jeudi 3 septembre 2009

À l'impossible, nul n'est tenu

Il y a deux choses que je considère être dans l'impossibilité de réaliser un jour : être une Madame et voyager léger.

Je vous explique ce que j'entends par être une Madame en prenant justement l'exemple de la Madame qui attendait l'autobus avec moi ce matin. Il était 8 h. Nous étions à un arrêt sur le boulevard Maloney, soit deux étudiants et moi. Il y avait plein de trafic. Qui vois-je arriver soudainement d'une rue transversale et qui semblait comme une vision tellement elle tranchait avec le reste de l'environnement? Une MADAME. J'emploie ici les majuscules car la dame en question représentait pour moi tout ce que je sais que je ne serai jamais capable d'être. Elle avait la soixantaine (bon, ça je sais que je n'aurai pas le choix d'y arriver un jour). Elle était impeccablement coiffée (un peu à l'ancienne, selon moi, mais puis-je vraiment me permettre de poser un jugement capillaire?) et arborait un maquillage sans faille. Elle était vêtue d'un tailleur vert qui tombait parfaitement et chaussée de souliers à talons aiguilles arborant des motifs vraiment originaux. Bien évidemment le sac à main complétait admirablement l'ensemble. Et, surtout, même s'il faisait déjà chaud à cette heure de la journée, elle portait des bas de nylon. C'est sûr, c'est plus chic.

Qu'est-ce donc pour moi être une Madame? C'est être parfaite. Ou en tout cas avoir l'air de l'être. Quand l'extérieur est aussi bien réglé, l'intérieur peut-il être différent? Moi, je n'aime pas passer du temps à me coiffer ou à me maquiller. Je veux que ce soit simple. Et j'aime porter des vêtements dans lesquels je me sens à l'aise. Les bas de nylon, ça m'étouffe. On dirait que mes jambes sont enveloppées d'une pellicule de plastique qui les empêche de respirer. Et mes pieds, je les aime trop pour les emprisonner dans des souliers étroits à talons hauts. Et puis, ce n'est pas très pratique pour marcher. Avec un extérieur aussi dégingandé, pas étonnant que mon intérieur me donne souvent du fil à retordre! Mais ça ne fait rien, je sais que je ne peux pas et que je ne veux pas être une Madame. Il me semble que j'abandonnerais alors quelque chose. Le droit d'être comme je suis sans faire de compromis aux diktats des biens-pensants de ce monde, c'est trop important pour moi pour que je le laisse aller pour une paire de bas de nylon!

Et voyager léger? J'essaie d'y arriver toutes les fois que je pars. C'est impossible. Je veux prévoir toutes les intempéries. Je ne peux pas me permettre d'oublier quoi que ce soit. J'apporte donc la presque totalité de ma garde-robe. Ainsi ce soir, pendant que je préparais ma valise pour mon séjour à Québec avec la soeur Psy la semaine prochaine, j'ai dû demander à l'Homme de redescendre au sous-sol la moyenne valise dans laquelle je pensais pouvoir faire tout tenir. J'ai encore une fois manqué d'espace et j'ai dû me résoudre à lui demander d'aller me chercher la grosse valise.

J'ai toujours été comme ça. Quand j'étais jeune et que je voulais jouer à la mère avec mes amies, je sortais dehors tout, mais alors tout ce dont j'avais besoin pour être la mère accomplie : la petite table et les quatre chaises, la vaisselle, les vêtements des poupées, le carrosse, le lit, les couvertures et j'en passe. À un moment donné, il y avait tellement de choses dehors qu'un jour le voisin à demandé à ma mère si nous étions en train de déménager!

J'imagine que c'est mon anxiété qui me fait réagir ainsi. Je ne dois manquer de rien. Pourtant, il faudra bien un jour que j'arrive à me fier suffisamment sur moi pour savoir qu'il n'y a pas de quoi faire un drame si on a oublié... ses bas de nylon!

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