jeudi 8 septembre 2011

Paris, me voilà!

C'est la veille du grand départ. Les valises sont pratiquement bouclées. Me reste seulement à sortir la Reine-Marguerite du petit espace qu'elle a trouvé parmi mes vêtements pour essayer de passer incognito aux douanes! Au moment où je vous écris, elle dort paisiblement sur mon chandail de coton ouaté espérant sans doute que je l'oublie jusqu'à ce qu'elle puisse se réveiller au son de La Marseillaise. Hélas, je sais qu'elle n'y croit pas vraiment. Alors elle ouvre ses yeux de temps à autre pour me regarder et me lancer ce message non équivoque : "Je sais que tu t'en vas pour un bout et je n'aime vraiment pas l'idée."

De fait, les deux félines ont éventé la mèche depuis une semaine environ. J'imagine que les piles de vêtements sur les meubles, les valises qui traînent dans le corridor et tous ces sacs qui apportent chaque jour de nouveaux objets à la maison les ont mises sur la piste. Mais plus que ça, je crois surtout que ce sont ma nervosité et mon anxiété qui m'ont trahie. Je sais que je vais m'ennuyer terriblement et que, chaque fois que je croiserai un quelconque parent félin français, je ne pourrai m'empêcher de diriger mes pensées vers mes "bidounes" adorées, ainsi que je me plais à les appeler. Tout comme pour les poissons et les grenouilles, je pars cependant l'âme en paix parce que c'est ma gentille voisine qui va s'occuper des filles, et des plantes intérieures zé extérieures. Tout devrait donc bien se passer.

Et j'ai joué de chance aujourd'hui en trouvant in extremis une volontaire pour nourrir les chats de dehors. Me voilà également rassurée sur ce point étant donné que la chatte d'Espagne que j'alimente depuis le début de l'été vient maintenant m'attendre tous les matins à la porte en poussant des miaulements à fendre l'âme. Je sais bien qu'elle est aussi habituée à trouver sa pitance toute seule. N'empêche. Trois semaines, ce peut être très long quand on a faim.

Alors, tout est bien qui part bien. J'aurai finalement trois gardiens pour la faune et la flore, quatre même en comptant le Fils et la Fille à qui j'ai fait promettre de venir faire trempette les fins de semaine. Ça peut paraître beaucoup. Mais j'ai beaucoup de responsabilités dans mon parc national à moi!

C'est mon dernier message sur ce blog jusqu'à mon retour. À partir de demain, cliquez à gauche sur la carte de la France pour suivre les aventures du trio infernal.

Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé! (air très connu).

mercredi 7 septembre 2011

À la santé de ceux qui sont partis

Et il s'aperçut que l'arrivée de cet inconnu, brisant un tête-â-tête charmant où son coeur s'accoutumait déjà, avait fait passer en lui cette impression de froid et de désespérance qu'une parole entendue, une misère entrevue, les moindres choses parfois suffisent à nous donner.

Il est 15 h. Je suis assise au café Moca Loca plongée dans un autre classique, cette fois Bel-Ami de Maupassant. Et, tout d'un coup, cette phrase vient mettre des mots sur le sentiment de tristesse, le malaise diffus que je ressens depuis le matin. Je me souviens maintenant pourquoi je suis aussi abattue. Ma voisine est morte, finalement, le lendemain de son transport à l'hôpital. C'est l'Homme qui l'a appris hier soir. Et j'ai également reçu un courriel du bureau hier matin m'apprenant qu'une ex-collègue était décédée samedi d'un cancer généralisé. Elle n'avait que 41 ans. Si ce n'était que ça. Mais elle avait aussi deux jeunes enfants qu'elle avait eus sur le tard après avoir subi maints échecs des traitements de fertilité. Comme si mon joug n'était pas suffisamment lourd, j'ai croisé à la sortie de la banque ce midi un collègue de travail qui m'avait beaucoup aidée à une certaine époque où je faisais régulièrement des crises de panique. Il m'a appris qu'il avait un cancer du sein. Imaginez. Seulement 2 % des hommes peuvent souffrir de ce type de cancer et ça tombe sur lui. Pas étonnant que je traîne un petit nuage noir au-dessus de ma tête et une morosité de croque-mort.

Après avoir vasouillé dans le défaitisme et le négativisme, j'ai pris la décision de renverser la vapeur. Au lieu de considérer ces événements comme les signes précurseurs d'un malheur annoncé, j'ai plutôt choisi de les prendre comme de sages présages. Est-ce qu'ils ne viennent pas me rappeler avec insistance la nécessité de mordre à pleines dents dans la vie qui passe? Est-ce qu'ils ne sont pas la preuve éloquente de l'importance que je dois accorder à chaque petit moment, à chaque infime joie, à chaque parcelle de bonheur, et ce, jusqu'à la fin?

C'est donc ce que j'ai l'intention de faire tout au long notamment de mon périple dans les Zuropes. Pour vous qui êtes partis, je regarderai avec des yeux émerveillés, j'écouterai avec des oreilles attentives, je prendrai de longues et calmes inspirations, je toucherai de très, très vieilles pierres et, surtout, je goûterai un nombre de cépages que j'hésite ici à quantifier. Bref, je vous promets de vous rendre hommage en vivant à plein!

lundi 5 septembre 2011

Heureux qui comme la Marcheuse se prépare à faire un beau voyage

Nouveau décompte. Plus que quatre jours avant le grand départ pour les Zuropes. J'ai bien quelques papillons dans l'estomac, mais j'ai surtout des libellules dans la tête quand je m'imagine en train de déambuler dans Paris.

Histoire de nous donner encore plus le goût de partir (comme si c'était nécessaire), l'Homme et moi sommes allés hier soir visionner le très beau film de Woody Allen intitulé Midnight in Paris . Nous avons été choyés côté magnifiques images de cette ville extraordinaire. Et, en parfait accord avec les dires du personnage principal, je concède que Paris sous la pluie, c'est tout simplement magique! J'espère quand même que nous n'aurons pas à ouvrir trop souvent nos parapluies.

Là, j'ai sérieusement commencé à préparer les bagages. En bonne anxieuse que je suis, je crains évidemment de manquer de tout. Ai-je suffisamment de shampoing pour me laver les cheveux pendant tout mon séjour en pays étranger? Est-ce que je ne devrais pas retourner au magasin m'acheter une nouvelle paire de pantalon capri afin d'être certaine d'avoir assez de vêtements? Je sais que je me suis promise de ne pas apporter plus de trois paires de souliers, mais voilà que j'hésite étant donné que deux paires sont neuves. J'en ai porté une l'autre jour pour la mettre à mon pied. J'ai maintenant une ampoule sur le dessus du gros orteil et j'ai peur de ne pas avoir assez de diachylons pour soigner ma plaie. Les craintes que je viens de vous énumérer sont malgré tout assez banales et faciles à surmonter. Si ce n'était que ça.

Mon anxiété d'avant départ comporte également des aspects moins agréables qui se répercutent dans tout mon corps. Dans la seule journée d'hier, j'ai éprouvé des problèmes avec mes oreilles et mes yeux, j'ai eu des picotements et des démangeaisons sur les mains et les pieds. Ce matin, j'ai la gorge qui gratte. Et que dire de mon coeur qui se tord chaque fois que je regarde mes deux félines. Je suis certaine qu'elles sentent déjà mon départ prochain. La Reine-Marguerite a couché dans un de mes tiroirs toute la nuit et elle vient de s'écraser à côté de moi pendant que j'écris. Et ça fait deux soirs de suite que Mignonne saute dans mon lit et demande que je caresse sa belle grosse bedaine poilue. Elle ne fait jamais ça, du moins pas dans mon lit. Et mes poissons et mes grenouilles? C'est l'Expert en bassin qui va s'en occuper. Je ne les laisse donc pas en perdition. Mais quand même. Il faut si peu pour détruire le fragile équilibre de mon écosystème aquatique.

Qu'importe. Je pars. Et j'ai hâte. Et je sais que je vais avoir beaucoup de plaisir en compagnie de l'Homme et de la soeur Psy. Faut seulement que je me rende jusqu'à l'aéroport. Après, le vin, la bonne chère, les paysages, les belles découvertes, la culture française feront le reste.

Enfin, luxe suprême, délice infini, je vous offre la possibilité de suivre mes aventures pratiquement en direct. D'ailleurs, les fins observateurs d'entre vous aurez déjà noté que le Fils a ajouté un lien, dans le menu de gauche, pour vous permettre de vous rendre directement sur le nouveau blog de La Marcheuse urbaine à l'hexagonale. Comme dit l'Amie J., à suire.

vendredi 2 septembre 2011

Trois choses

La première : Je pense que ma voisine est morte

Pendant que nous fêtions mon entrée dans le merveilleux monde de la retraite samedi dernier, ma pauvre voisine dont je vous avais parlé dans un autre blog était de nouveau transportée à l'hôpital. Ambulance et camion de pompier avaient été appelés en renfort et, comme la dernière fois, d'importuns spectateurs observaient la scène.

La semaine s'est écoulée avec un va-et-vient constant dans la maison d'à côté. J'ai bien tenté d'intercepter mon voisin pour obtenir des nouvelles mais je n'ai pas osé trop m'avancer en voyant les enfants et les petits-enfants se relayer auprès de lui. En même temps, j'ai pensé que toute cette circulation signifiait peut-être que ma voisine avait passé l'arme à gauche.

L'Homme a parcouru les avis de décès du journal local pour confirmer ou infirmer nos soupçons. Pathétique, non?

La deuxième : La pauvreté me tord les boyaux... encore

Je n'avais pas écouté toute la série Naufragés des villes. Je l'ai fait aujourd'hui. Je ne comprends toujours pas pourquoi ce documentaire extrêmement bien fait n'a pas connu une plus grande visibilité. Les statistiques énoncées sont choquantes. Les inégalités révélées sont troublantes. Les témoignages entendus sont touchants.

Il faut voir l'expression de Pierre, l'un des participants ayant accepté de jouer au prestataire de bien-être social pendant deux mois, lorsqu'il retourne chez lui dans son bel appartement de Québec. Il ne sait plus quoi dire. Il regarde autour de lui et constate la propreté, la lumière, la dimension de son appartement. Quand il compare le luxe dont il jouit aux appartements disons-le miteux qu'il a fréquentés au cours de son expérience, il n'a que cette phrase : "J'apprécie."

Et moi aussi je pensais la même chose que lui. Je me sentais même un peu honteuse d'aller récupérer ma commande au Marché de solidarité. L'immense privilège de pouvoir manger des fruits et des légumes frais, de la viande bio, des produits d'excellente qualité, et ce, sans avoir à me préoccuper outre mesure du prix que je paye. Et plus grande richesse encore, celle d'être entourée d'une famille aimante et d'amis fidèles.

Je me suis dit que la retraite c'était aussi enfin l'occasion de me consacrer à moins chanceux que moi et que le temps était déjà venu de passer à l'action. J'ai donc envoyé un courriel à la responsable du dépannage alimentaire dans notre quartier pour lui offrir mes bras. Une place m'y attend à mon retour des Zuropes.

La troisième : L'amour... quelque chose d'inséparable qui se sépare

Cette phrase n'est pas de moi. Je l'ai tirée de la chronique de Josée Blanchette dans Le Devoir d'aujourd'hui. Elle y parlait de la rentrée et de sa difficulté de se séparer de son petit garçon de sept ans après tout un été passé ensemble à profiter simplement de la vie.

Quand je lisais son récit des beaux moments qu'ils avaient partagés, je ne pouvais m'empêcher de me revoir avec le Fils et la Fille en train de faire à peu près les mêmes choses : aller à la bibliothèque et lire des histoires, se coucher et se lever tard, pique-niquer, aller au cinéma, regarder la pluie tombée, faire du camping en famille. J'aurais voulu l'avoir là devant moi pour lui crier : "Tu fais mieux d'en profiter au max, ma belle, et de te gaver jusqu'à plus faim de ce temps précieux qu'est l'enfance parce qu'il passe à la vitesse de l'éclair. Bien plus tôt que tu ne le voudras, sa main va lâcher la tienne et il va voguer sur sa propre mer. Tu auras encore le droit d'être à ses côtés mais tu ne pourras plus le toucher ou le bécoter comme tu aimais tant le faire. L'irréparable, l'irrévocable séparation aura eu lieu."

Pour moi, c'est le sacrifice suprême de l'amour.

jeudi 1 septembre 2011

Je retraite toujours

Mon expérience de la retraite se poursuit. Une semaine déjà aujourd'hui! C'est un cliché mais je ne vois effectivement pas le temps passer, et ce, même s'il m'est désormais fourni en abondance.

C'est sûr que les préparatifs du voyage à venir occupent pas mal mes journées. Cherche des étiquettes pour les valises, trouve de bons souliers de marche, achète un sac à dos soi-disant à l'épreuve du viol, je veux dire du vol et du vandalisme, bref, je n'arrête pas. Et comme je continue à me déplacer en autobus, je suis facilement partie presque toute la journée.

Ce que je remarque depuis deux jours, c'est que je semble tranquillement descendre de mon nuage euphorique. Comprenez-moi bien, je ne veux pas dire que je suis déjà habituée et que tout est routine. Loin de là. C'est juste que je commence à réaliser que je dois me bâtir une nouvelle vie. Pour le moment, je ne mets pas trop d'efforts là-dessus étant donné que je pars pour trois semaines. C'est après que je devrai sans doute m'organiser un peu mieux. D'ici là, je me considère en vacances et je fais uniquement ce que j'ai envie de faire.

Une chose dont je ne me lasse pas, par contre, c'est mon nouveau rapport avec le temps qui me permet d'apprécier le fait que je n'ai plus à constamment vérifier l'heure pour retourner au bureau ou veiller à ne pas me coucher trop tard parce que je me lève le lendemain. Plusieurs fois par jour, je me surprends donc à m'arrêter pour profiter justement du temps qui passe. J'adore entre autres flatter mes deux félines qui me collent littéralement au talon depuis que je suis à la maison. Je vais m'asseoir dans la cour pour écouter les oiseaux ou observer les poissons et les grenouilles dans l'étang. Aujourd'hui, je suis allée au bureau rencontrer D. et nous avons dîné ensemble sur une terrasse. C'était tellement agréable. Quand D. a dû retourner au bureau, moi j'ai flâné au marché et, au lieu de retourner tout de suite prendre l'autobus, j'ai plutôt décidé de me rendre à la Maison de thé saluer mes "théistes" préférés (je sais que l'Amie Yogini a trouvé un merveilleux terme pour désigner ces spécialistes mais je l'ai oublié). Je m'étais apportée un livre et j'ai lu tranquillement Troyat (oui, chère Nièce littéraire, je poursuis ma lecture des classiques et je me délecte) en sirotant un délicieux thé glacé. Je regardais les gens aller et venir, et je me considérais tellement chanceuse de simplement être là dans cet endroit absolument zen.

Le théiste S. a dit qu'il me trouvait l'air plus serein, plus paisible. Comme je lui confiais que j'avais passé presque toute la journée d'hier à faire de l'anxiété, il m'a déclaré qu'il avait peine à croire que je pouvais vivre de telles émotions, mais qu'il comprenait. J'aime beaucoup S. parce que je le trouve sage. Il a toujours des paroles réconfortantes à offrir et de bons conseils à prodiguer. Ainsi, après m'avoir avoué être lui aussi victime de cette compagne parfois difficile à supporter qu'est l'anxiété, il m'a donné ce truc : "Quand je sens que je vais vivre une journée comme ça, je me dis que je dois d'abord l'accepter. Ensuite, je mets le paquet et je joue le jeu à fond à un point tel que souvent j'éclate de rire en constatant les pensées ridicules qui m'habitent." J'imagine que c'est effectivement une bonne façon de désamorcer la crise qui n'en n'est pas une. En tout cas, j'allais écrire qu'à ma retraite, ma pire ennemie serait mon moi-même, mais je trouve ça vraiment trop négatif. Je serai donc ma meilleure amie en prenant soin de moi. Tout un programme en perspective, l'affaire d'une vie. Ça tombe drôlement bien, j'ai le temps!