacinthes d'eau, l'expertenbassin m'a recommandé la laitue d'eau. Je n'ai donc fait ni une ni deux et je me suis rendue derechef au Marché By où j'ai déniché deux magnifiques spécimens qui flottent maintenant dans le jardin aquatique.

Depuis hier, je me suis trouvée un nouvel emplacement d'où je peux contempler à loisir mon lac miniature. Je m'assois sur une des pierres plates qui longent la partie moins profonde et j'étends mes jambes en direction de la partie plus creuse. De là, je peux admirer toutes les plantes, écouter le bruit de l'eau qui gicle et apercevoir une lueur rouge de temps à autre.

Cet après-midi, de mon endroit de prédilection, j'avais une vue imprenable sur une des laitues d'eau. Et ça m'est venu tout d'un coup. Un désir soudain et irrésistible de me transformer en plante verte. C'est que la laitue d'eau possède de très longues racines qui pendent nonchalamment derrière elle. Cela favorise sa douce dérive au gré d'une brise avenante, des bouillons de la pompe ou d'un poisson désireux de faire un bout de chemin avec elle. Bref, elle ne sait jamais où elle va se retrouver d'une minute à l'autre. C'est le dépaysement constant, type zen.

Ce que j'aime aussi de la laitue d'eau, ce sont ses formes rondes. Elle est joufflue. Cela lui donne l'air heureux d'une bouée laissée à la dérive pour son propre plaisir. Ses feuilles ouvertes semblent prêtes à accueillir tant le soleil que la pluie. Et elle fait preuve d'une bienveillante hospitalité grâce à sa carrure qui lui permet de transporter les lentilles d'eau et de devenir ainsi un buffet à ciel ouvert pour les habitants de l'étang.

Que demander de mieux? Le plaisir de voyager, de profiter de la vie et de s'ouvrir aux autres. Vraiment, je veux devenir une laitue d'eau!
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Notes anti-foutaises (ou anti-bullshit) : Ça faisait longtemps. Mais l'incurie du gouvernement fédéral actuel ne me laisse pas le choix. Je dois vous parler d'une nouvelle initiative appelée "La coalition Pas de démocratie sans voix".

Près de 80 organisations fortement engagées dans la défense des droits ou préoccupées par le recul des droits fondamentaux et de la démocratie au Canada ont convenu d'appuyer la Déclaration Pas de démocratie sans voix afin non seulement de dénoncer cet état de situation, mais aussi de tenir des activités pour sensibiliser toutes les couches de la population à l'importance de mettre un frein au virage autoritaire que le gouvernement canadien actuel veut imposer aux Canadiens et aux Québécois.

La déclaration rappelle les attaques systématiques faites par le gouvernement canadien actuel à l'endroit d'institutions démocratiques qui osent discuter ses politiques. Retrait du financement à plusieurs organismes, révocation ou non-renouvellement de mandat à des individus considérés trop critiques sont autant de manœuvres utilisées pour bâillonner l’expression de points de vue divergents.

Intéressé à en savoir plus? Visitez le site d'Amnistie internationale section Canada francophone à http://www.amnistie.ca/content/view/14589/1/. Si on veut conserver le droit d'être des laitues d'eau tolérantes et démocratiques, il ne faut pas se mettre la tête sous l'eau!! :))

jeudi 24 juin 2010

Le calme après la tempête

Eh! bien, vivre un tremblement de terre pendant que l'on assiste à une réunion où on annonce des coupures de postes, ça donne, c'est le moins que l'on puisse dire, des secousses intérieures assez importantes. Il y a eu heureusement plus de peur que de mal mais, en rétrospective, cela me frappe l'imagination de penser que j'aurais pu périr de un, au bureau, et de deux, en compagnie de la directrice et de la directrice générale. Non, mais, qui veut vraiment mourir avec son patron? Et qui veut vraiment finir ses jours dans une salle de conférence beige à la décoration plus que douteuse? Seule consolation : j'étais assise à côté d'un collègue que j'aime vraiment beaucoup et qui partage ma passion pour les fleurs et les chats. Je suis certaine que nous aurions été de bons compagnons de route jusqu'à la porte de Saint-Pierre!

Je dois néanmoins dénombrer une victime du séisme qui nous a secoué les entrailles, soit ma pauvre petite Mignonne. Quand je suis revenue à la maison, elle n'était plus là. La Reine-Marguerite circulait comme à son habitude et ne semblait pas, elle, avoir été incommodée le moins du monde par les tremblements, et ce, malgré les bibelots tombés par terre et les cadres déplacés sur les murs. Selon l'Homme, c'est parce qu'elle est dotée de coussins sismiques!

Mais revenons à notre victime féline. Littéralement introuvable, elle semblait s'être tout simplement volatilisée. L'Homme et moi avons dû organiser une battue pour la repérer finalement dans la cave, cachée derrière des boîtes, réfugiée sur la tablette d'une étagère. Évidemment, tout le temps que nous avons passé à l'appeler, à brasser le plat de garnottes et à monter et descendre les escaliers un trop grand nombre de fois, elle est restée muette comme une carpe. Elle n'était quand même pas pour nous donner un indice qui nous aurait aiguillés dans la bonne direction. Enfin... elle est saine et sauve mais ses nerfs, par contre, sont en bouillie. Hier soir, elle ne marchait pas, elle rampait. Et elle ne cessait de regarder constamment autour d'elle comme si un monstre était pour lui apparaître.

Ce matin, toujours pas de Mignonne en vue. Nouvelle battue. Cette fois, je la retrouve tapie entre mon lit et le mur. Comme la majorité des chats, elle avait réussi à se faufiler dans ce racoin et était devenue amnésique par la suite sur la façon d'en sortir. J'ai déplacé les meubles, doucement, pour ne pas aggraver le syndrome post-traumatique de la pauvre bête. Je l'ai cajolée, rassurée, flattée et je l'ai amenée près de son bol de nourriture à côté duquel je me suis assise pour la flatter pendant qu'elle mangeait. Après, elle a eu un comportement presque normal. Nous sommes partis ensuite faire des courses.

Nous revenons à la maison en fin d'après-midi. Pas de petite chatte noire dans les parages. Cette fois, je me dis que je la laisse mariner un peu. Quand elle aura faim, elle sortira bien de son abri nucléaire. C'était sans compter sur la gravité de son état. J'ai capitulé vers 22 h et me suis de nouveau transformée en chercheuse de personnes disparues. Elle était retournée derrière le lit et souffrait toujours d'amnésie partielle. Je tire le lit. Je la flatte encore. Je la ramène près de son bol. Je m'assois. Je lui parle. Je l'encourage. Je ne sais plus trop que faire. Elle mange vite parce qu'elle est constamment aux aguets. Il faudrait que plus personne ne bouge dans la maison. Le moindre petit bruit la fait sursauter et disparaître derrière ou sous les meubles. J'imagine qu'à la longue cela va se résorber. Entre-temps, cela me désole de la voir aussi malheureuse. Elle agit exactement comme lorsque je l'ai adoptée l'été dernier alors qu'elle avait peur de tout. Vais-je être obligée de consulter la soeur Psy? À suivre...
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Notes pédestres : Il pleuvait au début de la journée mais les nuages sont disparus vers 15 h. J'en ai profité pour enfiler les espadrilles. La forme était nettement meilleure que lundi. C'est vrai que ça se perd vite mais que ça revient vite aussi!

lundi 21 juin 2010

La musique pour excuse

Houlala que ce n'est pas évident de se remettre à l'entraînement après une semaine de farniente! Pourtant j'avais des fourmis dans les jambes à la pensée de fouler mes trottoirs gatinois. Il faut dire à ma décharge qu'il faisait chaud aujourd'hui bien que je ne puisse toutefois invoquer l'humidité qui caractérise habituellement nos chaleurs d'ici pour excuser ma piètre performance.

Je tiens quand même à préciser que des éléments disturbants ont joué en ma défaveur. Ainsi, j'avais décidé de changer mon programme musical. Le Fils avait mis sur mon lecteur le nouveau CD du groupe metal As I Lay Dying en fin de semaine et j'ai pensé que ce serait une bonne idée d'en faire une première écoute pendant mon parcours. Erreur! Il y a bien eu deux ou trois chansons qui m'ont accrochée mais ce n'était pas assez pour me donner le rythme dont j'avais besoin. C'est là que j'ai décidé de changer du tout au tout et de me brancher sur Damien Robitaille dont j'avais, dans ce cas, acheté le CD que le Fils avait aussi téléchargé sur mon bidule.

C'était pas pire... au début. Damien est amusant. Son monde est sympathique et joyeux. Ses arrangements ressemblent parfois aux airs du Ringo Rinfret de Rock et Belles Oreilles, genre crooner manqué. C'est agréable à écouter dans l'auto (je l'ai essayé ce matin avec l'Homme) et j'imagine que cela mettrait de l'ambiance dans une fête. Mais pour marcher, c'est plutôt nul. Cela m'a rappelé la fois où j'ai voulu marcher sur Jason Mraz. Lui, je l'aime bien dans l'autobus un lundi matin. Dès les premières notes, je me sens ragaillardie et me retrouve dans une bulle de bonheur béat. L'effet est cependant complètement raté quand il s'agit d'accompagner les pas de la Marcheuse!

Alors, pour m'encourager à faire au moins le parcours court (pas facile à dire vite ça, essayez pour voir!), je suis revenue à Atreyu. C'était parfait. Cela ne m'a pas donné l'énergie qui manquait mais j'ai été capable d'adopter une vitesse de croisière plus conforme à celle qui est habituellement la mienne. À la fin, j'avais hâte malgré tout de quitter mes trottoirs gatinois. Pas grave. Je sais que ça ira mieux demain... à condition de rester branchée sur le metal. Impossible pour moi de marcher sur autre chose que sur cette musique de tripes. Allez je vous quitte pour mieux vous revenir!

dimanche 20 juin 2010

Flashback montréalais

La Marcheuse a quitté la grande ville pour revenir dans son coin de pays. Me voici donc de retour!

Que dire, que dire de mon séjour à Montréal? Que dire, que dire d'abord de l'animation urbaine? Dès mon arrivée en sol étranger, j'ai été témoin en compagnie de l'Ami d'un vol exécuté en plein jour, pratiquement en pleine rue. Nous avions en effet décidé d'aller prendre un léger gueuleton à un petit resto situé tout près du terminus Berri et du chic parc qui lui fait face. Nous n'étions pas sitôt entrés que trois gars genre, disons, itinérants, font irruption dans l'endroit et commencent à s'enguirlander entre eux. La dame asiatique qui avait pris notre commande nous explique rapidement que c'est un truc que les gars utilisent pour lui voler sa marchandise. Pendant que deux d'entre eux font semblant de s'abreuver d'injures, l'autre comparse se dirige à l'arrière vers le frigo où se trouvent les boissons gazeuses et profite de la commotion pour se servir allègrement sans évidemment passer à la caisse. Une autre dame qui semblait être la mère de celle qui tentait de nous expliquer ce qui se passait a commencé à crier "Au voleur" en bousculant le malotru. Pendant ce temps, la dame du comptoir avait saisi son cellulaire et communiquait avec la police et préparait nos assiettes et criait à la gang de sortir du resto. Et que faisaient les clients? Le monsieur d'un certain âge assis au fond, donc très près de l'action, continuait de lire son journal tranquillement. Une autre cliente attendait patiemment près de la caisse pour payer son café. Et l'Ami lui? Il ne cessait de me répéter de ne pas m'inquiéter car il ne s'agissait que d'une situation urbaine somme toute banale. Finalement, il n'y avait que moi qui étais énervée! Comment tout cela s'est-il terminé? Les gars sont sortis... lentement. L'Ami et moi nous sommes attablés pour manger. Une dizaine de minutes plus tard, le membre voleur de la gang est revenu pendant qu'il y avait des clients au comptoir. Il s'est une fois de plus dirigé rapidement vers le frigo et est reparti avec d'autres cannettes devant nos regards médusés. La police ne s'est jamais présentée sur les lieux. Bienvenue en ville!

Heureusement, heureusement ma fin de semaine n'a pas été marquée que par des vols et des attaques à main armée. J'ai notamment fait des découvertes dont le groupe Cheesecake Ninja au coin des rues Saint-Denis et Maisonneuve. Tapez leur nom sur la Toile pour avoir une meilleure idée du phénomène.

J'ai aussi vu deux excellents spectacles. À ce propos, si vous avez envie de découvrir quelqu'un de vraiment intéressant, je vous invite à vous rendre sur YouTube pour tomber sous le charme irrésistible de Damien Robitaille. Je vous mets au défi de l'écouter sans avoir tout à coup envie de danser et de rire et, surtout, de crier à pleine tête : Que la vie est belle!

En parlant de charme, le Grand Pierre nous a une fois de plus ébloui par son immense talent. Seul au piano, il nous a fait le bonheur de reprendre ses plus belles chansons. Il nous tenait dans le creux de sa main. Nous avons donc suivi notre gourou dans ses tourments et ses passions sans jamais nous poser une seule question. J'ai déjà hâte de le revoir en septembre à Gatineau. Je sais, je sais que je suis une fan finie, mais je m'assume!

Et j'ai aussi visité l'exposition sur Borduas au Musée d'art contemporain, mangé deux fois au resto chinois Noodle Factory, sur Saint-Urbain, des raviolis faits sur place, dégusté un délicieux café et une fondue au chocolat à se rouler par terre chez Juliette & Chocolat sur Saint-Denis, et un café glacé italien chez Petite Marie, la chocolaterie du Village, et croisé Pierre (le seul, le vrai) dans la rue, cet après-midi, juste avant de partir. Vive la ville!

jeudi 17 juin 2010

"S'étandre" sur le sujet... mais pas trop

Eh! bien, eh! bien, les effets des libations ont été plus sérieux que je le pensais. Je me suis retrouvée sur le carreau pendant deux jours avec des crampes d'estomac, des nausées et des étourdissements. Mais me voilà aujourd'hui ressuscitée d'entre les abuseurs de bonne chère et de bon vin. C'est le compère Bacchus qui me trouverait "moumoune"!

Vous ai-je parlé de mon étang dernièrement? Je ne crois pas. Je ne vous ai donc pas dit qu'un visiteur indésirable est venu y faire trempette. Imaginez l'horreur que j'ai ressentie en constatant que l'intrus avait renversé toutes les plantes et poussé l'audace jusqu'à dévorer entièrement une de mes jacinthes d'eau dont il avait laissé dédaigneusement le trognon sur une des pierres plates! Ensuite, ce fut l'inquiétude qu'il ait croqué la jacinthe comme entrée et qu'il ait eu envie de compléter son repas en se jetant sur les sushis "très frais" qui nagent dans mon bassin. Mais pourquoi diable l'eau était-elle maintenant si brune? À cause de ça, je n'y voyais aucun signe de vie. Ah! ben oui, j'aurais dû y penser : plantes renversées égalent terre répandue partout. Quel dégât!

Tout en continuant de scruter les eaux profondes pour tenter d'y apercevoir un éclair orange, je me suis délestée de mes souliers pour carrément entrer dans le bassin afin de réparer les pots cassés. Heureusement qu'il s'agissait de pots en plastique! Mais j'ai dû replacer les plantes en équilibre sur les roches et solidifier leur base pour ne pas qu'elles se retrouvent le bec à l'eau au moindre coup de vent. En même temps que je tentais de récréer mon parc aquatique, je fulminais contre l'intrus qui avait osé malmener mon oasis de paix. L'Homme, pendant ce temps, s'était assis dans sa chaise berçante sur le patio et ne semblait pas du tout comprendre mon état d'esprit : "Écoute, si c'est pour te stresser d'avoir un plan d'eau, je renterre tout et on n'en parle plus". "Mais tu ne vois pas ce qui s'est passé?", que je lui réponds, exaspérée. "Es-tu devenu complètement aveugle? Je ne suis pas stressée à cause de l'étang mais à cause de ce qui lui est arrivé. En plus, je ne vois plus les poissons et je commence sérieusement à penser qu'ils ont servi de petit déjeuner".

Pendant que je tentais vainement de faire le recensement de mes bêtes à nageoires, l'Homme se voulait rassurant : "Tu t'en fais pour rien. Je suis certain qu'ils sont dans le fond du bassin et c'est pour ça que tu ne les vois pas. Prends le filet et essaie de les tasser dans un coin". "Es-tu en train de devenir fou?", que je lui rétorque, désespérée. "Les pauvres chéris, s'ils sont toujours vivants, ont sans doute été grandement traumatisés par l'expérience. Ce n'est certainement pas le moment de les énerver davantage en baladant un filet devant leurs pauvres yeux de merlan frit". (Je sais bien que ce ne sont pas des merlans et qu'ils ne sont pas frits, mais avouez que ça fait image - je ferme la parenthèse.)

Finalement, sans me rendre à l'idée insensée de l'Homme, je suis arrivée à en compter 5... ou 7... ou peut-être 8. En tout cas, à ce jour, je n'ai pas réussi à les voir tous les 10. Je reprends le sujet par les ouïes d'ici peu et, non, je n'ai pas de suspect en vue pour le moment quoique... je soupçonne le raton-laveur qui mange la nourriture des chats errants d'avoir fait le coup!
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Notes musicales : Je suis allée entendre ce soir la Symphonie des mille de Malher. Conçue pour regrouper 1 000 personnes sur scène, elle a été interprétée par environ 500 personnes, dont deux orchestres et trois chorales. C'était magistral! Et dirigée par Yannick Nézet-Séguin, ce qui ajoutait au plaisir.

Notes pédo-touristiques : Ne me cherchez pas en fin de semaine. Je suis à Montréal avec l'Ami pour assister à deux spectacles dans le cadre des FrancoFolies, soit celui de Damien Robitaille et oui, encore une fois, le seul et unique Pierre Lapointe. Pur délice en perspective!

lundi 14 juin 2010

Encore faut-il se croire!

Aujourd'hui, c'était une de ces journées où je ne me sentais pas la force de mettre un pied devant l'autre. C'est que je ressentais encore fortement les effets des libations auxquelles j'avais participé en fin de semaine pour souligner le mi-centenaire de la soeur Psy.

Quand je me retrouve dans un tel état de décrépitude, je me tiens presque toujours le genre de discours intérieur suivant : "Je vais quand même aller marcher pour me remettre l'estomac et le reste. Ça ne peut que me faire du bien de bouger un peu. Je dois cependant penser aussi à prendre soin de moi et à respecter mes limites. Au fond, devrais-je vraiment faire de l'exercice quand je me sens aussi abattue? Peut-être que ce serait préférable de prendre ça mollo pour retrouver mon énergie? Tant qu'à faire, je suis aussi bien finalement de chausser les espadrilles. Je prendrai ça mollo sur les trottoirs. Je ne suis quand même pas obligée de gravir les escaliers une dizaine de fois, ni de courir la pente de l'église. Je peux simplement me contenter de faire mon trajet en appréciant le bien-être que cela m'apporte."

Je sais que ça peut paraître incroyable d'être motivée par ce soliloque - moi-même je n'en crois pas mes oreilles quand je l'entends - mais cela me donne tout de même le courage nécessaire pour passer à l'action. Je suis donc partie. Malgré la fatigue bien réelle. Heureusement, le metal aide à me donner le rythme. Je me concentre. Je suis dans la bulle.

J'approche du fameux escalier. Je me répète mentalement que le descendre est suffisant. Mais voilà qu'au moment où je m'y engage, je trouve en moi ce qu'il faut d'énergie pour gravir les marches huit fois sans trop de mal. Bien, bien. Je suis en meilleure forme que je ne le crois.

Je continue. Je semble retrouver mon corps. Je marche plus rapidement. Je redresse ma colonne. Je maintiens le pas... et le cap. Je suis presque arrivée au pied de la pente de l'église. Encore une fois, j'insère la cassette qui m'invite à ne pas trop m'exciter l'espadrille. Et une fois de plus, je ne l'écoute pas et je m'élance. Je n'ai pas couru aussi loin que je le fais d'habitude mais j'ai couru. C'est ce qui compte.

Quand j'arrive au coin de rue qui détermine si je poursuis l'entraînement pour le trajet court ou moyen, j'hésite encore. Je commence vraiment à trouver que je me suis assez poussée. J'aurais probablement choisi le trajet court si je n'avais croisé au même moment une dame à la forte corpulence. Elle tanguait plutôt qu'elle ne marchait. Je n'ai pas eu besoin d'une autre cassette... ou plutôt si. J'ai fait jouer celle qui me félicite de m'être prise en main, qui m'encourage à poursuivre dans le droit chemin et qui me remet en mémoire les immenses progrès accomplis. Je suis arrivée à garder le rythme jusqu'à la fin. Et j'ai joui... parce que c'est tellement, tellement bon de se sentir bien dans sa peau!

dimanche 13 juin 2010

Le compteur à zéro

C'est l'été.
Le temps des vacances. Le moment de se détacher du quotidien.

C'est l'été.
Le temps du jardinage. Le moment de regarder pousser la vie... tout doucement.

C'est l'été.
Saison ambassadrice de la farniente, soeur de la paresse, cousine du laisser vivre.

C'est l'été.
La chaleur. L'humidité. La moiteur.

C'est l'été.
L'envie de partir en voyage, d'explorer d'autres coins de pays pour mieux apprécier le sien.

C'est l'été.
La douceur de vivre. Le soleil sur la peau. L'odeur des fleurs ou du bord de mer.

C'est l'été.
Il n'arrive jamais assez vite. Il part toujours trop tôt.

C'est l'été.
Il fait beau. Qui a envie d'écrire? Qui a envie de lire?

Demain...

mercredi 9 juin 2010

Bonne journée!

Je croyais que je n'arriverais pas au bureau ce matin. J'ai fait un petit détour par le guichet, car c'était jour de paie. Je sais, je sais, je pourrais tout faire à partir de mon ordi. J'ai déjà entendu le sermon aujourd'hui donné par une de mes collègues convertie à l'informatique. Je ne suis pas si réfractaire que ça à l'idée puisque je me suis inscrite cette semaine sur le site de ma banque. J'ai déjà pris connaissance de mes états financiers et j'ai demandé à recevoir mes relevés de façon électronique. Dès que j'ai une minute, j'y retourne pour m'essayer au transfert de fonds et au paiement de factures. Je ne sais pas cependant si je vais oser le tout avant d'en glisser un mot à mon experteninformatique, soit le Fils, juste pour m'éviter de commettre des bourdes dont il ne manquera pas de se moquer par la suite.

Mais je reviens au fait que mon parcours vers le bureau a été cahoteux. En me dirigeant vers la sortie de l'immeuble où se trouve le guichet, je rencontre le Métèque. Ça faisait un bout que je ne l'avais pas vu. Je ne l'ai presque pas reconnu avec mes verres fumés. Je sais, je sais, j'aurais pu m'en passer car il n'y avait pas tant de soleil que ça mais je trouvais la lumière un peu vive à cette heure ô combien matinale. Je m'approche donc du Métèque pour prendre de ses nouvelles. Il me dit évidemment que ça va même s'il est toujours dans une situation difficile. Je ne fais ni une ni deux, et j'ouvre mon portefeuille. Je savais que je n'étais pas passée au guichet inutilement. Le Métèque me remercie chaleureusement et me souhaite une bonne journée.

Bonne journée, bonne journée, c'est bien beau mais je n'arrive pas à la commencer. Je me retrouve donc sur le trottoir enfin en route pour le bureau. Je traverse la rue et je me butte cette fois à mon balayeur préféré. Il aime bien jaser tôt le matin et m'entretenir de sujets, disons, hétéroclites. Pour l'heure, il a délaissé le prix exorbitant de l'ail des bois pour la violence canine. Celles et ceusses qui suivent l'actualité savent qu'il parlait de la mort d'un petit bébé qui aurait été attaqué par un chien Husky. Nous avons devisé quelques minutes sur le caractère imprévisible du meilleur ami de l'homme et sur la nature parfois insouciante de l'être humain. Je n'ai pas voulu trop m'étendre sur le dossier... après tout, j'essayais de me rendre au bureau. Je lui souhaite bonne journée (lui au moins il l'avait commencée) et je reprends ma petite bonne femme de chemin (ce jeu de mots n'est pas de moi mais des Cyniques, un groupe d'humoristes que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître).

Cette fois, ça y est. J'arrive à parcourir les trois coins de rue qui me séparent de mon gagne-pain sans être interpellée ou arrêtée par qui ou quoi que ce soit. Je ne peux surtout pas me permettre d'être en retard... pour ne rien faire.

Bonne journée! :)

lundi 7 juin 2010

Journée de jardinage

Pas de marche pour moi aujourd'hui. Beaucoup de courbatures cependant en raison de mes activités de jardinière. Comme il avait plu presque toute la fin de semaine, j'ai décidé de prendre congé et de mettre la touche finale à mon aménagement.

Six bonnes heures de travail plus tard, j'y suis presque arrivée. Je dois encore acheter cinq ou six sacs de paillis pour terminer de couvrir la plate-bande d'ombre avant de pouvoir enfin dire : Mission accomplie! Je ne sais pas comment j'y arriverais si je devais en plus me taper le ménage et le plumeau. Vraiment, vive Martha! Elle était d'ailleurs à la maison aujourd'hui et oeuvrait à l'intérieur pendant que je m'activais à l'extérieur. Je me sentais comme une riche propriétaire qui jardine dans son domaine pendant que les domestiques nettoient. J'avais comme un titillement de culpabilité d'avoir ainsi le luxe de me donner à plein dans ma passion sans avoir à me tracasser pour l'entretien de la maison. Ça n'a pas duré longtemps. Il faisait trop beau pour ne pas jouir totalement de cette merveilleuse journée.

Il ne faisait pas très chaud mais c'est encore mieux pour effectuer des transplantations. Eh! oui, j'ai succombé et j'ai acheté d'autres sceaux de Salomon, un plant de brunnera au feuillage différent de celui des espèces que j'ai déjà et une violette du Labrador. J'ai planté devant tout ça mes deux caissettes d'impatientes blanches et je trouve ça du plus bel effet! Je me suis aussi amusée à créer deux autres potées fleuries dont une contient un papyrus. Celle-là, je l'ai placée près du bassin d'eau et, selon la Fille, ça fait toute la différence. Je suis assez en accord avec elle.

Et savez-vous ce que je ne pouvais m'empêcher de faire pendant que je m'activais et m'éreintais dans mon sous-bois? J'allais constamment voir mes poissons! Je prenais le filet et nettoyais le bassin. J'ai traité l'eau. J'ai ajouté des petites roches dans le fond et sur les bords. Je les ai nourris. Bref, je les aime les petites bêtes de l'expertenbassin. J'espère qu'il va trouver que je m'en occupe bien lors de sa prochaine visite. Seule ombre (c'est le cas de le dire) au tableau : je n'ai pas revu le bébé tout noir. S'il est toujours là, il s'est trouvé une bonne cachette!

dimanche 6 juin 2010

L'errance d'un point de vue félin

Une réflexion, comme ça, en passant. Où ils vont errer, les chats errants? Je les nourris depuis plusieurs années et pourtant, même si je sais qu'ils ne sont que de passage, je n'arrive pas à m'habituer à leurs va-et-vient. Je voudrais tous les sauver. De temps en temps (un peu trop souvent selon l'Homme), je m'attache à certains, surtout aux habitués qui sont fidèles au poste même en plein hiver.

C'était le cas de celui que j'avais baptisé Boris. Un beau gros chat gris. L'Ami disait qu'il ressemblait à un chat bleu russe. Il avait de magnifiques yeux verts... les mêmes que Mignonne. J'aime à croire qu'il s'agit de son père car Boris avait un caractère absolument pacifique et doux. Je l'ai souvent vu se tenir avec des chats plus jeunes que lui et il ne démontrait aucune agressivité à leur égard. Il les laissait manger à côté de lui sans manifester d'impatience. J'étais d'ailleurs capable de le prendre et de le flatter sans aucun problème. Il ne sortait jamais ses griffes. Quand il faisait trop froid, je le laissais entrer dans la maison pour qu'il puisse dormir dans le portique et se réchauffer un peu. Je lui faisais un coussin avec des serviettes et, pendant son bref séjour, il fondait littéralement à mesure que la chaleur lui permettait de se débarrasser de la neige qui lui collait à la peau.

Je l'ai nourri deux étés et deux hivers. Le premier hiver, Boris a eu un abcès sur une de ses bajoues. C'était tout enflé. Quand il entrait dans la maison, je désinfectais la plaie et j'appliquais un onguent antibiotique. Un jour, l'abcès a crevé et Boris semblait aller mieux malgré le gros trou qu'il avait près de l'oreille. L'hiver dernier, il était toujours là mais j'avais senti une nouvelle bosse au même endroit au début de l'automne. Il n'a pas traversé l'hiver. Au printemps, j'ai cessé complètement de le voir. Le voisin, qui lui permettait de s'abriter sur de la laine minérale en dessous de son garage, ne le voit plus lui non plus. Je m'ennuie de ce bon gros chat.

Alors, où errent les chats errants? Où meurent-ils après leur vie de misère? Je me le demandais encore ce soir en observant les allées et venues de mes nouveaux clients félins, dont une petite chatte d'Espagne que j'ai baptisée Tournesol à cause de sa barbichette blanche sous le menton. En voilà une autre à laquelle je suis en train de m'attacher. Le cycle recommence. Dure, dure la vie de protectrice de la faune vagabonde.
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Notes pédestres : J'ai marché sous la pluie. Il faisait pas mal froid. J'ai dû mettre trois pelures pour me sentir au chaud. J'avais l'impression de retourner en automne. Le mauvais temps n'a pas nui à mes performances. J'ai gravi les escaliers d'un très bon pas et j'ai couru à grandes enjambées. Vraiment, ça a fait du bien! Et c'était une de ces sorties où j'étais complètement dans ma bulle de metal. Merci encore une fois Atreyu... j'ai de la difficulté à écouter autre chose ces temps-ci.

samedi 5 juin 2010

J'ai descendu dans mon jardin, j'aime ça quand ça grouille

Bon, bon, n'allez surtout pas penser que la marcheuse urbaine est soudainement devenue grivoise. Vous saurez que les mots de cette chanson "folklorique" conviennent parfaitement à mon propos d'aujourd'hui. En effet, ça grouille maintenant non pas dans mon jardin, mais bien dans mon bassin d'eau. Car ce qui devait arriver, arriva. L'expertenbassin venu en tournée d'inspection ce matin est arrivé accompagné d'une chaudière. Vous devinez bien sûr ce qu'elle contenait : des poissons!!

Je ne me souviens plus si je l'avais dit sur mon blog (j'y dis tant de choses que j'ai parfois des trous de mémoire), mais j'avais finalement décidé que je voulais un bassin inhabité. Pourquoi? Parce que j'aime m'y tremper les pieds et parce que les poissons, ça semblait tellement compliqué. C'était sans compter sur l'entêtement de l'expertenbassin qui tenait mordicus à trouver un nouveau foyer à ses protégés. Ces derniers habitaient jusqu'à tout dernièrement la serre du magasin où l'Homme travaille et, encore plus récemment, un bassin situé dans le centre jardin du magasin jaune en question.

Cela déplaisait profondément à l'expertenbassin qui trouvait que ses poissons risquaient de trouver la mort par négligence. Comme il ne travaille plus au magasin, il avait en effet délégué la tâche de tuteur à deux collègues qui, plein de bonne volonté, s'acquittaient honorablement de leur responsabilité. C'était jusqu'à ce qu'une décision de gestion entraîne le déménagement des poissons dans le centre jardin, endroit éloigné du département où oeuvrent les tuteurs. Panique de l'expertenbassin, également amateur avide de la faune aquatique. Se doutait-il que je serais incapable de le renvoyer avec ses poissons? Comment pouvais-je refuser asile à ces pauvres bêtes qui devaient déjà sentir l'odeur alléchante de l'eau de mon bassin au travers des parois de leur chaudière blanche?

J'ai donc dit oui. Nous voilà donc, l'Homme et moi, parents de dix poissons, soit trois coyes et sept poissons rouges dont un bébé. Selon l'expertenebassin, notre nouvelle maternité se passera sans heurts. Suffit de nourrir nos enfants à nageoires une fois par jour avec une nourriture "sèche" et une fois par semaine avec des lentilles d'eau. Il ne faut évidemment pas oublier d'enlever le surplus de nourriture une fois que les affamés se sont rassasiés. Nous devons également mettre deux sortes de produits dans l'eau pour prévenir le développement de bactéries à raison d'une fois aux deux jours pour un et d'une fois par semaine pour l'autre. Ensuite, ensuite. Ah! oui. Je suis dotée d'un beau filet dont je dois me servir très régulièrement pour enlever les feuilles et autres déchets qui tombent dans l'eau. Je ne dois pas oublier non plus de nettoyer le filtre de la pompe, nettoyage que je devrai effectuer plus fréquemment à cause de mes chers poissons. J'ai également dû acheter une plante oxygénante et je vais mettre davantage de petites roches dans le fond du bassin pour rendre, selon l'expertenbassin, mes poissons rouges absolument au bord de l'extase et de la jouissance. D'ailleurs, il semble qu'ils pourraient même pondre des oeufs sur mes cailloux et... oui, oui, je verrai ma progéniture prendre de l'expansion.

Vous voyez comme j'avais tort de croire que ce serait compliqué. Je vous reparlerai éventuellement des préparatifs d'hibernation. Je sens que ça aussi, ce sera simple!

Et parce que je vous aime et que je sais que vous vous intéressez passionnément à nos traditions ancestrales, je vous laisse avec les paroles de cet hymne aux jardiniers(!!??) de ce monde :

J'ai descendu dans mon jardin
J'aime ça quand ça grouille
C'était pour cueillir du raisin
Grouillez, grouillons, grouillette

Refrain :
J'aime ça quand ça grouille comme ça
J'aime ça quand ça grouille (bis)

C'était pour cueillir du raisin
J'aime ça quand ça grouille
Le rossignol vint sur ma main
Grouillez, grouillons, grouillette

Le rossignol vint sur ma main
J'aime ça quand ça grouille
Il me dit trois mots latins
Grouillez, grouillons, grouillette

Il me dit trois mots latins
J'aime ça quand ça grouille
Ces trois mots-là j'ai compris bien
Grouillez, grouillons, grouillette

Ces trois mots-là j'ai compris bien
J'aime ça quand ça grouille
C'est que les filles ne valent rien
Grouillez, grouillons, grouillette

C'est que les filles ne valent rien
J'aime ça quand ça grouille
Mais les garçons encore bien moins
Grouillez, grouillons, grouillette

Mais les garçons encore bien moins
J'aime ça quand ça grouille
Les gens mariés, on n'en parle point
Grouillez, grouillons, grouillette

jeudi 3 juin 2010

De l'eau au moulin

Je continue aujourd'hui sur ma lancée d'hier. Ne vous inquiétez pas, je suis réveillée. En parcourant donc le journal et sans avoir à faire d'efforts particuliers pour dénicher les articles ci-dessous, j'ai lu avidement les propos qui suivent et qui corroborent parfaitement la conclusion de mon collègue de la plume française et de votre humble marcheuse urbaine, à savoir que le moral est bas. Lisez plutôt :

Armés d'une potion magique dont le principal ingrédient est l'indifférence des citoyens, Stephen Harper et son gouvernement se permettent, encore une fois au nom de tous les Canadiens, d'exprimer de timides regrets pour les pertes de vie humaines entraînées par l'assaut de l'armée israélienne contre la flottille humanitaire qui se dirigeait vers la bande de Gaza lundi dernier.
(Christian Nadeau, Le Devoir, 3 juin 2010)

(...) mais le gouvernement conservateur traîne toujours les pieds dans le dossier de l'accès aux documents censurés sur les détenus afghans. (...) Il n'y a pas lieu de s'en étonner, mais il faut s'en désoler à double titre : le non-respect des institutions par les conservateurs n'a décidément pas de limites, la faiblesse de l'opposition - nommément les libéraux - est gênante dans ce bras de fer qui n'a pas lieu d'être et qui pourtant ne finit pas.
(Josée Boileau, Le Devoir, 3 juin 2010)

Si Jean Charest faisait une telle adresse à la nation (annoncer la tenue d'une enquête publique sur le financement des partis politiques, maintenir la loi 104 en utilisant la clause nonobstant pour empêcher les riches d'acheter le droit pour leurs enfants de fréquenter les écoles anglaises et obtenir la collaboration de tous les partis politiques du Québec pour l'adoption d'une Constitution visant à donner un fondement juridique à la nation québécoise), la Fête nationale ne serait pas que folklorique, elle serait euphorique. En effet, un horizon politique nouveau apparaîtrait et susciterait beaucoup d'espoir chez les Québécois. Cela apporterait en prime de l'oxygène à notre classe politique qui en a bien besoin. Que ça ferait du bien! Bien sûr, ceci est un rêve, le dernier refuge avant une noirceur plus permanente qui a commencé, telle la nappe de pétrole dans le golfe, à s'étendre sur tout le Québec sur le plan politique.
(Denis Forcier, Le Devoir, 3 juin 2010)

Alors, poussant notre réflexion, mon collègue de la plume française et moi-même en sommes venus à nous demander jusqu'où les journalistes devront pousser les dénonciations et les révélations pour obtenir un semblant de réaction de la population. Il semble en effet que rien dans les agissements de nos leaders politiques ne peut susciter le début d'un commencement de questionnement chez les électeurs. Tous sont-ils sombrés dans un immense bain d'indifférence? Tous sont-ils devenus sourds, aveugles et muets? C'est bien évident que la chose politique n'attire pas les jeunes. Et c'est sans doute le cynisme ou l'impuissance qui habitent les vieux.

Mon collègue a émis l'opinion, comme la Nièce littéraire l'avait déjà fait en réponse à un de mes blogs sur un sujet semblable, qu'il fallait peut-être abandonner l'idée de sauver le monde pour se concentrer sur notre petit jardin. (Oui, chère Nièce, il a, tout comme toi, utilisé la métaphore du jardinet.) J'ai réfléchi quelques minutes à cette solution. Mais je l'ai vite rejetée et voici pourquoi.

Il y a de cela quelques années, quand le Fils et la Fille étaient au primaire et au secondaire, je faisais partie des conseils d'établissement des deux écoles qu'ils fréquentaient avec l'idée, comme les autres parents qui m'accompagnaient dans cette odyssée, que j'allais pouvoir contribuer à améliorer le monde scolaire. J'ai assisté à moult réunions et débats, j'ai été frustrée à un nombre incalculable de reprises par l'intransigeance de certains directeurs ou enseignants, j'ai protesté sans succès pour faire renverser des décisions qui m'apparaissaient injustes ou dénuées de tout sens commun. J'ai gardé un goût amer de l'expérience et béni le ciel le jour où la Fille a finalement revêtu sa robe de graduation. Adieu règlements stupides, budgets insuffisants, arguments stériles! J'ai fait ma part. J'ai donné. Je n'y reviendrai pas. C'est ce que je pensais il n'y a pas si longtemps encore jusqu'à ce que je réalise que je devrai, inévitablement, renouer éventuellement avec le monde scolaire, ne serait-ce que pour me tenir au courant de ce qui va toucher un jour mes petits-enfants ou plus simplement pour les aider à faire leurs devoirs. Et c'est là que le petit jardin perd un peu beaucoup de son sens.

Nul n'est une île. Certes, il peut parfois sembler facile ou tentant de se dire que des projets de loi sur le droit d'auteur, sur le registre des armes à feu, sur les organismes qui défendent les droits des femmes, sur le calendrier scolaire, sur les jeunes contrevenants, pour ne prendre que ces quelques exemples, ne nous touchent pas et que nous n'avons que faire des modifications qu'ils apportent à notre société. Fort bien. Mais qui nous dit que nous ne serons pas un jour plagiés? Je pense ici au Pusher de metal dont le groupe doit lancer un CD sous peu. Si tout le monde le copie et personne ne l'achète, comment les membres du groupe vont-ils récupérer un peu de leur investissement? De la même façon, qui dit que nous ne serons pas à un moment de notre vie un de ces vieux placés dans des établissements où on laisse mariner les gens dans leur jus, où on ne sert que du manger mou, des patates en flocons réhydratées et des fruits en boîte et où les seules distractions offertes se limitent aux prestations piteuses de clowns imbéciles? Et je ne souhaite à personne d'entre nous d'être victime d'un acte de violence qui aurait pu être prévenu ou atténué si les policiers appelés en renfort avaient su qu'il y avait un tireur armé dans la maison.

Oui, on peut se concentrer sur notre jardinet. Et c'est important de le faire. Mais il faut aussi regarder par dessus nos plates-bandes et s'intéresser à nos voisins. Est-ce qu'ils utilisent sans vergogne des produits chimiques et des pesticides? Si c'est le cas, nos légumes risquent d'être contaminés. Plus important encore, nos enfants et nos animaux domestiques aussi.

Notre engagement ne s'arrête pas à nous, il doit comprendre les autres.

« Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi; tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble; si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promontoire, le manoir de tes amis ou le tien; la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain; aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne ». (Wikipédia, John Donne)

mercredi 2 juin 2010

Rêve éveillé

J'ai trop de temps peut-être. Trop de temps pour penser. Trop de temps pour m'informer. Trop de temps pour m'interroger. Je l'ai déjà dit et je me répète : la conscience, ça use. Parfois même, ça tue.

J'en discutais justement aujourd'hui avec mon collègue de la plume française. Tous deux atteints d'une écoeurantite aiguë de la vie causée en partie, j'en conviens, par notre oisiveté prolongée, nous en sommes aussi arrivés à mettre le doigt sur une autre raison de notre baisse de moral. Oui, la morosité du climat politique, à toutes les échelles, semble nous rentrer dedans.

Je comprends que les affaires publiques n'intéressent à peu près personne. Mais, du même souffle, je ne comprends pas vraiment. Même s'il est vrai que cela demande un effort pour se tenir au courant des décisions prises par nos dirigeants, même s'il est vrai qu'il y a peu d'appelés pour défendre des idées nouvelles et beaucoup trop d'élus pour ressasser les rengaines ringardes du passé, même s'il est vrai que les choses semblent presque toutes couler dans le béton du manque de volonté, du cynisme et de l'escroquerie, nous devons garder l'espoir de pouvoir changer la grisaille de l'horizon pour l'éclatante lumière de la vérité.

Je rêve, je ne le sais que trop. Je rêve d'un pays où les citoyens allumés refusent de répéter les erreurs du passé. J'imagine un pays où tout le monde se préoccupe pour vrai des inégalités sociales, de la pauvreté, de l'éducation, de l'environnement, de la santé. J'utopise un pays qui valorise l'innovation, la créativité, la culture, les arts et, pourquoi pas, le nivellement vers le haut et l'échange de points de vue rafraîchissants et mobilisateurs.

Je vois du vert partout : des bicylettes, du transport en commun adapté aux besoins, moins de véhicules sur les routes. Je vois de l'orangé mur à mur : des gens qui prennent leur santé en main, des médecins qui acceptent de collaborer avec des thérapeutes spécialistes d'approches plus naturelles, des personnes qui font de l'exercice et qui s'alimentent correctement. Je vois du bleu pas juste au firmament : des voisins qui s'entraident et qui ne connaissent pas les chicanes de clôtures, des personnes à l'écoute des difficultés de leurs concitoyens et qui prennent les mesures nécessaires pour leur permettre de s'en sortir. Je vois du violet et pas dans les églises : les gens pratiquent leur côté zen et vivent en harmonie les uns avec les autres. Je vois du jaune éclatant comme le soleil, éclatant comme les yeux des enfants parce qu'ils sont heureux, parce qu'ils sont aimés, parce qu'ils fréquentent un système scolaire qui leur apprend leur langue et leur histoire, parce qu'ils peuvent jouer dans d'immenses parcs, parce qu'ils ont leur place à eux dans cette société idyllique. Enfin, je vois du rouge pour la passion qui anime tous les citoyens de ce pays rêvé.

Que disais-je déjà? Ah! oui, trop de temps pour rêver. Et, plus tard que tôt je l'espère, pas assez de temps pour voir le rêve se réaliser. Dommage que l'on ne se donne plus le droit de rêver. Loin d'être inutile et d'être confiné à l'évasion, le rêve permet aussi de créer dans l'imaginaire le possible à venir. Parce qu'il ne connaît pas de limites, il nous entraîne dans des contrées inexplorées et nous fait parfois découvrir des solutions originales. Si vous pensez que je suis dans la lune, chut! Ne me réveillez pas!
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Notes félines : Depuis quelques jours, ma petite Mignonne s'en donnait à coeur joie dans une des deux grosses plantes que je garde dans la maison. Il y avait sans cesse de la terre à ramasser autour du pot. Évidemment, impossible de la prendre sur le fait pour lui adresser quelques remontrances bien méritées... jusqu'à ce que je la surprenne hier soir, les quatre pattes dans le pot, en train de sauter pour essayer d'atteindre la fenêtre. J'ai compris. Derrière cette fenêtre, il y a des mangeoires pour les oiseaux, lesquels chantent à tue-tête pendant la journée et volettent d'une branche à l'autre du cèdre. Pauvre Mignonne qui entendait tout ce raffut sans être en mesure de constater de visu ce qui se passait. J'ai donc déplacé la plante pour installer une chaise près de la fenêtre. Qui vis-je s'y précipiter aussitôt? Mignonne, bien sûr, dressée sur ses deux pattes de derrière pour mieux voir l'action qui se déroule de l'autre côté de la fenêtre. Suffisait d'y penser!

mardi 1 juin 2010

D'âge et de bassin

Je suis vieille. Je sens mon âge dans les multiples courbatures qui m'affligent depuis quelques jours. Je crois que la nage dans le bassin en tenant en équilibre un bloc de ciment (non, il n'était pas attaché à mes pieds) pour y installer le nénuphar relevait tout simplement de la prouesse même pour une Marcheuse en forme. Il faut dire que cet exercice s'apparentait davantage aux arts du cirque plutôt qu'aux activités terrestres.

N'importe. Je dois terminer mon jardinage. J'ai encore quelques plantes à déplacer et d'autres à installer. J'ai même encore, le croiriez-vous, des pots vides qui attendent leur futur occupant. Alors ce soir, en revenant du boulot, je me suis lancée à corps perdu dans la grande plate-bande d'ombre, celle dont je n'avais fait le ménage qu'à la moitié. J'ai donc commencé par le bout pas encore fait et je me suis fixée une limite de deux heures de travail pendant lesquelles j'ai redressé les fleurs qui ont pour manie de s'effondrer après la moindre pluie, transplanté l'échinacée auprès de ses congénères, relocalisé trois hostas pour les rapprocher des astilbes, rajouté de la terre, tracé les limites du massif, étendu du paillis. Heureusement, il ne faisait pas trop chaud mais au bout du compte à rebours, j'étais exténuée.

J'aurais voulu avoir la force d'étendre un dernier sac de paillis mais je ne me sentais pas capable de le soulever... encore moins d'en répartir le contenu autour des heuchères, là où j'étais rendue. De toute façon, le soleil baissait et il créait un éclairage idyllique sur mon bassin. Je me suis installée sur ma grosse roche plate et j'ai emmagasiné la douce chaleur que Galarneau projetait. Je n'ai évidemment pas pu résister à me mettre les pieds à l'eau. Ah!!! c'est tellement rafraîchissant. J'ai fermé les yeux un instant et savouré pleinement ce moment extraordinaire de bien-être. Le bruit de l'eau... c'est thérapeutique.

Pendant que je vous écris, avec les fenêtres ouvertes, j'entends d'ailleurs très bien la voix de mon bassin. Elle m'appelle à la quiétude, à la paix, au plaisir de profiter pleinement de la nature. Elle me dit aussi qu'il commence à se faire tard et que je dois aller me coucher. Elle me rappelle qu'elle bercera mon sommeil jusqu'au matin. Qui aurait pensé que Michel Chartrand gazouillerait un jour dans ma cour pour accompagner mes rêves?