mercredi 7 septembre 2011

À la santé de ceux qui sont partis

Et il s'aperçut que l'arrivée de cet inconnu, brisant un tête-â-tête charmant où son coeur s'accoutumait déjà, avait fait passer en lui cette impression de froid et de désespérance qu'une parole entendue, une misère entrevue, les moindres choses parfois suffisent à nous donner.

Il est 15 h. Je suis assise au café Moca Loca plongée dans un autre classique, cette fois Bel-Ami de Maupassant. Et, tout d'un coup, cette phrase vient mettre des mots sur le sentiment de tristesse, le malaise diffus que je ressens depuis le matin. Je me souviens maintenant pourquoi je suis aussi abattue. Ma voisine est morte, finalement, le lendemain de son transport à l'hôpital. C'est l'Homme qui l'a appris hier soir. Et j'ai également reçu un courriel du bureau hier matin m'apprenant qu'une ex-collègue était décédée samedi d'un cancer généralisé. Elle n'avait que 41 ans. Si ce n'était que ça. Mais elle avait aussi deux jeunes enfants qu'elle avait eus sur le tard après avoir subi maints échecs des traitements de fertilité. Comme si mon joug n'était pas suffisamment lourd, j'ai croisé à la sortie de la banque ce midi un collègue de travail qui m'avait beaucoup aidée à une certaine époque où je faisais régulièrement des crises de panique. Il m'a appris qu'il avait un cancer du sein. Imaginez. Seulement 2 % des hommes peuvent souffrir de ce type de cancer et ça tombe sur lui. Pas étonnant que je traîne un petit nuage noir au-dessus de ma tête et une morosité de croque-mort.

Après avoir vasouillé dans le défaitisme et le négativisme, j'ai pris la décision de renverser la vapeur. Au lieu de considérer ces événements comme les signes précurseurs d'un malheur annoncé, j'ai plutôt choisi de les prendre comme de sages présages. Est-ce qu'ils ne viennent pas me rappeler avec insistance la nécessité de mordre à pleines dents dans la vie qui passe? Est-ce qu'ils ne sont pas la preuve éloquente de l'importance que je dois accorder à chaque petit moment, à chaque infime joie, à chaque parcelle de bonheur, et ce, jusqu'à la fin?

C'est donc ce que j'ai l'intention de faire tout au long notamment de mon périple dans les Zuropes. Pour vous qui êtes partis, je regarderai avec des yeux émerveillés, j'écouterai avec des oreilles attentives, je prendrai de longues et calmes inspirations, je toucherai de très, très vieilles pierres et, surtout, je goûterai un nombre de cépages que j'hésite ici à quantifier. Bref, je vous promets de vous rendre hommage en vivant à plein!

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