lundi 22 juillet 2019

Au jardin...

ou quand la vie est plus forte que tout


Ce printemps, en plus de faire face à la perte de mon Vénérable, cet érable magnifique qui régnait dans mon jardin depuis mon arrivée dans cette maison, j'ai dû également pleuré la perte de tous les espiègles qui peuplaient mon étang. La plupart d'entre eux y vivaient depuis que j'avais eu cette belle et folle idée de disposer d'un plan d'eau dans ma cour, soit près de dix ans. Au début, c'est tout ce que je voulais: une jolie mare où je pourrais me tremper les pieds avec une petite fontaine qui me permettrait de m'endormir en écoutant le bruit de l'eau. Mais la vie, comme elle en a souvent l'habitude, avait d'autres plans pour moi. C'est ainsi qu'une fois mon étang aménagé, un ami de l'Homme s'est présenté avec une chaudière dans laquelle nageaient des koîs et des poissons rouges. Il voulait éventuellement avoir un étang lui aussi mais il n'était pas encore prêt à entreprendre les travaux. Comme c'est lui qui nous avait guidés dans la réalisation de notre projet, il savait fort bien que mon étang à moi était parfaitement fonctionnel et, comme il devait se départir de ses poissons... je devenais la solution toute trouvée. Forte de mes mauvaises expériences antérieures avec un aquarium, je lui ai opposé un refus formel en insistant sur le fait que je n'avais absolument pas l'intention de me lancer dans l'élevage de poissons, encore moins à l'air libre. Évidemment, il a trouvé les mots qu'il fallait pour me convaincre du contraire en me vantant notamment la facilité avec laquelle j'arriverais à m'occuper de cette faune piscivore.

Il m'avait menti, bien sûr. Et je l'ai appris à la dure école. Toute seule. Car je ne tiens pas compte ici des quelques pauvres rudiments qu'il avait accepté de m'inculquer à la va-vite. J'ai d'abord perdu tous les koïs au premier hiver. Les pauvres, l'ai-je appris plus tard en lisant sur le sujet, n'ont pas l'endurance des poissons rouges. Ce sont les premiers cadavres que j'ai recueillis. Ensuite, j'ai dû trouver la bonne façon de gérer la qualité de l'eau, au début avec des produits chimiques, puis, maintenant, avec seulement un sac d'orge au printemps et un autre au début de l'été. Cela satisfait pleinement mes tendances écolo et mon irrépressible désir de ne mettre aucun poison dans mon jardin. Je composte, j'enlève les mauvaises herbes à la main, je fertilise avec un engrais à base d'algues, je traite les vers blancs avec les nématodes et je contrôle tant bien que mal les scarabées japonais avec des pièges contenant des phéromones. Entre autres choses.

Je vous passe la difficulté de trouver une pompe suffisamment puissante et performante pour traiter les déchets émis par une vingtaine de poissons. Je ne vous parle pas non plus de l'entretien desdites pompes (j'en ai acheté au moins quatre) et du nettoyage parfois quotidien du filtre quand la pompe n'est pas celle qu'il vous faut. Et que dire de l'importance d'avoir des plantes aquatiques pour mieux oxygéner votre bassin. Je ne savais évidemment pas que les espiègles adoraient les laitues d'eau au point de les dévorer. J'achète donc maintenant des jacinthes d'eau. J'ai mis également de côté cette fabuleuse idée d'avoir un papyrus en plein milieu de l'étang. Juste mettre des bottes pour amener le pot à l'endroit désiré représente un exploit en soi car, autre leçon durement apprise, le fond d'un étang constitué d'une toile en caoutchouc est fort glissant! J'ai donc éventuellement opté pour le papyrus en pot placé judicieusement près de l'étang, et non dans l'étang.


Il ne faut pas non plus oublier de les nourrir ces petites bêtes. Assez mais pas trop. De préférence avec une nourriture différente au printemps et à l'automne. Et il faut se munir d'un thermomètre pour connaître la température de l'eau afin de savoir quand commencer à les nourrir et quand arrêter. Ah la la ça n'en finit jamais. Et quand vous commencez à penser que vous savez un peu ce que vous faites, voilà que ces écervelés d'espiègles décident de se multiplier. Sans tenir compte de la pénurie de logement et du manque d'espace qui s'ensuivra inévitablement. C'est sans doute là un des facteurs qui a conduit à leur mort subite de l'hiver dernier. Ils étaient devenus beaucoup trop nombreux. En plus, ils avaient accepté d'accueillir tous les batraciens de passage.

Bref, c'est vraiment beau un étang, mais c'est aussi beaucoup de travail jumelé à beaucoup d'inquiétude. Les espiègles comptent par exemple plusieurs ennemis, une autre leçon apprise au fil des ans. J'ai toujours été chanceuse côté attaque venant du ciel. J'ai en effet entendu des histoires d'horreur au sujet de hérons venant vider en quelques minutes tout un bassin fourmillant de poissons. Par contre, j'ai subi des attaques félines provenant notamment de ma belle Irma qui, lorsqu'elle vivait encore dehors, démontrait toutes les qualités d'une redoutable chasseuse. Ainsi, j'ai réussi de justesse à réchapper un pauvre espiègle qu'elle avait roulé dans la terre comme du poisson pané et abandonné dans l'herbe. En m'approchant pour ramasser ce que je croyais être une dépouille, je m'aperçois que les ouïes bougent encore un peu. Je cours à toute vitesse dans le garage pour attraper une chaudière, la remplir d'eau et y mettre la proie abandonnée. Je l'ai sauvé. Et remis dans l'étang. Jusqu'à l'hiver dernier, il nageait allègrement avec quelques cicatrices qui me permettaient aisément de le reconnaître. Soupir.

Une autre fois, c'est un raton-laveur qui est venu faire son tour. Je me rappelle que j'avais terminé la veille de tout aménager l'étang à mon goût, papyrus inclus. Je me lève le lendemain matin pour constater que les plantes flottaient sur l'eau. Les pots avaient été renversés. Heureusement, les poissons étaient saufs. Nouvelle panique. Que faire contre ces ravageurs? Après avoir effectué quelques recherches, je découvre qu'il existe un appareil qui peut les éloigner en les arrosant. Nous nous sommes donc équipés d'un effaroucheur. Ça fonctionne et ça évite bien des désagréments.

Tout ça pour vous dire qu'après l'hécatombe de l'hiver dernier, je ne voulais plus de poissons. J'avais eu vraiment trop de peine à les voir tous morts au printemps. C'était sans compter sur mon amie N. qui a elle aussi un étang et à qui j'avais donné un peu du surplus de mes poissons à deux reprises. Alors, la journée où notre grand ami G. a décidé de passer l'arme à gauche, N. est venue mettre quatre mousquetaires dans mon étang. Je ne pensais pas que de voir à nouveau de la vie dans mon bassin me ferait autant de bien. Tranquillement, j'ai apprivoisé mes nouveaux arrivants. C'est quand même plus beau un étang avec des poissons dedans. Et tant qu'à avoir la pompe et tout le tralala, aussi bien avoir des mousquetaires. Ce soir, donc, en allant les nourrir et en les cherchant sous la luxuriante végétation qui agrémente le bassin, qu'est-ce que je vois? Je vous le donne en mille : plein de petits bébés poissons! Et voilà que je pleure. Car la nature est généreuse. Et la vie est forte. Non seulement j'ai retrouvé mes plantes chéries, mais je redeviens une éleveuse d'espiègles. Je vois déjà les problèmes à l'horizon. Qu'importe. Je saurai bien m'arranger. N'avais-je pas tout perdu et n'ai-je pas tout retrouvé et même plus? Merci la vie. Encore une fois.

samedi 29 juin 2019

Au jardin...

ou le bonheur simple


Je ne pensais pas, en dressant la liste des choses que je voulais faire cet été et en y incluant entre autres le désir d'écrire un blog à partir de photos de mon jardin, que je me retrouverais aussi souvent devant mon ordi. Faut croire qu'au fond de moi germait depuis un bout de temps l'envie de reprendre la plume. Je dois dire aussi que mon jardin représente une source d'inspiration constante. En fait, travailler à créer un milieu apaisant dans un monde qui l'est de moins en moins touche profondément mon âme. Cela me permet de continuer d'avoir foi dans la vie et de poursuivre ma route.

La nature n'a de cesse de m'émerveiller et de m'apprendre des tas de choses importantes. Parmi elles se situe la conscience. La vraie. Celle qui permet de s'arrêter... enfin. Par exemple, sortir le matin sur le balcon pour ramasser mon journal n'est pas une activité banale. J'en profite pour humer l'air, sentir les nouveaux parfums que l'été ajoute tous les jours. Souvent je sors en pyjama et j'écarte les bras pour accueillir le soleil sur ma peau et embrasser sa chaleur. Quand je marche, je stoppe parfois juste pour écouter le bruit du vent dans les arbres ou le son d'un oiseau qui ne m'est pas familier. S'il fait chaud, comme ces derniers jours, je sens la sueur dégouliner doucement dans mon dos. J'ouvre tout grand les yeux pour ne rien manquer du spectacle, pour apprécier pleinement la chance que j'ai d'avoir la santé et l'énergie pour réaliser une activité qui recharge mes batteries à tout coup.


Au fil des années qui passent, la nature m'apprend notamment à me faire confiance. D'un terrain où il n'y avait à peu près rien à part quelques conifères et un patio en ciment craqué dans son milieu, j'ai réussi à force d'essais et d'erreurs à créer mon petit coin de paradis. Mais, pour y arriver, j'ai dû faire preuve de courage et de patience. Parce que mes modestes succès me donnaient l'envie de poursuivre ma passion horticole, je me suis mise à lire sur le sujet, à prêter attention aux signes que les plantes m'envoyaient pour me dire si elles allaient bien ou non, à m'arrêter, oui encore m'arrêter, pour contempler tous les jardins qui me tombaient dans l'oeil et à apprendre. J'ai découvert que j'avais de l'imagination et que je pouvais faire preuve de créativité. Je remarque maintenant que j'ose davantage quitte à faire les mauvais choix et à ne pas obtenir le résultat désiré. J'accepte aussi que mes idées ne plaisent pas nécessairement à tous mes visiteurs. Qu'importe. C'est mon jardin et je l'aime.


Tout doucement, mes plantes et moi nous sommes retrouvées avec une véritable ménagerie. J'ai toujours aimé les oiseaux. J'ai donc installé une mangeoire. En m'intéressant à la chose ornithologique, je me suis rendue compte que, si je voulais attirer différentes espèces, je devais avoir une nourriture plus diversifiée. C'est l'Homme qui s'occupe de remplir les cinq mangeoires que nous avons maintenant sur le terrain. Grâce à lui, je peux admirer mes amis ailés été comme hiver. Quel plaisir nous avons en ce moment de les observer en prenant notre café dans la balançoire le matin! Puis, j'ai pensé que ce serait agréable d'avoir un bassin d'eau. Je ne voulais pas de poissons cependant parce que je trouvais ça trop compliqué. J'avais déjà eu un aquarium et je perdais systématiquement les pauvres bêtes que j'y mettais. Mais, mais, la nature avait d'autres plans pour moi. Et j'ai eu des poissons dans mon étang. Là encore, les leçons ont été difficiles, particulièrement ce printemps où j'ai dû recueillir vingt-cinq cadavres, poissons et grenouilles confondus. Je me demande encore comment j'ai réussi à sortir mes pauvres espiègles de leur cercueil de glace. Mon beau Barnabé que j'avais depuis je ne sais combien d'années et tous les autres, même les bébés sont morts. J'avais décidé que je n'en voulais plus. C'est trop dur de les perdre. Mais, mais, la nature avait d'autres plans pour moi. Et mon amie N. m'a donné quatre mousquetaires qui font ma joie. Je dois faire confiance et croire que j'ai joué de malchance. L'hiver prochain, tout ira bien.

Je termine ce blog justement en me laissant bercer par le son de la fontaine dans la cour. Je m'endors tous les soirs avec la musique de l'eau. Et je rends grâce.

jeudi 27 juin 2019

Au jardin...

ou Prière de ne pas envoyer de fleurs!


Cela fait deux fois maintenant cet été que j'accomplis ce geste spontané répété si souvent par la petite fille que j'étais : cueillir des fleurs sauvages pour en faire des bouquets. J'ai pu apprendre tôt l'art floral étant donné que j'ai eu la chance de grandir au Saguenay dans une maison dont la cour arrière donnait sur un grand champ et un petit boisé. Le bonheur! C'est là qu'on allait jouer aux explorateurs en pensant dur comme fer que nous étions pour nous perdre si nous nous rendions jusqu'à la grosse roche. Elle nous semblait si loin de tout, perdue au milieu d'une végétation abondante et hétéroclite, entourée de cailloux et d'un peu d'eau dépendant du moment de l'année. Elle était à la fois notre repère, notre point de rencontre, notre bien le plus précieux. Parfois on se battait même contre les gars pour la garder juste pour nous.

Le champ... Le boisé... C'étaient de magnifiques terrains de jeux. Des endroits où on pouvait se réfugier entre autres quand on avait de la peine et qu'on se sentait totalement incompris par nos parents! Ça arrive quand on est ado de vouloir fuir très loin. Je me rappelle que je me faisais des plans pour partir de la maison. Je les dessinais sur des feuilles, un peu comme une carte au trésor, avec des directives à
suivre : 1. Je sors par en arrière. 2. Je traverse le champ. 3. Je me dirige ensuite vers la fameuse roche. 4. Je n'oublie pas d'apporter une pomme pour me sustenter. (Dix minutes, ce peut être assez long pour mourir de faim, surtout quand on a 12 ans.) 5. En tout cas, j'arrive à la roche. 6. Je m'assois dessus. 7. Et là je ne sais plus quoi faire. Je mange ma pomme en réfléchissant. Je ne sais pas trop où je devrais aller. Je ne suis même pas certaine que maman et/ou papa m'ont vue sortir de la maison. Je vais être bien avancée si je suis obligée de passer la nuit sur la roche. Bon, ben, c'est pas si pire que ça les règlements de la maison. J'y retourne avant que le souper ne soit servi.

Mais là "je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître" comme le chantait ce cher Charles Aznavour. Oui, un temps où on pouvait, enfant, prendre la clé des champs sans qu'aucun danger ne nous guette vraiment. En fait, le danger qui m'horripile le plus maintenant et qui m'empêche de pleinement profiter du simple plaisir de couper des fleurs sauvages, c'est le réchauffement climatique. Oui, oui, le réchauffement climatique qui fait en sorte que nous voilà obligés de nous méfier de toute bibitte qui s'approche de nous. Dans ce temps insouciant dont je vous parle, imaginez-vous qu'on pouvait ramasser des fleurs, mais aussi cueillir de petites fraises des champs, des bleuets et des framboises sauvages sans autre souci que de chasser les mouches ou les maringouins qui nous tournaient autour. Si, par malheur, nous étions piqués, eh bien nous en étions quitte pour un petit rond rouge sur la peau, une très légère enflure dans certains cas et une envie irrésistible de nous gratter à l'endroit de la piqûre. Je me souviens justement d'une de mes fameuses balades dans le champ à la recherche des fleurs mauves des trèfles, mes préférées. Je commençais à avoir une belle gerbe dans la main quand, soudainement, ayoye, vive douleur sur mon pouce! Je lâche tout. Je viens d'être piquée par une abeille aussi désireuse que moi de profiter des fleurs mauves. Mon doigt enfle à vue d'oeil. Je cours vers la maison. Je suis seule pour faire exprès mais, mais, j'ai suivi des cours de l'Ambulance Saint-Jean et je me rappelle qu'on y parlait de mettre du lait sur une piqûre d'insecte. Ce que je fais et l'enflure disparaît presque immédiatement. Voilà. Pas d'antibiotique à prendre. Pas d'insecte à retirer de ma peau en suivant une technique bien spécifique pour ne pas l'écraser. J'ai eu plus de peur que de mal et je me promets simplement de faire plus attention à l'avenir en coupant mes fameuses fleurs.

Où est passé ce temps bienheureux qui nous permettait de nous promener en forêt sans avoir à demeurer dans les sentiers? Sans avoir à nous habiller comme en hiver en rentrant nos chandails dans nos pantalons et en mettant nos bas par-dessus nos pantalons? Sans être tenu de nous vaporiser de produits chimiques puants? Hypocondriaque finie comme je le suis, je ne veux même pas exaucer le voeu le plus cher de l'Homme cet été et faire un pique-nique... à moins qu'il accepte de casser la croûte sur le trottoir en face de la maison! J'en suis rendue à craindre de me promener dans mon magnifique jardin au cas où je rencontrerais la tique maléfique ou le maringouin empoisonneur. Riez tant que vous voulez mais, l'année dernière, j'ai été piquée dans ma cour par un insecte non identifié (probablement une araignée nouvellement vénéneuse à cause du réchauffement climatique) et j'ai dû prendre des antibiotiques. Devrais-je dans les années à venir me limiter à du gazon ras et à des sentiers de roches?

Triste époque que la nôtre qui transforme un plaisir innocent en expérience hautement dangereuse. C'est pourquoi j'ai cueilli mes fleurs sur le bord du sentier asphalté du Rapibus en prenant bien soin de m'assurer qu'aucune bibitte suspecte ne tentait de me jouer un vilain tour. Heureusement je dois avouer que la beauté du spectacle offert par ma fenêtre de cuisine exquisement embellie par les fleurs ramassées a dépassé, et de loin, la peur viscérale d'être en train de m'offrir mon dernier bouquet.



jeudi 20 juin 2019

Au jardin...

ou de la difficulté d'exprimer ce qui est





Ce n'est pas la première fois que cela m'arrive. Éblouie par mon jardin, je veux photographier l'objet de mon admiration. Je me précipite sur ma caméra et j'essaie d'immortaliser ce qui a retenu mon attention. Dans le cas ci-dessus, en allant rendre une dernière visite à mon oasis de paix avant que la lumière ne se cache définitivement, je suis restée sidérée devant les gouttes d'eau que la pluie avait laissées sur les feuilles de l'iris versicolore. C'était tellement beau ces petits points brillants sur le fond vert. On aurait dit des diamants. Mais je ne suis pas une photographe professionnelle et je ne maîtrise même pas toutes les fonctions de ma caméra. Alors, j'ai droit à une photo surexposée qui ne rend pas du tout justice à l'extraordinaire spectacle qui s'est offert à moi.

D'un côté, je m'interroge sur mon besoin de fixer sur pellicule ce que je peux tout simplement me contenter d'admirer. Spontanément, je dirais que j'ai envie de partager la beauté de la nature, une beauté qui se retrouve partout autour de nous et qu'on ne voit pas assez. Une image ne vaut certes pas mille mots devant mes difficultés techniques. Qu'importe, je persiste et clic!


Vous voyez, ici, je voulais vous faire admirer Rodolphe le merle qui se pavanait dans le paillis. J'ai même voulu tenter l'effet spécial en utilisant le dossier de la chaise pour les besoins de la cause. Là encore, le résultat n'est en rien comparable au plaisir que j'ai éprouvé à voir Rodolphe s'ébattre dans le paillis fraîchement répandu. Les merles sont tellement amusants à regarder. Ils adorent entre autres venir se laver dans le bain d'oiseau. Vous allez me dire que c'est là l'utilité de ladite chose. Oui, mais eux, ils se baignent littéralement. Ils se couchent dans le récipient et ils battent des ailes et ils s'aspergent pendant de longues minutes. On peut sentir à quel point ils apprécient faire trempette.

Je me rends compte finalement que l'important demeure que je continue d'être à l'affût de toutes ces scènes de bonheur que mon jardin m'offre tous les jours. C'est un bonheur que je savoure encore plus pleinement cette année après la perte de mon magnifique érable à la suite de la tornade de l'été dernier. J'ai été en deuil de cet arbre pendant des mois. Durant l'hiver, il m'arrivait d'avoir de la difficulté à m'endormir en pensant au jardin dévasté : mes magnifiques vivaces piétinées, mes plates-bandes couvertes de bran de scie, les trous dans la pelouse, un véritable champ de bataille. J'ai tellement pleuré. J'ai cru ne jamais pouvoir passer de l'ombre à la lumière. Mais c'était sans compter sur la force de la nature et sa capacité de se régénérer. Quand le printemps est arrivé, j'ai commencé doucement à nettoyer les dégâts. J'y allais avec moult précautions pour ne pas écraser malencontreusement une plante cherchant à reprendre vie. Chaque fois que je découvrais la pointe d'une tige, je versais une larme. Elles sont toutes, toutes revenues : les hostas vieilles de vingt ans et les nouvelles que j'avais transplantées avant le grand désastre, la délicate fougère pas pareille comme les autres, l'asclépiade qui m'avait tant éblouie par sa floraison, les brunneras qui avaient été écrasées, les échinacées, les astilbes, les campanules, elles sont toutes là et elles m'émeuvent jusqu'au fond de l'âme. Impossible de dire avec des mots, de montrer avec des photos l'incomparable beauté de la nature qui m'entoure. Mais je veux tenter cet été en faisant appel à mes pauvres moyens de photographe amateur et à mon toujours grand plaisir d'exercer ma plume de vous entraîner dans mon jardin et dans le plaisir sublime d'être présent au moment qui est. Laissons-nous envoûter par les parfums des fleurs, réchauffer par les rayons du soleil sur notre peau, bercer par le bruit apaisant de la pluie qui tombe. "Que c'est beau, c'est beau la vie", comme disait Jean Ferrat.


jeudi 9 mai 2019

G comme Grandiose


Ouais... mardi dernier je pensais que je mourais. Encore une fois. À cause de mon anxiété. Cette folle du logis qui habite ma tête et que je n'arrive pas à chasser. On dirait qu'elle a signé un bail perpétuel. En tout cas, c'est une locataire dont je pourrais facilement me passer. Heureusement qu'elle prend du repos parfois. Cela me permet d'en prendre aussi.

Alors, c'est ça, mardi, je pensais que je faisais une crise de coeur. Rien de moins. C'est sûr que j'ai réussi à faire monter ma tension artérielle au plafond. Mais mon coeur lui a résisté. Croyez-vous que je suis redescendue de ma montagne de panique depuis? Ben non. Et ma pression non plus.

Je ne suis pas morte. Encore une fois. Mais j'ai un grand ami qui a fait le pas lui. La fin de semaine de Pâques. Il a décidé que c'était fini la vie avec sa misère, sa souffrance, sa douleur, sa peine. Ce n'était plus une vie. Et quand il a eu pris la décision de choisir la sédation palliative, il n'est jamais revenu en arrière. Dans sa tête, c'était clair. Et il m'a offert le très beau cadeau d'être là, de lui tenir la main et de l'accompagner. Il a pris le temps de me dire merci pour tout. Et j'ai pu lui dire à quel point je l'aimais. Il ne voulait pas que je pleure. Et je l'ai écouté. Mais maintenant je peux pleurer car il n'est plus là.

Il était doux comme un agneau. Il avait un coeur immense. Mais il n'avait pas eu la vie facile. L'Homme et moi avons eu la chance de le connaître il y a déjà huit ans. À ce moment-là, il n'était pas encore en perte d'autonomie. C'est malheureusement venu trop tôt dans sa courte vie. Il nous a fait périodiquement passer à travers des séjours répétés aux soins intensifs ou à l'urgence. Chaque fois, nous pensions le perdre. Mais il nous revenait avec entres autres sa passion effrénée pour les sports. L'Homme adorait le visiter et prendre un café et un muffin aux bananes et aux pacanes avec lui en discutant de la prochaine partie de hockey. Notre fan fini écrivait tous les scores sur son calendrier des Canadiens. Et quand l'Homme lui demandait : "Comment ça a fini la partie hier soir?", invariablement il répondait : "Regarde sur le calendrier!".

Il me disait souvent que j'étais comme une mère avec lui. C'est vrai. Je m'inquiétais. Je prenais soin de lui. Je lui faisais ses desserts préférés. Il n'avait pas de téléphone mais il en empruntait toujours un pour me remercier de mes gâteries. La dernière fois où c'est arrivé c'est après avoir mangé un morceau de poudding chômeur qui, comme il me l'a avoué avec un peu de regret dans la voix était, semble-t-il "meilleur que celui de ma défunte mère".

Chaque mois, je lui achetais ses livres de sudoku, passe-temps qu'il adorait. Il participait invariablement au concours et m'appelait pour me demander d'aller vérifier en ligne s'il faisait partie de la liste des gagnants. Il n'a pas été chanceux très souvent... malheureusement.

Qu'est-ce qui me reste de toi, mon cher, mon grand ami? Le souvenir que, tant que tu as été capable de le faire, tu me protégeais, comme tu disais, quand mon bénévolat me faisait rencontrer des gens impatients. Ça arrive. Quand on est dans la misère constante, des fois, on a plus de patience. Savoir que mon ami n'était pas loin, prêt à intervenir au besoin, me rassurait. Je lui ai demandé avant de le quitter pour une dernière fois, si ce serait possible pour lui de continuer à me protéger. Il a dit oui. Et quand mon ami disait oui, le doute n'était plus permis. Je sais donc qu'il est encore à mes côtés.

Qu'est-ce que je garde de toi, mon bel ami? L'exemple d'une personne courageuse jusqu'à la fin. Quelle dignité a marqué ton départ! Tu étais tellement beau avec tes deux bras croisés sur ton ventre pendant qu'on commençait les injections. J'étais debout juste en face de ton lit. J'avais l'impression que ce n'était pas réel. Mais toi tu disais au docteur que ta décision c'était "clair, net et précis". Pas de retour en arrière possible. Je ne savais tellement plus quoi faire, quoi dire. Et je ne pouvais même pas pleurer.

Alors, je ne suis pas morte mardi. Mais j'en bave un coup depuis quelques jours. Cette après-midi, j'ai décidé de faire un exercice d'art-thérapie recommandé par ma psy. Je devais dessiner quelque chose en écoutant une chanson que j'aime. J'ai choisi "Un air d'été" de Pierre Bertrand et cela a donné l'explosion qui illustre ce blog. C'est comme ça que je me sens en-dedans. En complet bouleversement mais, mais, avec une pointe de beauté et de légèreté malgré tout. Comme la légèreté diaphane qui enveloppe dorénavant mon ami. Je t'aime. Et j'essaie de ne pas pleurer.


samedi 30 mars 2019

La fille de ma mère


Ah... comme les choses ne sont jamais aussi innocentes qu'elles en ont l'air. Vendredi après-midi, je bénévolais au CHSLD pas loin de chez nous. C'était la journée du bar laitier. Pour l'occasion, nous nous transformons en pushers de crème glacée et passons d'un étage à l'autre pour offrir soit un cornet, soit un bol de ce dessert dont personne ne semble avoir oublié le goût peu importe son état mental ou physique. La plupart des résidents s'emparent donc du cornet et le dévorent rapidement en faisant souvent claquer leur langue avec délectation. D'autres ont besoin d'un peu d'aide et c'est avec grand plaisir que nous les faisons manger à la cuillère. C'est ainsi que je me suis retrouvée à nourrir M. B. dans l'une des salles à manger du Centre. J'aime bien parler aux gens en portant la nourriture à leur bouche. J'ai moins l'impression de simplement être là pour gaver quelqu'un. Et je vous avouerai que cela me permet de cacher mon inconfort et mon malaise. Oui je trouve ça difficile de nourrir une personne âgée qui ouvre la bouche plus par habitude que par conscience de l'acte qu'elle est en train d'accomplir. En tout cas, fidèle à mon habitude, je faisais la conversation.

M. B. m'écoutait patiemment lui dire que la crème glacée c'est toujours bon, surtout quand revient le soleil et la chaleur. Je lui expliquais que nous avions deux sortes de crème glacée aujourd'hui et que j'avais choisi pour lui la napolitaine. J'ai continué mon monologue en lui racontant que, chez nous, on parlait plutôt de la "crème glacée trois couleurs". Et aussi que lorsque que je mangeais de la crème glacée dans un bol, j'aimais ça la faire fondre en la brassant avec ma cuillère. Je me retrouvais bien vite avec un bol de crème glacée molle et j'adorais ça. Mais pas ma mère. Elle trouvait que ça ne faisait pas partie des bonnes manières à table de jouer ainsi avec sa crème glacée. "Et vous écoutiez votre mère?", me répond Mme F. assise un peu plus loin. Mon soliloque n'était donc pas passé inaperçu. "Ben, non, je ne l'écoutais pas. Je recommençais toujours mon manège chaque fois que je mangeais de la crème glacée". Je crus percevoir un petit sourire du côté de chez M. B. Peut-être qu'il aimait ça lui aussi la crème glacée molle, surtout que je n'avais pas arrêté de brasser la sienne en la lui donnant. "Et là, votre mère, elle ne doit pas être contente si vous ne l'écoutez pas", revient Mme F. à la charge. Bon, je suis de retour au CHSLD. L'espace-temps variable. Mme F. attend une réponse. Et M. B. tant qu'à y être. "C'est que ma mère est morte depuis longtemps". Me voilà en train de chercher l'année. L'espace-temps variable. "Elle est décédée en 1987", dis-je d'abord, avant de me raviser et d'accrocher au passage la bonne année, "en fait, c'est plutôt en 1997". Je crois que Mme F. n'en a cure des années. Elle semble plutôt attristée du fait que ma mère ne soit plus là. Moi aussi ça me frappe. Raconter un simple souvenir d'enfance en aidant quelqu'un à manger de la crème glacée semble peu significatif au départ. Mais on est samedi soir. Et j'y pense encore.

En fait, tout d'un coup je réalise que ça fait une éternité que je n'ai pas été la fille de ma mère. Et je m'ennuie en maudit de cet amour inconditionnel. Oui je m'ennuie de n'avoir personne à qui raconter mes grands et petits bonheurs en sachant que l'oreille qui m'écoute n'est là que pour moi. Oui je m'ennuie de n'avoir personne avec qui aller magasiner pendant toute une journée en achetant pas grand-chose mais en jasant en masse par contre. Oui je m'ennuie de ne plus avoir celle qui me défendait contre vents et marées, peu importe que j'aie raison ou non. Ouais. Depuis 1997, ma maman n'est plus là pour me donner ses recettes. Elle n'est plus là pour me donner ses conseils. Elle n'est plus là pour me raconter son histoire, pour me dire comment ça se passait quand elle était jeune. C'est là qu'on regrette de ne pas avoir bien écouté. Parce qu'on pense qu'on a tout le temps.

Et je réalise aussi que ça fait longtemps que je n'ai pas été une enfant. Pas été insouciante. Parce qu'elle était là ma mère pour s'occuper de moi et que je n'avais pas à être responsable de tout. Mais un jour, tout a basculé. Je suis revenue de l'hôpital et je n'avais plus de mère. Le choc. Le vide. J'ai mis beaucoup, beaucoup de temps à faire le deuil. J'ai pensé que je ne me remettrais jamais de cette perte. Mais les années passent quand même. Et il faut bien avancer. Comment ai-je pu simplement croire que j'avais oublié l'odeur de l'enfance, le bonheur tout simple d'être la fille de ma mère? Je me rends compte maintenant à quel point il y avait de la légèreté dans mon âme quand je racontais cet instantané de jeunesse. Comme cela m'a fait du bien de prendre conscience que la petite fille était encore là.

Heureusement qu'il y a la crème glacée pour ramener les souvenirs. Pour me rappeler que je serai toujours la fille de ma mère.

lundi 25 mars 2019

Je ne vois rien, je n'entends rien, je ne dis rien



Je ne vois rien

Samedi soir. Rue Rideau. Il gît au sol. Sur de la glace. Les gens passent mais ne le remarquent même pas. Sauf deux jeunes filles qui s'arrêtent devant lui. L'une d'entre elles lui parle fort. Elle lui demande si ça va. Elle veut qu'il se lève. Mais lui, l'anonyme de la rue, ne bronche pas. On dirait qu'il est mort. Un jeune homme qui venait de nous demander de l'argent il y a quelques minutes à peine nous dépasse rapidement mais prend quand même le temps de marmonner : "Il est là depuis un bout." L'Homme et moi sommes sidérés. Ainsi, cet homme avait été vu. Pas assez cependant pour que quelqu'un ait envie de réagir et de lui offrir de l'aide. Jusqu'à l'arrivée des deux samaritaines qui ont joint les services d'urgence. Bientôt nous entendons les sirènes de la police, puis de l'ambulance. Il sera emmené pour recevoir les soins appropriés mais nous savons bien qu'il sera aussi retourné à la rue dès qu'il aura repris un peu de mieux. Nous le savons parce que nous avons déjà vécu cette situation avec d'autres amis de la rue. C'est presque toujours le même scénario. Les poqués, on ne les veut pas trop longtemps aux urgences. Ils puent, ils ne veulent pas s'aider, ils parlent de façon incohérente, ils n'appartiennent pas à l'atmosphère aseptisée des services hospitaliers. Notre ami M. nous a raconté avoir été remis sur la route en plein hiver, sans même avoir son manteau sur le dos puisqu'il était arrivé en ambulance et que ses vêtements étaient restés chez lui. Il a dû marcher pour retourner à la maison. Ça te donne tout un coup de fouet le vent glacial de janvier.

Je n'entends rien

Toujours samedi soir. Toujours rue Rideau. Nous voici maintenant devant le magasin la Baie d'Hudson. Il émet une toute petite plainte quand nous passons devant lui. Juste assez fort pour qu'on se retourne. Il est couché sur son maître qui l'a enveloppé d'une couverture. Il nous regarde avec ses beaux grands yeux d'ami fidèle, prêt à mourir de froid s'il le faut pour accompagner celui qui a tant besoin de lui. Des gens ont laissé de la nourriture pour lui. D'autres des sous pour son maître. L'Homme et moi sommes une nouvelle fois interpellés au plus profond de notre âme devant ce spectacle désolant. Nous fouillons frénétiquement dans nos poches pour chercher de la monnaie. Dans mon sac à main, se trouvent les trois paquets de chocolats que je viens d'acheter pour ajouter aux desserts que je fournirai à Itinérance Zéro ce mercredi. J'en prends un et le tends au propriétaire du gentil chien en me disant que c'est définitivement pas grand-chose comme aide mais, bon, je ne peux pas me cantonner dans l'indifférence et faire semblant que tout va très bien Madame la Marquise et qu'on déplore un tout petit rien. Non, vraiment pas.

Je ne dis rien

Voilà qu'arpenter la rue Rideau un samedi soir pour se rendre au Centre national des Arts devient un véritable parcours du combattant. À quelques pieds du Château Laurier, nous croisons un jeune couple adossé à un muret de ciment. La fille est emmitouflée dans un sac de couchage et semble frigorifiée. Faut dire qu'il fait froid et qu'il vente à écorner les boeufs. Couchée sur le trottoir, elle doit effectivement avoir l'impression d'être sur une banquise. Un deuxième sac de chocolats disparaît. En même temps que ma foi en l'humanité. Nous continuons d'avancer envers et malgré tout et nous arrivons maintenant devant l'entrée principale du Château juste à temps pour voir des voitures débarquer de superbes femmes en robes longues et talons aiguilles accompagnées de leurs chevaliers servants en habit cravate. Le contraste est frappant. C'est à la fois irréel et choquant comme spectacle. Il suffirait aux clients de l'hôtel de tourner légèrement, très légèrement la tête pour apercevoir un tout autre monde que celui dans lequel ils vivent. Et, tant qu'à y être, il nous suffirait à toutes et à tous d'ouvrir les yeux, de prêter l'oreille et de crier haut et fort notre révolte devant tant d'injustice, de misère et d'inégalité.

Un repas à la fois

Hier après=midi. Dans le garage mal chauffé d'une ancienne caserne de pompiers. Assis sur des chaises pliantes qu'ils ont apportées de chez eux, les bénévoles d'Itinérance Zéro sont réunis. Pendant près de trois heures, ils écouteront différentes personnes parler du fonctionnement de cet organisme exceptionnel. Les statistiques sont éloquentes. Les besoins sont criants et ils ne vont pas en diminuant. C'est plutôt l'inverse qu'on observe. J'ai probablement ranimé le virus du rhume dont je m'étais presque débarrassée en me gelant le derrière sur ma petite chaise en plastique mais comme j'étais fière de faire partie de ce groupe qui fait une véritable différence dans la communauté. Tous ces gens un peu fous qui donnent temps et argent (ben oui) pour cuisiner les 1 000 repas servis chaque mois, pour trier les vêtements chauds qui sont donnés afin qu'ils soient redistribués, pour écouter et accompagner les personnes qui osent vaincre leur gêne et se rendre au motorisé. Je me suis même sentie émue en observant ces citoyens de tous âges déterminés à poursuivre la mission d'Itinérance Zéro. Ainsi, il est donc possible de voir le Mal, d'entendre le Mal et de dire le Mal sans pour autant s'en imprégner mais plutôt avec l'objectif ultime de faire triompher le Bien. En tout cas, cuisiner des desserts me calme et apaise un peu ma colère devant l'individualisme crasse qui nous entoure. Me transformer en pâtissière effrénée me permet de vaincre l'impuissance qui m'envahit régulièrement devant la détresse des plus démunis. Mais je ne peux éviter la tristesse devant le manque d'empathie évident dont nous faisons preuve comme société.

"Aime ton prochain comme toi-même", c'est plus vrai que jamais.