mercredi 29 juillet 2009

Rendre grâce

Vous le savez maintenant, car la Fille l'a décrété : j'ai du mercure dans les veines. Par conséquent, ces jours pluvieux qui se suivent me rentrent forcément dans le moral. Ainsi, hier, j'ai été incapable d'aller marcher. Pas à cause de la pluie. Non, pour une fois, ces pleurs qui n'en finissent plus de nous noyer se contenaient dans leurs nuages. Je ne suis pas allée marcher parce que je sentais que mon corps ne le prendrait pas. J'avais la machine à plat. Je crois que c'est le manque de lumière. Je peux sans problème me passer de la chaleur et du soleil, mais pas de la lumière. J'en ai besoin. Je me suis donc écoutée. Je crois que le repos m'a fait du bien surtout que je recommence à sentir la petite douleur qui me tenaillait sous le pied droit il n'y a pas si longtemps de ça.

Mais aujourd'hui, allez savoir pourquoi, tout avait changé. Sauf la pluie, bien sûr, qui s'était déversée abondamment pendant la journée. Comme les nuages doivent quand même eux aussi prendre une pause pour refaire le plein de temps en temps, j'avais droit à une éclaircie à mon retour du bureau. Cette fois, la machine voulait. Elle voulait à un tel point que je n'en revenais pas. J'ai enfilé mes espadrilles aussi vite que je l'ai pu avant que le corps ne change d'idée.

Et j'ai eu un entraînement comme je n'en n'avais pas eu depuis belle lurette. Malgré la chaleur et l'humidité. Cette humidité caractéristique de la région de l'Outaouais qui fait dire à la soeur Psy, quand elle me rend visite pendant l'été, qu'elle voit des poissons passer dans l'air. Je sais, je sais, on pourrait ici facilement dire que la soeur Psy a des hallucinations mais on se retiendra de poser un diagnostic de façon trop précipitée sous peine de voir débarquer le Collège des médecins et tout son bataclan.

Il faisait donc très humide. En fait, je sentais littéralement les gouttelettes d'eau sur mon visage et sur mes bras pendant que je marchais. On aurait dit un bain sauna. C'est sûr, cependant, qu'à la mi-parcours, ce n'étaient plus des gouttelettes d'humidité que je sentais mais bien ma sueur. Ce n'est pas grave. Mes muscles, justement à cause de la chaleur et de l'humidité, étaient huilés à la perfection et ils fonctionnaient à plein régime. Pas de grincement. Pas de friction. Seulement la merveilleuse sensation de se dépenser, de faire sortir le méchant. Et la bulle qui tenait et retenait les pensées. J'ai fait l'effort conscient de rester là, sur le trottoir, dans le moment présent. Pour toutes les minutes où j'y suis arrivée, je rends grâce de la paix qui m'a alors habitée. Je nous la souhaite plus souvent cette paix intérieure, ce repos des pensées qui s'entrecroisent sans arrêt. Moi quand j'arrive à la trouver entre deux foulées, je la savoure pleinement. À vous d'en faire autant!

lundi 27 juillet 2009

Pour faire tourner un ballon sur son nez

Bon, bon, je déteste quand vous, supposément amis lecteurs, me faites la leçon et avez raison! Ceci s'adresse bien sûr à Marf qui a osé remettre en doute mes nobles intentions maternelles de liberté (voir son commentaire dans le message précédent).

Évidemment que je me suis déjà procurée un autre ballon rempli d'inquiétudes, d'angoisses, d'idées noires et d'anxiétés de toutes sortes. Et pourquoi me demandez-vous? Parce que la Fille "is on the road again". C'était trop beau de l'imaginer, pour son dernier mois à BiCi, bien peinarde dans un endroit qui a des murs, en train de socialiser avec une amie plutôt qu'avec les rats des champs et parcourant les rues d'une grande ville au lieu des sentiers étroits et boueux des champs de la vallée de l'Okanagan. Mais l'aventure champêtre, justement, elle en voulait encore. Je vous laisse lire vous-même ce qu'elle m'annonçait dans son courriel d'aujourd'hui :

"L'étendue des champs, la tranquillité des vergers ainsi que la générosité et la bonne humeur des habitants de petites villes comme Osoyoos et Penticton me manquent terriblement. C'est pourquoi j'ai décidé d'y retourner, carrément. Le fourmillement continuel et ce monstre géant qu'est la consommation à Vancouver m'ont un peu filé la trouille."

Alors, comme la lépreuse, je reprends mon grabat et marche sur mon chemin de Damas où je suis certaine de rencontrer d'autres mères errantes comme moi, désespérées de pouvoir jouir un jour d'un repos amplement mérité.

Je m'adresse donc à vous, enfants de tous âges qui, forcément avez une mère. Essayez donc de penser de temps à autre à soulager cette pauvre hère du fardeau dont on s'entend qu'elle s'est elle-même chargée à cause de vous et de votre insouciante jeunesse!

Je me calme. J'ai quand même choisi pour mon nouveau parcours de condamnée un ballon plus petit que celui que j'avais depuis que la Fille était entrée dans ma vie. J'imagine que je vais arriver plus facilement à le laisser flotter de temps en temps ou, pourquoi pas, à le faire tourner sur mon nez en signe de bravade : "Oui, oui, je suis capable de vivre sans penser continuellement à toi".

"Ayoye, je viens de recevoir le ballon dans l'oeil!"

vendredi 24 juillet 2009

Lâcher prise

À la Fille

Est-ce que vous voyez cet énorme ballon dans le ciel? Il est rempli des années d'enfance de la Fille, de tous ces moments où je l'ai embrassée, minouchée, entourée et, surtout, protégée. Eh! bien, c'est fini tout ça. Pas les gros becs sur les joues ni les étreintes chaleureuses. Mais la volonté de lui épargner à tout prix les embûches et les coups durs en jouant le rôle de bouclier, oui, ça c'est maintenant du passé. J'ai largué la dernière amarre de ce gros ballon de protection maternelle ce midi.

Vous l'avez sans doute deviné... la Fille m'a appelée au bureau. Ça faisait exactement une semaine et cinq jours qu'elle ne nous avait pas donné signe de vie. Elle se porte à merveille. Elle habite maintenant à Vancouver chez une amie de la région qui s'est trouvée un emploi au gouvernement de BiCi pour l'été. Le projet de la Fille d'ici son retour à la maison dans un mois : se trouver un emploi dans la grande ville, peut-être même dans un musée.

Je l'écoutais me parler avec passion de ses expériences nouvelles et je la voyais grandir devant moi. Elle semble si sûre d'elle... en pleine possession de ses moyens. Je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire à quel point j'étais fière de la voir aussi débrouillarde et organisée. Je lui ai même avoué, avec un peu de regret dans la voix quand même, que je ne pourrai plus lui demander de me rendre des comptes désormais. Ce serait trop injuste puisqu'elle est devenue une adulte à part entière.

Vous connaissez la Fille. Elle m'a répondu : "Je suis une Big Girl, maman". C'est bien vrai, et ce, à tous les points de vue. Mais pour moi tu resteras toujours dans mon coeur mon bébé Fille.

Allez! Bonne fin de voyage!

mardi 21 juillet 2009

L'odeur des vacances, c'est plus fort que tout

... et je m'y suis laissée prendre encore une fois. Pourtant, cela fait déjà quelques années que je pars après tout le monde, soit au mois de septembre. Je suis donc habituée à voir les gens fatigués partir et revenir tout ragaillardis après deux ou trois semaines de repos.

Au début de l'été, j'affiche la plus grande indifférence quand je les vois quitter. Je me dis que mon tour s'en vient et qu'en attendant je vais pouvoir profiter des autobus vides et de la tranquillité du bureau. Et c'est ce que je fais. Je me sens quand même un peu en vacances parce que la machine gouvernementale fonctionne au ralenti et que cela me donne le temps de me rattraper dans mes dossiers. Le matin, malgré le beau temps, cela ne me dérange pas de me lever pour aller travailler. C'est agréable d'aller prendre l'autobus quand ça sent bon les fleurs et l'herbe coupée. Et puis les soirées sont longues et cela me laisse le temps de faire encore pas mal de choses après le bureau.

Puis arrive juillet. Il y a encore plus de gens en vacances et, peu à peu, l'ennui s'installe au bureau. Il y a d'abord ceux et celles qu'il faut remplacer. C'est déjà un premier ennui ça de prendre les dossiers des autres. Des dossiers qu'on ne connaît pas toujours bien et qu'on doit saisir en plein milieu de leur histoire. Et on ne peut compter sur personne pour nous donner le fin mot de l'histoire en question. Pourquoi? Parce que tout le monde est en vacances! Le deuxième ennui est provoqué par l'effet d'entraînement. Plus il y a de gens en vacances, moins il y a de gens qui travaillent. Et moins il y a de gens qui travaillent, plus on a le goût d'aller rejoindre les gens qui sont en vacances. Vous ai-je perdu sous un parasol en train de siroter une limonade au bord de la mer? Oui!!!! Eh! bien, allez vous faire foutre.

Et voilà ce qui arrive avec le début du mois d'août : la frustration de ne pas être en vacances. C'est là qu'on se frappe parfois la tête contre le mur en se disant qu'on ne se rendra pas jusqu'au mois de septembre. C'EST TROP LOIN! Et la raison de ce soudain découragement, il faut bien l'avouer, c'est que la fatigue de toute l'année commence sérieusement à nous peser. C'est là qu'on comprend la nécessité de prendre une pause pour récupérer un peu.

Vous avez sans doute compris que c'est là où j'en suis. Je dois maintenant compter sur mon deuxième souffle pour me rendre à la ligne d'arrivée. Et un conseil en terminant qui s'adresse plus particulièrement au Pusher : il faut arriver à réaliser tout cela sans envoyer chier personne! C'est difficile mais cela nous garantit un séjour au soleil plutôt qu'à l'ombre...

lundi 20 juillet 2009

L'acte manqué

Je le savais. Je sentais que c'était pour arriver. Moi qui suis réglée comme l'horloge Big Ben, moi qui suis aussi organisée qu'un carnet de bal du 19e siècle, moi qui ai une mémoire habituellement infaillible, j'ai réussi à oublier l'heure du rendez-vous que j'avais pris pour rencontrer un planificateur financier féminin ou, si vous préférez, Mme Signe de piastre.

C'était écrit dans le ciel. Je n'aime pas les chiffres. Et je vois bien qu'ils ne m'aiment pas non plus. C'est sûr que c'est à cause d'eux que j'ai souffert de cette aberration momentanée. J'imagine que c'est parce que j'ai dû me casser la tête hier soir pour me préparer pour cette rencontre que les chiffres ont provoqué un court-circuit dans mon cerveau. Ce ne peut être que ça.

Ou encore c'est ma réticence à ras l'épiderme qui a entraîné un coma passager. Je me suis réveillée, mais trop tard. Une demi-heure trop tard. Quand je pense que je répétais à l'Homme depuis deux jours qu'il ne fallait pas oublier ce rendez-vous. Et je lui répétais l'heure erronée comme s'il s'agissait de la vérité absolue. Nenni! Je me gourais et pas à peu près.

À cause de mon étourderie, j'ai dû subir l'humiliation de me faire demander par la réceptionniste de la banque : "Êtes-vous certaine que vous devez rencontrer Mme Signe de piastre à 15 h 30?". "C'est à moi que vous demandez ça? S'il y en a une ici qui sait ce qu'elle fait c'est bien moi. Si vous vous adressiez à l'Homme, ce béat compagnon, ce serait différent. Il est tellement distrait. Il oublie tout. Allons, allons, vérifiez votre agenda électronique. Je crois qu'il est atteint d'un gros bug informatique. Si vous voulez, j'appelle le Fils et il vous explique tout ça. Quoi! Qu'entends-je? Mme Signe de piastre a quitté pour la journée sans même daigner nous attendre. Si elle pense que je vais lui confier mon précieux portefeuille après un tel affront, elle se met le doigt dans le coffret de sûreté et ce n'est pas peu dire. Vous me suggérez de la rappeler pour fixer une autre rencontre. Je ne vous dis qu'une chose : je vais y penser deux fois plutôt qu'une car je viens de vivre un sérieux bris de confiance juste là, sur votre beau fauteuil rouge tout droit sorti de l'affiche qui orne le mur derrière vous". Mais je m'égare. Je remercie poliment l'aimable mais erronée préposée et je quitte cet endroit tout imprégné de la senteur des billets verts en espérant ne pas y remettre les pieds avant quelque temps.

Une fois rendue dans la voiture, j'avoue à l'Homme que je ne suis plus certaine tout à coup de l'heure de ce fameux rendez-vous. Je me décide donc à ouvrir mon agenda non électronique pour constater que j'ai écrit à la main que la rencontre devait avoir lieu à 15 h! Hon! Que faire maintenant? Comme j'ai toujours besoin de consulter Mme Signe de piastre, je me résous à la rappeler pour faire amende honorable et m'excuser bien bas.

Nous devons la revoir en août... si les dieux de la finance sont de notre bord!
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Notes pédestres et horticoles : Comme il faisait chaud, j'ai marché plus tard. C'était très supportable grâce à l'ami Éole qui envoyait une brise rafraichissante. Et j'ai un nouveau pot de fleurs en ciment qui m'a été offert par l'Homme cet après-midi. Il trône maintenant (le pot, pas l'Homme) à côté des deux autres sur le balcon resurfacé du Pusher que j'aime toujours autant (le balcon, pas le Pusher). J'arrête là car vous ne suivez plus, c'est évident!!!

dimanche 19 juillet 2009

Calepin d'une marcheuse urbaine

Notes émotives
Alors la vie, tu as vraiment décidé de me faire chier encore une fois. Non seulement je dois apprendre à vivre dans l'inquiétude quasi-constante de savoir la Fille à l'autre bout du pays voisin, mais voilà que je suis maintenant appelée à accepter le fait que mon papa est malade. Il est encore trop tôt pour savoir si c'est grave ou non. C'est assez sérieux cependant pour envisager presque à coup sûr le passage sur la table de billard. Je sais, je sais. Ainsi vas-tu, toi la vie. Chaque fois que l'on s'installe un peu trop bien sur notre bonheur que l'on sait quand même éphémère, c'est immanquable, tu nous envoies la tuile sur la tête (quand ce n'est pas carrément le bloc de béton!). Il ne faudrait surtout pas penser que l'on a droit au long fleuve tranquille. Que non! Il faut emprunter les rapides, naviguer dans les eaux tumultueuses et résister aux intempéries. Tout ça est fait, paraît-il, pour nous permettre de relever des défis, de nous dépasser et, surtout, de nous préparer aux adieux. Je crois que c'est à ce moment-là que l'on prend la croisière sur le long fleuve tranquille...

Que faire donc? Marcher plus vite que jamais pour échapper pendant quelques instants à l'inévitable. Mais surtout marcher pour faire sortir la colère et la peine afin d'éviter qu'elles n'éclatent à l'intérieur et qu'elles fassent trop de dégâts. C'est donc ce que j'ai fait ce matin.

Notes pédestres
Comme d'habitude, user mes semelles sur le trottoir m'a permis d'anesthésier quelque peu mon cerveau. J'ai même été surprise de constater que la bulle tenait assez bien le coup. Il faut dire que la température était très agréable. J'aime marcher quand il y a du vent car l'ami Éole se révèle particulièrement efficace pour chasser les mauvaises idées. On peut sans crainte lui confier nos pensées négatives pour qu'il se charge de les amener loin de nous.

J'étais surtout heureuse de sentir la machine corporelle répondre énergiquement à mon besoin de laisser échapper de la vapeur. Le metal jouait à fond dans mes écouteurs et je n'ai eu qu'à marcher en étant portée par le rythme endiablé et révolté de cette musique qui, je le répète, me va droit au coeur... en passant par les tripes.

Notes horticoles
Quel autre outil ai-je dû sortir de la boîte pour prendre soin de moi? Le jardinage. Et je m'y suis donnée à fond en dépassant peut-être un tantinet les bornes. En effet, je ne crois pas que c'était une si bonne idée que ça de transporter une dizaine de pierres qui restaient de la construction du Petit Muret de Gatineau pour les disposer dans l'entrée afin d'y mettre d'autres pots de fleurs. Mais je l'ai fait quand même car je voulais voir tout de suite l'effet. Je n'avais donc pas le temps d'attendre après l'Homme. Je suis contente du résultat. Et j'ai un peu mal au dos et au cou. Qu'importe... il faisait tellement beau. C'était tranquille. J'entendais seulement les oiseaux qui chantaient à pleine gorge et les branches de l'érable qui bougeaient selon les caprices de l'ami Éole. Je me suis nourrie l'âme.

Notes félines
Les deux chattes de la maison ont entamé les premiers pourparlers de rapprochement aujourd'hui. C'était adorable de voir Mignonne pousser ses petits cris de chaton devant la Reine-Marguerite pour la convaincre qu'elle était totalement inoffensive. Cela a assez bien fonctionné puisque Mignonne a réussi à se hisser sur le divan tout près de la Reine qui, évidemment, lui jetait des regards méprisants en poussant des cris pas trop invitants. Mais Mignonne a été parfaite. Elle a continué son numéro de charme en se roulant sur le dos et en poussant ses miaulements plaintifs et soumis. Finalement, la Reine en a eu assez et elle a quitté d'un air dédaigneux. Mais, au moins, elle a passé une bonne partie de la journée sur le même étage que la nouvelle venue. C'est encourageant.

Notes de la fin
J'oublie de vous dire que j'ai terminé la journée en cuisinant du chou-fleur gratiné, des courgettes farcies à l'agneau et un pain aux courgettes. Est-ce que la soeur Psy dirait que je souffre d'hyperactivité??? En tout cas, moi je sais que je suis maintenant assez épuisée pour aller faire dodo. Allez, bonne nuit, beaux rêves et, comme le dit mon papa, pas de puces, pas de punaises!

vendredi 17 juillet 2009

Une vraie vie de chien

Aujourd'hui, je suis allée chez le vet avec l'Ami. Cela m'a permis d'apprendre notamment que l'Ami n'avait jamais encore pénétré dans un bureau de vétérinaire. C'était donc une première pour lui. Je crois qu'il a surtout apprécié le fait qu'on lui ait permis de repartir sans le vacciner!!!

Trève de plaisanterie. J'y ai aussi vécu un grand choc : Mignon est en fait Mignonne! Ça veut dire qu'au retour de la Fille, l'Homme devra vivre avec quatre femelles. Il n'a pas fini d'en baver.

Et j'ai décidé, après avoir pris connaissance d'une trousse d'information dans la salle d'attente que, si réincarnation il y a, je reviendrai en chien ou en chat de luxe pour pouvoir me payer un séjour à l'hôtel Balto à Vaudreuil, près de Montréal. Je pourrai choisir le forfait Sportif et avoir droit à une promenade dans le parc, ou encore le forfait Détente et me faire donner un bain moussant, ou encore mieux le forfait Relaxation et me laisser pétrir le pelage au cours d'un massage. Si je m'ennuie trop pendant le jour, je pourrai décider de m'y faire garder et de profiter d'un programme complet d'activités : jeux et périodes de câlins, seul ou avec d'autres. Les chambres sont confortables et équipées d'une télévision et d'un système de caméra numérique qui permet de voir en tout temps ce qui s'y passe. Et que dire de la satisfaction de mes papilles gustatives! À l'hôtel Balto, il est possible de choisir ce que l'on veut manger : morceau de cheddar ou demi-tranche de pain de blé pour le petit déjeuner, filet mignon, poulet ou poisson du jour poché à l'aneth pour les autres repas.

C'est sûr que c'est un peu cher : 4 000 $ par année si j'adopte l'établissement comme garderie. Je trouve quand même que je vaux bien ça. Il y a, je le sais, plein d'animaux errants, comme Mignonne, qui n'ont pas ma chance. Et je ne m'attarderai pas ici aux milliers d'enfants qui meurent de faim chaque jour un peu partout dans le monde. C'est bien dommage pour ce beau monde mais dans la vie, c'est au plus fort la poche!
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Notes pédestres : Merveilleux petit matin pour l'entraînement. J'avais l'énergie à son maximum et j'ai emprunté le long trajet, donc deux fois les escaliers!

mercredi 15 juillet 2009

Faites vos jeux... rien ne va plus

L'enfer du jeu... j'y ai succombé sans trop m'en rendre compte, et l'Homme avec moi. Tout est arrivé si innocemment. Nous allions rendre visite à Belle-maman qui loge maintenant dans un de ces centres pour vieux où l'on vous fournit soins et clowns (si vous n'avez pas de soins, vous pouvez toujours en rire!). Nous avions eu l'idée de la sortir dehors pour lui faire respirer un peu d'air frais. Évidemment, dès que nous sommes arrivés à la porte, des gouttes de pluie ont commencé à tomber. Légèrement découragés (après tout, nous avions promis à Belle-maman que nous avions l'intention de l'enlever pour l'emmener loin des amuseurs publics), nous avons dû rebrousser chemin et retourner dans l'antichambre du dernier repos. Comme nous nous refusions à nous retrouver sur son étage dans le petit salon où l'on parque les vieux devant une télé qui présente n'importe quoi à un public captif totalement désintéressé, nous avons pensé nous diriger vers le grand salon. C'est beaucoup plus gai. Et il y a surtout plus de place pour manoeuvrer chaises roulantes et marchettes.

Nous aurions dû nous douter en voyant la salle anormalement remplie de vieux installés à des tables que nous venions de franchir les frontières d'un monde interdit. La Manitou responsable de cette cérémonie machiavélique nous a tout de suite repérés comme des proies nouvelles à enrégimenter. Sans formalité aucune, elle nous a tendu les cartes en nous disant : "Vous arrivez juste à temps. Nous allions commencer. Vous pouvez même aider Belle-maman à entrer dans le cercle infernal." Comment s'échapper? Tous les yeux étaient braqués sur nous. Il était trop tard pour faire marche arrière (de toute façon, le fauteuil gériatrique de Belle-maman ne se tourne pas sur un trente sous!). Nous avons donc pris place.

Heureusement, oui heureusement que nous ne sommes pas arrivés après le début de la cérémonie. Une petite vieille l'a fait et elle a été apostrophée de verte façon : "C'est Mme L., la retardataire. À cause d'elle, on ne commence jamais à temps. Elle ne devrait pas avoir le droit de jouer". Et voilà la charité chrétienne qui venait de prendre le bord. Il faut dire que j'ai expérimenté la même franchise brutale en voulant inviter une joueuse à prendre le fauteuil vide à côté de moi. "Venez vous asseoir ici", lui ai-je sussuré de mon ton le plus aimable. "C'est sûr que je vais m'asseoir, je ne vais quand même pas rester deboutte toute la journée". Et elle s'est assise.

Je vous passe ici les longues négociations qui ont présidé au choix des places de chacun des joueurs. Voici tout de même un extrait des litanies qui les accompagnaient : "Je ne veux pas m'asseoir là, ils vont chialer". "Si je ne peux pas être à la table de Mme T., je retourne dans ma chambre". "Pourquoi est-ce que je changerais de place? Les noms ne sont pas inscrits sur les sièges". Et je vous épargne les tergiversations des joueurs qui hésitaient à débourser le montant qui donnait droit à deux cartes, soit l'impressionnante somme de vingt-cinq sous!

Enfin, nous sommes prêts. La Manitou prend son micro et annonce les numéros. Tout le monde est archi-concentré. L'Homme et moi nous faisons même avertir parce que nous parlons à Belle-maman. Sidérés devant la sévérité du règlement, nous nous taisons. Il faut dire que l'on comprend la nécessité du silence devant l'ampleur des trous de mémoire des participants qui demandent régulièrement à la Manitou de répéter les numéros et les règlements. Après plus d'une heure de jeu, nos pertes se chiffraient à cinquante sous. Nous avons décidé de quitter avant qu'il ne soit trop tard. Il fallait quand même se garder un peu d'argent pour mettre de l'essence dans l'auto pour revenir à la maison.

J'ai eu chaud, car il s'en est fallu de bien peu pour que l'Homme et moi soyons obligés de subir une cure de désintoxication. Je vous le dis, on se fait rapidement prendre par l'appât du gain!
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Notes pédestres : Ces temps-ci, je vibre sur la chanson Burning Eden de Carnal Forge. Vous n'y échapperez pas. Voici l'extrait :

All must come to an end
To be reborn in a different time and place
What comes around goes around...
Everything happens over and over again
My future is colored by the blood red hands of time
Confess your sins try to save your blackened soul
But I guess you'll never... learn!

lundi 13 juillet 2009

Quand Belzébuth devient Mignon et que la Fille se transforme en Reine de l'emballage

Un court blog pour les lecteurs fidèles adeptes de mes multiples aventures. D'abord, ce fameux petit chat noir. Une amie du bureau m'avait prêté vendredi dernier une cage supersonique qui permet de capturer les éléments de la faune en péril. De retour de Montréal ce soir, l'Homme a installé ledit piège. Je dois préciser que le petit chat noir était toujours là. Dès que je me suis mise à miauler, il est venu sur le balcon. Environ une demi-heure plus tard, il se retrouvait dans la cage en état de complète panique. Le petit chat s'était transformé en fauve. Il miaulait tellement fort qu'on aurait dit qu'il était en train de subir des tortures extrêmes. J'ai entré la cage dans le portique. J'ai laissé le fauve se calmer un peu les nerfs. J'ai ouvert doucement la porte et il est sorti. Vous auriez dû le voir grimper littéralement au cadre de la porte pour tenter de s'échapper. Il faisait tellement pitié à regarder dehors par la grande porte vitrée. Il voyait les plantes qu'il connaît si bien et ses buissons chéris mais, soudainement, il se trouvait derrière le miroir. Je crois que c'est une sensation pas très agréable.

J'ai décidé de m'asseoir et de lui parler. Je lui ai présenté les plats de nourriture. J'ai gratté dans la litière. J'ai tenté de jouer avec lui. Comme il n'arrivait pas à se décider à m'approcher, je me suis avancée pour le prendre. Ce fut fait avec une lenteur étudiée et dans un silence parfait. Il s'est laissé faire. Il est encore très nerveux mais je l'ai pris un très long moment assise sur le divan dans le salon. Et c'est là que j'ai décidé qu'il était trop adorable pour être un Prince des ténèbres. Mignon est-il donc devenu. De plus, je trouve approprié que la Reine-Chatte Maggie puisse avoir son Mignon à la cour. Ne reste à souhaiter qu'elle accepte le nouveau venu et que ce dernier ait un caractère très, très, mais vraiment très soumis.

Parlons maintenant d'insoumise. La Fille nous a appelés hier soir chez le Fils. D'après ce que j'ai cru comprendre, elle en est à son troisième emploi. Elle travaille depuis deux jours dans une usine où l'on emballe les cerises. Elle a donc laissé l'arbre pour la chaîne de montage. Il paraît que c'est mieux payé et, comme vous devez vous en douter, fort ennuyant!

Elle en a profité pour nous donner quelques détails sur les nombreuses rencontres qu'elle fait. Ça a l'air que tout le monde parle à tout le monde à BiCi. C'est fantastique! Ne reste à souhaiter que tout ce beau monde soit animé de pures et bonnes intentions...
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Notes pédestres : J'étais sur mon parcours montréalais ce matin. Avant la pluie. Avant le froid. J'ai rencontré plein de cyclistes, quelques coureurs, deux ou trois patineurs et des marcheurs de chiens.
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Et, pour garder en suspens votre appétit littéraire, je vous reparle demain de la façon dont j'ai succombé à l'enfer du jeu!

mercredi 8 juillet 2009

Quand Belzébuth, le Prince des ténèbres, fait rager le Petit Prince

Vous l'aurez sans doute deviné, Belzébuth, c'est le petit chat noir. Quand on est rendu à donner un nom à ce qu'on veut apprivoiser, on a franchi, ma foi, un pas de plus vers la dépendance.

Aujourd'hui, j'ai travaillé pas mal fort pour prouver à Belzébuth que la race humaine n'est pas si pourrie que ça. J'avoue quand même que c'est tout un défi à relever. D'abord, au retour du bureau, devant les voisins médusés, je me suis mise à miauler en face des buissons espérant que Bel (déjà un diminutif!) y soit toujours. Il y était. Le voilà qui me répond à son tour et nous entamons alors un dialogue félin-humain plutôt comique. Peu importe. Bel s'approche et commence à manger. Cette fois, j'avais décidé de m'asseoir sur les marches pour être plus près pour l'attraper. Mauvaise idée. Dès que j'ai esquissé le début d'un semblant de geste vers lui, Bel s'est sauvé à la folle épouvante se faufilant à toute vitesse sous le balcon de mes voisins honnis qui se sont empressés de s'offusquer du passage de la bête minuscule.

Je ne l'ai plus revu jusqu'à la brunante. Je commençais même à désespérer et regrettais mon geste impulsif et beaucoup trop rapide pour une relation encore à ses premiers balbutiements. Mais l'Homme, qui surveillait la galerie de son fauteuil dans le salon en écoutant du Chopin joué par un accordéoniste, me pousse soudain un cri : "Vite, il est là ton fameux chat!" (c'est sa façon bien à lui de me laisser savoir à quel point il aime déjà Bel). Je me précipite pour voir Bel nez à nez avec Maggie, la chatte-reine, avec seulement la porte vitrée qui les sépare. Je me dis que cette fois je ne ferai pas de geste intempestif. Je lui apporte donc un bol de nourriture en boîte. Dès que j'ouvre la porte, il s'éloigne mais il revient vite quand je miaule pour l'appeler. Je me rappelle ensuite avoir lu quelque part que l'on pouvait attirer des petits chats "sauvages" avec un jouet. Aussitôt je me mets à la recherche des jouets de Maggie. Je trouve une souris et un ressort de plastique. Et ça marche. Bel est immédiatement fasciné par les bébelles. Il effectue plusieurs va-et-vient entre l'entrée et la galerie. Il me regarde avec ses petits yeux verts curieux. Finalement, je décide carrément d'entrouvrir la porte et de m'asseoir sur le seuil. J'arriverai presque à le saisir mais je ne suis pas assez rapide et il m'échappe encore une fois. Avant d'abandonner pour la soirée, je suis capable de le regarder manger tout près de moi, de le faire ronronner et même de toucher le bol de ma main sans qu'il s'éloigne.

Ouf! C'est vraiment épuisant de jouer au Petit Prince. J'ai eu peine à me relever à la fin de cette séance d'apprivoisement. J'espère maintenant qu'il survivra à une autre nuit et à une autre journée tout seul dehors.

Avant de vous laisser, fervents amateurs d'aventures dans le monde sauvage, je vous donne des nouvelles fraîches de BiCi. La Fille-Cueilleuse de Berries avait laissé un message sur le répondeur. Sa voix était vraiment très bonne. Elle nous apprenait qu'elle venait de se laver pour la deuxième fois depuis son départ et que ça faisait du bien (Vraiment? Voilà qui est difficile à croire!), qu'elle travaille pour des Indiens qui sont très gentils et qu'elle s'est fait plein d'amis. Bref, tout va bien, même la température à ce qu'il paraît. Non, mais, je vais dormir mieux ce soir, croyez moi!

mardi 7 juillet 2009

Jouer au Petit Prince

Apprivoiser un petit chat noir, ce n'est pas chose facile. Il était là encore ce soir. J'ai usé de ruse pour tenter de m'en approcher mais en vain. Je l'ai poursuivi dans les cèdres en avant de la maison. Il a grimpé encore plus haut. De guerre lasse, j'ai abandonné.

Une demi-heure plus tard, il était de retour. Il miaulait comme un petit minet qu'il est. J'ai tenté une nouvelle approche. Sans grand succès. J'ai ouvert une autre boîte de nourriture. J'ai laissé la porte entr'ouverte espérant je ne sais trop quoi. Peut-être qu'il me ferait confiance et qu'il entrerait tout bonnement dans mon salon. Peine perdue.

Le voilà qui repart en continuant de miauler. Je me décide à miauler à mon tour. Il me répond. Et je fais de même. Ce manège a bien duré une bonne heure. Dès que j'arrêtais de lui répondre, il recommençait à miauler. On aurait dit qu'il voulait s'assurer que j'étais toujours là. À un moment donné, j'ai décidé de m'asseoir carrément dans l'entrée. Il s'est approché de nouveau. Il a même joué dans une des plantes qui se trouvent sur la galerie. Il semblait beaucoup apprécié les longues tiges de la graminée. Peut-être qu'à ce moment, en faisant très vite, j'aurais pu arriver à le prendre. Mais je n'ai pas osé car je sens qu'il commence à me faire un peu confiance et je ne veux absolument pas briser ce lien si fragile encore. Finalement, il s'en est allé. J'ai tenté de le rappeler en miaulant. Il m'a répondu une ou deux fois mais je me rendais compte que ses miaulements devenaient de plus en plus inaudibles à mesure qu'il s'éloignait. J'ai tout rentré les plats de bouffe dans la maison pour la nuit. Je n'ai pas le choix. En plus de Gérald le raton, il y a aussi une mouffette qui profite du buffet de temps à autre. Ça, j'aime moins.

Il me reste à espérer que je vais arriver à apprivoiser mon renard-chat avant que les voisins le trouvent et s'en débarrassent à leur horrible façon. Non, vraiment, ce n'est pas évident de jouer au Petit Prince. Et, en plus, si j'arrive à l'apprivoiser, j'en deviendrai responsable. C'est la règle.

Ça me fait penser à la Fille. Je pensais avoir des nouvelles ce soir mais rien. Je me sens responsable mais je suis impuissante. Alors, chère cueilleuse de berries, j'espère que tu vas bien. Je te souhaite une bonne nuit sous les étoiles de BiCi. Je t'aime!

lundi 6 juillet 2009

Entre le soleil et la pluie

Il y a toutes ces journées où je ne peux plus tenir en place tellement j'ai besoin de marcher pour dépenser mon énergie. Et il y a aussi toutes les autres où je dois littéralement me botter le derrière pour enfiler mes espadrilles. Aujourd'hui, c'était une de ces journées coup-de-pied-au-cul.

Cela commence toujours de la même façon. Je sors du bureau. Je suis fatiguée. Et stressée. Je me dis que ça va me faire drôlement du bien de brûler ma rage et mon exaspération de fonctionnaire en pratiquant mon activité favorite. J'ai donc très hâte d'arriver à la maison. Je me rends à Place d'accueil pour attendre mon autobus. C'est là le mot clé : attendre. Souvent, j'attends passablement longtemps. Et à mesure que s'égrènent les minutes où je fais le pied de grue, disparaît graduellement ma motivation de bouger. Quand le car à bestiaux se pointe finalement le nez, je suis tellement fatiguée que je n'ai qu'une envie : dormir. C'est ce que je fais d'ailleurs dès que je pose les fesses sur un banc. Je dors jusqu'à mon arrêt. Et là, je dois retrouver une nouvelle dose de courage pour me lever, descendre de l'autobus et marcher jusqu'à la maison. Un petit trajet de moins de dix minutes. Nous sommes bien loin ici du Chemin de Compostelle mais ça me prend ce qui me reste de carburant pour arriver à bon port.

Et aujourd'hui, en plus, il y avait ce ciel menaçant qui n'encourageait pas outre mesure la Marcheuse urbaine à se lancer sur le macadam. J'ai soupesé le pour et le contre. En fait, j'ai surtout interrogé le ciel. Je voyais, me semblait-il, plus de parcelles bleues que de nuages. Et je me répétais ce que je me dis dans ces cas-là pour m'encourager à ne pas lâcher : "Je vais me limiter au trajet court et j'aurai au moins fait un peu d'exercice. Je vais aussi oublier les escaliers. Ce sera moins exigeant". Et sur ces bonnes paroles que je crois toujours, je suis partie.

J'ai fait le trajet long. J'ai aussi gravi les escaliers. Et je me suis fait mouiller. C'était absolument fantastique. Je me sentais totalement réconciliée avec la vie, prête pour la journée qui vient après le lundi. Allez, bonne nuit à tous et à toutes!

dimanche 5 juillet 2009

Plein soleil sur la tête

Alors là, aujourd'hui, je n'ai pas eu besoin d'attendre que les nuages se tassent. Le ciel était d'un bleu magnifique. Après quelques travaux horticoles, je me suis donc lancée sur le macadam. C'était plus ardu toutefois de garder le rythme sous un soleil ardent. Il faut dire que les muscles avaient déjà été passablement mis à l'épreuve dans les plates-bandes. Je me suis quand même entêtée.

Ma bulle aussi avait tendance à se balader. J'essayais bien un peu de la garder intacte mais c'était plus fort que moi : je pensais à la Fille. Nous avons eu d'autres nouvelles de BiCi par l'entremise du frère de l'amie avec laquelle la Fille est partie. Il semble qu'il fait très chaud (c'est la Fille qui doit être contente, elle qui n'a cessé de nous répéter qu'il faisait toujours beau à BiCi) et qu'elles ne font pas beaucoup d'argent!! Elles profitent par contre des plaisirs de la plage. C'est au moins ça de positif. Vous l'avez sans doute deviné... j'éprouve quelques problèmes à couper le cordon ombilical. On ne peut pas dire que la Fille ne fait pas un bel effort. En ce moment, le cordon est tellement tendu (après tout il s'étend d'un océan à l'autre à l'autre) qu'il peut rompre à tout instant. Là encore je m'entête.

Et quand j'arrivais à oublier un peu la Fille, je tentais alors de chasser le cafard qui m'envahit chaque fois que je pense au nid vide. Je dois dire que l'Homme et moi faisons un bel effort. C'est sûr que l'on n'arrive pas toujours très bien à s'encourager. Ce matin, au petit déjeuner, l'Homme nous a ainsi comparés tour à tour à des épaves et à des loques humaines. Ça commençait mal. J'ai donc tenté de lui remonter le moral de mon mieux. Pourtant, une heure plus tard, c'est moi qui lui lançais : "Je ne sais pas combien d'heures de thérapie je devrai subir pour accepter le fait que les enfants sont grands et que je dois passer à autre chose". L'Homme m'a répondu d'un ton abrupt que la thérapie ne pouvait rien pour ça. J'ai presque avalé de travers.

Pas étonnant donc que j'aie finalement décidé de me contenter du petit parcours, celui qui dure environ cinquante minutes. Je considérais que j'avais assez sué merci! Mais je me suis entêtée à trouver une façon de me rendre utile en faisant ce que je sais faire de mieux dans ces cas-là : j'ai cuisiné un pain aux bananes et un gâteau aux fraises. Comme je me sentais coupable d'encourager l'Homme à ingurgiter des calories dont il n'a nul besoin, j'ai offert une partie de ma compensation émotive à mon voisin et au Pusher. Je sais bien cependant qu'il faudra que j'arrive très bientôt à trouver une autre solution pour vaincre mon vague à l'âme si je ne veux pas voir grossir tout mon entourage en même temps que mon désespoir de mère. Il faut que ça éclate, c'est sûr, mais d'une autre façon!

samedi 4 juillet 2009

Pendant une éclaircie

Finalement une éclaircie s'est pointée. Je me suis dépêchée à enfiler mes espadrilles et le temps de crier "metal", j'étais dans la rue. Ahhhhhh.... douce volupté! Vous ne pouvez imaginer le soulagement que je ressens quand je mets les pieds sur le trottoir après quelques jours de farniente. C'est un tel sentiment de bien-être que je ne peux m'empêcher de soupirer à haute voix. C'est comme si tous mes muscles se relâchaient en même temps. Plus rien ne compte que le metal dans mes oreilles et le plaisir immense de marcher le plus rapidement possible pour évacuer le trop-plein de tout.

Ça été un parcours un peu chaotique. D'abord, il faisait frisquet et j'avais pris la précaution de partir avec une petite laine... que j'ai dû enlever après avoir monté et descendu mes chers escaliers. Ensuite, il y a eu quelques belles percées de soleil et c'était franchement chaud. J'aime bien sentir le soleil, ici je devrais plutôt dire le rayon de soleil, plomber sur ma peau quand j'effectue mon parcours. Sa chaleur s'ajoute à celle que je dégage et c'est comme si la machine devenait parfaitement huilée. Une, deux, une, deux, les enjambées sont plus longues, le rythme plus rapide. Je me rappelle de me tenir le corps droit et les oreilles molles et j'avance en éprouvant un réel plaisir à dépenser mon énergie. J'ai eu aussi droit à quelques gouttes de pluie que j'ai réussi à ignorer dans un premier temps. "Peuh! ce n'est pas un peu d'eau qui va m'arrêter dans mon bel élan", me suis-je dit. De plus, comme je vous le savez, je ne déteste pas marcher sous une légère douche. Évidemment, celle-ci est devenue à un moment donné une averse dispersée... sur moi! Mais j'ai tenu le coup, j'ai remis la petite laine et j'ai poursuivi ma route. Je m'étais vraiment mise dans la tête qu'aujourd'hui j'étais pour effectuer mon trajet long. Ce que j'ai finalement réussi à accomplir sans trop me transformer en canard mouillé. J'ai refait les escaliers une deuxième fois et j'ai entrepris le dernier droit sans me faire arroser.

Je crois que j'ai un peu abusé pour un retour après une semaine d'arrêt. Je m'en fous. J'avais besoin de bouger, de suer et d'entendre du metal pour oublier le départ de la soeur Psy et l'horrible silence seulement troublé par le tic-tac de l'horloge de la cuisine qui a maintenant repris sa place dans notre grande maison vide. Ce n'était qu'une éclaircie...

vendredi 3 juillet 2009

Glou, glou, glou

Pour mon 100e message, je suis dans la flotte. J'ai des fourmis dans les jambes mais je ne peux pas aller marcher car il pleut tout le temps. Je suis littéralement en train de me transformer en femme-grenouille.

Et mon sang de mercure commence à me donner des problèmes même si la soeur Psy est en ville. Vraiment, toute cette absence de clarté me rentre dedans. Je crois qu'elle affecte mon cerveau en le rendant moins performant. Pas étonnant que je me sente au ralenti depuis les derniers jours. Je vous le dis, je n'ai pratiquement plus de réflexe. Ainsi, mercredi, on m'a tendu un unifolié pour que je le brandisse et je ne suis pas arrivée à le saisir. J'ai bien essayé à plusieurs reprises mais sans succès. Pendant un instant, j'ai eu peur d'avoir perdu ma dextérité fine jusqu'à ce qu'on me tende un verre de vin que j'ai réussi sans peine à porter à mes lèvres. Il faut croire que mon manque de préhension joue uniquement pour certains objets bien particuliers.

Non mais sans blague, pouvez-vous croire que les trombes d'eau qui s'abattent sur moi ces jours-ci ne m'empêchent pas d'être à sec! En fait, je suis perdue dans un désert d'inspiration. Il ne m'arrive rien. Je rectifie : il ne m'arrive rien d'intéressant. Rien qui vaille la peine d'être raconté sur un blog. Voulez-vous savoir, par exemple, que j'avais perdu mon exemplaire du livre de Zola Son Excellence Eugène Rougon et que j'ai réussi à en acheter un autre à la Librairie du Soleil hier après-midi? Ou encore est-ce que je fais vibrer une quelconque fibre de votre vous-même en vous apprenant que je nourris maintenant un petit bébé chat noir que j'essaie vainement d'apprivoiser? Et qu'est-ce que cela peut bien vous faire que je vous dise que j'ai eu des nouvelles de la Fille directement de BiCi qui m'a appris qu'elle avait écouté un film sur l'art de cueillir les cerises et qu'elle avait planté sa tente en plein milieu d'un champ?

Je le répète au risque de me répéter : c'est le désert! Et ça ne s'arrange pas quand je lis les journaux (j'ai le temps de prendre des nouvelles... il pleut tous les jours, tous les jours!!!). Les députés sont en vacances et, à part de nous parler des échanges que les Canadiens ont faits, les journalistes semblent être atteints du même syndrome de sécheresse aigüe que moi.

Je n'ai donc pas le choix de faire un appel à tous. Pour mon 100e message, que j'aurais voulu tellement plus inspiré, pourrais-je avoir droit à quelques commentaires de votre part, chers lecteurs, afin que je puisse faire le plein de vos bonnes paroles et retrouver la source de mon inspiration? Vous me permettrez en attendant d'aller faire quelques longueurs... ailleurs!