lundi 30 novembre 2009

AH1N1... Bingo!

Ça y est. Je suis à mon tour inoculée. Et en même temps que moi, l'Homme, le Fils et la Fille. Il nous reste maintenant à attendre les ordres du Maître Suprême lorsqu'il se décidera à mettre en fonction la puce implantée dans nos systèmes.

Pour l'instant, nous ne ressentons rien de particulier. L'Homme, d'ailleurs, a l'intention de se plaindre car il revendique le droit à un effet secondaire! C'est ça qui arrive quand on a la peau comme du cuir de boeuf : il n'y a pas grand-chose qui peut nous faire mal. La Fille semble aussi se porter allègrement. Le Fils et moi, on a mal au bras. C'est tout.

Pour tout vous dire, je suis contente que ce soit derrière nous car, plus le temps passait et plus j'avais tendance à remettre encore une fois tout en question. Ce n'est pas que je doute de l'efficacité du vaccin. C'est plutôt de nos instances politiques dont je me méfie. Depuis le début de cette soi-disant pandémie qui n'a pas fait tant de morts finalement (et c'est tant mieux), on a multiplié les déclarations ambigües. Une journée, nous étions tous pour en mourir. Le lendemain, nous allions nous en sortir parce que la AH1N1 n'était pas plus mortelle que la grippe saisonnière. Une semaine, nous étions invités à nous présenter en masse dans les centres de vaccination : "Nous ne refuserons personne." La semaine suivante, nous étions renvoyés dans nos foyers comme des lépreux : "Respectez les groupes à risque. Soyez civilisés. Faites la ligne à compter de deux heures du matin pour avoir un coupon pour vous faire vacciner à quatre heures de l'après-midi."

Et sur l'innocuité du vaccin, ce n'était guère mieux : "Il ne présente aucun risque sérieux." Un mois plus tard : "Tout un lot de vaccins a été rappelé après qu'on eut observé un nombre beaucoup plus élevé de gens présentant des effets secondaires graves." Et sur la disponibilité des doses, que dire : "À cause de la préparation des vaccins sans adjuvant pour les femmes enceintes, la compagnie Glaxo Smith Kline a ralenti sa production et le gouvernement fédéral ne pourra pas envoyer autant de doses que prévu aux provinces." La semaine dernière : "Le gouvernement fédéral a commandé trop de vaccins. Il négocie avec la compagnie Glaxo Smith Kline pour arriver à une entente à ce sujet (je ne sais trop de quelle sorte d'entente on parle ici puisque l'article donnait dans le nébuleux. Est-ce que le gouvernement voudrait être remboursé??)."

J'ai finalement cédé aux publicités alarmistes qui occupaient en fin de semaine des pages entières du journal. En effet, on y voyait notamment la photo (très sérieuse) du directeur de la Santé publique nous enjoignant de nous faire vacciner. Je n'ai pas pu m'empêcher en le regardant de penser à l'article dont je faisais mention plus haut. Est-ce qu'il veut vraiment que je tende le bras pour m'éviter d'être malade ou bien est-il uniquement animé de l'intention mercantile de ne pas rester avec trop de doses sur les bras??

Je trouve dommage que tous les mensonges dont on nous abreuve continuellement font en sorte que nous sommes devenus aussi cyniques (moi en tout cas). Je suis convaincue que l'on ne veut pas mon bien-être, mais seulement mon bien, point final. Et je considère que c'est entre autres la raison pour laquelle les gens refusent de se faire vacciner en aussi grand nombre que le gouvernement l'aurait souhaité. À force d'entendre crier au loup, on n'y croit plus!

dimanche 29 novembre 2009

C'est le temps d'une dinde, dinde... (air connu)

À la demande générale, je vous livre aujourd'hui deux de mes recettes préférées du temps des fêtes : le boeuf bourguignon de soeur Berthe et les beignes de Madame Desjardins.

Mais d'abord un peu d'histoire avant de sortir bols et chaudrons. Pour les jeunes de moins de 50 ans, soeur Berthe Sansregret est une parfaite inconnue. C'est, si je puis dire, l'ancêtre(!) de soeur Angèle. Je sais, je sais, cela ne vous aide sans doute pas plus. Que pourrais-je vous dire d'intéressant à son sujet? C'était (elle est décédée en 2003 à l'âge de 91 ans) une soeur de la Congrégation Notre-Dame et une enseignante en art culinaire à l'École supérieure des arts et métiers. Dans les années 1970, elle animait une émission de télévision à Télé-Métropole. C'est elle qui m'a appris à réussir de la pâte à tarte et à faire du pain maison. Laissez-moi d'ailleurs vous raconter une anecdote familiale au sujet de ce fameux pain. La recette de soeur Berthe permettait de cuisiner deux pains à la fois. Je m'attelais à la tâche tôt le matin. Toute la journée, nous sentions le levain et visualisions son effet. La plupart du temps, les pains étaient prêts à être cuits dans la soirée. Je me souviens que toute la famille attendait impatiemment que je les sorte du four pour que nous puissions tout de suite nous tailler de belles grosses tranches de pain chaud sur lesquelles nous étendions, bien sûr, du beurre à profusion. Il n'y a rien pour battre cette odeur! À la demande de la Fille, à qui je partageais cette "tranche" de vie, je vais peut-être me remettre à la "boulange" d'ici Noël.

Je vous donne la recette non sans vous citer un extrait de la préface du livre dont elle est tirée et qui s'intitule Les recettes de soeur Berthe - Cuisine d'automne : "Après avoir formé des centaines et des centaines de cuisinières qui font les délices de leur grand-père, de leur mari, de leur fiancé, de leur concubin ou de leur papa-en-sucre, cette femme vraiment dynamique (...) trouve le temps (...) d'entreprendre la publication de ses meilleures recettes, de ses conseils judicieux et de ses secrets du métier." Non, mais que les hommes étaient gâtés en 1973!

Boeuf bourguignon

Portions : 6
Cuisson : 2 h 30

Marinade
  • 1 bouteille de vin rouge
  • 1 petite carotte
  • 1 oignon
  • 2 échalotes
  • 1 branche de céleri
  • 1 gousse d'ail
  • persil, thym, laurier
  • 6 grains de poivre
  • 1 clou de girofle
Ingrédients
  • 2 livres de boeuf coupé en gros cubes
  • 1/4 tasse de beurre
  • 1/4 tasse de farine
  • 2 gousses d'ail
  • bouquet garni (thym, persil, feuille de laurier)
  • 1 c. à table de concentré de tomate
  • eau ou bouillon
  • sel et poivre
  • 1/2 livre de lard salé
  • 1 livre de petits oignons
  • 1 livre de champignons
Préparation
  1. La veille, mettez la viande dans un plat avec tous les ingrédients de la marinade.
  2. Égouttez, essuyez la viande et faites-la dorer dans le beurre et l'huile.
  3. Ajouter ensuite les légumes de la marinade et 1/4 de tasse de beurre.
  4. Laissez cuire 20 minutes sans couvrir.
  5. Ajoutez la farine. Mélangez sur feu vif afin de dorer la farine.
  6. Recouvrez la viande avec le vin rouge. Portez à ébullition, ajoutez de l'eau pour couvrir, le concentré de tomate, l'ail, le bouquet garni, sel, poivre.
  7. Couvrez et laissez cuire au four à 325 degrés F environ 2 heures.
  8. Coupez le lard en cubes, dorez à la poêle.
  9. Dans le gras du lard, faites revenir les oignons.
  10. Dans une autre poêle, faites sauter les champignons au beurre.
  11. Une demi-heure avant la fin de la cuisson, ajoutez au boeuf les cubes de lard, les oignons et les champignons.
**Un conseil de la Marcheuse cuisinière : la journée où je mets la viande à mariner, je prépare aussi les lardons, les champignons et les oignons. Quand tout est cuit, je range le tout au frigo. Le lendemain, je n'ai donc qu'à préparer le boeuf pour le mettre au four (ce qui est déjà une corvée en soi) et à ajouter les condiments déjà prêts. C'est une astuce qui, je trouve, me rend la tâche plus facile.**

Et maintenant les beignes. J'ai longtemps fait une recette qui avait été donnée à ma mère par une de ses amies. C'était une bonne recette mais un peu compliquée. Un jour, une de mes amies m'a donné la recette de sa belle-mère Madame Desjardins. Celle-ci était une cuisinière hors pair. Elle avait même participé une fois à un concours de dégustation de beignes dans le cadre d'une émission à la radio de Radio-Canada où les animateurs avaient jugé que ses beignes étaient les meilleurs. Depuis, c'est devenu notre recette.

Beignes
  • 2 oeufs
  • 1 tasse de sucre
  • 2 c. à table de graisse Crisco
Mélanger.
  • 1 tasse de babeurre
  • 3 tasses à 3 tasses 1/2 de farine
  • 2 c. à thé de poudre à pâte
  • 1 c. à thé de bicarbonate de soude
Mélanger jusqu'à ce que la pâte soit consistante et ne colle pas. Faire cuire à grande friture.

Glaçage
  • 1 livre de sucre à glacer
  • 1/2 tasse d'eau bouillante
  • quelques gouttes de vanille
Tremper les beignes dans le sucre lorsqu'ils sont encore chauds. Les faire égoutter 1 minute.
Vous pouvez aussi tremper les beignes dans du sucre à fruits ou les décorer d'un peu de chocolat fondu.

Donne de 3 à 3 1/2 douzaines

**Un conseil de la Marcheuse cuisinière : faites donc la recette en double ou même en triple. Ce n'est pas beaucoup plus long et, comme il faut pas mal d'organisation pour la réaliser, aussi bien que ça en vaille le coup!**

samedi 28 novembre 2009

Revue de presse

J'aime particulièrement les samedis matins. Parce que j'ai le temps. Le temps de prendre mon café et de lire tranquillement mon journal. Seul hic : j'en sors de plus en plus souvent révoltée, outrée, prête à monter aux barricades. Des exemples, en voici!

Pages 2 et 3 du premier cahier du journal La Presse :
L'"espion" qui vit dans une église

Encore une triste histoire d'un immigrant, russe cette fois, et de sa famille qui se voient refuser le droit de légaliser leur situation même s'ils vivent au Canada depuis 1999. Le gouvernement reproche à Mikhail Lennikov d'être une menace pour la sécurité nationale parce qu'il a été espion pour le KGB il y a plus de vingt ans à la fin du régime communiste. Les fonctionnaires du ministère de l'Immigration, qui prétendent que M. Lennikov vient d'un pays communiste comme ils l'ont si délicatement admis dans une de leurs décisions, nient qu'ils agissent selon des motifs politiques. Pourtant, M. Lennikov ne voulait même pas être espion; il a été forcé de le devenir et il a vite cessé de l'être dès qu'il a pu s'échapper des griffes de cette organisation. En plus, il n'a jamais effectué de réelle mission car il avait été recruté pour ses talents de... traducteur! Mais notre gouvernement, toujours animé de paranoïa, continue de croire qu'il pourrait être dangereux. Dans la même foulée, personne ne surveille M. Lennikov dans son asile religieux et personne ne l'a empêché de se rendre de Vancouver à Ottawa en mai dernier pour tenter de faire valoir ses droits auprès des ministres conservateurs. Il a même pu entrer au Parlement et s'asseoir dans les tribunes du public de la Chambre des communes. La sécurité nationale... mon oeil!

Page 5 du même cahier du même journal :
La chronique de Pierre Foglia - Des asperges en novembre

Le chroniqueur s'attaque au Bien incurable, expression empruntée au philosophe français Philippe Muray. Il s'agit de toutes ces belles actions que l'on pose, particulièrement à ce temps-ci de l'année, pour tenter de remédier à la pauvreté et à la misère. Le problème, c'est que nous sommes engagés dans un cercle infernal. Il n'y a pas de cure. Malgré le Bien. Et le chroniqueur, fort justement, fait remarquer que les gouvernements ont délaissé leurs responsabilités au fil des années pour confier le soulagement de la misère aux guignolées! J'ai été très touchée lorsqu'il a parlé du contenu d'une boîte destinée à une famille de quatre personnes dans un comptoir alimentaire. Elle comprenait des denrées fournies notamment par les supermarchés qui se délestent de leurs produits pas frais. J'ai été émue aussi par l'histoire de ce curé qui a pris la direction de la première section francophone d'Habitat pour l'Humanité et qui a réussi à remettre une maison construite par des bénévoles à une famille à faible revenu : quatre enfants et un revenu de 28 000 $ par année. Ça ne doit pas créer un malaise pour ces parents lorsqu'ils constatent la surconsommation totalement déréglée dans laquelle nous plonge le fameux temps des fêtes!

Mais, mais, tout n'était pas noir sur cette page puisqu'on y apprenait aussi que Lance et compte sera porté au grand écran et que Lady Gaga donnait le coup d'envoi de sa tournée au Centre Bell hier soir. Voilà qui me réconcilie avec l'humanité, surtout qu'à la page suivante on annonce le retour du Grand Prix à Montréal. Ouf! et moi qui avais vraiment peur qu'on ne puisse plus jamais avoir le bonheur d'être pollué par le bruit et les émanations d'essence des bolides qui tournent et tournent et tournent.

Page 8 du même cahier du même journal :
Le pouvoir du tablier

Heureusement, ma lecture m'a également permis d'apprendre l'existence de deux organismes vraiment formidables, soit La Tablée des chefs et Cuisiniers sans frontières. La Tablée permet à des chefs reconnus d'enseigner la cuisine à des jeunes qui sont laissés à eux-mêmes par les centres jeunesse une fois qu'ils atteignent l'âge de 18 ans. Ils doivent alors se trouver un nouveau toit et un emploi pour payer le loyer. Vous imaginez sans peine que leurs revenus ne leur permettent pas toujours de manger décemment. Si vous ajoutez à cela le fait qu'ils ont reçu un bien pauvre héritage alimentaire, vous comprendrez tout de suite qu'ils se retrouvent très rapidement bénéficiaires des banques alimentaires ou victimes des mets tout préparés qui sont beaucoup plus chers et moins bons pour la santé que les aliments cuisinés à la maison, d'où l'importance d'apprendre à se débrouiller derrière les fourneaux.

Pour ce qui est de Cuisiniers sans frontières, il s'agit d'une initiative du chef Jean-Louis Thémis qui a fondé l'organisme en 2003. Il oeuvre principalement à Madagascar mais il pense étendre ses activités au Bénin. Il est parti un jour avec ses chaudrons parce qu'il en a eu assez de voir l'extrême pauvreté à la télévision. Grâce à la formation qu'ils reçoivent, les élèves de Cuisiniers sans frontières acquièrent les connaissances nécessaires pour travailler en cuisine ou même à leur compte. Qu'il s'agisse de la Tablée des chefs ou de Cuisiniers sans frontières, nous sommes en présence de la métaphore de la canne à pêche, remplacée ici par le tablier!

Page 16 du même cahier du même journal :
L'opposition réclame les documents

Le harcèlement se poursuit pour Richard Colvin. L'opposition va-t-elle réussir à obtenir les documents qui viendraient étayer son témoignage et prouver que les représentants du gouvernement étaient au courant de la torture des prisonniers afghans? À suivre... En attendant, il faut continuer de se farcir les mensonges des Conservateurs et espérer que leurs nez se mettent à allonger...

Vous savez ce que je trouve le plus difficile? Accepter que je ne peux pas être le sauveur de toutes les causes.

Vous savez comment j'arrive à vivre un peu plus en paix avec moi-même? En mettant la main à la pâte et en offrant mon aide à des organismes de la communauté. C'est peut-être une goutte d'eau dans l'océan mais, avec des milliards de gouttes, on évite le desséchement!
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Notes pédestres : C'est encore et toujours au beau fixe sur les trottoirs. Aujourd'hui, il y avait un magnifique soleil et du vent. Une très belle journée pour la Marcheuse urbaine!

mercredi 25 novembre 2009

Le calme plat

Rien de spécial dont je peux vous entretenir. La routine quoi. Pas de notes pédestres parce que intermittentes averses. Pas même d'occasion d'utiliser mon expression favorite. C'était soir d'épicerie. C'était soir de lavage. C'était... plat.

Alors, vous n'y échapperez pas. Qu'est-ce qui me donne toujours le goût de continuer malgré la platitude? Oui, le metal. Je vous redis que la dernière livraison du Pusher m'emballe. Même si je me l'envoie dans les oreilles depuis plusieurs semaines, je ne m'en lasse pas. Je songe même à me procurer un album d'un des groupes qui figurent dans ma sélection car je crois que le Pusher a pris soin d'inclure surtout de nouvelles tounes, du moins c'est ce que prétend le Fils et il connaît ça pas mal plus que moi. Alors, cher Pusher, si tu as une suggestion pour un album que tu as peut-être plus aimé que les autres, je suis ouverte à toute proposition honnête!

Voici donc les paroles d'une chanson du groupe Vanna que j'aime vraiment beaucoup (j'ai l'impression de jouer au DJ!) en raison du mélange des voix et de la batterie :

Safe to Say

Let's leave this place behind
When we finally decide
What it's gonna take
To make you feel alive
What it's gonna take
To open up your eyes
TO OPEN UP YOUR EYES

It's time to get out of this town
This torture (this torture)
Your fear holds you down
Be blessed and move forward
Move forward
Silent and sound

These words
Don't always come out right
But I feel that
We're wasting time
Letting go of the troubles we're still holding tight

These words
Don't always come out right
But I feel that
We're wasting time
Are we wasting time?
Are you still holding tight?

It was only fair
To look towards the sky
To breathe in the air
To wade in the shadows
With empty hands
No sense of pride
Would you give up if
We've all given up
Till the east is ours
We drew the lines that divide
Strapled these badges
Of pain to ours sides
TO OUR SIDES

We've all had our enemies
We're leaving the past behind
I don't feel like I'm losing sleep
I know you can see it in my eyes
We've all had our enemies
We're leaving the past behind
I don't feel like I'm losing sleep
I hope you can see it in my eyes
You can see it in my eyes
You can see it in my eyes

I'll leave my heart here
By your bedside
If you swear that your eyes won't stray
To be honest, open and hoping
To find the words to say
I'll leave my heart here
By your bedside
If you swear that your eyes won't stray
And honestly, honestly I only let go for the sake of you

Allez sur YouTube! Vous ne le regretterez pas.

mardi 24 novembre 2009

Tout à fait

J'adore cette expression. Je ne sais trop pour quelle raison mais, chaque fois que je l'entends, je considère que la personne qui l'utilise se trouve soudainement entourée d'une aura. L'aura de la reconnaissance. En effet, répondre "tout à fait" après que votre interlocuteur vient de régurgiter parfaitement une de vos brillantes théories ou un de vos doctes raisonnements témoigne qu'il a saisi votre pensée, qu'il est entré dans votre monde, bref, qu'il est sur votre longueur d'ondes. Et j'imagine aussi la satisfaction que l'on ressent d'avoir été compris. Comme ce doit être gratifiant de lancer un "tout à fait" juste un peu condescendant, mais quand même aimable, à la personne qui a trouvé les ressources intellectuelles nécessaires pour se hisser à votre niveau!

J'aimerais tellement avoir l'occasion de servir cette expression à quelqu'un. Mais il semble que je ne suis jamais dans le bon contexte. Ou que je n'ai jamais développé un point de vue suffisamment innovateur ou complexe pour avoir à l'expliquer. Ou que je ne me trouve jamais en face de gens qui seraient à ce point absorbés par mes paroles qu'ils n'auraient qu'une envie, soit celle de me les répéter pour vérifier qu'ils ont bien enregistré la sagesse ou l'importance de mes propos. Pourtant, je me vois très bien en train d'observer les clignements d'yeux complices, les hochements de tête significatifs, les acquiescements monosyllabiques qui me fourniraient la preuve que j'ai atteint les neurones de mon interlocuteur. Après, tout devrait baigner dans l'huile. Séduit par mes solides arguments, il me les reservirait dans ses pauvres, mais justes, mots. Et moi, je l'écouterais calmement. Je le regarderais se débattre pour ne pas perdre le fil de mon éblouissante démonstration. Je sourirais d'un air entendu mais pas trop. Je devrais respecter l'élève après tout. Et quand, enfin, il terminerait sa phrase avec le point d'interrogation cherchant l'approbation de l'expert, j'inclinerais doucement la tête et je lancerais un ferme "tout à fait". Là, son visage s'illuminerait. Je viendrais d'offrir au disciple la brève illusion qu'il peut aspirer à la perfection.

Quoi? Qu'ouis-je? Qu'entends-je? Qu'acoustiquais-je? Vous trouvez que je n'y vais pas de main morte dans le manque de simplicité? Vous croyez que j'erre en pensant qu'il faut absolument détenir la vérité pour utiliser cette fabuleuse expression? Vous me trouvez pédante pour ne pas dire franchement snob?

Tout à fait!

dimanche 22 novembre 2009

Changement d'air

Je suis allée me promener dans la grande ville en fin de semaine. Eh! oui, j'ai rendu visite au Fils. C'était vraiment super! En plus, c'était le Salon du livre. L'Homme et moi avons donc bravé la foule pour satisfaire notre passion de lecteurs. Ce fut tout un choc pour nous qui sommes habitués au Salon du livre de l'Outaouais, beaucoup plus modeste, ai-je besoin de vous le préciser. À Montréal, on rencontre des célébrités à tous les coins de page! Toute personne qui a signé un écrit pendant l'année s'y trouve... ou presque. Le plus difficile, c'est d'arriver à s'approcher des kiosques. C'est tellement frustrant. Tous ces livres que l'on voudrait toucher, ouvrir, humer, ils sont là, à portée de la main. Et pourtant, ils sont parfois inatteignables.

J'ai trouvé un truc que je compte réutiliser pour une prochaine visite : il faut déjà avoir une idée de ce que l'on veut car, malheureusement, bouquiner s'avère à peu près impossible pour les raisons invoquées plus haut. Comme j'avais entendu certains reportages ou lu des articles sur les nouveautés présentées au Salon, je m'étais fait un mini-plan d'attaque. Ainsi, je tenais absolument à acheter le livre de Bruno Blanchet, La frousse autour du monde, volume 2, pour la Fille. Mais plus encore, je voulais rencontrer Bruno et lui parler. Je m'étais renseignée. Il devait être au Salon en même temps que nous. Dès que nous avons mis les pieds dans l'antre livresque, j'ai dit à l'Homme : "On file tout droit au kiosque de La Presse pour acheter le livre et se mettre en ligne pour la séance de signature." Ce que nous avons fait. Cependant, contrairement à notre salon régional, les auteurs les plus populaires à la foire montréalaise ne signent pas à leur kiosque mais bien dans une salle qui leur est réservée. À l'entrée de ladite salle, on te remet un numéro pour tenter d'ordonner tout ça. J'ai dû exercer ma patience puisque Bruno a d'abord répondu aux questions de son public totalement conquis par son charme pendant un peu plus d'une heure. Ensuite, ce fut la fameuse séance de signature animée par une coordonnatrice formée sans aucun doute dans les cliniques de vaccination de M. Bolduc! En effet, les numéros, qui devaient faciliter l'exercice, sont venus tout compliquer, la chère dame ayant distribué deux séries différentes de numéros qui ne se suivaient pas nécessairement. Je sais, ça ne semble pas clair. Ce ne l'était pas non plus pour les personnes présentes qui essayaient tant bien que mal de comprendre pourquoi on partait du numéro 499 pour se rendre au numéro 485 pour ensuite reprendre au numéro 957 et se rendre au numéro 980! Un vaccin avec ça?

Peu importe. J'y suis arrivée. De toute façon, quand je décide de faire quelque chose pour mes enfants, rien ne peut m'arrêter. Je deviens une véritable tigresse prête à bondir sur tout obstacle qui se trouve sur ma route. J'ai donc dit d'entrée de jeu à Bruno quand je suis finalement arrivée devant lui : "Je fais rarement la file pour quelqu'un." J'ai rapidement enchaîné en lui parlant de la Fille et de son expédition à BiCi. Évidemment, j'aurais dû m'en douter, Bruno avait lui aussi été cueillir des cerises et dans le même village que la Fille à part ça! Et Bruno, qui croit qu'on apprend en voyageant plein de choses qu'on n'apprend pas sur les bancs d'école... Et la Fille qui, loin d'être vaccinée contre le voyage, en a plutôt attrapé la piqûre. Voyez-vous un lien ici? Moi oui.
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Notes livresques : Vous pouvez suivre les aventures de Bruno Blanchet toutes les semaines dans la section "Voyages" du journal La Presse ou sur Cyberpresse.

Notes pédestres : J'ai marché, sans doute pour la dernière fois avant l'hiver, sur le bord de la Rivière-des-Prairies ce matin. J'y ai testé mes orthèses. Oui, j'ai encore des problèmes de pieds... ou plutôt de jambes. C'est ça qui arrive quand on décide de se mettre en forme. C'était quand même très bien. Il y avait plein, plein de coureurs, à peu près aucun cycliste et une Marcheuse : moi!!!

jeudi 19 novembre 2009

La honte et la fierté : d'un océan à l'autre à l'autre

J'oscille. Mais la balance penche davantage du côte de la honte. Je viens de lire un compte rendu du témoignage présenté par Richard Colvin devant un comité parlementaire à Ottawa au sujet de la torture des prisonniers afghans. Vous savez ces prisonniers remis par les soldats canadiens aux services secrets de leur pays. Vous imaginez la suite. Privation de sommeil, chocs électriques, abus sexuels et même viols. Rien ne leur a été épargné (et rien ne leur est sans doute encore épargné aujourd'hui). Et qu'est-ce que notre gouvernement répond aux déclarations de ce diplomate? En fait, il répète la même réponse qu'il sert depuis que cette horrible situation a été mise au jour. Il nie. Il nie tout en bloc. Il ne sait rien. Et ce même si M. Colvin, pendant son séjour d'un an et demi en Afghanistan, a fait parvenir près d'une vingtaine de rapports à environ 75 personnes du gouvernement. Et pas n'importe qui. Des personnes haut placées comme le grand patron des Forces armées canadiennes et le sous-ministre des Affaires étrangères. Peu importe. Notre gouvernement continue de nier. Et ce courageux diplomate met sa tête sur le bûcher pour révéler la vérité.

Et ça continue de pencher vers la honte. Cette fois, c'est Loto-Québec qui met son poids dans le plateau. Cette brillante société d'État, toujours désireuse d'accroître ses gains sur le dos des contribuables, a l'intention d'offrir à la population du poker et du pari sportif en ligne dès l'été 2010. Dans un but louable, bien évidemment. Elle veut en effet protéger les joueurs des sites non sécuritaires et leur permettre d'exercer leur dépendance en toute quiétude. Que cette initiative fasse en sorte de remplir également les coffres de l'État n'est que pure coïncidence. Et que le poker suscite l'engouement d'un nombre grandissant de jeunes constitue le moindre de ses soucis. Après tout, est-ce qu'elle ne dispose pas d'excellents programmes pour venir en aide aux joueurs compulsifs? Je n'ai d'ailleurs jamais rien compris à cette double mission. C'est comme si on goinfrait quelqu'un au point de le rendre obèse pour lui proposer ensuite de s'inscrire aux Weight Watchers! Qu'est-ce qui cloche dans ce raisonnement tordu? Sans doute une propension marquée à jouer à l'autruche.

Malheureusement, nos gouvernements ne sont pas les seuls à s'enfouir la tête dans le sable. Nous le faisons tous collectivement en sanctionnant des comportements totalement répréhensibles. C'est sûr qu'avec la tête dans le sable, on n'entend pas grand-chose. Et c'est bien difficile de parler aussi. Alors, quand il s'agit de dénoncer, mieux vaut s'y prendre de bonne heure pour se sortir du trou!

Pour la paix de mon âme (et la stabilisation de ma tension artérielle), j'ai au moins eu le bonheur cette semaine de faire la découverte d'une section du Toronto Star intitulée Acts of Kindness, que l'on pourrait traduire par "Bonnes actions". On y trouve répertoriés des messages envoyés par les lecteurs qui racontent des bonnes actions dont ils ont été les témoins ou les récipiendaires. La rubrique, depuis cinq ans, a recueilli plus de 2 000 histoires! C'est un véritable baume pour le coeur. Si vous avez le temps ou le vague à l'âme ou encore si vous êtes désespérés de faire partie de la race humaine, rendez vous sans hésitation sur le site du Star à www.thestar.com/topic/ActsofKindness et prenez un bain de fierté. Même dans la langue de Shakespeare, l'effet est instantanément calmant. Et quel bonheur de se laisser anesthésier par la bonté plutôt que par le mensonge!
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Notes pédestres : J'ai eu la bonne idée ce soir de gravir mon Everest à moi pour améliorer mon cardio et aller me chercher un bon souper à mon restaurant libanais préféré. Il pleuvait juste assez. Et c'était doux. Seul hic : je me suis laissée emporter dans mes achats à la fruiterie et j'ai exercé mes biceps plus que je ne l'aurais souhaité en transportant mon sac un peu trop rempli!

lundi 16 novembre 2009

Ciel, tu m'inspires

6 h 30 ce matin. Je suis toute seule sur le trottoir. J'attends l'autobus. Il fait un peu frisquet mais c'est agréable quand même. J'aime ce moment de la journée avant l'effervescence. La plupart des gens dorment encore. Tout est tranquille. Et le ciel, ce matin, est strié de blanc et de bleu. On peut déjà prédire qu'il va faire beau et que le soleil va se montrer le bout du nez. À travers les strates, j'aperçois d'ailleurs un peu de sa lumière. Je respire un bon coup. Ça fait du bien. Et voilà l'autobus qui s'amène. Il est plein. Ouache!

Midi. Je quitte le bureau pour me rendre à mon cours de yoga. Le soleil est d'un bleu magnifique et, contrairement à ce matin, il est unicolore. Le temps est encore froid mais l'air, comme j'aime souvent le dire, est vivifiant. Cela donne envie de bouger et de profiter de ces belles journées d'automne qui nous sont offertes avant la froidure. Allez, je dois me dépêcher avant que le cours ne débute. Ohm!

16 h. Je suis de retour à la maison. La journée a passé vite malgré tout. Je suis pas mal courbaturée de mes postures de yoga. Je ne suis pas certaine que je respecte toujours mon corps et que je n'en fais pas trop à cause de ça. En tout cas, j'ai dormi dans l'autobus pratiquement jusqu'à mon arrêt et je me suis dépêchée en arrivant de mettre mon pyjama et de m'étendre sur le lit pour relaxer. De là, je vois très bien le ciel par la fenêtre. Il est plus pâle, plus doux. Il se prépare à mettre ses vêtements de nuit lui aussi. J'éprouve quelques regrets à ne pas avoir eu le courage d'aller marcher et de profiter davantage de la voûte azurée mais on va dire que, pour une fois, j'ai écouté mon corps. Je pousse un dernier soupir avant de fermer les yeux et je m'envole... Ahhhh!

dimanche 15 novembre 2009

"Vieux mot tard que jamais"

Eh! oui! c'est un retour en arrière. Fermez les yeux. Rappelez-vous comme il faisait beau en septembre. C'étaient les vacances pour moi. Et c'était aussi le pèlerinage au Saguenay avec la soeur Psy. Voici donc quelques images du périple.


Tout d'abord, nous avons pris l'avion pour nous rendre. Il y avait pas mal de vent cette journée-là mais tout s'est bien passé à bord de notre bimoteur. J'ai seulement eu un peu peur quand nous avons survolé le champ avant d'atterrir.


Nous voici maintenant au centre-ville d'Arvida, endroit que nous avons assidûment fréquenté pendant notre folle jeunesse. Non, il ne s'agit pas d'un décor de Far West! Observez bien le bâtiment qui abrite la boucherie Davis. C'est là que maman achetait le meilleur steak haché en ville. Dans ce temps-là, où on ne s'énervait pas pour les bovins fous, on mangeait le boeuf cru avec une noix de beurre et du sel. De quoi faire frémir les diététistes!


C'est notre hôtel. Un peu isolé... mais très confortable. On entendait toujours comme un bruit d'eau cependant, mais rien pour nous empêcher de ronfler.


Le Saguenay dans toute sa majesté. Nous étions à Sainte-Rose-du-Nord, magnifique petit village encore tout énervé par le passage des caméras. C'est là en effet qu'a été tourné le film Le bonheur de Pierre. Il y avait plein de photos des acteurs avec les gens de la place accrochées dans le casse-croûte de la marina.




Le Lac-Saint-Jean. Une mer étale, voilà ce qui s'est offert à nos yeux à la plage de Saint-Henri-de-Taillon.


Le parc des Laurentides quand il fait beau. Pour l'avoir parcouru plusieurs fois en plein hiver, je peux vous dire qu'il n'a pas toujours l'air aussi invitant!


Un des tigres de l'Amour du Zoo sauvage de Saint-Félicien. J'espère seulement qu'il ne s'agit pas de Chaska, décédé récemment à la suite d'une castration qui a mal tourné.



Et voici deux autres adorables félins, Mignonne et la Reine-Marguerite.


Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir? Je vois un autre voyage avec la soeur Psy et j'ai déjà hâte!

samedi 14 novembre 2009

Cogitations diverses et autres

La Croix-Rouge avait organisé une collecte de sang cette semaine au centre commercial. Comme je déambulais devant les installations vampiresques (ou devrais-je dire "twilightesques" pour être au goût du jour), j'avais l'envie quasi irrésistible de demander aux cueilleurs de globules si, en échange de liquide rouge, ils accepteraient de me donner le vaccin contre la grippe bingo. Cela me semblait un marché honnête où tout le monde gagne : ça sort d'un bras et ça rentre de l'autre. Mais je n'ai pas osé. Je ne sais pas pourquoi j'hésite toujours à provoquer quelqu'un qui est armé... encore plus lorsqu'il est en possession d'un objet à la pointe acérée.

La même journée, toujours au centre commercial, je suis allée à une petite boutique de couture pour faire faire le bord de mon pantalon. Il y avait une de ces files! Cela faisait peut-être cinq minutes que j'attendais quand la patronne, une femme énergique et autoritaire, a laissé sa machine à coudre pour venir se planter devant nous et, en deux temps trois mouvements, elle a orchestré le désordre. "Vous, est-ce que vous venez pour chercher quelque chose? Oui, eh! bien, mettez-vous ici à droite du comptoir. Et vous? C'est pour essayer. Alors, installez-vous à gauche". Et elle a continué comme ça à nous trier selon nos besoins. Ensuite, elle est venue prêter main forte à l'employée qui se trouvait au comptoir. Elle prenait les bords des pantalons, remplissait les factures et négociait le temps alloué pour exécuter les travaux. "Vous voulez ça pour dans une heure? Pas question. Ce sera prêt à la fin de la journée. C'est à prendre ou à laisser". En la voyant aussi efficace, je me sentais tellement désolée de ne pas être un gestionnaire de notre merveilleux système de santé. Je l'aurais embauchée illico pour l'assigner à une clinique de vaccination où je l'imaginais avec délectation en train de policer les cohues récalcitrantes. Avec elle, c'est sûr que ceux qui se pensent plus importants que les autres n'auraient qu'à bien se tenir!

En parlant de ceux qui se prennent pour d'autres, j'ai lu ce matin dans le journal La Presse cette citation suave de Noémie, une candidate déchue de la brillante émission Occupation double : "Je croise mes doigts pour que ce soit pas la chambre avec Guillaume que le Québec va se souvenir de moi." Je crois, chère Noémie, que ce devrait être là le moindre de tes soucis et que tu devrais plutôt t'inquiéter entre autres de la piètre qualité de ton français parlé. Et je ne veux même pas penser ici au niveau de ton expression écrite. Ni à celui de beaucoup de tes congénères d'ailleurs.

Il y a eu plusieurs articles cette semaine sur le taux élevé d'échec des élèves du Cégep aux examens de français. Et l'on a parlé encore une fois de notre système d'éducation et de sa peur viscérale de faire échouer les élèves. Depuis quelques années, c'est la réussite à tout prix qui est prônée au détriment de l'acquisition des connaissances de base, notions indispensables sur lesquelles se fondent ensuite tout l'apprentissage. Et la maîtrise de notre langue, en l'occurrence le français, est de plus en plus galvaudée. C'est l'expression des idées qui compte peu importe la façon bâtarde dont elles sont présentées (si vous avez encore besoin d'être convaincu de l'état désastreux de la chose, relisez le paragraphe ci-dessus). Je ne suis pas une spécialiste du monde de l'enseignement mais j'ai fréquenté les bancs d'école quand c'était encore la mode de faire des dictées tous les jours, de copier et de recopier les mots que l'on apprenait, d'analyser les structures de phrases pour mieux comprendre comment articuler nos idées, de rédiger des "compositions" et, surtout, de LIRE. Ah! oui, j'oubliais. Si on avait trop de fautes, on pouvait avoir zéro et on devait parfois, selon les exigences du prof, récrire tout le texte plusieurs fois. Je sais, je sais. Les cheveux vous dressent sur la tête et vous pleurez sur le sort des pauvres chérubins maltraités obligés de faire des efforts.

Effort. Effort. EFFORT, c'est la clé de la réussite. À l'école et dans la vie!

mardi 10 novembre 2009

Confucius à la rescousse

J'ai pété ma coche ce soir en sortant du bureau. C'est l'Homme et la Fille qui ont écopé de mon ras-le-bol. La raison de mon emportement? Disons une frustration qui me reprend à intervalles plus ou moins réguliers.

C'est que, voyez-vous, il m'arrive des fois d'être franchement écoeurée de vouloir sauver l'humanité... contre son gré. Je sais, je sais, je n'ai qu'à refuser cette mission qui, de toute façon ne m'a été confiée par personne et dont mon petit moi idéaliste, humaniste, sensible et irréaliste s'est naïvement emparé. Mais je m'entête même si ça ne marche pas. Je ne veux pas me résoudre au fait que tout le monde n'est pas nécessairement beau et gentil. Alors, j'essaie de changer les choses à tout prix et je m'épuise.

Des exemples? Des gens qui vous côtoient régulièrement, quotidiennement, et qui ne sont pas foutus de vous dire un simple bonjour quand ils vous rencontrent. Des gens qui ne mettent jamais le coeur à l'ouvrage, qui laissent allègrement leurs responsabilités aux autres et qui s'en tirent tout le temps avec la présomption d'innocence. Des gens qui traitent les animaux comme si ce n'était pas des êtres vivants et qui traitent les enfants comme des animaux - pensez-y deux minutes et vous verrez que l'équation est douloureuse. Des gens qui sont toujours occupés à satisfaire leurs petits besoins personnels sans se préoccuper de savoir s'ils dérangent les autres - et quand vous osez protester, ils vous envoient paître!

Et ce qui m'énerve le plus là-dedans, ce qui m'enrage au superlatif, c'est que je ne suis absolument pas capable de changer mon attitude pour être davantage comme tous ces gens qui se foutent de tout et de tous. Il me semble que je serais moins malheureuse si je me donnais moi aussi le droit d'envoyer tout promener. En tout cas, je serais certainement moins fatiguée.

Tenez, j'ai voulu pratiquer ce soir en faisant des courses avec l'Homme et la Fille. Je leur ai dit : "Regardez-moi bien la face. C'est la dernière fois que vous allez y voir un sourire. À partir de maintenant, je fronce les sourcils et j'adopte une moue boudeuse et indifférente". Et je suis entrée à l'épicerie. J'ai parcouru les allées avec mon nouveau visage d'air bête. Je n'ai parlé ni à la caissière ni à aucun membre du personnel. J'ai aussi fait très attention de ne regarder personne au cas où je reconnaîtrais quelqu'un et que je serais obligé d'engager la conversation et de demander des nouvelles et patati et patata. Non! Tout ça est fini. Vos histoires ne m'intéressent plus. Allez pleurer sur l'épaule d'une autre. Je suis devenue Face d'air bête.

Quand je suis sortie du magasin, je ne sais pas pourquoi mais j'avais soudainement très mal à la tête. C'est tout simplement profondément injuste! J'ai trop froncé les sourcils et les muscles de mon visage, habitués à sourire béatement pour tout et pour rien, ont mal réagi à mon nouveau faciès. Je vous le dis, tout est contre moi!

L'Homme et la Fille, qui avaient observé en riant mais en cachette ma première tentative de basculer vers le côté obscur, avaient chacun leurs conseils à me prodiguer pour m'aider à faire la transition de bienfaitrice à bitch. Ainsi, l'Homme m'a suggéré de libérer ma colère et ma frustration en donnant des coups de pied à la première personne que je rencontrerais. Je trouvais que cela avait du sens. J'ai donc regardé autour de moi. Deux policiers venaient d'entrer dans le stationnement et se préparaient à sortir de leur char. "Voilà mes premières victimes", me suis-je dit. La Fille m'a conseillé de viser plus bas pour commencer ma transformation. Je crois qu'elle proposait que je m'attaque à plus vulnérable que la force de l'ordre.

Ce qui m'amène au conseil de la Fille : "Tu dois apprendre à filtrer. C'est sûr que si tu veux tout changer, tu n'y arriveras jamais. Tu dois plutôt choisir ce qui t'apparaît le plus important et laisser tomber le reste." Jusqu'à maintenant, je crois que c'est ce que j'ai entendu de plus sage. Ce ne sera pas chose facile cependant de cesser d'être une passoire défoncée pour devenir une passoire chinois ultra fin!

lundi 9 novembre 2009

Tout et son contraire

Qu'est-ce que je disais donc hier à propos de Noël? Ah! oui, je me rappelle maintenant. J'affirmais que je ne voyais pas la nécessité de se précipiter dans les préparatifs étant donné que nous allons tous arriver à la date fatidique en même temps. En d'autres mots, rien ne sert de courir ou de partir à point. Inéluctable sera le résultat. Nous n'en mourrons pas tous mais nous serons tous atteints.

Alors pourquoi, dites-moi, vois-je étalés devant moi des magazines aux noms évocateurs suivants : Cuisine de Noël - 75 nouvelles recettes - 20 desserts extraordinaires - 4 menus de réception parfaits ou Cuisine de Noël - 85 nouvelles recettes - 18 desserts divins - 4 menus clé en main ou encore Recettes de Noël - Plus de 50 nouvelles recettes des fêtes pour gâter ceux qu'on aime. Serait-ce que je nage en pleine contradiction? Ce ne serait pas la première fois, croyez-moi.

Eh! bien oui, je l'avoue. Je ne décore pas tant que ça. Et surtout pas vraiment en avance. Par contre, je cuisine. Et je commence au mois de novembre. Est-ce que ça veut dire que je suis moi aussi atteinte de la fièvre des fêtes? On dirait bien que c'est le cas. Mais, mais, à ma décharge, je tiens à faire remarquer que mes préparatifs culinaires, eux, ne sautent pas dans la face du monde. Non, une fois mes délices passés au four, je les envoie prendre une douche d'eau froide dans le congélateur. Et c'est là qu'ils dorment jusqu'au moment où je les ramène à la vie pour le plus grand plaisir des papilles gustatives de mes convives.

En plus, comme je suis toujours un peu excessive, j'aime bien cuisiner suffisamment pour pouvoir offrir en cadeau certaines gourmandises. C'est la raison pour laquelle je m'attelle tôt à mes fourneaux. C'est sûr que l'envers de tout ça, c'est que je crée une dépendance à l'égard de la cuisine de "la saison". Ainsi, lorsque j'ai le malheur de ne pas faire de beignes une année, j'entends invariablement des cris de protestation.

J'ai appris toutefois, au fil des ans, à ne cuisiner que ce qui me fait franchement plaisir. J'évite donc systématiquement les longues recettes qui n'en finissent plus. D'ailleurs, la Fille a déjà remarqué depuis longtemps que, dans un livre de recettes, je ne m'arrête jamais à celles dont le mode de préparation s'étend sur plus de trois paragraphes. Et je parle ici de trois courts paragraphes!

Pour ma clientèle accro aux beignes, je n'ai pas encore de primeur à annoncer car j'attends de voir mon état d'esprit de cette année. Comme vous le savez, c'est une entreprise qui relève presque de la corvée. Surtout que l'Homme insiste pour que la quantité soit au rendez-vous. Comme il le dit si bien : "Tu en donnes tellement qu'il ne reste rien pour nous. Il faut donc faire triple recette." Ce qui signifie plusieurs, plusieurs douzaines de beignes. Mais vous savez quoi? Mes plus beaux souvenirs culinaires du temps des fêtes, c'est nous quatre dans la cuisine en train de faire nos beignes. L'Homme est au-dessus du chaudron d'huile et surveille la cuisson, je roule allègrement la pâte pendant que le Fils fait les trous et la Fille, elle, invente constamment de nouvelles façons de décorer nos beignes. Et pendant que la pièce commence à sentir vraiment beaucoup la friture et que nous devons ouvrir les fenêtres pour tenter d'aérer un peu, nous avons droit en rafale et en boucle à nos cinq CD de Noël... on ne refait pas les classiques!

dimanche 8 novembre 2009

Avez-vous mis vos lumières de Noël?

Ça y est. C'est déjà commencé. Les sorcières et les épouvantails sont à peine rangés. Les citrouilles n'ont même pas fini de pourrir dans le compost. Les enfants se font encore les dents sur les bonbons qu'ils ont ramassés. Bref, on n'a pas eu le temps de se remettre de l'Halloween qu'il nous faut plonger dans la magie des fêtes!!!

C'est ce que j'ai vu le plus en marchant aujourd'hui : des lutins du Père Noël en train d'installer les lumières "de la saison". C'est bien évident que c'était une journée où il fallait en profiter. Il faisait beau soleil. Et tout le monde sait que c'est bien plus agréable d'installer couronnes, sapins, rennes et décorations gonflables de tout acabit quand on ne risque pas de se geler les doigts... ou tout autre partie du corps utilisée pour transformer maisons et appartements en banlieue du Pôle Nord.

J'ai quand même eu un choc quand j'ai vu les lumières allumées par la voisine ce soir. Il me semble que c'est encore tôt, non? Je ne suis pas capable d'entrer aussi vite dans les préparatifs de Noël. Et même si je l'étais, je ne suis pas certaine que je le voudrais. Je ne comprends pas pourquoi il faut tant se dépêcher pour se préparer à vivre quelque chose qui n'arrivera que dans un mois. Pourtant, il m'arrive souvent de trouver que j'ai de la difficulté à profiter pleinement du moment présent. Dans ce cas là, toutefois, je n'ai absolument pas envie de précipiter les choses. Et ce n'est pas parce que je n'aime pas Noël. Au contraire.

C'est que, justement, ce que j'aime le plus de Noël, c'est l'attente. L'attente de la première neige et de la beauté virginale qui s'installe alors dans un paysage qui était devenu tout gris à force de morts. L'attente de la première chanson de Noël à la radio avant l'écoeurement provoqué par le fait d'entendre en boucle les mêmes vingt tounes pendant un mois et demi. L'attente du premier plat cuisiné exprès pour Noël, vous savez ce genre de recettes que vous ne faites qu'une fois par année. L'attente du salon tout décoré baignant dans une lumière tamisée pendant que la neige tombe doucement dehors et que je sirote un café en contemplant mon village avec la crèche et tous ses personnages. C'est là qu'invariablement j'accuse le choc en me rendant compte que je suis encore une fois en train de vivre un autre Noël. Encore une autre année que j'ai à peine vue.

Alors, puisque de toute façon, on arrive tous à Noël en même temps, pourquoi vouloir absolument prendre l'autoroute pour s'y rendre? Il me semble qu'un petit chemin sinueux dans les bois est plus approprié. Qu'est-ce que la chanson dit déjà? Ah! oui, ça me revient : "Au petit trot s'en va le cheval avec ses grelots. Et le traîneau joyeusement dévale à travers les côteaux. Dans le vallon, s'accroche l'hiver mais le ciel est bleu. Ah! qu'il fait bon faire un tour au grand air comme deux amoureux." Avouez que ça change du metal!!!

jeudi 5 novembre 2009

Charité bien ordonnée

Il faisait un temps de chien quand je suis sortie du bureau en fin de journée. Les flocons de neige du midi avaient laissé la place à la pluie grise de novembre. Et en plus, il ventait. Je voulais seulement me retrouver au plus vite à l'intérieur du terminus d'autobus, situé dans un complexe d'édifices à bureaux du gouvernement, pour me réchauffer un peu.

Après une dizaine de minutes de marche, j'ouvre enfin la porte du terminus et je sens tout de suite la chaleur. Comme ça fait du bien! Fidèle à mon habitude de vieille fonctionnaire, je me dépêche à emprunter le trajet qui me conduit près de l'escalier roulant en bas duquel se trouve mon arrêt d'autobus. Tout à coup, j'entends quelqu'un qui demande doucement : "Pardon, madame, avez-vous de l'argent pour que je puisse manger?". Je ne l'avais même pas vu. Mais il était là, le dos appuyé contre le mur. Il me regardait en souriant faiblement, le bras légèrement tendu. Il était si pâle. Mais ce sont surtout ses yeux qui ont retenu mon attention. De bons yeux de toutou qui quémande un peu d'attention. Prise au dépourvu, j'ai balbutié : "Désolée, je n'ai pas de sous sur moi". Et j'ai tourné les talons.

C'est sûr que ce n'était pas vrai. J'avais des sous. Mais j'étais pressée et ça ne me tentait pas de fouiller dans mon portefeuille. En plus, la bataille venait de commencer dans ma tête. Toujours les deux mêmes adversaires : le Bon et le Méchant. C'est évidemment le Méchant qui avait déjà le haut du pavé : "Cesse de penser à ça. Tu as bien fait. S'il fallait que tu commences à donner à tous ceux qui mendient, tu serais pauvre comme Job. Et puis, rappelle-toi la dernière fois où tu t'es laissée attendrir. Tu as su par après que la personne à qui tu avais si généreusement donné faisait régulièrement le coup à tous ceux qu'elle rencontrait le matin. Est-ce que tu veux encore te retrouver le dindon de la farce? Tu n'as pas encore assez fait rire de toi?".

Je l'écoutais, c'est sûr. Mais j'entendais aussi l'autre qui avait son mot à dire : "Depuis quand est-ce qu'il faut faire une enquête approfondie avant de faire la charité? Est-ce que ce n'est pas plus important d'écouter son coeur?".

"Ton coeur, ton coeur. Qu'est-ce que les organismes de bienfaisance recommandent aux gens comme toi qui sont toujours tentés de donner quand on les sollicite? Ils disent de ne pas le faire. Ils disent que c'est mieux de leur donner à eux parce que eux ils utilisent l'argent à bon escient et que si tu donnes aux mendiants eux ils vont prendre ton argent pour s'acheter de la boisson ou pire encore." La voix du Méchant ne cessait de monter. Elle enterrait celle du Bon. Et moi, pendant ce temps, je continuais à marcher vers l'escalier en me disant que j'étais pour manquer mon autobus.

Tout d'un coup, je n'ai plus rien entendu et je me suis arrêtée brusquement. Juste en haut des escaliers. À cause des foutus yeux que je voyais encore dans ma tête. Si je suis capable de recueillir un bébé minet abandonné pour lui donner un foyer, me suis-je dit, je dois bien être capable de prendre le temps de fouiller dans mon portefeuille pour donner à quelqu'un qui a faim. Et j'imagine aussi que je peux donner sans jugement, sans demander de compte. Et c'est ce que j'ai décidé de faire. L'autobus n'avait plus vraiment d'importance. J'espérais seulement qu'il serait encore là quand j'arriverais avec ma petite aumône. J'ai senti mon coeur bondir quand je l'ai aperçu. Toujours adossé au mur. Toujours pâle. Il regardait les gens qui entraient, pressés, comme moi je l'étais tout à l'heure. Je me suis approchée. J'ai simplement dit : "Voilà. C'est pour vous." Il m'a regardée et a pris le temps de me dire merci d'un ton vraiment très sincère. Cette fois, j'ai tourné les talons parce que je pleurais.

Vous n'avez pas idée à quel point je ramollis en vieillissant. Ça fait peur. Je pense que c'est à cause du metal. Ça doit avoir un effet corrosif sur mon cerveau. Par contre, je peux vous dire que ça n'offre aucune protection pour le coeur.

mardi 3 novembre 2009

La priorité des priorités

Un sympathique dîner entre amies. Je ne sais pas pourquoi la conversation a dévié à un moment donné sur les accros au blackberry, ce merveilleux petit appareil qui, une fois que vous l'avez en votre possession, ne vous laisse plus aucun repos. Ce n'est pas que nous étions particulièrement touchées par le phénomène, l'une à la retraite, une autre près de l'être et la troisième occupée à materner ses quatre chérubins. Nous échangions plutôt nos observations, étonnées de constater à quel point un simple appendice technologique peut prendre autant d'importance dans la vie de certaines personnes.

Je suis persuadée que, comme nous, vous avez remarqué ces gens qui vivent la tête continuellement penchée sur le fameux appareil noir. Ils prennent l'ascenseur en lisant leurs messages, ils attendent l'autobus en envoyant des courriels, ils se promènent dans les couloirs ou sur les trottoirs les yeux fixés sur l'écran de "Little Brother". Ce dernier s'est littéralement emparé de leur vie. C'est lui qui leur dicte dorénavant quand il est temps de se lever pour se mettre à l'ouvrage, quand il y a lieu de trouver une ou deux minutes pour avaler une bouchée et quand il est assez tard pour se coucher. Entre tous ces temps, ils ne voient plus vraiment les gens autour d'eux, obnubilés qu'ils sont par les ordres envoyés par Little Brother. Je sais, pour l'avoir entendu plus d'une fois, qu'il est même difficile de laisser ce compagnon machiavélique à la maison quand on prend des vacances. Tout à coup que la fin du monde arriverait pendant que l'on prend un bain de soleil sur la plage ou que l'on trinque entre amis autour d'une bonne bouffe? Hon! ce serait-ti assez terrible!

De toute façon, la plupart des membres de la secte LB n'occupent pas des postes névralgiques pour la sécurité de la nation. Ce sont principalement des cadres moyens ou supérieurs qui brassent du papier à longueur de journée et, à moins que nous ne soyons menacés d'être enterrés sous une grosse, grosse pile de feuilles - ce qui pourrait peut-être arriver dans certains milieux - je ne vois pas quelle situation urgente peut nécessiter l'envoi d'autant de messages.

Tout en écoutant nos remarques outrées, notre amie à la retraite nous a fait observer que le phénomène n'est pas nouveau. Simplement différent. En effet, depuis toujours ou presque, les patrons cherchent des moyens de s'accaparer totalement de la vie de leurs employés. Ainsi, elle nous a raconté qu'une de ses patronnes avait dit un jour aux employés rassemblés pour une réunion qu'ils devaient faire de leur travail LA priorité. Ce à quoi notre amie avait aussitôt rétorqué devant tout le monde : "Moi j'ai cinq enfants à la maison, ce sont eux ma priorité!". Et vlan, dans les flancs!

Entre vous et moi, il ne faut pas s'être arrêté longtemps sur la brièveté de notre séjour sur Terre pour penser que l'on peut considérer sur un même pied d'égalité la préparation d'une réunion et le spectacle de notre enfant à l'école. Je ne dis pas qu'il ne faut pas mettre notre coeur à l'ouvrage mais qu'il faut faire attention à ne pas l'oublier sur le coin du bureau.

lundi 2 novembre 2009

Chassez le mauvais, il revient au galop

En tout cas, il est difficile parfois de chasser le mauvais. Parlez-en aux citoyens de Montréal, ou de Laval, ou de Québec, ou même... de Gatineau, du moins à ceux qui ont cru à la démocratie et qui sont allés voter. Je vous concède, cependant, que pour mes deux derniers exemples, rien ne prouve qu'il s'agit de mauvais. Seulement d'un Québécois qui se croit très bon et qui, maintenant qu'il détient la majorité au conseil, pourra démontrer s'il a effectivement l'étoffe du chevalier sans peur et sans reproche. Pour ce qui est de celui qui est plus près de moi géographiquement parlant, disons qu'il n'a rien fait de mal jusqu'à présent mais rien non plus de passablement extraordinaire. À eux de prouver qu'ils n'ont pas l'intention de joindre les rangs de leurs congénères véreux.

Mais, mais, c'est moi aujourd'hui qui suis allée chasser le mauvais. J'en avais assez des microbes, des vaccins, des peurs, des virus, de la grippe, des peurs... bref, vous voyez le portrait. J'ai donc enfilé mes espadrilles et suis allée encore une fois à la poursuite de mes démons.

J'ai rencontré en chemin quelqu'un qui chassait... les feuilles mortes. Oui, armé d'un redoutable souffleur de feuilles, il pourchassait les pauvres petits cadavres en les envoyant bien loin de son terrain, poussant le zèle jusqu'à les pousser de l'autre côté de la rue. C'est sûr que le vent ne viendra pas contrecarrer ses plans et qu'il va toujours s'époumoner en sens contraire. Eh! bien moi, j'ai trouvé ça tellement ridicule que je n'ai pas pu m'empêcher d'embarquer dans ce délire et de ramasser une pelletée de feuilles en passant que j'ai jetées ensuite avec une savoureuse délectation et un plaisir pas du tout coupable sur le terrain vierge du valeureux chasseur. Ça fait du bien des fois de frôler l'acte répréhensible!

Et j'ai continué ma route en croisant cette fois quelqu'un qui chassait son trop plein d'énergie. Ah! celui-là, par contre, je l'ai vénéré. Il s'était installé en plein milieu du terrain de soccer avec plusieurs ballons et il s'évertuait à essayer de marquer des buts ou de réussir un placement (car il s'amusait aussi avec des ballons de football). Un peu plus et je m'arrêtais pour l'admirer, lui, tout fin seul, occupant le terrain déserté jusqu'à la prochaine saison. Je trouvais ça beau de le voir s'entraîner avec autant de détermination sous les couleurs automnales d'un début novembre.

Moi aussi j'avais choisi le mode "entraînement sérieux" en cet après-midi juste un peu frisquet pour rosir mes joues et m'afficher un sourire de béate satisfaction en sentant l'air vivifiant faire son chemin dans mes veines. Et j'y allais fort sur le metal. J'ai écouté peut-être cinq fois de suite cette chanson de Threat Signal (que vous pouvez trouver sur YouTube) parce que les paroles et la musique me rentrent dedans et me secouent les entrailles chaque fois que je l'écoute. J'imagine que j'avais vraiment besoin de recevoir des coups dans l'estomac aujourd'hui car j'en redemandais toujours. Lisez les paroles et imaginez le reste :

Through my Eyes

Tear through the ashes of what still remains
The blood runs down my face
Can't find the reason
We're all left to waste
You must awaken
See through my eyes

I bleed to let myself know I'm alive
As you hide in denial
Break through the clouds and reach out to the sky
You must awaken

See through my eyes
See through the lies
We're not far away
We're not far away

As we crawl to salvation
The rest try to hold us down as they fall
We separate from the hate that will bring us down
Bring us down
Bring us down

These lacerations
They will reveal for the rest of my life
These aggravations will not conceal 'til I die or we end this fight

As we crawl to salvation
The rest try to hold us down as they fall
We separate from the hate that will bring us down

Forget the words that they've said
If it's all deceit in your head
This life is more than just lies
Awake and see through my eyes

Est-ce que je vais un jour chasser le mauvais une fois pour toute? Je ne sais pas et peut-être que ce n'est pas possible. Le principal, c'est sans doute d'avoir des armes pour se défendre et pour faire face au mauvais qui revient toujours, inlassablement.