mardi 31 mars 2009

Bonté divine

La bonté se définit comme une manifestation de bienveillance. Je trouve que, de nos jours, la bonté malheureusement se perd. Il me semble pourtant que c'est assez facile d'être bon, de se montrer attentif à ceux qui croisent notre route. Pour moi, en tout cas, cela m'apparaît plus facile que d'être en guerre ouverte contre l'humanité. Et la bonté nous remplit d'un tel sentiment de paix intérieure que cela vaut la peine de la provoquer.

Rien de plus simple. Un sourire au chauffeur d'autobus en montant à bord et, pointe d'audace, pourquoi pas aussi un retentissant "Bonjour!". Vous verrez tout de suite le changement d'attitude : de la surprise au plaisir d'être reconnu comme un être vivant.

En allant chercher un café au casse-croûte, encore là, pas d'hésitation, il faut engager la conversation avec la personne préposée à la caisse. Des suggestions? "Bonjour, vous allez bien?" ou "Il fait beau ce matin. Ça sent le printemps." Je sais, je sais. Ça fait lieux communs. Mais c'est une amorce d'appréciation du service rendu. Pourquoi, de façon encore plus osée, ne pas terminer cette rencontre du troisième type par la formule éprouvée : "Passez une bonne journée!".

Vous vous retrouvez maintenant avec vos collègues de travail. Dans ce cas, les formules méritent d'être élaborées davantage, du moins pour ceux d'entre eux avec qui vous entretenez des liens plus étroits. Moi, j'ai la chance de prendre mon café tous les matins avec ma grande amie L. J'adore ce petit moment que nous partageons ensemble en nous racontant notre quotidien. Ça me fait bien commencer la journée, surtout si j'ai le moral un peu bas. Aujourd'hui, je ne sais pas ce qui est arrivé, mais nous avons raté notre café deux fois. Il a été tour à tour trop amer et trop faible. Ça ne fait rien car nous avons quand même goûté au gâteau que mon amie avait apporté. Nous l'avons mangé dans le même plat et nous avons même invité une collègue à partager notre péché de gourmandise. De façon totalement imprévue, nous avons ainsi jasé quelques minutes toutes les trois dans la cuisine de l'étage.

Il y a eu aussi cet autre moment où, grâce à la conception à aires ouvertes, plusieurs de mes collègues et moi avons bien ri au sujet d'un incident avec la photocopieuse. Ça été comme une réaction à la chaîne, chacun d'entre nous y allant de son observation savoureuse. C'était comme une éclaircie, une pause nous permettant de constater que, même cachés dans nos cubicules respectifs, nous formons une équipe. Quelques minutes plus tard, on n'entendait déjà plus que le bruit de nos claviers.

De retour à la maison, après avoir été marcher, j'ai aussi pris le temps de traverser la rue pour parler à ma voisine en congé de maladie depuis quelques mois déjà. Je voulais avoir des nouvelles. Nous avons parlé longuement.

Des fois je dis à mon amie L., lorsqu'elle s'impatiente de me voir ainsi bavarder avec tout un chacun : "Ce n'est pas de ma faute, j'aime le monde!". Et si être bon, c'était simplement accepter l'humanité...
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Notes pédestres : Hourra! mon parcours au complet est maintenant dégagé. Plus de trace de rien sur les trottoirs. Je marche (ou plutôt je cours presque) en trippant sur la chanson Shut Your Mouth de Pain. Merci Yosterdude!

dimanche 29 mars 2009

Des muscles et des hommes

C'était une journée comme ça. Elle a annoncé ses couleurs tôt le matin : gris sur bleu foncé. Elle était maussade et déprimée. Elle a donc pleuré presque tout le temps. J'ai vite compris qu'aucune négociation n'était possible. Je suis retournée dormir un peu en souhaitant qu'elle change son humeur. Vaine espérance. Quand je me suis relevée, elle était toujours aussi exécrable.

Je n'avais plus le choix. Si je ne voulais pas que son humeur déteigne sur moi, je devais aller dépenser mon énergie et vivre ma vie pédestre. Mais où donc? Au Gym, bien sûr, le royaume des pas perdus! Heureusement, l'Homme avait aussi l'intention d'y aller. C'était déjà plus intéressant. Et puis, qui sait? Il y avait peut-être eu des changements depuis la dernière fois où j'étais allée m'y perdre.

Je vous rassure tout de suite. Aucun changement à l'horizon. Même odeur. Même sueur. J'ai donc grimpé sur le tapis roulant, mis mes écouteurs et me suis branchée sur les nouvelles tounes de metal fournies par Yosterdude. C'était bien, surtout les écrans géants qui diffusaient tous des courses de voitures. Et que dire des hommes-muscles qui s'accueillaient d'une poignée de main pour initiés seulement et d'un sourire plein de sous-entendus, genre "Hey, man, tes biceps, ça s'en vient! T'occupe, viens plutôt voir le poids que je soulève, tu m'en diras des nouvelles!".

En tout cas, après mon heure de marche, j'ai terminé ma séance d'entraînement en allant soulever des poids pour travailler mes biceps. "Hey, man, attends de voir mes muscles cet été!".

vendredi 27 mars 2009

La mémoire vive

À la famille!

J'ai décidé de profiter de mon séjour à Montréal pour reprendre contact avec la mémoire vive familiale et rendre visite à deux tantes très chères âgées de 85 ans et des poussières. Comme je demandais à l'une d'elles comment elle se sentait à l'approche de son anniversaire, elle m'a répondu à propos de son âge : "Ce n'est pas le chiffre qui me dérange mais plutôt l'écart qui existe entre l'année de ma naissance et aujourd'hui. C'est trop grand, ça n'a pas de bon sens!". Ce qui m'a rassurée, par contre, c'est qu'elle a aussi affirmé du même souffle n'avoir absolument aucun regret. Je trouve ça assez formidable, non?

J'ai vraiment réalisé toute l'importance de la famille élargie au décès de maman. Quand je me revois dans l'église juste avant que le service funèbre ne commence, la première image qui me vient à l'esprit c'est celle de mon cousin qui descend l'allée centrale pour se diriger vers mes soeurs et moi. Je n'oublierai jamais ce que j'ai ressenti à ce moment-là. C'était comme un immense besoin d'appartenance. Notre peine était tellement grande... trop grande pour que nous la vivions seules. Mon cousin m'a serrée dans ses bras. Je savais qu'il comprenait. Et c'était suffisant.

J'ai rappelé ce souvenir à mon cousin lorsque je l'ai vu cette semaine. Et comme nous notions le fait que nous ne nous voyions malheureusement pas assez souvent, il m'a simplement fait remarquer : "C'est vrai, mais notre livre reste ouvert à la même page jusqu'à notre prochaine rencontre". Il a raison et je suis très contente d'avoir pu écrire un autre chapitre à notre histoire.

Au cours des deux journées passées dans le giron familial, je me suis littéralement abreuvée du savoir et de l'expérience de mes tantes. J'ai gobé tout ce que j'ai pu pour l'emmagasiner dans mon disque dur. Je me suis délectée de les entendre me raconter leurs souvenirs de jeunesse. Et comme nous avons eu du plaisir à nous remémorer les bons moments vécus au fil des années. J'essaie d'ailleurs encore de démêler dans ma tête les branches de l'arbre généalogique dépeint par mon cousin, à la suite de l'une de ces anecdotes, pour me permettre de faire des liens entre la tante Unetelle et l'oncle Untel!

C'est ça la mémoire vive familiale. Chacun en détient une partie, d'où la nécessité de se rencontrer régulièrement pour la mettre à niveau et éviter qu'une donnée ne se perde à tout jamais...

mardi 24 mars 2009

Anonyme dans Montréal

J'aime me rendre à mon cours le matin en joignant mon pas à celui des étudiants et des travailleurs. J'aime marcher pour me rendre à la station de métro. J'aime l'anonymat de la ville. De la grande ville, devrais-je préciser.

J'aime sentir qu'il y a plein de monde autour de moi. J'aime entendre le bourdonnement des voix. J'aime surtout le fait que je n'ai pas nécessairement à entrer en contact avec ceux qui m'entourent. Même s'ils sont très nombreux!

Je ne sais pas si c'est à cause de cette anonyme liberté que ça me semble plus facile encore de dire bonjour ou de céder mon siège dans le métro. C'est comme si, tout en étant chacun dans notre bulle, on est aussi très conscients des autres bulles. C'est comme si on voulait à la fois protéger notre bulle et aussi s'assurer que tout va bien dans celle des autres afin que, toutes bulles confondues, nous puissions tous nous rendre à destination. Ainsi, j'ai vu quand même à quelques reprises des gens debout dans le métro, en train de lire leur journal ou d'écouter leur mp3, prendre le temps de tendre un bras pour empêcher de tomber la personne qui se trouvait à côté d'eux. Le geste est là, simple et réconfortant. Mais ça s'arrête là. Un bref sourire, parfois. Puis tout revient à la normale. Chacun se replonge en soi. Je ne sais pas pourquoi mais je trouve ça reposant. Peut-être que c'est la façon de vivre, ou de survivre, dans une grande ville. S'il fallait interagir tout le temps, j'imagine que cela deviendrait vite infernal.

Tout autant que l'anonymat, j'aime les multiples visages de Montréal. J'adore côtoyer tous les jours, partout, des gens de nationalités, de couleurs et de cultures différentes. J'ai l'impression d'être en voyage très loin, plus loin que je ne le suis en réalité. Bref, j'aime Montréal. Serait-ce parce que je suis née à l'hôpital Notre-Dame, en face du parc Lafontaine? J'aime à croire que oui. J'aime aussi à croire que c'est aussi la raison pour laquelle je suis une marcheuse urbaine et, à ce titre, je peux dire que j'adore les trottoirs de Montréal. Il y en a plein et j'y pose les pieds avec volupté!!

lundi 23 mars 2009

Instantanés montréalais

Qu'est-ce qui ressemble le plus à un fonctionnaire de l'Outaouais? Je vous le donne en mille : un fonctionnaire montréalais! Une fois que je suis arrivée au lieu où se donne mon cours de pré-retraite, soit au Complexe Guy-Favreau, je me suis retrouvée comme un poisson dans l'eau. Mêmes formalités à remplir pour avoir le droit de pénétrer dans le sacro-saint immeuble, mêmes drapeaux du Canada, mêmes ascenseurs et, quand je suis allée chercher mon café, même compagnie qui exploite la cafétéria et, à la caisse, même employé qu'à Gatineau! Eh! oui, il me semblait bien que je l'avais vu dans mon coin et ma mémoire ne me trompait pas. Le gentil monsieur a la caisse avait travaillé six mois aux Terrasses de la Chaudière. Il m'a souhaité la bienvenue à Montréal. Je vous le dis, c'était le jour de la marmotte ou quelque chose du genre. J'avais la désagréable impression d'être dans un mauvais rêve. Un cauchemar gouvernemental!

Enfin bref, je me pince, je m'aperçois que je ne rêve pas et j'entre dans la salle de cours. Pour ceux qui me suivent fidèlement, vous vous rappelez sûrement de cette chronique où je faisais état de ma passion pour les chiffres. Je serai servie cette semaine. Seulement aujourd'hui il y avait deux conseillers financiers dans la salle! Après une heure, j'étais découragée de la vie. Après trois heures, je ne comprenais plus rien. Et pourtant. Je faisais de beaux efforts pour me garder concentrée et avoir l'air intéressée. Mais je n'avais qu'une envie devant tous ces visages sérieux aux fronts plissés, tous ces yeux fixés sur les chiffres qu'on étalait dans un défilé sans fin. J'avais envie de lancer boutades et feux d'artifice. Je me suis retenue sauf pour une remarque. En réponse à une question qui en fait, je l'ai bien vu par après, n'en n'était pas une concernant le fait qu'on ne savait vraiment pas dans quoi on s'embarquait quand on décidait de marier quelqu'un ou de vivre avec, j'ai lancé "Heureusement!". Personne n'a ri et l'Homme, qui m'accompagne pour l'occasion, m'a foudroyée du regard. Bon, bon. Si on ne peut pas rire, ça va être long tout ça.

Finalement, 4 h est arrivé. Je n'avais qu'une hâte. Me changer et aller marcher. Ce que j'ai fait dès que je suis arrivée à l'appart du Fils. Il faisait froid et il ventait mais il y avait un très beau soleil. C'était super bien parce que le Fils demeure tout près de la Rivières-des-Prairies. J'ai pu la suivre presque tout le long de ma marche sauf quand j'ai dû contourner ce qu'on appelait autrefois la Prison de Bordeaux et qu'on a politiquement rebaptisée "Établissement de détention de Montréal". Je trouve ça moins chic. Vous savez que c'est un bâtiment à l'architecture fort intéressante qui a été construit de 1908 à 1912. Voici ce que j'ai tiré de Wikipédia : du point de vue architectural, la détention est en forme d'astérisque avec une tour centrale vers laquelle convergent six ailes, surmontée d'un dôme dont la coupole est située à 150 pieds au-dessus du sol. La chapelle catholique occupe le sommet de cette tour. La détention est aussi caractérisée par des cellules aux murs imposants, des portes pleines en fer et de grandes fenêtres donnant sur l'extérieur. Je sais ce que vous pensez. Elle est encore une fois victime d'effets résiduels! Sans doute un peu car, tout le temps que je faisais le tour de la prison et que j'examinais la clôture qui délimite le terrain avec ses nombreuses affiches "Ne pas traverser", je m'attendais à ce que Michael et Linc arrivent en courant avec Bellick à leurs trousses! Même ici, à Montréal, je n'ai pas de break de Prison Break!

samedi 21 mars 2009

Donnez-moi de l'oxygène!

Oui, j'en avais vraiment besoin après avoir passé trois jours sans fouler les pavés. C'était une belle journée de printemps comme je les aime : ensoleillée, froide et venteuse! Peu importe. J'ai remis tuque et manteau d'hiver et j'ai été respirée un bon coup.

Aussi bien vous le dire tout de suite, je l'ai croisé chemin faisant. Qui? Mais le printemps voyons! Je l'ai surpris dans les cris des enfants qui s'amusaient dehors. Cela m'a vraiment émerveillée car les enfants sont, de nos jours, une espèce qu'on a rarement l'occasion d'observer en plein air. Mais, parfois, quand il fait beau, certains spécimens se risquent à sortir de leur terrier. J'ai rencontré d'abord des joueurs de hockey qui se disputaient âprement la rondelle chaussés de patins à roulettes. Puis, ce fut la reconstitution de la bataille des Plaines d'Abraham quand, au détour d'une rue, je fus presque prise entre les membres de deux camps adverses munis d'épées en bois et de boucliers-couvercles de poubelle. Heureusement, j'ai réussi à contourner la zone de guerre sans subir de perte.

Un peu plus loin, je l'ai débusqué de nouveau. Dans une
plate-bande, le long d'une maison, de petites tiges de tulipes ou de crocus émergeaient du sol. J'éprouve toujours un soulagement devant ce spectacle. Cela vient me rassurer car, pour moi, ces plantes qui se préparent à éclore après de longs mois de froid et de gel, c'est la preuve chaque printemps que la vie est plus forte que la mort. C'est aussi le rappel éloquent qu'il faut parfois accepter de passer par une période de dormance pour mieux revivre par la suite.

C'est certainement ça l'espoir. Croire, même quand on pense que tout est fini pour de bon, qu'il n'y a plus rien à faire et que l'on ne voit pas le jour où l'on va s'en sortir, que la lumière va se frayer un chemin jusqu'à notre âme. Et le plus merveilleux, c'est que cela peut se répéter sans fin... si on y croit.

Joyeux printemps!
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Avis aux lecteurs de ce blog : À compter de demain, et ce pour une semaine, la Marcheuse urbaine arpentera les trottoirs de Montréal. Une aventure à suivre.

vendredi 20 mars 2009

Ah! l'art...

Je reviens du Centre national des Arts où j'ai assisté au spectacle de danse de Grupo Corpo, une compagnie brésilienne qui crée des oeuvres incluant les mouvements classiques dans un enrobage contemporain. Une précision d'enfer. Une exécution à un rythme effarant. C'était tout simplement à couper le souffle!

Je me considère privilégiée depuis quelques années de pouvoir assister à un nombre considérable de spectacles. Du Cirque du soleil à Pierre Lapointe, d'André Sauvé aux mondes de Robert Lepage ou de Wajdi Mouawad, de l'Orchestre symphonique de Montréal à Marc-André Hamelin, je savoure et je me nourris. Quel plaisir de se laisser éblouir, surprendre et, pourquoi pas, choquer! C'est tout notre être qui vibre quand un artiste vise juste... en plein coeur.

J'essaie également de visiter les musées et les expositions spéciales qu'ils présentent. Là encore, quel moment magique quand on s'arrête devant une sculpture ou une toile qui nous interpelle et touche notre essence même. Je ne m'attarde pas seulement à la beauté de ces oeuvres mais aussi au message qu'elles transmettent. Je tente de le décoder et en même temps je me l'approprie. Me voilà pour un bref instant en train de respirer le même air que son créateur.

Quand j'assiste à un concert de musique classique, il m'arrive de me retrouver littéralement suspendue entre ciel et terre parce que je veux absorber chaque note, chaque accord pour les laisser imprégner mon âme. De la même façon, je vais lire et relire un passage émouvant ou une scène particulièrement bien décrite par un auteur qui a trouvé les bons mots, les vrais mots pour le dire.

Il faut lire, écouter de la musique, aller au théâtre, habiter les musées, admirer les acrobates et les danseurs pour comprendre qui nous sommes. Et il faut accepter de se laisser questionner et provoquer en se limitant le moins possible. Comment? En voyant et en écoutant un peu de tout, tout le temps.

Ah! l'art...

jeudi 19 mars 2009

Quand la santé va, tout va!

Bon, bon, il a bien fallu que j'entre dans l'hôpital ce matin pour aller passer la mammo. J'étais tellement contente l'année dernière quand j'ai appris qu'en raison des longues listes d'attente, je devrais me présenter à l'unité mobile plutôt qu'à l'hôpital pour passer mon test, soit dans une roulotte située dans le stationnement. Ça faisait camping et ça faisait mon affaire!

Mais on ne peut pas s'en sortir chaque fois. J'ai donc dû prendre mon hypocondrie à deux mains pour pénétrer dans le bâtiment honni et m'installer dans la file d'attente du comptoir d'accueil. J'ai bien sûr pris d'abord la précaution de me désinfecter les mains... une première fois. D'ailleurs, pour moi, c'est mauvais signe de voir autant de distributeurs de désinfectant au pied carré. Je comprends leur raison d'être mais, en même temps, cela soulève beaucoup de questions dans mon esprit hautement impressionnable.

Pour faire exprès, c'est très lent. Il n'y a que deux préposées, dont l'une semble totalement dépassée par l'ordi, les formulaires et les requêtes, et les questions des patients impatients. Qu'à cela ne tienne, sa collègue décide de lui venir en aide et, par le fait même, laisse son guichet inoccupé. Misère! cela me laisse le temps de jeter un coup d'oeil dans la salle d'attente et d'en voir trop. Et on n'est même pas à l'urgence. Ici, ce sont des patients qui se déplacent eux-mêmes... enfin presque tous. Mais, pour la plupart, ils sont malades. Ce n'est certainement pas de gaieté de coeur qu'ils ont choisi d'être là. Mon niveau de stress augmente à mesure que l'attente se prolonge. Il me semble que, si je reste trop longtemps à la même place sans bouger, les microbes vont me trouver et me sauter dessus, c'est sûr!

Pour calmer mon imagination galopante, je décide de sortir mon mp3 et de m'injecter une bonne dose de... Jason Mraz. Désolée, Yosterdude, mais c'est la musique réconfortante et un brin provocante de Jason qui a gagné cette fois. Enfin! c'est mon tour. Je remporte une nouvelle carte d'hôpital et la chance d'aller faire la file en radiologie. Je ne prends aucun risque et je me désinfecte les mains... une deuxième fois.

La préposée dans ce service semble efficace malgré son handicap. En effet, son parfait manucure fait en sorte que ses ongles rapportés et peinturlurés drôlement avec des motifs s'accrochent continuellement dans les touches du clavier. Elle doit donc taper très, très, très lentement pour ne rien briser ou décoller. Elle me remet un questionnaire. Je le remplis. J'apprends que l'on m'inscrit de nouveau au Programme de dépistage. J'essaie d'expliquer que c'est déjà fait. La préposée ongulée me répond que ce n'est pas indiqué dans son ordi et elle me demande de prendre mes feuilles, de suivre les points bleus par terre et de déposer ma requête dans un panier bleu accroché au mur. Chouette! un jeu de piste. Quelle bonne idée pour détendre l'atmosphère. Dommage que le chemin à parcourir soit très court et qu'il mène tout droit à la tortionnaire du téton.

Mes salamalecs étaient prêts mais ils ne m'ont été d'aucune utilité puisque la tortionnaire était en réalité une technicienne d'une gentillesse exceptionnelle et d'une bonne humeur à toute épreuve. Je me suis quand même fait écraser ce qui devait l'être. Je me suis ensuite bien vite rhabillée... non sans m'être désinfectée les mains... une troisième fois.

Et malgré une envie d'uriner presque irrépressible, j'ai préféré attendre de liquider tout ça dans les toilettes de la fonction publique, là où les lavabos pour se laver les mains ne manquent pas pour les nombreux Ponce Pilate qui les fréquentent!

mercredi 18 mars 2009

Un petit pas pour la Femme, un grand pas pour mon Humanité

Je n'ai pas été marché sur les trottoirs aujourd'hui. J'ai plutôt marché dans ma tête. J'avais rendez-vous avec le Sondeur d'âme. Ça m'a permis de me rendre compte du chemin accompli depuis près de trois ans. Depuis le jour où j'ai décidé de me lever et de bouger. C'était tellement innocent. Je voulais juste me mettre en forme. Et j'ai mis mes espadrilles et je suis sortie...

Je ne savais pas le trajet, encore moins l'arrivée. Je savais seulement qu'il était temps de passer à l'action. Ce n'était pas clair et ce ne l'est pas encore complètement. Mais je commence à sortir du brouillard et à voir un peu mieux.

C'est à la fois exaltant et irréel. Quelque chose que j'ai cherché tellement longtemps. Quelque chose que je trouve enfin. Une minute, j'y crois. L'instant d'après, je me dis que ça ne se peut pas. Mais cette hésitation ne dure pas parce que je sais maintenant. Je sais au plus profond de moi qu'il n'y a pas de retour au point de départ. C'est impossible... j'ai fait trop de chemin. Et j'aime le voyage que j'ai entrepris, alors, je continue. Malgré les obstacles qui pourront survenir. Surtout à cause de l'émerveillement de me découvrir.

Il faut juste accepter de faire les premiers pas... à la rencontre de soi-même.

mardi 17 mars 2009

Les salamalecs d'obligation

Je suis d'un naturel aimable. C'est plus fort que moi : j'aime le monde. J'aime parler avec les gens. J'aime leur rendre service.

Rendre service. Il y a des personnes qui reçoivent rétribution pour rendre un service. Mais ils le font à contrecoeur et sans aucun enthousiasme. Jugez vous-même de ce dialogue que je vous rapporte fidèlement entre moi, employée désireuse de connaître la raison pour laquelle son salaire n'a pas encore été ajusté en fonction de la nouvelle convention collective signée récemment, et la personne rétribuée pour préparer les chèques de paie. Comme je parle pour la première fois à la personne en question, je lui dis : "Bonjour, je crois que vous êtes mon commis de paie, n'est-ce pas?". L'aimable personne : "Nous ne sommes pas des commis de paie. Nous sommes des conseillers en rémunération." Et vlan! Voilà la relation fort mal commencée. Si je n'avais pas à obtenir de cette personne un service essentiel à ma survie, je l'aurais envoyée chier. Mais, comme je vous le disais plus tôt, je suis aimable. J'ai donc déplié mes gants blancs jusqu'aux épaules pour tenter d'obtenir une réponse à ma question. Cela a partiellement aidé mais j'attends toujours que le conseiller en rémunération daigne examiner mon dossier. Pendant ce temps, je ronge mon frein et je tourne ma langue soixante-dix fois sept fois.

Ces salamalecs d'obligation envers les personnes qui sont supposées nous fournir un service me rendent folle. C'est évident qu'on ne peut pas se mettre à dos l'infirmière qui se prépare à nous enlever cinq petites fioles de notre sang précieux. Et pourtant... même avec la meilleure volonté du monde, voyez ce qui peut arriver. L'Ami me racontait avoir tenté, dans une situation semblable, de complimenter l'infirmière après que celle-ci eut passé à l'acte. "Vraiment, Madame, je n'ai rien senti. Vous êtes une experte dans votre domaine", lui susurra-t-il. "Qu'est-ce que vous pensiez, Monsieur? Nous sommes des infirmières professionnelles, vous saurez!", lui rétorqua-t-elle d'un air dédaigneux.

Comprenez-moi bien. Si ces personnes sont gentilles, je n'ai même pas à faire un effort pour montrer mon côté givré. Mais les révérences devant la secrétaire qui attribue telle une bonne fée marraine les rendez-vous pour le médecin, ou devant l'hygiéniste dentaire qui regrette amèrement d'avoir choisi de gagner sa vie en fouillant dans la bouche des autres, ou encore devant le
commis-vendeur qu'on cherche pendant de longues minutes dans toutes les allées pour qu'il nous montre où est caché l'article en promotion qu'on veut se procurer, deviennent franchement éreintantes. Tout ce que je veux, c'est qu'on me donne ce dont j'ai besoin, et avec un minimum de courtoisie.

Quand je pense que jeudi je dois passer une mammographie!!! Je dors déjà avec le sourire fendu jusqu'aux oreilles et les formules de politesse se bousculent dans ma tête. Ce n'est vraiment, mais vraiment pas le temps, de se faire une ennemie de celle qui t'aplatit le téton!
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Notes pédestres : Très beau soleil. J'ai cédé et j'ai remisé le manteau d'hiver.

lundi 16 mars 2009

Aïe! j'ai pris un coup... de vieux!

C'est arrivé aujourd'hui, dans l'autobus, après ma journée de travail. Comme c'est souvent mon lot, j'étais debout, accrochée à un poteau. Pour la première fois en trente et un ans, une jeune femme, pas tellement plus vieille que la Fille, se lève et s'approche de moi en me disant : "Voulez-vous vous asseoir, Madame?". Tiens toi, deux flèches décochées en plein coeur. Non seulement t'as l'air trop vieille pour être debout mais en plus tu mérites le titre racoleur de "Madame".

Tout le monde sait bien ce que ça veut dire quand on vous donne du "Madame" ou du "Monsieur". Ça veut dire qu'on devient des personnes âgées! Voilà ce qu'on devient. C'est horrible. Parce qu'on ne se sent pas vieux en dedans et qu'on arrive même à ne pas se voir vieux du dehors. Mais, de toute évidence, notre vue baisse et notre jugement dérape puisque l'on est dorénavant coiffé d'un titre de civilité. Bon, bon, ça ne me dérange pas quand on m'appelle "Madame" dans un magasin. J'aime d'ailleurs beaucoup mieux ça que le fameux "P'tite Madame" que j'abhorre. Malgré tout, j'espérais éviter pendant quelques années encore l'étiquette "périmée, on passe à un autre appel".

Enfin, tentant plus mal que bien de me remettre de ma blessure d'amour-propre, je rétorque à l'âme charitable : "Est-ce que j'ai l'air si vieille que ça?". À ma question, elle me répond : "Non, non. C'est que ça me fait du bien d'être debout après avoir été assise toute la journée." Ça alors, quelle coïncidence. Imagine-toi, jeune poulette du printemps, que moi aussi j'ai été assise toute la journée. Mais ça ne me fait pas de bien d'être debout parce que j'ai vraiment mal à mon foutu genou.

Alors, je me suis tue et je me suis assise... presque, je dis bien presque, reconnaissante d'avoir franchi une nouvelle étape vers la sénilité.

À vieillir sans péril, on meurt sans gloire.
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Notes pédestres : Beau mais encore frais. Heureusement, je portais toujours mon manteau d'hiver!

dimanche 15 mars 2009

Un goût de metal et d'espadrilles... sur la pédophilie

Nic a dit...

Disons que lorsque j’ai eu l’idée de te proposer de publier de temps à autre un message commun, je me doutais que cela poserait un certain défi. Toutefois, j’avais vraiment mal mesuré l’ampleur de la tâche en te laissant en plus choisir le thème de notre première chronique.

Alors, tu m’annonces comme ça : parlons de pédophilie. C’est vrai que le sujet a refait surface récemment dans l’actualité en raison de l’arrestation d’un comédien en possession de matériel pornographique juvénile. Je n’ai pas l’intention de commenter cette affaire. Je ne suis experte ni en questions juridiques, ni en déviances sexuelles. C’est d’ailleurs sans doute en raison de ma dernière ignorance avouée que je ne comprends pas comment un adulte peut s’émoustiller en regardant des enfants. Cela me semble malsain, pour ne pas dire franchement dégoûtant. J’espère seulement que ça se soigne. Et comme ce comédien semble avoir été arrêté parce qu’il a partagé ou vendu du matériel pornographique, je n’éprouve pas vraiment de pitié pour lui. Il faut être capable d’assumer les conséquences de ses actes dans la vie surtout qu’il était sûrement au courant de la nature illégale de ce qu’il faisait.

Ce qui m’inquiète dans tout ça, et c’est une autre question qui a aussi été largement débattue dans les journaux dernièrement, c’est le nombre grandissant d’enfants qui sont victimes de leurres sur Internet. Des adultes qui se font passer pour ce qu’ils ne sont pas et qui leur demandent de se dénuder devant la webcam ou, pire encore, de les rencontrer quelque part. Je m’inquiète quand je vois la société se transformer de façon aussi peu édificante. Et je n’aime pas, mais vraiment pas du tout, la banalisation que l’on fait de ce genre de comportements. Comme si tout pouvait ou devait être permis. On oublie dans ce cas que les victimes sont des enfants. Et que peuvent les enfants quand les adultes, ceux qui sont justement censés les aimer et les protéger, deviennent les ennemis dont ils doivent se méfier?

Yosterdude a dit ...

J’ai atteint mon but! Je voulais que notre première collaboration reflète la sensibilisation ainsi que le rapprochement de la société actuelle, je voulais que ça soit difficile car, comme nous le savons tous, rien n’est facile dans cette vie.

Ce qui est difficile lorsqu’on parle de la pédophilie c’est que c’est dans le mental, prenons par exemple l’homosexualité. Nous ne pouvons comprendre pourquoi quelqu’un d’un certain sexe peut aimer une personne du même, comment font-ils pour se plaire, pour se compléter? Pour une personne ne vivant pas cette situation c’est inexplicable même incompréhensible. Par contre pour ces gens c’est la réalité, c’est ce qu’ils ressentent, c’est ce qu’ils ont besoin. Faites attentions je ne suis pas en train de dire que l’homosexualité c’est mal mais que nous ne savons pas comment l’interpréter. Où vais-je avec ceci? C’est simple! Je dis tout simplement que la pédophilie c’est quelque chose que nous ne comprenons pas, une attirance sexuelle que nous n’avons pas et que nous jugeons par notre "bon sens". Mais si une personne est pédophile et que nous disons que c’est mal, c’est seulement dû au fait que la société juge cette attirance comme mal, l’homosexualité, elle, a été jugée comme acceptable. Je ne sais pas si vous me suivez dans mes pensées mais je ne dis pas que je suis d’accord avec la pédophilie mais que je comprends que c’est une situation que les individus pédophiles ne peuvent contrôler. C’est triste pour eux parce que ce n’est pas quelque chose qu’ils peuvent régler et c’est quelque chose qui va toujours rester inacceptable car les enfants victimes n’ont pas le jugement assez développé pour décider s’ils sont pour ou contre les actions posées envers eux.

Il y a aussi la distinction entre le pédophile qui aime regarder des enfants et le pédophile en action qui abuse sexuellement ou qui prend des photos. Nous avons tous nos fantasmes et je comprends que certaines personnes trouvent les enfants attirants, peut-être même simplement dû au fait qu’ils envient leur jeunesse, mais il y a une grosse marge entre ceci et d’abuser un enfant innocent qui ne comprend pas ce qui se passe.

Je ne défends pas leurs actions mais simplement j’aimerais vous faire comprendre que peut-être ils ne peuvent pas s’en empêcher. D’ailleurs j’avais lu un article il y a un bon bout de ceci portant sur les hommes qui ont trouvé une alternative à la pédophilie en se trouvant des femmes adultes qui ont une certaine maladie (dont j’oublie le nom) qui fait en sorte qu’elles ont toujours l’allure d’enfants. Est-ce moral? A vous de juger, mais je dis avant de pointer du doigt et dire maudit que c’est écœurant, regardez l’autre côté de la médaille ou même mettez vous à leur place et demandez vous si vous seriez capable gérer ces émotions?

samedi 14 mars 2009

Tirer sur la fleur pour qu'elle pousse plus vite

Je suis retournée à la rue aujourd'hui. Les trottoirs étaient bien dégagés sauf aux endroits où des enragés de voir le printemps arriver y avaient balancé des bouts de leur banc de neige. Ça faisait bizarre d'observer ainsi des tas de neige rongés par la main humaine. Ça se voyait tout de suite que ce n'était pas normal, que ça ne respectait pas le rythme de la nature.

Et tout ça pourquoi? Pour dégager leur terrain plus rapidement. Et puis après? Après, c'est la course au râteau. La neige n'est même pas encore entièrement disparue que les maniaques de faire arriver les choses plus vite que prévu se précipitent pour gratter la pelouse et en enlever la moitié par le fait même. Et moi? C'est toujours pareil. Je les trouve doublement idiots : un, pour se dépêcher inutilement, et deux, pour ignorer le fait qu'il est recommandé d'attendre que la pelouse soit entièrement sèche avant de la nettoyer.

Ils m'impatientent aussi pour une autre raison. À cause d'eux, j'ai toujours l'air d'être négligente et de ne pas bien entretenir mon terrain. Pendant que moi j'ai encore des papiers, des branches et des roches sur le devant de la maison, eux sirotent leur bière déjà assis dans leur chaise de jardin en contemplant d'un air dédaigneux le terrain sale de leur voisine.

On dirait que je suis toujours comme ça. En décalage. Je mets mes décorations de Noël la deuxième semaine de décembre alors que les autres maisons sont illuminées depuis la fin de semaine de l'Halloween. J'ai souvent enveloppé mes cadeaux
le 23 ou le 24 décembre alors que d'autres sont obligés d'enlever la poussière qui s'est déposée sur les boucles des leurs avant de les déballer. Je fais le grand ménage d'une pièce de la maison uniquement quand je veux la peinturer. Ma voisine d'en face lave ses murs au complet au moins deux fois par année. Quand les enfants étaient jeunes, j'achetais leurs fournitures scolaires au milieu du mois d'août. Je me retrouvais souvent devant des rayons vides parce qu'ils avaient été dévalisès dès la fin juin par les parents prévoyants. Le temps que je pense à acheter une carte de Saint-Valentin, les magasins ont déjà sorti les décorations de Pâques. J'accumule depuis des années les photos que je prends dans un tiroir car je n'arrive pas à trouver le temps de les mettre dans des albums. J'ai des amis qui sont capables d'aller en voyage, de faire finir leurs photos et de revenir avec les albums de leurs vacances dans leurs bagages.

Et bientôt, je serai encore la seule à porter son manteau d'hiver alors que tout le monde sera en sandales et en bermudas!

vendredi 13 mars 2009

Interjection, votre honneur!!

Eh! non seulement c'était TGIFF aujourd'hui, mais en plus c'était un vendredi 13.

Ah! j'aime bien les vendredi 13. Je trouve que ça porte bonheur. Après tout, je suis née un 13. Ça veut tout dire, non?

Oh! et à part ça, c'était ma journée de congé. Il faisait beau soleil. Mais pas de trottoir pour la marcheuse urbaine. Je soigne mes genoux. Je ne sais trop ce qui leur arrive. Je crois que les escaliers ne leur réussissent pas.

Hon! imaginez que j'ai découvert un petit restaurant asiatique super sympathique à deux pas de chez nous. Pourquoi faut-il toujours chercher très loin quand ce qu'on cherche nous pend au bout du nez? Allez savoir!

Hum! j'ai accepté de remplir le rôle de scribe pour une amie. Pas facile d'écrire pour quelqu'un d'autre. Que viens-je de dire?? Ma foi, c'est que j'oublie que je fais ça depuis plus de vingt ans. D'ailleurs je me demande parfois si je ne me suis pas un peu perdue au cours des années justement à cause de ça. Adopter un style qui n'est pas le sien, faire valoir des idées qui ne sont pas les siennes, c'est une véritable gymnastique cérébrale, parfois même une entorse aux principes et aux valeurs. Mais on y arrive. Des fois, c'est même amusant de voir ce qu'on arrive à faire sans vraiment y avoir cru. Je trouve que c'est un art.

Ouache! je suis allée voir la pièce Le Dragon bleu de Robert Lepage au Centre national des arts hier soir. À part le décor vraiment exceptionnel et fascinant, tout cela m'a laissé de glace, comme dirait Pierre Lapointe. Je n'ai jamais réussi à vraiment embarquer dans l'histoire. Je trouvais les personnages si peu intéressants que je me foutais carrément de ce qui pouvait leur arriver. Je n'avais qu'une envie et c'était que la fin arrive au plus vite. On achève bien les chevaux, non?

Bon! je crois qu'il est temps de mettre un point final d'exclamation à cette chronique!
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Avis aux lecteurs de ce blog : Vous aurez droit très bientôt à une collaboration spéciale Pusher de metal et Marcheuse urbaine.

mercredi 11 mars 2009

Safari

Je veux me débarrasser du chasseur de petites bêtes (1). "Tu te trompes sûrement", me rétorquez-vous d'emblée. "Tu veux plutôt dire que tu cherches un moyen pour éliminer les petites bêtes, pas leur prédateur". "Eh! bien non", vous dis-je haut et fort. "Je peux très bien moi vivre avec les petites bêtes parce qu'elles n'embêtent personne justement. Elles sont là simplement pour nous rappeler que nous ne sommes pas parfaits, que nous avons droit à l'erreur et que ce n'est pas si grave que ça d'avoir des oublis ou de commettre des impairs".

Mais le chasseur de petites bêtes, par contre, lui il ne lâche pas le morceau facilement. Il commence par les débusquer, patiemment, l'une après l'autre. Et quand il pense les avoir toutes exterminées, il recommence.... juste au cas où l'une des petites bêtes lui aurait filé entre les pattes. Il est totalement obsédé par sa quête. Il faut absolument qu'il les trouve toutes sinon c'en est fait de sa réputation. Alors il perdure. Il s'entête. Il trouve de nouvelles façons de les piéger. Et qui, pensez-vous, devient à un moment donné l'ennemi numéro un du chasseur de petites bêtes? Je vous le donne en mille : la personne qui tolère les petites bêtes dans sa vie.

C'est là que le chasseur devient franchement terrifiant. Pour détruire les petites bêtes, il doit aussi annihiler l'Innommable qui les endure. C'est plus difficile. On parle d'une toute autre tactique ici. C'est la traque au gros gibier. Il faut persuader ce tolérant de l'imparfait qu'il ne fait rien de bien. Que sa vie de béate quiétude n'est que l'illustration de sa complète inefficacité. C'est dans le mental que ça se joue. Le chasseur se fait d'abord un plaisir viscéral de débusquer toutes les petites bêtes que l'aveugle garde sans problème autour de lui. Puis, il les lui met sous le nez. Toutes. Avec remarques désobligeantes et ton condescendant à l'appui. "Comment peux-tu vivre ainsi?", lui lance-t-il en lui montrant toutes les petites bêtes qu'il a relevées. "C'est de la négligence, de la paresse, de l'indifférence mais c'est surtout carrément insalubre. Tu dois faire le ménage et ça presse".

Le partisan de l'accomodement se met à l'oeuvre... bien inutilement toutefois. Car un chasseur de petites bêtes ne connaît jamais le repos et pour cause. Que ferait-il sans les petites bêtes? C'est sa raison de vivre. Vous voyez tout de suite le hic. Impossible de satisfaire le chasseur car il a besoin de son gibier. Ne reste qu'une chose à faire : continuer à être l'Innommable. J'ai entendu dire qu'on pouvait être dévoré par la passion... des petites bêtes.

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(1) Chercher la petite bête : expression signifiant être excessivement méticuleux dans la recherche des erreurs, des imperfections, dans la critique.

mardi 10 mars 2009

Effets résiduels

Depuis quelques jours, je souffre d'effets résiduels.

Je me retrouve habituellement dans cette condition lorsque je m'imprègne un peu trop des personnages ou de l'intrigue d'un bon livre. Vous savez quand on devient à ce point accro qu'on voudrait que l'histoire ne se termine jamais. Et, en même temps, on n'arrête pas de tourner les pages pour savoir ce qui va arriver. Pour faire durer le plaisir, on se dit qu'on va se limiter à ne lire qu'un ou deux chapitres, pas plus. Mais, immanquablement, on tourne un jour la dernière page. Cela devrait marquer la fin de l'aventure. Pas toujours dans mon cas puisqu'il m'arrive parfois de vivre encore pour un petit moment dans le monde que je viens de quitter. Cela se traduit par des rêveries, des questionnements
(eh! oui, encore!), des regrets, des réflexions. Rien de très menaçant en tout cas.

Mais cette fois-ci je souffre d'effets résiduels magnifiés. Pas à cause d'un livre, non, mais en raison de mon visionnement en rafale des trois premières saisons et du début de la quatrième saison de Prison Break. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit d'une série qui relate le combat de deux frères d'abord contre ce qu'on croit être une erreur judiciaire. On se rend vite compte cependant qu'il s'agit en fait d'un très vaste complot où tout le monde et son père a l'air de tremper. Vous voyez le climat de paranoïa qui est susceptible de s'installer. Laissez-moi vous dire qu'effectivement la paranoïa règne en maître car on ne sait plus à qui se fier. Et tout ça se passe dans une prison fédérale d'où les deux frères finissent par s'évader après la première saison, puis dans différents états américains dans une cavale sans fin pendant la deuxième saison et dans une prison de Panama d'où l'un des frères doit encore s'évader pendant la troisième saison. Pour la quatrième saison, tout le monde est dehors mais tout le monde essaie d'attraper tout le monde.

Je souffre donc, comme je vous le disais plus haut, de symptômes amplifiés. La première fois que j'ai remarqué à quel point j'étais atteinte c'est samedi matin quand j'ai voulu couper un pamplemousse. L'utilisation du couteau a entraîné d'étranges visions. Il me semblait que j'aurais pu aussi m'en servir pour dévisser quelque chose, creuser dans le sol ou encore le planter dans l'abdomen du premier venu. Voyons, voyons, me suis-je dit. Comment ton imagination peut-elle être rendue là?

Puis, j'ai pris l'autobus pour me rendre au marché. Je n'en reviens pas du nombre de personnes suspectes qui avaient décidé de voyager avec moi cette journée-là. Pourquoi cet homme me regardait-il avec un regard par en-dessous? Et celui-là qui avait l'air de se cacher derrière son journal? Et l'autre là-bas qui ne cessait de parler dans son cell en me jetant des oeillades furtives.

Cela s'est poursuivi dans les rues, puis dans les boutiques. Lorsque j'étais dehors et que je marchais sur les trottoirs, je ne pouvais m'empêcher de regarder nerveusement par-dessus mon épaule au cas où quelqu'un aurait pu chercher à me surprendre. J'ai aussi senti des sueurs froides m'envahir à la vue d'une voiture de police qui tournait le coin. Je suis vite entrée dans les magasins... où ça ne s'est pas arrangé du tout parce que j'avais l'irrésistible envie soit de m'emparer du tiroir-caisse, soit de partir avec des pelles ou un rouleau de corde ou encore de voler un chapeau à larges rebords pour me cacher le visage. Je n'en pouvais plus. Je suis retournée à la maison.

Depuis hier, tout semblait revenu à la normale. Seulement, ce midi, en allant chercher mon lunch à la cafétéria, je l'ai vu. Oui, oui, je vous le dis. Je l'ai vu comme vous me lisez. Il avait un uniforme de gardien de sécurité et il parlait dans un cell et il m'a regardé, droit dans les yeux. "Madame", a-t-il tonné, en pointant son index sur le plancher, "vous avez laissé tomber votre carte d'identité". Non mais, croyait-il que j'allais aussi facilement tomber dans le panneau? J'ai tourné les talons sans demander mon reste.
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Notes pédestres : Voir hier.

lundi 9 mars 2009

Qui sont les femmes?

Il ne m'est rien arrivé de spécial aujourd'hui. Ça juste été un peu comme la suite de la Journée des femmes puisque j'ai parlé de choix avec des femmes. De choix de vies, donc de choix difficiles. Les femmes, ça se pose beaucoup de questions. À cause de ça, le Mâle se moque parfois de nous. Et pourtant... il faut bien que quelqu'un s'en pose, non?

Le Mâle n'a cure de nos déchirements, d'autant qu'il les perçoit rarement. Ce soir, par exemple, toute l'espèce vibre au même diapason : Gainey a mis de côté Carbonneau. Pour celles qui ne savent pas de quoi je parle, vous ne manquez rien. Pour celles qui sont au courant, vous avez raison de vous en foutre.

Pendant ce temps, des femmes de partout se demandent si elles devraient avoir un autre enfant. Ou si elles devraient continuer à utiliser des moyens de contraception qui leur donnent d'affreux effets secondaires. Ou encore si elles vont arriver à mener à terme leur grossesse. D'autres s'inquiètent de leurs parents malades ou de leurs parents vieillissants, de leurs enfants qui ne réussissent pas bien à l'école ou de leurs enfants qui vivent un premier chagrin d'amour. Certaines s'interrogent sur la façon dont elles vont boucler leur fin de mois pour arriver à nourrir convenablement leur progéniture. D'aucunes se sentent forcées d'accepter des situations qui leur semblent intolérables pour ne pas briser leur famille.

Je sais bien que la Femme n'est pas que questions et que le Mâle n'est pas que sans réponse. Je sais seulement qu'il y a une différence. Et que cette différence nous rapproche et nous éloigne tout à la fois. Je sais surtout que le sexe fort n'est pas celui qu'on croit!
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Notes pédestres : Ça ne me tentait pas. J'étais fatiguée. Mais ça m'a fait un bien immense.

dimanche 8 mars 2009

Chronique féministe

À la Fille

Moi quand je pense au 8 mars et à la Journée internationale des femmes, je pense immanquablement à ma mère. Née en 1920, elle faisait partie de cette génération de femmes qui ne se proclamaient pas féministes mais qui commençaient tout doucement, dans les gestes de chaque jour, à changer les choses.

Ma mère s'est mariée dans la mi-trentaine après avoir largement profité de sa vie de fille. C'est sûr qu'elle n'a pas délibérément choisi de se marier si tard, mais elle ne s'est pas morfondue en attendant le Prince charmant. Elle magasinait régulièrement à New York, se rendait à Old Orchard ou en Floride passer du temps sur le bord de la mer et elle fréquentait assidûment le Forum de Montréal car elle était une mordue du hockey. Ah! oui, j'oubliais, elle savait conduire une voiture aussi. D'ailleurs, quand ce fut mon tour d'apprendre, elle me disait à moi qui ai toujours eu peur de tout : "Il faut que tu apprennes à conduire si tu veux être autonome. C'est très important".

Ma mère a eu trois filles : mes deux soeurs et moi! Elle nous a passé à toutes le même message, et ce, dès notre plus jeune
âge : "Vous devez étudier pour avoir une profession, pour bien gagner votre vie et ne pas dépendre d'un homme". Et c'est ce que nous avons fait.

Ma mère était différente des autres mères que je connaissais. Elle portait des bermudas à l'époque où les curés montaient aux barricades pour dénoncer les femmes qui osaient troquer la robe pour le pantalon. Elle tondait la pelouse (en bermudas!). Elle jouait aux quilles, au tennis, au golf. Elle n'aimait pas particulièrement les tâches ménagères (comme je la comprends!) et elle n'échangeait pas de recettes avec les autres mères de la rue. Elle nous disait parfois quand nous nous offusquions de sa décision ne pas toujours vouloir nous suivre à la messe dominicale : "Quand j'étais pensionnaire, j'ai récité assez de prières pour le reste de ma vie". Ça ne l'empêchait pas pour autant d'être très croyante.

Mais, envers de la médaille, ma mère c'était aussi la femme qui avait pour toute identité, quand elle signait son nom, le titre de Madame, car elle le faisait suivre du prénom et du nom de famille de mon père. Un jour, cependant, elle s'est réappropriée son prénom. Et beaucoup, beaucoup d'autres jours plus tard, elle a décidé de signer avec son prénom et son nom de famille à elle. C'est sans doute la raison pour laquelle j'ai gardé mon prénom et mon nom de famille lorsque je me suis mariée. D'aucuns vont me
dire : "Ben, c'est comme ça que ça se passe au Québec selon le Code civil. T'as pas le choix". Ouais, aujourd'hui peut-être, mais pas en 1978.

Ma mère c'était aussi la femme qui, un jour que nous étions tous en visite à la maison avec enfants et maris à discuter études et travail, s'était écriée avec force en laissant vaisselle et torchon : "Moi aussi j'aurais aimé ça étudier. Je voulais être avocate". Quand ma mère a perdu son père, elle avait 18 ans. Elle faisait son cours classique pour éventuellement faire son droit. Mais ma grand-mère, qui se retrouvait encore avec deux fils au collège, a dit à ma mère : "Toi, tu vas te marier un jour et ton mari va te faire vivre. C'est plus important que tes deux frères poursuivent leurs études". Ma mère est devenue secrétaire.

N'empêche... je pense souvent aux déclarations de ma mère. Quand je suis allée en Chine pour adopter la Fille, je me revois assise bien sagement dans le bureau du notaire à regarder l'Homme signer TOUS les papiers. Parce que c'était comme ça. Parce que, en 1990, en Chine, une femme ça ne valait pas grand-chose et une petite fille, ça ne valait rien. Mais moi, pendant cette cérémonie de signatures où l'on m'ignorait totalement, je me rappelle avoir esquissé un sourire à l'intérieur de moi en me
disant : "Elle, cette petite fille-là, vous ne l'aurez pas. Je vais m'assurer qu'elle ait devant elle toutes les possibilités et je vais faire en sorte qu'elle puisse avoir le droit de choisir sa vie". C'était mon premier engagement de mère envers la Fille.
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Notes pédestres : De retour dans la rue après quatre jours à la maison avec la version 3 du virus de l'hiver. J'ai vraiment très hâte au printemps!!

vendredi 6 mars 2009

La fibre existentielle à vif

C'est ainsi que l'Homme m'a décrite aujourd'hui. En fait, si je veux rapporter ses propos correctement, il a plutôt dit : "Tu as la fibre existentielle trop prononcée." Je crois, comme à l'habitude, qu'il a trouvé l'image juste.

Ça pourrait expliquer beaucoup sur mes états d'âme. Tout ce questionnement qui m'habite. Tout ce bouillonnement qui ne trouve pas nécessairement d'exutoire et qui continue, par le fait même, de me ronger intérieurement. Tout ce foisonnement d'idées qui s'entrecroisent et qui ne connaissent pas d'aboutissement. Toute cette panique qui m'envahit parfois quand je prends "trop" conscience de la misère, de la pauvreté, de la souffrance. Toute cette exubérance qui possède complètement mon être quand je savoure un coucher de soleil, la caresse du vent, les larmes de la pluie, l'odeur de la terre, la lumière éclatante, la chaleur bienfaisante.

Ça ne règle rien, mais ça met des mots sur ce que je suis, sur ce que je sens.

Il m'arrive de temps en temps de mettre un baume sur la plaie. Pour me reposer un peu la tête. Habituellement, juste comme le bobo commence à cicatriser, j'arrache la gale. Je ne peux pas m'en empêcher car il y a urgence. Urgence de dénoncer, urgence de réagir, urgence de parler, urgence de crier. Et je reprends le combat, et je saute dans l'arène. Il le faut. Autrement, c'est la non-vie.

Je me suis demandée ce soir, avec l'Homme et la Fille, s'il ne fallait pas, en plus d'être bête, être inconscient pour être heureux!

mercredi 4 mars 2009

C'est mon opinion... c'est tout!

Lu dans le journal La Presse d'aujourd'hui :

"Savez-vous que la Terre va trembler?", aurait dit Michèle Richard au moment de son arrestation en décembre 2005 pour conduite en état d'ébriété.
Vraiment, je n'en reviens que l'on puisse considérer notre petite personne importante au point d'être persuadée que ce qui nous arrive peut faire trembler la planète. Moi je tremblerais plutôt d'effroi en constatant ma façon irresponsable d'agir, surtout après le troisième incident du même genre. Et, au lieu d'espérer que ma notoriété va effacer comme par magie les imprudences, voire les folies, que je commets impunément, je songerais sérieusement à reprendre contact avec mon jardin intérieur et je laisserais la planète tourner en paix.

"On peut gagner sa vie en jouant au poker", affirme René Angélil lors d'une entrevue réalisée avec Paul Arcand à l'occasion du lancement de sa biographie.
D'après le porte-parole d'EMJEU (Éthique pour une modération du jeu), "M. Angélil aurait intérêt à faire l'addition de ses gains et de ses pertes, mais c'est le propre des joueurs d'avoir une mémoire sélective et de ne se souvenir que de leurs victoires." Moi je pense que c'est peut-être possible de gagner sa vie en étant un joueur mais il faut beaucoup, beaucoup d'argent. Et il faut que la cagnotte se renouvelle constamment si on veut prendre des
risques... calculés. Est-ce pour cela que la plus récente tournée de Celine s'intitule Taking chances???

"On ne me parle que de deux choses du Québec quand je me promène dans le monde : ses grands espaces et ses bars de danseuses", nous apprend Anne-Marie Losique.
Elle relève donc l'intéressant défi de trouver le meilleur bar de danseuses dans une série de quatre émissions intitulée Pole Position. Au menu des épreuves présentées : explosion de ballons avec les fesses et "Bowling Vertige" ou tête-à-tête avec un poteau. Comme tout cela est édifiant et ô combien instructif. C'est quand même bien d'être reconnu pour quelque chose et, entre vous et moi, Mme Losique va sans doute être en mesure de faire d'une pierre deux coups car, des grands espaces, elle risque d'en trouver pas mal entre les oreilles des propriétaires de bars et des danseuses qui feront partie de cette série. C'est en prenant connaissance de tels projets que l'on se révolte encore plus des coupures apportées dans la culture.

Qu'est-ce que je disais donc il y a quelques jours? Ah! oui! Faut-il être bête pour être heureux? Je vous laisse méditer encore un peu sur la question.

lundi 2 mars 2009

Pour le pur plaisir d'être en vie

C'est pour ça que j'ai marché aujourd'hui.

Pour le pur plaisir d'accueillir le souffle froid du vent sur mon front et sur mes joues et de l'entendre me siffler aux oreilles par-dessus mes écouteurs.

Pour le pur plaisir de sentir les muscles de mes cuisses se contracter pour passer sur la glace sans chuter.

Pour le pur plaisir d'admirer le soleil qui brillait sur la neige et d'être attirée vers lui comme un aimant lorsqu'il m'attendait au bout d'une rue.

Pour le pur plaisir de dépenser mon énergie et de laisser partir avec le vent toutes mes frustrations de la journée.

Pour le pur plaisir de déposer mes pieds sur le trottoir de façon tellement consciente que chaque pas m'ancrait davantage à la terre.

Pour le pur plaisir d'accorder mes enjambées au rythme endiablé du metal et de me permettre, quand c'est tranquille et qu'il n'y a personne autour de moi, de crier moi aussi ma rage de vivre.

Pour le pur plaisir de savoir que mon corps est dorénavant aussi fort que ma tête et qu'un équilibre s'installe en moi.

Pour le pur plaisir d'être en vie et d'en jouir!

dimanche 1 mars 2009

Y a-t-il un conseiller financier dans la salle???

Les chiffres et moi, ça ne fait pas bon ménage. Et mon rapport avec l'argent est plutôt simple : en ai-je assez pour payer ce que je dois payer et pour acheter ce que je veux acheter? Ça s'arrête là. Pour dire la vérité, ça s'arrêtait là. Mais l'âge avançant, la retraite approchant et la crise surgissant quand la bise fut venue, j'ai décidé de faire un effort.

Quoi de mieux, me suis-je dit, que de commencer par lire un peu sur le sujet. J'ai donc décidé d'arrêter d'utiliser le cahier À vos affaires de La Presse pour éplucher mes patates et j'ai entrepris de m'informer. Je me suis arrêtée plus particulièrement sur la section où chaque semaine des planificateurs financiers analysent la situation d'une personne comme vous et moi. Je vous présente très grossièrement un exemple des situations déchirantes qu'ils sont appelés à régler : Madame X gagne 120 000 $ par année, elle a toujours cotisé à son REER, elle possède une maison de
500 000 $ avec une hypothèque de 10 000 $. Elle se demande si elle pourra s'acheter un manteau de fourrure quand elle aura froid à 82 ans. Ou encore Monsieur Y a un revenu annuel de 250 000 $. Sa conjointe Z en gagne 150 000 $. Ils possèdent un condo d'une valeur de 400 000 $, libre de dettes, ainsi qu'un chalet dans les Laurentides d'une valeur de 300 000 $ (il a vu sur un lac). À eux deux, ils ont des placements de 700 000 $ et ils se demandent s'ils pourront faire un voyage en Floride à leur retraite. Paniquée, me suis-je surprise à être. Si ces pauvres gens sont si inquiets, je devrais peut-être troquer l'insouciance de la cigale pour adopter la prévoyance de la fourmi.

Eurêka! me suis-je exclamée. Pour remédier à mes lacunes comptables, je vais faire appel à un expert. De nos jours, tout le monde a son conseiller financier. J'ai donc entrepris la recherche de l'oiseau rare en posant des questions autour de moi pour savoir à qui je devrais m'adresser. Je n'ai pas encore trouvé mais, en attendant, je continue de m'informer. Qui sait si la bosse des chiffres ne me poussera pas un beau matin!

Justement, en prenant mon café ce matin, que vois-je dans ma section préférée du journal : un article intitulé Planifier sa
retraite - Difficile d'atteindre la cible
. Je me sens visée en plein coeur. S'il y en a une qui risque de passer à côté, c'est bien moi. Lisons. J'apprends avec effroi que l'on ne peut se fier aux experts. Il paraît qu'ils se trompent parfois et qu'ils peuvent nous induire en erreur. Stupeur, mais pas tremblements (blague pour initiés seulement). Que voilà une révélation-choc! On nous suggère donc d'arriver dans le bureau de notre conseiller en étant armé de la même façon que lui, soit en ayant pris connaissance du document publié par l'Institut québécois de planification financière intitulé Normes d'hypothèses de projection pour 2009. Ainsi, on peut déterminer si notre conseiller tient compte dans ses scénarios notamment du fait que, si j'ai maintenant 53 ans, il y a de très fortes chances que j'atteigne l'espérance de vie des femmes et même que je la dépasse. Vous voyez tout de suite le
drame : à 84 ans, je n'ai plus d'argent pour m'acheter des couches!!! Que dire de mes petites dépenses comme les jaquettes bleues, le manger mou et les pantoufles en papier!!!

Vous chantiez, j'en suis fort aise! Eh! bien, torchez-vous maintenant!
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Notes pédestres : Beau soleil avec un bon facteur éolien. Trottoirs dégagés avec juste un peu de glace.