mercredi 30 septembre 2009

N'en jetez plus, la cour est pleine!

Hier, il pleuvait. Tout comme aujourd'hui d'ailleurs. Mais hier, contrairement à aujourd'hui où la température nous a littéralement scié les jambes, l'Homme et moi avons mis à profit notre réclusion obligatoire en faisant le ménage complet du sous-sol. Je vous entends déjà me rappeler que je déteste prendre le plumeau. C'est toujours vrai. Malheureusement (ou heureusement si on porte les initiales M.S.), lorsqu'on ne va pas à l'extérieur pendant les vacances, on finit immanquablement par sortir seaux et serpillières (j'aime ce mot que j'ai sans doute vu la première fois dans un conte pour enfants mettant en vedette vilaines sorcières et princesses désespérées).

Bref, nous avons débarrassé la cave de toutes ces choses que la nostalgie dont l'Homme et moi souffrons en alternance nous amène à conserver. Voilà, c'est dit. Et c'est fait aussi comme en témoignent les nombreux sacs verts que nous avons remplis.

Qu'est-ce qui a été le plus difficile à mettre aux poubelles? J'imagine que ce sont les costumes d'Halloween des enfants que nous avions gardés uniquement pour tous les souvenirs qui étaient inclus aussi dans la boîte. À la rue donc le costume de pirate, la couronne de princesse, le balai de sorcière, les citrouilles en plastique et les fameuses lampes de poche orange. Ah! comme le Fils, dont la prévoyance à tout crin constitue depuis son plus jeune âge sa marque de commerce, tenait absolument à quérir ses friandises en étant dûment éclairé. Personnellement, j'ai également eu un pincement au coeur en jetant la boîte sur laquelle était inscrit simplement "Pâques" en grosses lettres noires. Elle contenait entre autres les paniers de paille utilisés par le Lapin pour déposer les chocolats destinés au Fils et à la Fille. C'est sûr que je n'ai pas particulièrement aimé non plus me défaire de certains jouets qui ne servaient en fait qu'à rappeler une époque maintenant révolue.

En relisant ce que je viens d'écrire, je m'aperçois bien que ce qui a été le plus difficile à mettre aux poubelles finalement ce sont toutes ces choses auxquelles on s'accrochait parce qu'elles nous permettaient de croire que nous étions encore les parents de jeunes enfants. Et même que nous étions encore des parents avec des enfants qui avaient besoin de nous. C'est que voir ses enfants grandir et quitter la maison, tout en représentant un accomplissement, nous fait également prendre conscience du temps qui passe et de la nécessité impérieuse de nous définir autrement.

Mais, mais, mais... on n'a pas tout jeté. On a remplacé les jouets par des boîtes remplies de pièces d'ordinateur et les poupées par des pots de peinture et des pinceaux. Le Fils et la Fille sont donc encore là... sous une autre forme... et c'est bien ainsi pour un moment encore!

lundi 28 septembre 2009

Dilemme cornélien

Je vous expose la situation. Je suis à la clinique médicale et j'attends, dans une file avec d'autres patients, que l'on procède à notre inscription afin que nous puissions voir un médecin au sans rendez-vous. La pratique, dans notre merveilleuse clinique, consiste à demander aux malades de se tenir debout le long du mur jusqu'à ce que sonne l'appel de l'inscription. Défense de s'asseoir sinon on perd sa place! J'imagine que c'est là une première façon d'évaluer notre condition physique. Si on fait la planche, on obtient peut-être, je dis bien peut-être, la chance de passer un peu plus vite. J'entretiens toutefois de forts doutes à ce sujet.

Mais voilà que je m'égare. Nous sommes donc debout. La plupart d'entre nous, dans un effort désespéré de réduire l'attente par la suite, sommes arrivés vers 13 h 30 pour l'inscription de 14 h 30 qui mène au sans rendez-vous de 15 h. Étant donné que le médecin présent cette journée-là est un médecin que tout le monde adore parce qu'il est exceptionnel et parce qu'il prend le temps qu'il faut, le rang qui nous sera assigné prend effectivement toute son importance. C'est que le médecin en question voit en moyenne deux patients à la demi-heure... quand tout roule bien, ce qui n'est à peu près jamais le cas. Je vous laisse donc calculer vous-même le temps d'attente si vous êtes le douzième par exemple.

Ne vous découragez pas, j'arrive au vif du sujet. Retournons donc près du mur. Il est maintenant 14 h 15 et l'impatience gagne doucement les patients. C'est que nous commençons à avoir hâte de prendre racine sur une chaise pour faire changement. S'amène une jeune maman avec un petit garçon d'environ deux ans dans une poussette. Je dois dire que le pauvre a l'air plutôt mal en point. Il a les yeux rouges mais, surtout, il est anormalement tranquille. Enfin... la mère se stationne en double à la hauteur de la personne qui occupe le troisième rang et elle ne bronche pas. Nous non plus. Mes deux voisins masculins me passent quand même la remarque que le petit semble vraiment malade. Soudainement, la personne numéro trois, dans un élan de générosité sans borne, offre sa place à la mère en lui disant : "Vous passerez devant moi". Et comme la mère hésite à accepter l'offre (elle éprouve après tout une petite gêne en regardant la file qui compte dorénavant une vingtaine de personnes le long du mur), la personne numéro trois renchérit : "Allez-y. Ça ne dérange pas." Parle pour toi vieille poufiasse.

Bon, bon, cessez de m'envoyer des tomates et laissez-moi au moins poursuivre. Je n'ai rien contre un acte de bonté... à condition qu'il en constitue réellement un et qu'il ne soit pas imposé à d'autres. En effet, quel sacrifice la poufiasse a-t-elle vraiment fait? Passez devant moi mais moi je reste là. Si elle voulait absolument être totalement bonne, il fallait, selon moi, qu'elle cède sa place et qu'elle se dirige ensuite à la toute fin de la file. Au lieu de quatrième, elle se serait retrouvée vingt-et-unième et n'aurait pas forcé tout le monde à accepter sans coup férir d'être décalé d'une place. Évidemment, toute la file s'est tue. Qui veux passer pour un monstre d'égoïsme?

À ceux et celles qui sont tentés de m'envoyer périr en enfer pour grossière insensibilité, je rajoute ceci. À 17 45, alors que j'attendais que mon numéro sept soit enfin incessamment appelé, je vois entrer une autre maman avec un jeune bébé qui n'était pas bien lui non plus. Il pleurait beaucoup et il semblait fiévreux. Cette fois, la mère s'était inscrite normalement. À cause de cela, j'ai pensé lui laisser ma place et demander à ce que l'on me mette à la queue. De toute façon, ça commençait à faire pas mal longtemps que j'attendais. Deux ou trois heures de plus, est-ce que ça ferait vraiment une différence? C'est le calcul auquel j'étais arrivée en regardant le nombre de personnes qui attendaient encore leur tour. Comme j'allais me lever pour présenter ma proposition, je vois entrer une autre maman avec deux enfants malades. Je me suis rassise. J'ai sans doute manqué de courage mais il y avait aussi dans la salle une vieille dame qui avait de la difficulté à marcher et qui peinait visiblement à rester immobile sur une chaise droite, deux monsieurs qui étaient pris du coeur et qui respiraient péniblement et une jeune femme enceinte par-dessus la tête.

J'aurais peut-être dû faire tirer mon numéro et partir car mon dilemme, à la fin, se résumait à ceci : suis-je vraiment assez malade pour avoir le droit de consulter un médecin?

samedi 26 septembre 2009

Réflexions tardives sur fond montréalais

Ce matin, j'ai marché dans une aura de mystère. Quand j'ai entamé mon parcours, une fine brume enveloppait le décor. En plus, j'avais parfois l'impression d'être dans un bain sauna à cause de la vapeur d'eau qui s'élevait lentement du sol. Tout prenait un air différent et parfois presque méconnaissable. Quand je suis arrivée près de la rivière, par exemple, il a fallu que je sois pratiquement sur la berge pour que je puisse la distinguer sous la toile blanche qui la recouvrait entièrement.

Le plus extraordinaire c'est qu'on pouvait déjà savoir que la journée serait belle. Malgré la brume. Malgré le fait qu'on n'y voyait rien. D'abord, la température était douce et agréable. Puis, on sentait la chaleur du soleil à mesure que le rideau se levait. Et, bonus olfactif, cela embaumait l'automne, donc les feuilles mortes et les herbes mouillées.

À mesure que la scène s'éclairait, j'ai rencontré beaucoup de cyclistes. Toujours pressés ceux-là. Leur vitesse ne m'empêche pas toutefois d'admirer les muscles de leurs cuisses. Je sais, je sais. Cette brève évaluation corporelle me ralentit sans doute un peu mais je vous jure que j'ai appris avec le temps à apprécier rapidement ce qui passe devant ou à côté de moi!

J'ai aussi croisé des marcheurs, bien sûr. Ce sont évidemment mes préférés. Dans cette catégorie, je dois bien avouer que se trouvent surtout des personnes d'un certain âge et d'un âge certain. D'aucunes avancent penchées un peu par en avant, le dos courbé, le pas hésitant. D'autres font montre d'une foulée assez étonnante et d'une énergie remarquable. Quand l'une de ceux-là me dépasse, je vous le dis, j'ai presque honte. S'il n'y avait pas tous ces cyclistes aussi, je pense que j'arriverais à éviter l'humiliation.

Enfin, il y a les coureurs. Là encore, on peut observer des lièvres et des tortues. Peu importe. Le principal, c'est l'exercice et le bien-être ressenti. Ceux qui me font rigoler, je dois l'avouer, ce sont les siamois. Habillés de survêtements semblables, chaussés d'espadrilles en tout point identiques et munis de gourdes de mêmes dimensions et couleurs, on les confond presque. En plus, ils trottinent ensemble, côte à côte, sans que jamais l'un dépasse l'autre. C'est presque touchant.

Moi, je préfère marcher seule. Cela me donne toute la latitude voulue pour la durée du parcours, le moment de la journée où je m'entraîne, le type de musique que j'écoute et la vitesse que j'adopte, laquelle dépendant évidemment du nombre de cyclistes au travers de mon chemin.
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Notes à moi-même : Je suis beaucoup moins inspirée quand j'écris ma chronique à la fin d'une journée trop bien remplie. Les idées qui semblaient brillantes pendant l'entraînement se sont envolées dans la brume de mon cerveau fatigué.

jeudi 24 septembre 2009

Souviens-toi que tu es poussière

Je n'avais pas envie d'écrire depuis deux jours parce que j'avais adopté le profil Martha Stewart et que je me détestais. Ce n'est pas que cela m'affectait particulièrement de constater les points faibles de mon entretien ménager mais, la température n'étant pas nécessairement au beau fixe, j'avais décidé d'en profiter pour faire une femme de maison de mon moi-même.

Bien que j'admette maintenant ressentir un certain contentement à ouvrir mes tiroirs et mes armoires de cuisine bien propres et bien rangés, je reste avec un malaise. C'est que j'ai toujours l'impression de perdre mon temps lorsque je nettoie. Je sais que j'ai déjà bloggé sur ce sujet mais, tout comme la poussière qui retombe sans cesse, j'y reviens encore une fois. Il faut croire que je n'ai pas encore réussi à aller au fond de la question. Tentons un traitement avec un autre produit ménager.

Il y a bien sûr l'aspect très éphémère du ménage qui me le rend hostile de prime abord. Le temps pour moi est un luxe et l'utiliser pour accomplir quelque chose qui ne dure pas semble représenter une pure aberration. Pourtant, j'aime bien faire le lavage même s'il s'agit d'une tâche sur laquelle il faut accepter de revenir à intervalles très réguliers... surtout si l'on veut éviter les odeurs qui restent et qui sont susceptibles d'incommoder les nez fins (pour ceux et celles qui ne me lisent pas régulièrement, voir la chronique du 2 septembre).

Voilà que j'ai envie d'arrêter tout de suite mon introspection car, finalement, la chose est simple : j'éprouve une haine profonde et viscérale envers vadrouilles et serpillières. Je les échange sur-le-champ et sans aucun remords pour la préparation des repas et la lessive. Et que dire du jardinage, une autre tâche que j'accomplis sans jamais maugréer.

J'ai justement travaillé tout l'après-midi avec l'Homme à refaire la plate-bande le long du garage. Je me suis littéralement éreintée à arracher les vieilles racines mais ô comme j'ai joui en installant les nouvelles vivaces. Il faisait un temps radieux pour ce genre de corvée. Lorsque j'ai terminé aux environs de 17 h, le soleil filtrait au travers des branches de l'érable et il éclairait la section où je travaillais. Je me trouvais à quatre pattes dans la terre et je pouvais très bien sentir l'odeur qui se dégageait du compost que l'Homme venait d'ajouter. Rien à voir avec le ménage. Mais tout à voir avec la vie. Tous les printemps, j'attends le réveil de mes végétaux. Tous les automnes, je prépare leur dormance. Si poussière je rencontre dans ce décor, je ne me préoccupe pas de l'enlever. Elle en fait partie. Je la salue même car elle prend ici tout son sens.
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Notes pédestres : Comme si le jardinage ne représentait pas un exercice suffisant, j'ai également marché ce matin. Voilà, selon mes critères, du temps bien utilisé. Pour les prochains jours, je vais retrouver mes chers trottoirs montréalais!

lundi 21 septembre 2009

Ohm

Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas assise sur mon tapis de yoga. Beaucoup trop longtemps si vous voulez mon avis. Aujourd'hui, c'était mon premier cours. Je suis tellement heureuse de savoir que je pourrai de nouveau pratiquer cet exercice le midi une fois par semaine. Quand je sors d'un cours de yoga et que je retourne au bureau pour finir ma journée, c'est comme si plus rien ne pouvait m'atteindre. Je crois que c'est parce que je suis alors en contact direct avec mon être intérieur et que je continue de ressentir les bienfaits d'avoir pensé à respirer consciemment pendant une heure entière. Ahhhhh!... comme c'est bon de respirer calmement et profondément.

"Ohm", c'est le mantra que l'on chante au début et à la fin d'une séance de yoga. Un prof nous a déjà expliqué qu'en disant ce mantra, on s'unit à tous les adeptes de yoga partout dans le monde. Une communion des saints "yogiques" en quelque sorte.

J'ai fait du yoga pendant plusieurs années et j'ai découvert ainsi un autre moyen pour m'enraciner. Pas le choix. Si on veut vraiment profiter d'un cours de yoga, il faut accepter d'habiter uniquement notre tapis et de laisser aller tout le reste. Une version différente de la bulle, quoi. Ce que j'aime aussi, c'est que le yoga interdit toute comparaison, même pas avec soi. La seule fois où on peut se laisser aller à des comparaisons, c'est avec les deux parties de notre corps. Est-ce que ma jambe droite est plus souple que la gauche? Est-ce que ma hanche gauche s'ouvre davantage que ma hanche droite? Et c'est tout. Un simple constat. Surtout pas une occasion de remédier à la situation en tentant de corriger un déséquilibre qui existe assurément pour une raison.

Vous croyez sans doute que c'est facile d'accepter ses limites? Pas tout à fait. En tout cas, pas au début. N'avons-nous pas tous, au fond de nous, un relent d'orgueil qui ne demande qu'à se manifester? Ne ressentons-nous pas une certaine honte à ne pas pouvoir maintenir une position aussi longtemps que les autres? Nous voilà donc à risquer le tour de rein pour la simple victoire d'avoir réussi à faire la chaise plus longtemps que les autres (genoux pliés, on s'assoit dans le vide, les bras tendus devant soi et, si jamais l'orgueil veut à tout prix refaire surface, on tente de les lever au-dessus de notre tête). Je sais ce que c'est. J'ai moi aussi fait comme tout le monde et essayer de nier mes limites. Une autre prof de yoga (une femme absolument extraordinaire qui a enseigné jusqu'à un âge avancé) nous expliquait que, lorsqu'on n'est pas capable de vraiment bien faire une position, il faut imaginer dans notre tête qu'on est en train de la faire. Et elle nous encourageait en disant qu'un jour, on y arriverait peut-être... ou pas. Ce n'est pas grave. Ce n'est pas ça l'important. Le yoga, c'est le corps, bien sûr, mais aussi et surtout la tête.

Imaginez que pendant une période de plus ou moins soixante minutes, vous arrivez à faire le vide dans la boîte crânienne. C'est évident que les pensées vont et viennent mais vous les laissez partir sans essayer de les retenir. Vous devez toujours ramener votre esprit au tapis et à votre respiration. Au ici et maintenant. C'est la respiration qui vous guide tout au long de votre pratique. C'est elle qui vous indique l'heure de votre corps et de votre tête puisque c'est elle le fil conducteur entre les deux. C'est le prana, l'énergie vitale.

Pratiquer le yoga nous fait prendre conscience en outre de l'immense pouvoir que nous possédons sur notre bien-être. Il suffit de s'y mettre. Quand je suivais des cours avec la merveilleuse prof dont je parlais plus haut, nous, ses élèves, avions tous l'habitude de nous extasier sur sa jeunesse de coeur, sa santé de fer, son énergie débordante, et nous la complimentions sans cesse sur la façon dont elle abordait la vie. Ce à quoi elle répondait invariablement : "Arrêtez de me regarder et agissez". Elle a sûrement contribué à faire en sorte que je fasse éventuellement le premier pas vers mon mieux-être! Merci Madame P.

dimanche 20 septembre 2009

Regardez le feu d'artifice

C'est maintenant souvent frisquet le matin. D'ailleurs, depuis deux jours, je marche beaucoup plus vite en débutant mon parcours justement dans l'espoir de me réchauffer au plus tôt. Je sais que je pourrais y changer quelque chose mais je ne veux pas encore vraiment m'habiller très chaudement. Je ne veux pas que l'été finisse. Je ne veux même pas que l'automne soit froid. Il doit être chaud, ensoleillé et faire miroiter ainsi plein de mensonges sur ce qui s'en vient!

Alors, comme je vis dans le déni, je porte toujours mon pantalon qui ne couvre pas toutes mes jolies jambes de marcheuse. Je me permets cependant d'enfiler une petite laine, au demeurant très légère. Je dois avouer, par contre, que je n'hésite plus à remonter la fermeture-éclair de ladite laine jusqu'au cou. Et je la garde fermée jusqu'à la fin. C'est que je suis un peu frileuse et je n'aime pas sentir le vent froid me passer dans le cou quand j'ai enfin réussi à m'échauffer.

Ces quelques inconvénients ne gâchent pourtant en rien mon plaisir de marcher. L'air est frais, c'est vrai, mais il est aussi vivifiant. Ça réveille comme une douche froide. Ça fouette les sangs. Ça fait du bien. Et la lumière, je dois encore vous en parler, est tout à fait exceptionnelle. La façon dont elle joue sur les feuilles colorées des arbres retient à tout coup mon attention. C'est chaque fois différent. C'est chaque fois un éclairage qui me fait voir ce que je n'avais jamais vraiment remarqué. Voilà qu'un arbre sur le terrain de l'église est le seul qui a changé de manteau. Du coup, il devient la vedette du spectacle. Et quelle vedette! Il éblouit littéralement.

Je m'émerveille aussi régulièrement du bleu extraordinaire du ciel. Les plantes, quant à elles, sont figées dans leur beauté de fin d'été. Parce qu'il n'y a pas encore eu de gel au sol, le froid les garde intactes. Même si certaines d'entre elles commencent à laisser percevoir des traces de fatigue, elles forment ensemble des arrangements superbes de fleurs séchées et de fleurs naturelles. Un jardinier voudrait le planifier ainsi qu'il n'y réussirait pas.

Mais le temps qui passe inexorablement détruira éventuellement ce paysage statique. Il ne reste plus beaucoup de semaines avant qu'un fatidique gel tue pour de bon les fleurs qui seront encore debout. Moi je suis incapable de défaire mes plates-bandes avant que les végétaux aient rendu l'âme. Je veux qu'ils meurent au front, pas dans une poubelle et surtout pas de mes mains. Je veux que leur beauté continue de me séduire même si je sais que bientôt j'assisterai au dernier feu d'artifice. Vous savez celui qui nous fait pousser des "oh!" et des "ah!" encore plus fort jusqu'à ce que, nous rendant compte que ses étincelles sont toutes disparues, nous restions là, bouche bée, espérant je ne sais quoi... un miracle peut-être. Et pourquoi pas?

jeudi 17 septembre 2009

Le grand luxe

Je suis riche. Je suis riche depuis presque deux semaines maintenant. Et j'adore ça. Qu'est-ce donc que cette fortune qui m'est tombée du ciel? Le temps. Oui, je suis riche de temps et, pour moi, c'est ce que j'appelle le grand luxe.

Le luxe de quoi, vous demandez-vous peut-être? Le luxe de pouvoir marcher très tôt le matin et de profiter ainsi du soleil qui vient tout juste lui aussi de sortir du lit. À cette heure-là, j'accompagne souvent de mes pas les enfants qui se dirigent vers l'école. J'aime les entendre jouer pendant qu'ils attendent la cloche. Lorsque celle-ci retentit, ils se dirigent plus ou moins docilement vers la porte pour rejoindre leurs classes. Pas moi. Je ne réponds au son d'aucune cloche pour encore deux semaines complètes. Je n'ai pas à entrer dans les rangs. Je suis libre. Libre de mon temps.

Et qu'en fais-je donc de ce temps précieux? Je l'utilise abondamment ces jours-ci pour m'occuper de mes chats. Surtout de Mignonne, cette adorable minette qui veut toujours jouer le matin après avoir déjeuné. Elle me fait rire avec ses petits yeux verts taquins. Elle adore particulièrement me retrouver dans mon lit, de préférence lorsque je viens de le faire, pour jouer avec sa balle et sa souris qui fait du bruit. Je lui flatte le ventre et les flancs et elle me mordille les doigts. Dès que je lui dis "Doux, doux", elle arrête et sort sa langue toute rose pour me lécher. Elle a tellement grandi depuis que je l'ai recueillie. Son poil est brillant et épais. C'est comme avoir un toutou en peluche vivant! En plus, je ne dois pas oublier la Reine-Marguerite si je ne veux pas faire de jalouse. Je la flatte chaque fois que je la vois bien installée à ses endroits préférés. J'essaie encore de la faire maigrir et je déploie différentes stratégies pour arriver à diminuer l'imposant tour de taille de sa majesté féline. Mais elle est rusée. Elle trouve toujours moyen de me déjouer et d'ingurgiter de la nourriture en cachette.

Mais je ne joue pas uniquement à la nounou avec les chats. Je trouve également le luxe de cuisiner de bons repas. Tenez, aujourd'hui, nous sommes allés au marché et, en revenant, je me suis déchaînée dans mes chaudrons. J'ai fait un délicieux pain aux bananes, cuit un jambon et préparé des betteraves pour les mettre en salade. J'aurai même le luxe de les éplucher dehors bien tranquillement sous un soleil radieux. Ensuite, je me lance dans la confection d'un potage de courge au cari. Je sens que vous avez l'eau à la bouche juste en lisant ce paragraphe. Pour les intéressés, la recette du potage se trouve ci-dessous. N'est-il pas vrai que bien cuisiner prend du temps? Voilà pourquoi je me considère privilégiée d'en avoir autant. Je vous l'ai dit, je suis riche!

J'ai bien un peu gaspillé de mon temps aujourd'hui en effectuant deux ou trois appels du genre que l'on remet toujours à plus tard. Vous savez ces appels où il faut s'adresser d'abord à une machine et, par la suite, si on est chanceux, à une personne de l'espèce humaine. Enfin, comme j'avais le luxe de mon temps, je l'ai utilisé à profit en effectuant ces ennuyantes démarches administratives.

Et je ne dois pas oublier un autre luxe, soit celui de blogger en plein jour. Voilà qui ne m'arrive pas souvent. Je viens de m'apercevoir, cependant, que je n'ai pas eu le temps de lire, ni celui de commencer à écrire mon livre, ni celui de jardiner, ni même celui de faire une petite sieste en après-midi. Qu'importe! J'ai le grand luxe d'avoir encore plein de temps demain. Au fait, est-ce que je vous ai dit que j'étais riche?
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Notes pédestres : Il faisait tellement beau ce matin. J'ai seulement pensé que j'étais en manque de nouveau metal. À bon entendeur...

Notes culinaires :
Potage de courge au cari
2 c. à thé d'huile olive
2 poireaux parés et hachés
2 gousses d'ail hachées finement
1 c. à thé de cari
1 grosse carotte coupée en dés
1 grosse pomme de terre pelée et coupée en dés
4 tasses de courge (musquée ou courgette ou toute autre courge)
4 tasses de bouillon de poulet
sel et poivre au goût
2 c. à table amandes tranchées grillées

1. Chauffer l'huile dans une grande casserole. Y mettre les poireaux et l'ail. Chauffer à feu doux jusqu'à ce qu'ils aient ramollis et qu'ils soient tendres.
2. Ajouter le cari. Cuire de 30 à 60 secondes, en remuant constamment.
3. Ajouter la carotte, la pomme de terre, la courge et le bouillon. Porter à ébullition. Réduire le feu et cuire doucement jusqu'à ce que tous les légumes soient tendres, environ 30 minutes.
4. Réduire la soupe en purée. Saler et poivrer au goût. Servir la soupe parsemée d'amandes tranchées grillées (Ça vaut vraiment la peine d'ajouter les amandes!).

(Recette tirée du livre Nouvelles saveurs au goût du coeur de Bonnie Stern)

mardi 15 septembre 2009

Plumeau 101 : échec et mat!

Me voilà bien avancée. J'ai encore échoué Plumeau 101. Cela me vaut de devoir engager une émule de Martha Stewart qui viendra aux deux semaines promener son expertise domestique un peu partout dans mon chez moi.

Vraiment, je ne suis pas douée. J'ai bien tenté un ménage rapide avant que la Martha en Chef ne s'amène pour évaluer l'état des lieux. Je croyais avoir fait suffisamment les coins carrés pour qu'elle me donne enfin le diplôme tant convoité. Comme j'étais naïve! Sitôt franchie le seuil de la porte d'en avant, la Commandeure des croyants dans l'élimination de la poussière a tout de suite repéré la Reine-Marguerite et Mignonne et conclu sans plus attendre : "Vous avez deux chats. Cela veut dire beaucoup de poils." Effectivement. Je sens justement comme une petite boule, là, dans le fond de ma gorge!

Sans plus attendre, elle s'est ensuite dirigée vers la salle à manger et m'a annoncé que, selon les règles de l'art suivies par les Martha de ce monde, un ménage digne de ce nom doit inclure le nettoyage régulier de tout appareil d'éclairage situé au-dessus d'une table de cuisine. Comme j'opinais du bonnet à cette exigence qui me semblait fort raisonnable, je vois Martha en train d'examiner mon luminaire attentivement. Je m'avance un peu en tentant de deviner ce qu'elle peut bien scruter ainsi. Et là, je le distingue très nettement : un long fil d'araignée se balance entre deux branches du lustre maudit. Martha se retourne alors vers moi et précise triomphalement : "C'est pour cette raison qu'il faut nettoyer les lustres au-dessus des tables. Pour ne pas avoir de toiles d'araignée dans notre soupe." C'est vrai. Je les préfère au plafond de toute façon!

Mais je n'étais pas au bout de mes peines car l'inspection se poursuivait. Et je souffrais d'autant plus que je sentais le tapis me glisser sous les pieds. Je crois que j'ai eu le coup de grâce dans la salle de bain lorsque Martha a gratté avec le bout de son stylo une tache noire dans le fond de mon lavabo. Moi je croyais que l'usure du temps était venu à bout de la couche émaillée. Pas Martha. Selon elle, ce sont des champignons et elle est capable, elle, de régler ce problème. J'ai baissé les bras. J'ai capitulé. Je n'ai pas d'armes pour combattre les champignons seulement quelques bonnes recettes pour les apprêter succuleusement et les dévorer sous mon lustre d'Halloween en tentant de ne pas m'étouffer avec les poils félins qui se promènent dans l'air ambiant!

J'ai raccompagné Martha à la porte. Elle m'a dit qu'elle pouvait faire quelque chose pour moi. Elle m'a enjoint de ne pas me décourager. Ce n'est pas facile de réussir Plumeau 101 sans accepter d'y laisser quelques plumes. En autant que je n'y laisse pas ma chemise!
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Notes pédestres : Yé! j'ai retrouvé mon parcours et mon allant. Il faisait un peu frisquet mais j'avais bien besoin de laisser tomber un peu la poussière!

lundi 14 septembre 2009

Le Moulin à paroles ou les mots pour le dire

À Petite Filleule

J'étais à Québec. C'était ma fête. Je ne pouvais pas ne pas y aller. Surtout qu'il s'agissait d'écouter la puissance des mots.

Je me suis donc jointe aux nombreuses personnes qui s'étaient déplacées pour l'occasion sur les plaines d'Abraham. Je pensais peut-être trouver le temps long. Pas du tout. Je suis arrivée au moment où l'on évoquait les périodes allant de 1970 à nos jours. Et je me suis laissée bercer par les mots tendres de Pauline Julien, toucher par l'appel de Pierre Falardeau à son fils ou celui de Victor Lévy-Beaulieu à ses compatriotes trop tièdes à son goût. Je me suis rappelée avec plaisir la seule fois où Robert Bourassa a presque été souverainiste et j'ai souri en entendant Gilles Duceppe lire ce discours mémorable prononcé au lendemain de l'échec de Meech.

Mais le texte qui a suscité en moi le plus d'émotions, c'est celui d'Hélène Pedneault lu par Pauline Marois et intitulé La force du désir. Je ne le connaissais pas. Je vous invite à le découvrir à l'adresse http://www.quebeclibre.net/tcpedneault.html. J'ai été bouleversée. En fait, j'ai plutôt senti vibrer la fibre nationaliste qui se trouve toujours en moi et il me semble que ça faisait pas mal longtemps que cela ne lui était pas arrivé. Je jouissais d'autant plus de cette ferveur retrouvée que je pouvais le faire en compagnie d'autres personnes qui partageaient justement ce désir du pays. Grâce aux mots d'Hélène Pedneault, je me suis remise à rêver de ce pays où tous ensemble nous pourrions être enfin maîtres de nos décisions. Et je suis presque arrivée à me convaincre que la cause avait avancé depuis les dernières années. Ce qui est vrai, en tout cas, c'est que ce projet extraordinaire sera un jour porté par une majorité de Québécois, toutes origines confondues. À cet égard, c'était merveilleux de voir sur scène des Inuits, des Autochtones, des Noirs et même, oui, oui, même des Anglais (par l'entremise notamment d'un texte d'une économiste américaine).

Et comme je quittais les lieux en sentant malgré tout revenir en moi le sentiment de découragement qui m'habite depuis quelques années sur la possibilité de voir un jour la naissance de ce pays, voilà que j'entends Petite Filleule, encore émerveillée d'avoir pu serrer la main de Pauline un peu plus tôt, s'écrier avec un enthousiasme contagieux : "Moi, après avoir entendu tous ces textes et assisté à cette manifestation, j'ai plus que jamais envie de me faire tatouer une fleur de lys n'importe où sur le corps!".

Qu'il te suffise, Petite Filleule, de continuer à avoir la fleur de lys tatouée sur le coeur pour que la force du désir ne t'abandonne jamais! Je viens justement, grâce à toi, de dépoussiérer la mienne!!

samedi 12 septembre 2009

Journal de voyage - Le Lac

Nous avons terminé notre périple en complétant le tour du Lac. Nous avons principalement passé la journée au Zoo sauvage de Saint-Félicien. Ce dernier avait un peu changé depuis nos dernières visites. Il a surtout continué de s'améliorer en fait. Ainsi, il n'y a plus aucun animal en cage. C'est plutôt nous, les visiteurs, qui devenons ceux qui sont observés par les animaux qui se promènent très librement dans les Sentiers de la nature ou encore dans leurs vastes enclos un peu partout sur le terrain du Zoo.

La température était encore une fois idéale. Il faisait beau et chaud. Nous avons pris un léger gueuleton au resto du Zoo admirablement situé entre deux cours d'eau. C'est donc bercés par le bruit des chutes que les estomacs accomplissent leurs fonctions. Pendant ce temps, nos oreilles sont charmées par le grondement de l'eau et nos yeux n'en finissent plus de s'écarquiller pour admirer le paysage.

Nous avons été séduites en après-midi par les tigres de l'Amour, quatre magnifiques bêtes que l'on peut voir évoluer au ras du sol grâce à un abri qui permet de les observer comme si nous étions dans l'enclos avec eux.

Nous nous sommes arrêtées à la fromagerie Perron à Saint-Prime avant de prendre le parc des Laurentides. Après tout, il s'agissait aussi d'un séjour gastronomique! Outre le fromage, nous avons aussi réussi à trouver les fameux bleuets enrobés de chocolat : un pur délice!

Enfin, nous avons pris le temps de contempler le mont Apica dans toute sa majestueuse beauté. À couper le souffle, vraiment!

Je compte ajouter quelques photos à ce journal de voyage dès que le Fils aura le temps de m'aider... et peut-être d'autres commentaires lorsque je serai revenue devant mon ordi à moi!

jeudi 10 septembre 2009

Journal de voyage - Les gens de ma région

Je vous écris ce matin de la bibliothèque municipale d'Arvida, qui est maintenant installée dans l'ancien magasin People. Nous venons d'aller déjeuner au restaurant La Bouffe où la propriétaire-serveuse France a reconnu la soeur Psy. Le resto est situé dans le bâtiment qui abritait le magasin La Baie quand nous étions jeunes. C'était irréaliste d'être là à manger en plein centre-ville d'Arvida en écoutant les conversations des habitués chacun salués joyeusement par France derrière son comptoir. En quelques minutes, tout le monde est mis au courant de l'histoire de tout le monde. Et c'est tellement différent de ce à quoi nous sommes habitués en ville. La vraie ville je veux dire! France a même pris le temps de nous demander des nouvelles et elle nous a dit au revoir comme elle le dit aux autres en nous lançant un retentissant Goudedé - je l'ai écrit comme elle le prononce!

Pendant que j'écrivais cette section du blog, je ne pouvais m'empêcher d'entendre le bibliothécaire de la place parler avec tellement de gentillesse à tous ceux qui entraient. Il leur conseillait des livres, leur faisait même des résumés, leur proposait de les mettre sur une liste d'attente pour obtenir le titre souhaité et parlait aussi de ses propres états d'âme à la suite de la lecture d'un roman en particulier. C'était vraiment spécial d'être en présence de quelqu'un d'aussi passionné. Il faut dire que j'ai eu un coup de coeur après qu'il m'eut appelé Mademoiselle!

Je suis maintenant dans le hall du Motel Roberval où nous allons passer notre dernière nuit dans la région. Comme je n'arrive à trouver ni accent, ni rien d'autre, le blog sera plus court que prévu.

Après le resto, nous sommes allées dans notre quartier de Saint-Mathias revoir les alentours. C'est finalement dans l'église que j'ai versé quelques larmes. Rien n'y avait changé. L'odeur était restée la même. Je crois que l'émotion est venue à cause des souvenirs. La religion prenait beaucoup de place dans nos vies quand nous étions jeunes et j'ai repensé à tous ces dimanches matins où nous nous retrouvions en communauté, à toutes ces fêtes de Noël qui faisaient en sorte que l'église se retrouvait littéralement bondée (dans ce temps-là, il y avait même des placeurs - je les revois lever leurs mains gantées de blanc pour indiquer aux gens le nombre de places disponibles), au mariage de la soeur du Milieu et à toutes les autres occasions où je m'étais assise sur un de ces bancs de bois, presque toujours le même. Nous sommes sorties non sans avoir jeté un oeil sur les photos des récents chers disparus de la paroisse souhaitant presque reconnaître quelqu'un.

Nous avons continué notre route jusqu'à la rue Bourdeau (ou plutôt ma chère rue Bergeron). La maison a bien changé. Elle n'a pas été bien entretenue depuis que mes parents l'ont vendue et la soeur Psy et moi, à cause de ça, on n'a pas voulu prendre de photo. Nous avons parcouru d'autres rues puis, d'un commun accord, nous avons décidé de laisser tout ça derrière nous et nous avons filé vers le Lac.

Nous y avons encore fait de très belles rencontres : les dames de la Maison du pain à Alma qui nous ont aiguillonné vers la fromagerie Lehmann à Hébertville allant même jusqu'à chercher pour nous sur la carte et avec qui nous avons aussi discuté de la situation de l'industrie du bleuet, la vendeuse de la fromagerie Lehmann qui nous a fait goûter les délicieux fromages Pikauba et Kénogami et avec qui nous avons discuté de la situation de l'industrie du fromage au lait cru, le préposé à l'accueil au Motel qui nous a conseillé le restaurant la Bonne Cuisine où nous avons dégusté de la soupe aux gourganes, de la tourtière du Lac-Saint-Jean et de la tarte aux bleuets. Depuis deux jours, nous ne cessons de rencontrer des gens aimables, souriants, désireux de nous aider. C'est vraiment un point marquant de notre séjour, une attitude qui se distingue de celle que l'on rencontre dans les grandes villes.
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Notes pédestres : Aujourd'hui nous avons fait des goélands de nos nous-mêmes en parcourant la superbe plage de Saint-Henri-de-Taillon. Imaginez une plage de sable avec une mer étale à l'horizon. Et du bleu, juste du bleu partout devant vos yeux. C'était... idyllique!

mercredi 9 septembre 2009

Journal de voyage - Le choc du retour

J'y suis. Je suis en train d'écrire mon blog à Chicoutimi au kiosque d'information. Je n'en reviens pas. Comme disait la soeur Psy un peu plus tôt, il y a tout un mélange en dedans de nous. Du déjà vu. Et du nouveau. C'est vraiment bizarre. La soeur Psy a même prétendu, lorsque nous sommes arrêtées à l'Étape en plein milieu du parc des Laurentides, qu'il lui semblait reconnaître les gens. Selon elle, ils avaient l'air d'être des Madame Tremblay ou des Monsieur Blackburn! Je sais, je sais, elle est parfois surprenante la soeur Psy. Il ne faut surtout pas la contrarier quand elle a ces moments d'hallucination consciente!

Bon, je vous laisse pour l'instant car le soeur Psy dévalise les dépliants de tourisme et tente de me convaincre de visiter des écomusées et des églises patrimoniales... à suivre!

Toute la journée s'est révélée au-delà de nos espérances. Nous nous sommes rendues à Sainte-Rose-du-Nord après avoir transité par Saint-Fulgence-de-l'Anse-aux-foins. Et nous avons passé l'après-midi entier à emplir le disque dur de nos cerveaux des paysages absolument magnifiques offerts par le Saguenay. Observé du haut d'un promontoire ou à partir d'un rocher sur le bord de la rive, il n'a cessé de nous émerveiller. Grâce au soleil, il semblait couvert de petites pierres brillantes. Les montagnes autour semblaient sorties d'un décor avec les conifères qui dressaient leur pic devant un ciel bleu libre de nuages. Évidemment, le doux vent qui caressait nos visages a rendu ces moments de contemplation encore plus mémorables.

Et que dire de la soirée. Nous avions envie d'une bière. Nous en avons goûté une nouvelle au Pub la tour à bières. Pour le bénéfice du Pusher, qui est un véritable connaisseur dans le domaine, il s'agissait de la rousse La Diluvienne. La soeur Psy et moi cherchons encore une épicerie où l'on pourrait se procurer des échantillons que nous pourrions ensuite faire déguster à quelques privilégiés de nos connaissances. L'ambiance du Pub étant juste correcte, nous avons ensuite décidé d'arpenter la rue Racine à la recherche d'un resto pour le souper. Nous avons finalement arrêté notre choix sur le resto Opéra où nous avons dégusté un magret de canard absolument divin. Je suis à court de mots pour vous décrire les saveurs que ce volatile suscitait en bouche. Qu'il me suffise de vous dire que la soeur Psy et moi avions juste envie de lécher notre assiette. En fait, c'était bon au point où l'on voudrait que ça ne finisse jamais! Et, pour la modique somme de 40 $ (taxes et pourboire compris), nous avons aussi eu droit aux chansons à texte de Simon Goldin, un jeune Québécois qui demeure maintenant en France. La soeur Psy et moi avons même reçu de lui les noms de totem « Merveilleuse oreille » et « Agréable auditrice ». Vous aurez sûrement compris que c'est en raison de l'attention que nous avons accordée à l'artiste, attention qui nous a permis de jaser avec lui pendant tout l'entracte. Bref, une journée et une soirée inoubliables!
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Notes pédestres : Nous avons fait de l'escalade. Nous avons gravi des escaliers, des rochers, des pentes, enjambé des troncs d'arbre et sauté par-dessus des ravins. Nous avons fait des isards de nos nous-mêmes!

mardi 8 septembre 2009

Journal de voyage - Prêtes pour le grand départ

Ça y est. Nos valises sont faites. Nous partons tôt demain matin.

Comme nous voulions immortaliser notre pélerinage, Petite Filleule a accepté gracieusement de nous prêter sa caméra numérique et de nous donner un cours accéléré sur l'art de prendre des photos à l'ère moderne. La soeur Psy et moi n'en revenons tout simplement pas d'avoir la possibilité de prendre près de mille photos en trois jours alors que nous sommes habituées à des films de 24 poses. Avouez que c'est le jour et la nuit! Nous avons quand même demandé à Petite Filleule de se limiter dans ses explications. S'occuper de trois "pitons" représente un défi suffisant pour les as de la technologie que nous sommes.

Dans la mesure du possible, je vais tenter de vous faire suivre notre périple. À demain donc à Chicoutimi!

lundi 7 septembre 2009

Pas de changement, pas d'agrément

La Marcheuse urbaine en vacances que je suis arpente des trottoirs différents presque tous les jours ces temps-ci. Samedi, j'ai d'abord retrouvé mon parcours montréalais en commençant mon périple chez le Fils. Un matin magnifique mais un peu frisquet. J'ai passé presque toute l'heure à me convaincre que j'avais bien fait de ne pas apporter de petite laine. Et pourtant... je n'avais pas véritablement réussi à me réchauffer même rendue à la fin de mon entraînement. Qu'importe. La rivière brillait de mille feux. Et j'ai croisé plein de gens soucieux de leur santé qui, comme à l'habitude, couraient, marchaient, bicyclettaient!

Puis, en compagnie de la soeur Psy, j'ai posé hier mes espadrilles sur le trottoir de la Promenade Champlain. Quelle belle osmose : le plaisir de marcher sur un chemin de ciment combiné au ravissement suscité par la proximité du fleuve. Une température idéale. Du soleil et un peu de vent! Aaaaaahhhh... bien-être et volupté.

Aujourd'hui, ce n'était pas vraiment un entraînement mais j'ai quand même marché... sous l'eau... en empruntant les tunnels de l'Aquarium de Québec. J'y ai affronté des poissons très laids aux couleurs ternes qui se cachaient dans les bas-fonds de bassins sombres et inquiétants. Les seules créatures marines dignes de provoquer des cris d'admiration à cause de leurs couleurs absolument étonnantes provenaient de régions situées beaucoup plus au sud que la nôtre. Il faut dire que lorsque tu dois t'astreindre à nager dans des eaux froides où ne paraît à peu près jamais la lumière, il y a de quoi se sentir dépressif, se dissimuler dans les recoins et arborer des vêtements austères.

Je vous invite à rester branchés pour la suite de mes aventures. Je retourne cette semaine sur les lieux de mon enfance, donc au Saguenay. Ce sera tout un pèlerinage qui s'annonce pour le moment principalement gastronomique étant donné que la soeur Psy a formulé le désir que nous profitions de notre séjour pour déguster des mets qui nous rappellent des souvenirs. Au menu, il faudra donc compter sur la pizza, les hots-dogs vapeur, la tarte aux bleuets et la fameuse tourtière du Lac-Saint-Jean. Moi je formule le voeu qu'il y ait aussi beaucoup de trottoirs à enfiler pour digérer tout ça!

jeudi 3 septembre 2009

À l'impossible, nul n'est tenu

Il y a deux choses que je considère être dans l'impossibilité de réaliser un jour : être une Madame et voyager léger.

Je vous explique ce que j'entends par être une Madame en prenant justement l'exemple de la Madame qui attendait l'autobus avec moi ce matin. Il était 8 h. Nous étions à un arrêt sur le boulevard Maloney, soit deux étudiants et moi. Il y avait plein de trafic. Qui vois-je arriver soudainement d'une rue transversale et qui semblait comme une vision tellement elle tranchait avec le reste de l'environnement? Une MADAME. J'emploie ici les majuscules car la dame en question représentait pour moi tout ce que je sais que je ne serai jamais capable d'être. Elle avait la soixantaine (bon, ça je sais que je n'aurai pas le choix d'y arriver un jour). Elle était impeccablement coiffée (un peu à l'ancienne, selon moi, mais puis-je vraiment me permettre de poser un jugement capillaire?) et arborait un maquillage sans faille. Elle était vêtue d'un tailleur vert qui tombait parfaitement et chaussée de souliers à talons aiguilles arborant des motifs vraiment originaux. Bien évidemment le sac à main complétait admirablement l'ensemble. Et, surtout, même s'il faisait déjà chaud à cette heure de la journée, elle portait des bas de nylon. C'est sûr, c'est plus chic.

Qu'est-ce donc pour moi être une Madame? C'est être parfaite. Ou en tout cas avoir l'air de l'être. Quand l'extérieur est aussi bien réglé, l'intérieur peut-il être différent? Moi, je n'aime pas passer du temps à me coiffer ou à me maquiller. Je veux que ce soit simple. Et j'aime porter des vêtements dans lesquels je me sens à l'aise. Les bas de nylon, ça m'étouffe. On dirait que mes jambes sont enveloppées d'une pellicule de plastique qui les empêche de respirer. Et mes pieds, je les aime trop pour les emprisonner dans des souliers étroits à talons hauts. Et puis, ce n'est pas très pratique pour marcher. Avec un extérieur aussi dégingandé, pas étonnant que mon intérieur me donne souvent du fil à retordre! Mais ça ne fait rien, je sais que je ne peux pas et que je ne veux pas être une Madame. Il me semble que j'abandonnerais alors quelque chose. Le droit d'être comme je suis sans faire de compromis aux diktats des biens-pensants de ce monde, c'est trop important pour moi pour que je le laisse aller pour une paire de bas de nylon!

Et voyager léger? J'essaie d'y arriver toutes les fois que je pars. C'est impossible. Je veux prévoir toutes les intempéries. Je ne peux pas me permettre d'oublier quoi que ce soit. J'apporte donc la presque totalité de ma garde-robe. Ainsi ce soir, pendant que je préparais ma valise pour mon séjour à Québec avec la soeur Psy la semaine prochaine, j'ai dû demander à l'Homme de redescendre au sous-sol la moyenne valise dans laquelle je pensais pouvoir faire tout tenir. J'ai encore une fois manqué d'espace et j'ai dû me résoudre à lui demander d'aller me chercher la grosse valise.

J'ai toujours été comme ça. Quand j'étais jeune et que je voulais jouer à la mère avec mes amies, je sortais dehors tout, mais alors tout ce dont j'avais besoin pour être la mère accomplie : la petite table et les quatre chaises, la vaisselle, les vêtements des poupées, le carrosse, le lit, les couvertures et j'en passe. À un moment donné, il y avait tellement de choses dehors qu'un jour le voisin à demandé à ma mère si nous étions en train de déménager!

J'imagine que c'est mon anxiété qui me fait réagir ainsi. Je ne dois manquer de rien. Pourtant, il faudra bien un jour que j'arrive à me fier suffisamment sur moi pour savoir qu'il n'y a pas de quoi faire un drame si on a oublié... ses bas de nylon!

mercredi 2 septembre 2009

Sentez-vous ce que je sens?

C'est le comble! Je viens d'être rejetée par Madame BlancheVille elle-même. Il paraît que ma maison dégage une forte odeur à laquelle elle n'arrive pas à s'habituer. Elle m'a donc rendu son tablier sans autre forme de procès.

Je n'y comprends rien. Je ne sais pas si je dois avoir honte et me cacher. Ou bien si je dois effectuer un sondage auprès de toutes les personnes qui ont fréquenté ma demeure pour obtenir leur avis olfactif sur le sujet. Mais peu importe, je suis quand même en butte avec l'affreuse vérité : ma maison pue!

Je n'arrête pas d'y penser. Et je n'arrête pas non plus de me sentir et de sentir mes alentours. Qu'est-ce donc que cette odeur qui, selon l'Experte de la propreté, révulse les nez fins? Serait-ce Mignonne, la Reine-Marguerite et leurs bacs à ébats sanitaires? Ou le compost que je fabrique allégrement sur le comptoir de la cuisine et dont l'état de décomposition parfois avancée laisse répandre une odeur d'humus? Ou tous ces souliers qui traînent un peu partout dans la maison et qui sont incrustés sans nul doute de l'odeur de petits pieds de leurs propriétaires? Je ne sais pas car je ne sens rien et ce doit être parce que les cellules de mon nez ont été brûlées à la longue par cette odeur détestable.

L'Homme et la Fille me disent que je m'en fais pour rien. Selon eux, il n'y a pas là de quoi fouetter un chat. Peut-être pas un, mais deux...

Je me demande quand même si le fait d'avoir laissé à Madame Vadrouille ce matin une petite note dans laquelle je lui faisais remarquer, le plus gentiment et diplomatiquement possible, que l'époussetage laissait parfois à désirer et que les cuvettes des toilettes avaient un cerne même après son passage pourrait expliquer qu'elle ait soudainement pris ma maison en grippe. Si tel est le cas, dois-je vraiment me fier à l'opinion de quelqu'un qui a le nez bouché?
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Notes metalliques : Prenez le temps d'aller faire un tour sur le site de Mortör dans le Petit monde de la Marcheuse urbaine et regardez le premier video live du groupe en train de chanter Swallow my Hate. Pour les curieux, je vous précise que le Pusher de metal, c'est le chanteur qui n'a pas de guit!

Notes pédestres : Il faisait chaud aujourd'hui et les jambes ne suivaient pas. J'ai quand même retrouvé mon rythme dans les escaliers et dans mon mini jogging en pente. C'est déjà ça de pris.

mardi 1 septembre 2009

Mode d'emploi à utiliser avec précaution

Je suis en panne d'inspiration ces temps-ci. Je crois que c'est parce que je suis en attente de tout lâcher pour tomber en vacances. Le compte à rebours est véritablement commencé. Plus que trois jours. En attendant, je me sens comme suspendue, en équilibre instable. C'est comme si j'avais pris une grande inspiration et que je me retenais depuis très longtemps d'expirer... depuis un an peut-être.

Allons, allons, c'est impossible. Il me semble que je ne peux pas ainsi m'empêcher de respirer. D'un autre côté, c'est vrai que j'ai parfois tendance à négliger ce que je ressens en dedans. C'est vrai aussi que je ne prends pas toujours le temps de m'arrêter pour me reposer. Je pense donc que le moment est très certainement venu de crier Stop! In the Name of Love!

Voilà que je divague...encore une fois. Pourtant mon regard ne cesse d'être attiré vers ce petit bout de papier qui traîne sur le bureau. C'est écrit dans un gros carré : Stop! Important. Vous devez lire ceci avant de prendre des vacances. Yé! C'est un mode d'emploi. Voyons ce qui est recommandé.

Point 1
L'exposition, répétée ou non, pendant une période prolongée à un niveau élevé de repos peut endommager votre capacité d'action à tout jamais.


Comme ce serait dommage que je devienne légume. En même temps, je ne détesterais pas me faire sarcler et arroser!!

Point 2
Les symptômes de la perte de capacité d'action s'aggravent graduellement avec l'exposition prolongée à un niveau élevé de repos.


Que peut-il m'arriver de pire que de me transformer en légume?

Point 3
Il est possible qu'au départ vous ne vous rendiez pas compte de votre perte de capacité d'action, sauf si vous effectuez un test.

D'accord. Je promets de régler quand même mon réveille-matin à 5 h tous les jours de mes vacances, de sortir de mon lit comme si j'allais travailler et de retourner m'y blottir après avoir soulagé ma vieille vessie. Je pense que c'est un test valable.

Point 4
Vous pourriez en arriver à vous adapter à un niveau élevé de repos. Pour éviter la perte de capacité d'action qui en découlerait, vous devez contrôler le degré de bien-être ressenti afin qu'il demeure satisfaisant mais non extraordinairement jouissif.


J'arrête là. De toute façon, je n'ai jamais vraiment prêté attention aux avertissements de ce genre. Où sont mes écouteurs pour que j'étouffe ces conseils sous un fort bruit de metal!