mardi 4 décembre 2012

L'avocate du diable

Ne vous en faites pas, les photos promises s'en viennent. Pour ce qui est de la crèche, j'ai finalement réussi à installer le village de saison vendredi soir. Et le deuxième bébé chat d'Irma, qui est réapparu hier matin, semble avoir adopté lui aussi l'abri nucléaire construit par l'Homme. Tout est donc bien qui va bien pour le moment dans les festivités et les félins.

Mais ce n'est pas là la teneur de mon propos de ce soir. Non. J'avais simplement envie de partager avec vous un commentaire que j'ai entendu à quelques reprises dimanche pendant que le Fils, l'Homme, l'ami du Fils et moi nous faisions mouiller abondamment en passant la Guignolée de 11 h à 17 h. Je vous donne le contexte. Nous sommes dans une rue, disons de la classe moyenne, et nous frappons à la porte d'une maison sise dans ladite rue. Après avoir récité notre boniment de guignoleux en quête d'un geste charitable pour la bonne cause, nous recevons cette réponse à la fois décevante et étonnante : "Moi je n'ai rien à donner." Fort bien. Nous rebroussons chemin et reprenons notre bâton de pèlerin.

Et là, je confesse que je n'ai pas pu m'empêcher de me passer la réflexion suivante : "C'est sûr que tu n'as rien à donner car tu as tout". Je sais, je sais. Cela ne s'applique pas à toutes les situations. Je connais des gens bien nantis qui ont le coeur sur la main. Et je connais surtout des gens démunis qui sont capables de donner leur chemise. N'empêche. Arrêtez-vous deux minutes pour y penser un peu. N'est-ce pas souvent quand nous sommes gâtés par la vie que nous voulons tout garder de peur de perdre même quelques miettes?

Comprenez-moi bien. Je ne parle pas ici de donner de son nécessaire comme dans la parabole de la veuve. Je devise uniquement sur la possibilité pour chacun de partager de son superflu avec les autres. Et dans notre société de consommation, je demeure convaincue que le superflu ne manque pas. Pourtant, nous persistons, poussés sans doute par le réflexe de n'avoir jamais à manquer de rien, à tout garder même si notre tout représente aussi notre trop.

Je vais vous confier un secret. Le truc pour arriver à ouvrir notre coeur et nos mains, c'est de le faire plusieurs, plusieurs fois. Au début, on éprouve un pincement quand on sort un 2 $ qu'on aurait pu utiliser pour s'acheter un café. Mais que dire ensuite du serrement dans la poitrine quand on ose libeller un chèque d'un montant assez élevé pour qu'il représente un léger tantinet de notre nécessaire? On pense que ce n'est pas raisonnable. On se dit que d'autres personnes ont davantage les moyens de donner que nous. Et puis, il arrive une autre demande. On se prend à acheter des articles d'épicerie qui ne sont jamais offerts par les banques d'alimentation pour les offrir à un service de dépannage. On s'improvise "quêteux" pour un organisme de bienfaisance. On constate qu'on pourrait bien se départir de quelques vêtements, de meubles qui nous encombrent, d'ustensiles de cuisine qui prennent la poussière dans les armoires. On s'aperçoit qu'on peut toujours arriver à trouver un peu de temps pour aider les autres malgré nos multiples occupations. Et, un jour, finalement, on se rend compte qu'on reçoit beaucoup plus que l'on donne.

"Je vous le dis en vérité, cette pauvre veuve a donné plus qu'aucun de ceux qui ont mis dans le tronc; car tous ont mis de leur superflu, mais elle a mis de son nécessaire, tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre." Évangile selon Marc

jeudi 29 novembre 2012

Mise à jour mais pas mise à nue

Me voilà devant mon petit carré blanc. J'ai sauté tout de go dans l'espace réservé au texte car je ne sais vraiment pas encore de quoi je vais vous parler. J'attends donc pour le titre.

Je n'écris plus. Je bénévole beaucoup. J'ai l'intention, après la période fort occupée des Fêtes, de revoir mon carnet de bal pour justement y rajouter une fenêtre pour l'écriture. Je veux aussi prévoir du temps pour mon fameux projet de peinture que je n'ai même pas commencé. En fait, c'est plutôt l'Homme qui a entamé les travaux puisqu'il a appliqué la couche de fond sur le petit meuble que j'ai l'intention de recouvrir de mes gribouillages d'artiste amateur. Me semble que l'hiver, avec son manteau blanc, son profond silence et son froid souvent sibérien, se montrera propice à l'expression de ma créativité. Faudra voir.

Pour la réalité toute présente de ce soir, je vous annonce que j'écris parce que je procrastine sur l'installation de mes décorations de Noël, plus précisément sur la réalisation du village où trône la crèche construite il y a naguère par l'Homme lui-même. Demain, si j'arrive à me décider (et il faudra bien que je m'y mette puisque les deux immenses boîtes remplies des cossins de saison traînent en plein milieu du salon), je vous présenterai une photo de l'oeuvre en question, témoin des talents de mon mari bricoleur. Justement, en parlant de ces talents-là, je vous offrirai également une image, qui vaudra assurément mille mots, de l'abri nucléaire qu'il a construit pour Irma et sa gang. Je ne suis pas certaine cependant que les occupants désirés aient déjà compris que cette chose triangulaire toute entière recouverte de bardeaux leur est destinée. J'y place de la nourriture tous les jours. Des fois, les bols sont vides. Mais pas toujours. Je constate aussi que le morceau de tissu découpé dans un vieux chandail que l'Homme a placé devant l'ouverture est parfois rentré en-dedans, ce qui me laisse croire qu'une bibitte quelconque a visité les lieux. Est-ce un félin? Le mystère reste encore entier.

Alors, c'est ça qui se passe avec les chats. Je n'ai malheureusement jamais réussi à attraper les deux bébés d'Irma. Depuis deux jours, je n'en vois plus qu'un. Cela me désole vraiment. Faut dire aussi qu'Irma ne les tolère plus comme avant. Bientôt, ce seront seulement des chats adultes dont elle n'aura que faire. En attendant, j'arrive de temps à autre à flatter ma belle Irma sauvage. Elle vient régulièrement se nourrir et observer les espiègles dans l'étang. Elle semble apprécier la glace qui s'est formée et qui lui permet de s'approcher davantage du trou laissé par le bulleur. Pour le moment, mes poissons survivent. Quand il fait soleil, il m'arrive encore de les apercevoir dans la partie moins profonde se mouvant très lentement sous la glace. Bientôt, ils vont disparaître dans les profondeurs.

Et, à part ça, êtes-vous prêts pour Noël? Avez-vous cuisiné, magasiné, emballé, décoré? Avez-vous commencé à fréquenter les soirées diverses et autres organisées pour l'occasion? N'oubliez surtout pas d'en profiter avant la fameuse fin du monde annoncée pour le 21 décembre si je ne m'abuse. Quand j'y pense, c'est vraiment dommage qu'on ne puisse pas savoir à l'avance si on verra ou non le 22. J'arrêterais drette-là de cuisiner et je n'aurais pas à décorer.

Bon, c'est bien beau rêver, mais ce n'est pas encore la fin. Et je me lève à 5 h demain matin pour servir un brunch dans un centre pour personnes âgées. Je vous en ai déjà parlé. C'est là où j'essaie d'avoir l'air d'une serveuse alors que j'oublie la commande dès que je tourne les talons pour verser le café. Si je veux mettre toutes les chances de mon côté, cognitivement parlant, je fais mieux d'aller me reposer les neurones de suite. Bonne nuit!

dimanche 11 novembre 2012

L'oeil à l'affût

J'ai tout d'abord accusé l'arrivée prochaine des festivités de fin d'année. Je sais que c'est une période de réjouissances youpihoplala mais moi, la consommation sur commande, ça me déprime au plus haut point. S'il n'y avait que les cadeaux. Ça au moins c'est facile à éliminer. Oui, oui. Suffit d'invoquer la nécessité de se développer une conscience sociale et voilà qu'on a subitement envie de donner temps et/ou argent à des organismes de charité. C'est pas mal mieux que de se creuser le ciboulot pour trouver des cadeaux à offrir à des gens qui, la plupart du temps, n'en n'ont rien à foutre.

Après les cadeaux? La cuisine, bien entendu. Toutes ces retrouvailles doivent évidemment avoir lieu autour de tables débordantes de victuailles. Et l'on fait bombance en se promettant, lorsqu'on se retrouve la tête dans le bol, d'être plus raisonnable la prochaine fois. Pour ce qui est la préparation des mets qui feront le malheur de notre foie, il y a quand même moyen de se faciliter la vie. Depuis quelques années, je pratique la cuisine collective pour les beignes et les tourtières. C'est pas mal moins fatiguant et beaucoup, beaucoup plus amusant.

Alors, c'était peut-être pas ça mon problème après tout. De toute façon, c'est chaque année la même chose. Arrive l'automne, j'ai la déprime assurée. Ici, vous ne me voyez pas mais je me donne une claque sur le front. C'est ça! Je suis atteinte de déprime saisonnière. En bonne hypocondriaque que je suis, je savais bien que je trouverais un nom pour mon malaise. Je déprime. Tout s'explique. La digestion lente. Le moral à terre. L'énergie faiblarde. Maintenant que j'ai identifié l'ennemi, je dois réagir car je refuse de vivre encore des semaines la queue entre les jambes.

Heureusement pour moi, Jean Coutu est venu à mon secours hier après-midi pendant que j'attendais mon tour au comptoir des prescriptions. C'est toujours bien long de compter des pilules. Bref. Je n'ai pas trouvé un ami chez celui où l'on trouve de tout mais autre chose de plus utile. J'ai en effet profité de mon séjour dans l'antre de la granule pour faire un brin de lecture en empruntant un des nombreux bouquins médicaux placés judicieusement près des fauteuils destinés aux patients patients. Devinez quoi? C'était justement un ouvrage consacré au mal qui m'afflige. Évidemment que je n'ai pas pu parcourir ledit ouvrage au complet puisqu'on a trouvé un commis sachant compter. J'ai cependant eu le temps de soutirer quelques conseils gratuits pour me remettre au beau fixe. Ainsi, l'auteur recommande fortement de sortir dehors tous les jours, beau temps, mauvais temps. C'est pour la lumière. Même par temps gris, il fait plus clair à l'extérieur que sous l'éclairage artificiel de notre maison. J'ai donc obéi. Et j'ai marché. Avec ma caméra.

Je l'aime vraiment ce bidule que le Fils et la Fille m'ont offert à l'occasion de mon anniversaire. Je me plais à penser que j'ai l'oeil. Mais je vous présente tout d'abord la face d'une fille en déprime. Préparez-vous au choc!


En haut, c'était hier. Aujourd'hui, j'ai remis ça, mais avec une tisane en plus. Me semble que j'avais l'air plus réjouie, non?


Maintenant que vous avez une idée du sujet déprimé, voyons ce qu'il a capté. Tout d'abord, en voici un qui va bientôt pêcher sur la glace :


Comme par hasard, un chat m'a suivie :


Des baies rouges aperçues dans un cèdre. J'ai pensé à Noël :


Y en a qui se déshabillent plus vite que d'autres :


C'est pour quand le prochain pique-nique?


Le vent souffle-t-il du bon bord?


Mes dernières fleurs et ma dernière photo (pour ce blog) :


Finalement, si j'oublie que j'ai complètement raté une recette de biscuits et que la Reine-Marguerite m'a grogné après quand je l'ai soulevée pour laver sa doudou, je trouve que j'ai su tirer parti de ma déprime. Faut surtout pas que je lâche!

mardi 6 novembre 2012

Je ne vois pas le temps passer

J'ai entendu dire, entre les branches dénudées de l'automne avancé, que je négligeais mes lecteurs zé lectrices. C'est bien vrai. Si je peux consoler les âmes éplorées, oserais-je avouer que je me néglige pour ainsi dire moi-même lorsque je mets au rancart clavier et inspiration.

Qu'à cela ne tienne, me voici de retour! Avec pas grand-chose à vous narrer pour dire la vérité. Depuis que j'ai quitté les Zamaricains, je suis retournée à mon bénévolat comme on retrouve ses vieilles pantoufles. J'ai rapidement été happée par l'appétit insatiable des personnes que je côtoie. Les semaines passent à la vitesse de l'éclair entre les mets que je cuisine et que je livre ensuite, entre les boîtes de conserve que je range et que je place dans les sacs d'épicerie que je donne, et entre les devoirs que j'aide à faire et les leçons que je reçois.

C'est ainsi que l'autre jour j'ai réalisé tout d'un coup que j'étais à la retraite depuis un an! Je n'en revenais pas. Je n'ai rien vu. En tout cas, je ne peux pas dire que je m'ennuie. Des regrets? Je ne dispose pas toujours du temps que je voudrais pour lire ou écrire, ou encore pour me lancer dans mes projets créatifs de peinture, et j'aimerais parfois réaménager mon carnet de bal pour y remédier. D'ici Noël, je sais toutefois que cela est peine perdue. Si je veux pouvoir décorer et cuisiner, passer la Guignolée et distribuer des paniers de Noël, participer au lancement des tourtières, à la fête des enfants et au brunch pour les personnes âgées, je ne devrai surtout pas céder à la tentation de m'ajouter d'autres occupations. Occupée je serai, et ce, jusqu'à la nouvelle année!

Et tant qu'à disserter sur le temps qui coure, je vous apprends que l'Homme a atteint l'âge vénérable de 60 ans en fin de semaine dernière. Comme il se plaît lui-même à le proclamer : "Ça vit vieux un singe!!" On peut bien en rire, et c'est peut-être ce qu'il y a de mieux à faire, n'empêche... Cela m'a fait réfléchir. Je n'étais pas la seule. Pendant la fête, j'observais mon papa qui lui, a 80 ans bien sonnés. Il m'a semblé pensif. Et là, vous me connaissez, j'ai le hamster qui s'est emballé.

Il n'a pas vraiment ralenti sa course depuis. Je ne peux pas croire que j'entame le dernier droit. Et pourtant, j'y suis. Dans trois ans, ce sera mon tour de jouer au singe qui vit vieux. En plus, la retraite semble accélérer le passage du temps. S'cusez-moi, faut absolument que j'aille m'acheter des couches!

mercredi 17 octobre 2012

After all, tomorrow is another day... at the beach!

Presque trois semaines maintenant que je côtoie la mer. Sur son rivage, j'y ai lu Zola, Troyat et Camus. Et aussi Delacourt, un auteur que la soeur Psy m'a fait découvrir. J'entame aujourd'hui Jonasson, un auteur suédois qui va m'expliquer pourquoi un vieux ne voulait pas fêter son anniversaire.

Je ne peux pas dire que je m'ennuie lorsque je suis assise sur la plage devant un horizon infini. Non. En fait, je lis parce que je n'aime pas particulièrement me baigner. Me promener sur le rivage les pieds dans le sable avec les vagues qui viennent me caresser, ah! ça oui, j'aime bien. Alors, quand je suis fatiguée de la vie compliquée du Docteur Pascal, des émois de Viou, des interrogations philosophiques du narrateur de La chute ou des déchirements d'une gagnante de la loto dans La liste de mes envies, je quitte ma chaise, je laisse l'Homme et la soeur Psy à leurs ébats aquatiques et je marche sur la plage. J'en profite pour respirer à pleines narines l'odeur iodée qui m'a toujours ravie. J'observe aussi les oiseaux, grands et petits, qui viennent ramasser leur repas. Je regrette un peu de ne pas avoir apporté un livre qui me permettrait de les identifier. C'est tellement incroyable de découvrir toute cette faune ailée. Je trouve particulièrement amusants les petits échassiers qui s'amusent à courir vite vite entre deux vagues pour tenter d'attraper un mollusque quelconque. On dirait qu'ils ne veulent pas se mouiller les pattes! Je ne peux m'empêcher de sourire quand je les vois aligner comme des soldats au garde-à-vous en attente d'un ordre qui ne vient pas :


Pour le moment, je suis retournée sur ma chaise. Je poursuis ma lecture mais, inévitablement, je quitte la page pour admirer le paysage en écoutant le bruit des vagues. Et j'en reviens au dilemme qui m'habite : serais-je capable de rendre cette beauté dans un tableau? Bon, bon, n'allez surtout pas penser que ma récente visite au Musée des arts de Fort Lauderdale m'a enflé la tête au point que je puisse maintenant croire que je possède le talent de l'artiste. Vous saurez que je songe à explorer mes talents de dessinatrice depuis plusieurs mois déjà. J'ai même demandé à l'Homme de donner une couche de fond sur un vieux prie-dieu sur lequel je voudrais peindre éventuellement un paysage bucolique. Je le vois dans ma tête. Parfois, je tente de l'esquisser sur une feuille. J'avoue que le résultat n'est pas encore probant. J'ai même demandé conseil à la Fille qui m'a suggéré de viser l'art naïf. Ouais. C'est sûr que, dans mon cas, la naïveté est assurément de mise.

N'empêche. Voilà que sans même avoir réalisé un premier projet, je me laisse aller à en imaginer un autre. Je pourrais demander à l'Homme de recouvrir de peinture blanche le laminé du groupe métal Linkin Park installé au-dessus du bureau dans la chambre, juste en face de mon lit. Je n'écoute plus ce groupe et je me verrais très bien en train de contempler à leur place la mer et le ciel. Quand je regarde cette immense étendue d'eau et ce ciel à perte de vue, bleue sur bleu, je me dis que je peux au moins m'essayer. Qu'est-ce que j'ai à perdre? Ma vision idyllique de la beauté du bord de mer. Mes illusions sur mon semblant de talent. Qu'est-ce que j'ai à gagner? Le plaisir de tenter quelque chose de nouveau. Au pire, l'obligation de m'acheter un autre tableau. Allez, je me lance à l'eau!

vendredi 12 octobre 2012

Anecdotes floridiennes

Vous ai-je confié que, depuis notre arrivée en sol floridien, l'Homme s'est transformé en magasineur invétéré? Oui, oui, lui qui habituellement refuse carrément de mettre les pieds dans une boutique quelconque ou autre, le voilà qui déambule dans les allées tapotant les tissus, s'inquiétant de leur douceur et de leur entretien! Jusqu'à maintenant, il s'est acheté cinq chandails, une casquette, huit paires de bas et une paire d'espadrilles. Pas de souris verte, cependant!!

Faut dire qu'il est béni l'Homme chéri puisqu'il a failli perdre ses lunettes dans la mer il y a quelques jours de ça. Eh! oui, il se baignait en compagnie de la soeur Psy en sautant dans les vagues comme un enfant quand, ce qui devait arriver, arriva. Pouf! les lunettes envolées dans l'écume. Nous nous mettons tous les trois à la recherche de ses yeux rapportés sans grand espoir de réussir à accomplir cette tâche titanesque : chaque flux des vagues nous invite à croire à l'impossible; chaque reflux nous ramène à notre impuissance. Imaginant déjà les tracas à venir pour remplacer les précieuses lunettes, je sollicite l'aide de ma maman décédée et promets de lui payer une messe si elle réussit là où nous avons échoué. Pas de miracle en vue. En embrassant du regard la mer et son immensité, je me dis qu'une messe, c'est pas cher payé. Je monte donc les enchères à douze, une par mois pendant un an. Mise au courant de mon marchandage, la soeur Psy se joint aussitôt à moi en s'adressant à notre mère : "Tu sais, maman, comment il est l'Homme, toujours distrait et un peu maladroit." Elle n'avait pas fini de prononcer sa phrase que les lunettes ont été livrées directement à nos pieds. C'est le cas de le dire, nous n'en croyions pas nos yeux! Hommes et femmes de peu de foi, prière de s'abstenir...

Mais permettez-moi maintenant de revenir à un de mes sujets préférés : les minets. En déambulant sur la plage un bon matin, la soeur Psy et moi avons découvert un sentier qui nous a conduit à un paradis de chats. Grâce aux bénévoles d'une organisation qui s'appelle Cat Pals Inc., les chats de la plage Hollywood sont nourris tous les jours. Ils sont également stérilisés et vaccinés. Que c'est merveilleux, non? Y a pas juste moi qui contribue à la cause féline. D'ailleurs, tant qu'à jaser cause, je dois vous avouer que nous avons adopté, ou plutôt que nous avons été adoptés depuis deux jours par un gros matou noir et blanc baptisé Oscar Bellemare. Au début, je croyais qu'il était affamé mais, de fait, Oscar est affamé d'affection. Il tient absolument que nous le fassions entrer dans la structure en moustiquaire qui entoure la piscine. Pour vous donner une idée, voici une image de notre cour arrière :


Cet abri comprend deux portes qui donnent accès à la cour. C'est en montrant sa petite tête désespérée à l'une de ces portes qu'Oscar a conquis nos coeurs. Nous lui avons acheté des garnottes mais il préfère, et de loin, nos caresses. Quand il vient nous retrouver pendant que nous farnientons autour de la piscine, il passe de l'un à l'autre pour obtenir sa ration de flattage et de grattage. Son attachement est parfois douloureux lorsqu'il fait ses papattes sur nos cuisses. Je vous le présente ici qui essaie de convaincre l'Homme de lui accorder un peu d'attention :


Et voici une autre photo prise ce matin sur ma chaise :


Le plus difficile, c'est de remettre Oscar à l'extérieur de l'abri. Hier soir, c'est la soeur Psy qui l'a fait car moi, après trois tentatives, je n'arrivais tout simplement pas à prendre le minet du coussin où il dormait si bien pour le renvoyer dans le monde hostile. Je sais, je sais, j'exagère un tantinet.

Et je termine ce message en vous parlant très brièvement des prouesses de mes compagnons sur le terrain de golf. Nous avions deux voiturettes électriques pour nous déplacer et moi j'étais supposée agir comme caddy. En fait, je me suis surtout amusée à photographier les obstacles "vivants" que les joueurs devaient franchir pour atteindre les verts :


Parfois, il fallait même surmonter la peur de bêtes vraiment menaçantes comme ce crabe qui voulait voler la balle de l'Homme :


La situation, pour le moins inusitée, a permis à l'Homme de faire ce jeu de mots absolument suave. Je lui laisse donc le soin de mettre un point final à ce message. Selon lui, l'apparition d'un crabe constituait indéniablement un signe destiné à lui rappeler à quel point son jeu était "exécrabe"! J'en ris encore!!

mercredi 10 octobre 2012

Key West ou la République des conques

Nous revenons d'un petit séjour de quarante-huit heures pour découvrir les Keys, notamment Key West dont on entend si souvent parler. Que dire? Que dire?

Bien, je pourrais commencer par cette anecdote fort intéressante racontée par le chauffeur du trolley qui nous a permis de mieux découvrir la ville. Il semble qu'en 1982, après que le gouvernement américain eut décidé de bloquer la seule route qui conduit aux Keys afin de prévenir l'entrée inopinée d'étrangers sur le sol de l'Oncle Sam et d'exiger par le fait même de tout habitant des Keys de prouver son identité pour avoir le droit de circuler en Floride, les gens se soient révoltés. Et pas une petite révolte, non! Ils ont tout bonnement décidé de se séparer des États-Unis, de déclarer la guerre à leur ex-pays et de se proclamer "The Conch Republic" ou la République des conques! À ce jour, ils continuent de célébrer une fois par année l'anniversaire de leur indépendance et ils demeurent des Américains et des Conques, passeport à l'appui! Dites-moi pourquoi c'est si difficile pour nous de devenir aussi une république : la République des castors, la République des flocons de neige, la République des orignaux, que sais-je! Pour l'instant, nous demeurons uniquement la République des Cons!

Mais je m'égare. Alors, Key West. C'est la ville où Ernest Hemingway a habité pendant près de dix ans, où il a écrit entre autres Le vieil homme et la mer. Mais moi, la principale et, en fait, unique raison pour laquelle je voulais visiter sa maison, c'était pour voir ses chats! Les chats à six doigts qu'il aimait tant. Il y en a encore plus de quarante aujourd'hui qui vivent dans le domaine, tous des descendants de Snowball, le chat qui lui avait été donné par un capitaine de navire. Voici donc d'abord la maison :


Notez à gauche complètement, le chat noir qui déambule. Impossible presque de prendre une photo de la place sans rencontrer un félin! Impossible même de visiter sans devoir en déplacer un! Voyez plutôt :


Et ces chats étaient et sont toujours très bien traités. Hemingway avait même trouvé une ingénieuse façon de donner de l'eau à ses bêtes polydactyles en rapportant chez lui un urinoir du bar où il passait pas mal de son temps à lever le coude. Son épouse de l'époque, toutefois, trouvait que le bassin en question ne faisait pas très chic dans la cour. Elle a donc décidé d'améliorer le tout en ajoutant une amphore et des carreaux de céramique. Le résultat est, ma foi, assez joli :


Et je sais que vous brûlez d'envie de voir d'autres chats. Voilà :


Et celui-ci photographié par la soeur Psy :


Enfin, le chat qui en a assez de tous ces visiteurs :


Nous avons terminé la journée en célébrant le coucher du soleil sur la plage, plage qui était, toujours selon les dires de notre chauffeur de trolley, la plus belle de Key West. Ouais. C'était plein de roches. Mais le coucher de soleil était magnifique. Assis sur nos chaises, les pieds dans l'eau de mer, nous avons aussi assisté au défilé des voiliers remplis à ras bord de touristes désireux d'admirer la lumière de la fin du jour avec petite musique des Caraïbes pour accompagner le tout. J'ai préféré notre manière.

Nous avons dégusté un bon repas sur la célèbre rue Duval puis, ce matin, nous avons fait un dernier tour en ville histoire de profiter d'autres anecdotes de trolley. J'en ai profité pour demander à l'Homme de m'immortaliser devant une jolie maison typique :


C'est sûr que je n'ai sans doute pas séjourné assez longtemps à Key West pour vraiment en apprécier tout le charme. Reste que j'ai été un peu déçue de l'aspect commercial de l'endroit. Ainsi, la route qui mène aux Keys, sur laquelle je m'imaginais circuler entourée d'eau à babord comme à tribord, est en majeure partie une immense allée bordée de magasins et de boutiques de souvenirs de toutes sortes. Pas de joli petit café avec terrasse pour admirer la mer. Pas de sympathique resto invitant à la farniente du Sud. Rien de tout ça. Beaucoup de pièges à cons par exemple.

Je me disais que Key West, ce serait différent. Pas vraiment. La petite ville est elle aussi remplie de commerces destinés à faire cracher les visiteurs. Et je ne peux m'empêcher de repenser à cette information donnée par le chauffeur de trolley précisant que les deux principales sources de revenus des Keys sont les touristes et les poissons. Après ma visite, je me demande si je n'ai pas été les deux à la fois!

samedi 6 octobre 2012

Le zoo où il n'y avait pas un chat!

On ne fait pas que les lézards au soleil en vacances! Non, ma Madelon. Nous nous promenons aussi pour rencontrer des gentils "Zamaricains". Ainsi, ce vendeur sympathique dans un magasin de sports où l'Homme avait jeté son dévolu sur de nouvelles espadrilles a accepté de nous parler de ses séjours au Canada, plus précisément à Toronto. Comme nous lui demandions s'il trouvait que la nourriture était bonne dans notre beau pays, il nous a avoué candidement que le poulet dans les magasins canadiens du fameux Colonel était d'une qualité supérieure à celui utilisé chez l'Oncle Sam. Imaginez que ses amis et lui en ont même fait une provision monstre avant de traverser la frontière! Nous étions ébahis en l'écoutant car nous n'arrivions tout simplement pas à imaginer que la renommée de notre gastronomie pouvait se limiter au vulgaire volatile pané! Faut croire que oui... du moins pour certains de nos voisins.

On ne fréquente pas que les magasins non plus. On visite aussi. Le musée des sciences de Fort Lauderdale notamment où nous avons été entraînés dans un simulacre de promenade dans les Everglades à bord d'un soi-disant train en face duquel se trouvait un écran censé nous emporter sur l'eau regorgeant d'alligators. Nous avons effectivement été secoués sur nos bancs de fortune et même, à un certain moment, aspergés de gouttelettes d'eau pour imiter l'orage qui grondait dans les hauts-parleurs. C'était criant de fausse vérité!

On découvre de vraiment bons restaurants par contre. Par exemple, le Old Fort Lauderdale Breakfast House où nous avons dégusté une salade avec un morceau de poisson cuit à la perfection. Et aussi un resto italien, Frank's, où nous avons dévoré une pizza végé avec beaucoup d'ail, vraiment beaucoup. Pas grave. Nous n'avons eu aucune difficulté par la suite à nous trouver une place sur la plage!

Aujourd'hui, nous avions décidé de nous rendre au zoo de Miami. Amère déception. Le trajet en monorail, que nous avons emprunté pour nous donner un aperçu du parc, nous a permis de voir uniquement de la verdure. De la belle verdure, je dois dire. Voyez notamment la fontaine ci-dessous :


Bon, il y avait bien quelques oiseaux :


Et une drôle de bibitte :


Mais, pour le reste, c'était plutôt limité. Nous avons quand même eu la possibilité de goûter à quelque chose de tout à fait inusité : de la crème glacée en granules! Oui, oui, vous avez bien lu. Quand j'ai vu la jeune fille me tendre un bol de petites boules brunes après lui avoir commandé de la crème glacée au chocolat, j'ai pensé que mon anglais, pourtant ardemment pratiqué tous les soirs auprès de Raymond et de sa famille, me jouait des tours. Pourtant, nous avons dû nous rendre à l'évidence. Il s'agissait effectivement de crème glacée en très, très minuscules boulettes, lesquelles fondaient, éventuellement. Je dois dire que c'était bizarrement rafraîchissant.

Allez je vous quitte avec cette photo prise par la soeur Psy du dernier animal admiré (et ce n'était pas un chat!) :

mercredi 3 octobre 2012

Oui, la misère est moins pénible au soleil!

Hum... Il fait beau. Il fait chaud. Et les mots de Charles Aznavour me semblent tout à fait convenir pour décrire notre misère paradisiaque. Comment se plaindre en effet lorsqu'on se trouve à cinq minutes en voiture de la mer qui fait rêver et à un jet de pierre de la piscine qui fait nager? Comme il serait injuste de maugréer quand on a pour seule préoccupation que de se protéger du soleil pour éviter sa morsure afin de mieux apprécier sa caresse (dixit la soeur Psy)! Tant qu'à être dans les citations, permettez-moi de partager avec vous ce succulent jeu de mots de l'Homme qui affirme que nous profitons d'un climat "pical" mais pas "trop"!

Oui, ce sont des vacances comme nous les souhaitions. Nous avons retrouvé notre jolie maison sise à Hollywood Beach et la farniente floridienne nous a immédiatement envahis : longue marche matinale sur la plage, copieux déjeuner sur le bord de la piscine, courte mais revivifiante sieste au début de l'après-midi et agréable escapade au bord de la mer pour jouir de l'eau chaude et de l'odeur iodée. J'oubliais nos activités intellectuelles quotidiennes, soit notre partie de Scrabble et l'écoute de la série télé américaine Everybody Loves Raymond. Ceci nous aide à garder notre cerveau alerte tandis que cela nous permet de pratiquer la langue de Shakespeare que je maîtrise mieux, ai-je constaté hier au centre commercial, quand je la parle devant de jeunes vendeurs sympathiques et musclés!

Je reste déçue de ne pas avoir réussi à attraper les deux bébés chats avant de quitter. Je me console en me disant qu'Irma va peut-être trouver le temps moins long pendant mon absence si elle peut encore jouer à la maman! En plus, nous ne sommes pas encore rendus dans les grands froids de l'hiver, du moins je vous le souhaite.

Par ailleurs, mon séjour loin du parc faunique ne m'empêche pas de sauver les bibittes de l'Oncle Sam. Ainsi, l'Homme et moi avons repêché un bébé grenouille qui faisait la planche dans la piscine. Je crois bien qu'il cherchait désespérément à se hisser sur la terre ferme et j'ai senti qu'il appréciait notre coup de pouce. Et l'Homme a également libéré un papillon monarque pris dans la toile d'une vilaine araignée. Je pense que d'ici la fin des vacances, je devrais réussir à recréer un nouveau parc!

Me reste finalement à pratiquer l'art de la photographie puisque je possède maintenant un appareil numérique. Je vous promets des images pour le prochain message!

jeudi 20 septembre 2012

Un tiens vaut mieux que trois tu l'auras

Bon, bien voilà, la preuve est faite : c'est pas si facile que ça d'attraper des petits chats! Mais avant de vous raconter mes dernières aventures de gardienne de parc Safari, permettez-moi d'abord de mettre au parfum les ceux zé celles qui ne suivent pas mes interventions sur Facebook (surtout pas de culpabilité, je suis moi-même encore une néophyte dans cette autre attrape de la Grande Toile). Voici donc le plus récent bilan concernant la population féline de la cour arrière : maman Irma a été stérilisée avec succès vendredi dernier, et Rémi a été adopté par mon ami coiffeur lundi soir et a depuis subi un changement de sexe pour devenir Capucine. Je crois que nous sommes maintenant tous au même diapason.

Ce soir, toujours dans le but de mettre en lieu sûr les trois bébés restants avant mon départ pour la Floride, je me suis présentée devant le trou de la clôture avec ma cage et un plat de nourriture. Je pensais pouvoir attraper les chouchous pour les confier ensuite à l'Homme qui aurait la noble mais ingrate mission de les conduire à la SPCA. C'était un plan ingénieux, du moins le croyais-je. Premier hic : aucun chat à l'horizon. "Ça commence bien, pas de coopération en vue", soliloquai-je. Que faire? Que faire?

J'installe quand même la nourriture dans la cage et je m'assois sur le petit banc que j'ai installé pour me permettre d'être à la hauteur de la situation depuis l'accouchement de ma chère Irma et aussi pour reposer mes pauvres genoux qui ne peuvent plus garder la position accroupie pendant une trop longue période. J'ai beau pratiquer une posture semblable au yoga, je n'ai pas la résistance nécessaire pour la maintenir le temps voulu pour apprivoiser mes redoutables fauves. Une fois assise, je m'empare d'une branche que je compte utiliser pour attirer mes proies. "Les bébés, les bébés, venez manger", que je leur déclame de ma voix la plus rassurante. Aucun réaction. Je répète plusieurs fois mon invitation en camouflant du mieux que je peux l'intention diabolique qu'elle cache sans obtenir de résultat probant. Après plusieurs minutes d'attente, un des bébés noirs, Amir je crois, se montre le bout du nez. Il manifeste un vif intérêt pour mon jouet improvisé et s'approche très lentement de la cage. Au bout d'un moment qui me semble interminable, il s'avance vers le piège attiré par le bol de nourriture. Je retiens mon souffle. Il est pratiquement à l'intérieur. Je dirige doucement ma main vers son derrière pour le pousser plus avant afin que je puisse fermer la porte. Je ne suis pas assez rapide. Il panique. Je tente de l'attraper. Il crache et me griffe. Je dois le laisser partir.

Fin du premier round. Bébé Amir : 1. L'amante des bêtes : 0.

Entre-temps, l'Homme est arrivé du travail prêt à accomplir sa mission. Il est pas mal découragé de constater que je n'ai pas réussi à accomplir même le début de la mienne. Après avoir écouté mes mésaventures et examiné mes blessures, il me suggère d'attacher une longue corde à la porte pour être capable de la fermer sans faire peur aux chats. Pendant que nous installons notre nouveau dispositif, maman Irma se pointe avec le reste de sa progéniture. J'éloigne mon banc pour surveiller l'entrée de la cage prête à tirer la corde au moment propice. Évidemment, c'est Irma qui pénètre dans le piège. Je sens que ce ne sera pas ce soir que je pourrai arriver à mes fins. En tout cas, je ne pourrai certainement pas attraper les trois bébés d'un seul coup. Je propose alors à l'Homme de prendre Grisou puisque celui-là, le pauvre, me fait confiance.

Je retourne près de la clôture en emportant cette fois tous les plats de nourriture. Je sais fort bien que lorsqu'ils mangent, les petits chats sont moins attentifs. C'est là que j'arrive à les caresser un peu. J'avais malheureusement raison puisque je réussis sans problème à prendre Grisou dans mes bras. Je le flatte doucement et, comme une hypocrite que je dois être, je le mets dans la cage. Et là, devant sa famille réunie, je l'enlève. Je déteste ça.

En emportant la cage vers l'auto, je parle une dernière fois à mon bébé pour tenter de le rassurer. Lorsqu'il se retrouve sur la banquette arrière, j'entrouvre la porte de la cage pour y glisser ma main. Je suis capable de le toucher et de le caresser. Il a peur mais il est brave. L'Homme m'a raconté qu'il n'a pas miaulé pendant tout le trajet. C'est seulement une fois rendu à la SPCA, lorsque la préposée a voulu le sortir de la cage, qu'il a protesté un peu. Je suis contente que la SPCA de l'Ouest du Québec ne pratique pas l'euthanasie. C'est pour cette raison que c'est toujours à cet organisme que je confie mes animaux. Je sais que mon bébé va avoir une deuxième chance.

lundi 17 septembre 2012

Lumineux lundis

Allez hop! J'utilise le pluriel car, de façon générale, mes lundis sont toujours lumineux depuis que je suis devenue la Marcheuse urbaine libre. Aujourd'hui, la température nous gâtait. C'était une magnifique journée d'automne : fraîche le matin mais radieuse en après-midi. J'avais prévu le coup en m'habillant avec des pelures. Après mon café du matin pris en compagnie d'une ex-collègue, je m'étais déjà débarrassée d'une première couche pour me rendre au cours de yoga.

OM... comme c'était bon encore une fois de faire bouger mon corps. Je pensais bien souffrir sur le tapis car mes nombreuses activités de bénévolat m'obligent parfois à faire beaucoup de surplace. Par conséquent, mes pauvres hanches et le bas de mon dos me rappellent trop souvent à mon goût que je n'ai plus vingt ans. Pas grave puisque je peux me dérouiller une fois par semaine! Et comme c'était revigorant également de me centrer sur les paroles remplies de sagesse de notre prof. Comme le faisait justement remarquer l'une des participantes à la sortie du cours : "Elle est vraiment bien, F., elle nous dit des phrases significatives tout au long de la pratique. Cela nous aide à rester dans le moment présent." J'aime notamment quand elle nous rappelle l'importance d'être à l'écoute de notre corps et de respecter nos limites, et aussi d'être indulgente envers notre nous-même. Il me reste idéalement à me discipliner pour faire un peu de yoga et de méditation à la maison. Je suis certaine que je peux arriver à trouver un moment pour me mettre au diapason de la zénitude.

Pour le lunch, j'ai rencontré une amie avec qui j'ai bavardé jusqu'en milieu d'après-midi. Voilà une autre richesse de la liberté retrouvée : le temps compte différemment. Comme les obligations professionnelles n'existent plus et que les devoirs familiaux sont réduits au minimum, rien ne m'empêche d'étirer mon plaisir et de prendre deux cafés à la fin du repas. C'est tellement agréable de voir le restaurant se vider et de savoir que je n'ai pas à emboîter le pas des travailleurs. Il n'y a pas de dossier urgent qui m'attend. Youpi!

Finalement, il était près de 15 h quand j'ai laissé mon amie. J'aurais pu prendre l'autobus à Hull, mais il faisait trop beau pour que je me prive du plaisir de marcher jusqu'à Ottawa. Ce que j'ai fait. Une fois rendue sur le pont Alexandra, j'ai été de nouveau éblouie par le paysage qui se découpait sur le bleu du ciel : les écluses, la bibliothèque du Parlement, le château Laurier, la pointe Nepean. Il y avait en plus une brise qui nous rafraîchissait juste ce qu'il faut. J'ai savouré pleinement.

Quand je suis arrivée au Marché By, j'ai croisé le musicien qui se tient habituellement devant les portes du magasin La Baie. Pour dire vrai, j'ai d'abord aperçu son chien qui était couché bien tranquillement à ses pieds. J'ai fouillé dans mon porte-monnaie pour donner quelques sous. Quand je me suis approchée, j'ai soudainement réalisé qu'il ne jouait pas. J'avais l'air un peu folle avec ma modeste obole devant quelqu'un qui ne tendait même pas la main. Dans son cas, le singulier s'impose avec encore plus de force puisqu'il a un bras seulement; l'autre, c'est un moignon. Il m'a regardée en riant un peu et m'a dit qu'il attendait qu'un ami lui apporte sa guitare. Comme je ne savais plus trop quoi faire, il a pris mon argent et m'a proposé simplement de lui faire l'accolade. Ce que j'ai fait avec grand plaisir.

Quand je suis revenue à la maison, Irma m'attendait sur le patio. Elle avait faim. Et sa progéniture aussi. J'en ai profité pour m'amuser avec les bébés. Rémi m'a encore fait tomber sous son charme. Il aime maintenant rester sur mes genoux pour se faire caresser. Il ne cherche même plus à se sauver. Des fois, je regrette d'aimer autant les chats. Et je regrette encore plus d'avoir la capacité de jouer au Petit Prince. À quoi ça sert d'apprivoiser des bêtes sauvages pour leur apprendre à vous faire juste assez confiance pour ensuite les abandonner? Je sais, je sais. La SPCA, ce n'est pas un sort aussi terrible que ça pour des bébés en quête d'un foyer. Mais Rémi? C'est la seule ombre au tableau de mon lumineux lundi.

mercredi 12 septembre 2012

Mon oeil!

Ces chats ne m'appartiennent pas. Ils ne sont pas à moi. Je les nourris seulement. Deux fois par jour. Et je joue avec eux. Toutes les fois que je le peux. Bon je soigne aussi le petit avec la ligne orangée sur le front. Rémi que je l'appelle. Il faut bien que je me transforme en vet maintenant que j'ai constaté l'état de son oeil. Je ne pourrais pas faire semblant que "Tout va très bien Madame la Marquise" quand je vois le pus couler. Faudrait que je sois drôlement sans coeur et, malheureusement pour mon portefeuille et ma sérénité, je ne le suis pas.

J'aimerais bien l'être par exemple. Cela me permettrait de vivre moins inquiète. D'être moins tourmentée pour toutes les bibittes auxquelles je m'attache. Tenez, ce soir, Rémi s'était encore transformé en pirate. Je suis devenue tellement découragée. Pourtant, ce matin, il allait mieux. En présentant leurs gamelles remplies de bouffe jamais pareille d'un repas à l'autre à mon troupeau félin, j'ai réussi à prendre Rémi pour lui administrer son traitement à l'acide borique. Il faisait tellement pitié. Il miaulait tout doucement pendant que j'essayais tant bien que mal de lui enlever la croûte de pus. Ouais. Je sais. C'est pas appétissant. Mais c'est ça qui arrive quand on est pas capable de se marcher sur le coeur. On fait des choses pas appétissantes.

En tout cas, même après le traitement, son oeil est resté fermé. Là, j'ai paniqué. Je ne veux pas que ce minet devienne aveugle à cause de moi. Oui. Parfaitement. À cause de moi. Parce que je sais qu'il a mal et que je ne fais pas tout ce que je pourrais faire pour le guérir. J'ai donc réappelé la clinique vétérinaire : "Oui, bonsoir, j'ai besoin d'une information. La dernière fois que j'ai appelé, il n'y avait aucun rendez-vous disponible avant deux semaines. Est-ce toujours le cas? Ah! vous pourriez voir Rémi le 21. C'est loin. Il a l'oeil fermé. Et moi j'ai l'oeil larmoyant. Nettoyer avec de l'acide borique, vous dites? Je le fais déjà. Lui mettre des gouttes ophtalmiques en plus? D'accord, j'essaie ça et je vous rappelle s'il se met à apprendre le braille."

C'est que je commence à trouver que ça me pèse cette responsabilité de gardienne de fauves. Ainsi, j'ai décidé de remettre aux calendes grecques la préparation de notre souper pour me rendre plutôt à la pharmacie acheter les gouttes pour le chat. Faut savoir établir ses priorités dans la vie. Parlez-en à l'Homme. Je l'exaspère au quotidien depuis que je suis devenue responsable d'un véritable zoo. Savez-vous que je dois compter au moins une demi-heure, matin et soir, pour nourrir les bêtes à griffes et à nageoires? Je lave des plats, je remplis des plats, je nettoie le filtre, je mets des produits dans l'étang et je jette des granules aux espiègles et à leurs petits. Oui. Encore des bébés. Tout se reproduit autour de moi. C'est vraiment ironique quand on pense que moi je n'ai jamais réussi à jouer mon rôle de reproductrice. Mais ça c'est une autre histoire. Pour le psy, peut-être. Pour un jour de pluie, en tout cas.

Alors me voilà trottinant en direction de la pharmacie. Je cherche les fameuses gouttes. Je ne les trouve pas sur les tablettes. Je m'informe au comptoir. J'apprends que c'est justement là qu'elles sont cachées. Derrière ledit comptoir. Je dois quand même attendre que l'on inscrive dans mon dossier que j'ai demandé des gouttes pour les yeux avant de pouvoir repartir. Finalement, je suis appelée par le pharmacien qui a une question pour moi : "Madame, vous voulez des gouttes pour les yeux mais, dans votre dossier, il est indiqué que vous êtes allergique au sulfa." Je l'ai stoppé illico : "Ne vous en faites pas pour moi, il ne m'arrivera rien. C'est pour mon chat." Il avait bien l'air un peu interloqué, voire perplexe, et ça ne s'est pas amélioré après qu'il a entendu mes explications emberlificotées sur le fait que je soigne un chaton qui ne m'appartient pas. Qu'importe. Je suis repartie avec les gouttes.

Je devais maintenant pourchasser Rémi. Vous savez, attraper un chat une fois pour lui administrer un quelconque traitement est considéré comme un exploit. L'attraper une deuxième fois pour lui mettre des gouttes dans un oeil relève du miracle. Heureusement, Rémi comprend son nom maintenant et, quand je l'appelle, il arrive presque toujours en courant pour jouer. Je vous l'ai dit et je le répète : il est adorable. En tout cas, voilà mon Rémi qui accoure comme prévu. En agitant une tige de graminée, je suis capable de m'en emparer assez facilement. Je passe d'abord une compresse chaude sur son oeil fermé. Il a l'air d'apprécier. Il ne proteste pas trop. J'arrive même à baisser sa paupière du bas pour lui mettre les gouttes. Là, il n'est pas content. J'essaie bien de le retenir encore un peu pour qu'il ne se gratte pas mais c'est peine perdue. Je dois le laisser partir si je ne veux pas être lacérée vivante. Tout va bien cependant. Il se précipite derechef dans les hostas pour sauter sur ses frères et soeurs et se lancer dans une lutte à finir.

Quand je suis retournée un peu plus tard dans "l'enclos" pour examiner mon patient, j'ai pu constater avec soulagement que Rémi avait l'oeil ouvert. Et le bon.

jeudi 6 septembre 2012

Le Petit Prince... encore lui

Eh! oui, semble bien que je doive vraiment devenir responsable de ma chère Irma, mon renard à moi. Et pas seulement d'elle, mais aussi de ses quatre bébés que j'ai finalement décidé de baptiser Amir, Pauline, Rémi et... Grisou. Vous sentez là une influence électorale. Votre odorat ne vous trompe pas. Je ne pouvais quand même pas baigner des centaines d'heures dans la fièvre démocratique sans que cela n'influence un peu mes choix.

Alors, que je vous parle tout d'abord de Rémi. C'est le bébé qui ressemble le plus à sa maman avec, en plus, une petite ligne orange sur le front. Il est absolument adorable. C'est le premier que j'ai réussi à flatter et à prendre par la suite. Fort heureusement d'ailleurs car Rémi a un oeil infecté. J'étais en complète panique quand je me suis aperçue un beau matin qu'il s'était transformé en cyclope pendant la nuit, sauf que son unique oeil ouvert n'était pas en plein milieu du front. J'avais envie de pleurer. Je me demandais vraiment ce que j'allais faire pour soigner mon éclopé que je n'avais réussi à attraper qu'une seule et unique fois. Et comment allais-je me transformer en Docteur Dolittle sans le diplôme ni la pharmacopée? Je me suis alors rappelée que maman soignait les orgelets de la soeur du Milieu avec une solution d'acide borique. Ne voulant quand même pas prendre le risque d'empirer la situation et d'être obligée de munir Rémi d'une canne blanche, j'ai fait quelques recherches sur Internet.

Les premiers résultats obtenus m'ont fait paniquer encore davantage. Il était question d'infections pouvant rapidement dégénérer et entraîner la cécité, surtout chez un chaton. Doutant de pouvoir faire face adéquatement à la situation, je saute sur le téléphone pour joindre le vet. J'apprends qu'il n'y a aucun rendez-vous disponible avant deux semaines. Par contre, je peux me présenter en urgence moyennant un déboursé de 80 $! Je ne suis pas grippe-sous de nature mais là j'ai eu comme l'ombre d'une hésitation. Après tout, la trâlée d'Irma ne m'appartient pas... ou si peu. Avant de me résoudre à vider mon portefeuille, j'ai décidé de retourner une autre fois sur la Toile et de raffiner ma recherche. Je suis ainsi tombée sur la page d'un amateur de tortues qui racontait comment, avec l'approbation d'un vet, il avait réussi à guérir les yeux de sa tortue à l'aide de l'acide borique et d'un onguent antibiotique. Après avoir consulté la soeur Psy, je me suis limitée à la potion de ma mère. Je suis heureuse de signaler que l'oeil de Rémi prend du mieux. Le plus difficile consiste à administrer le traitement à un petit minet qui ne me fait pas totalement confiance. Mes mains portent d'ailleurs les traces des griffes du chat-lion paniqué!

Et je crois que je pourrai mettre un holà définitif au cycle de fertilité de mon Irma d'ici mon départ pour la Floride. Vendredi prochain, c'est le jour S pour stérilisation. En attendant, je dois familiariser la future patiente avec la cage dans laquelle je vais la transporter. J'ai donc sorti l'objet du sous-sol ce soir pour l'installer près de mon troupeau félin. Évidemment, ce n'est pas Irma qui s'est intéressée au nouveau meuble de jardin. Non, ce sont plutôt les bébés qui se sont empressés de l'examiner. À un moment donné, Amir était couché sur le dessus pendant que Pauline et Grisou essayaient de grimper pour le rejoindre. Quant à Rémi, il a poussé l'audace jusqu'à pénétrer à l'intérieur tout intrigué qu'il était par la serviette duveteuse qui en recouvre le fond. Je suis presque certaine que je vais éventuellement tous les retrouver en-dedans en train de roupillonner.

Ma mission de Petit Prince n'est cependant pas terminée. Il me reste encore à confier les bébés à des gens responsables et à espérer qu'Irma voudra être mon "chat de dehors". À bien y réfléchir, je crois que j'aurais préféré arrosé la Rose.

dimanche 26 août 2012

Quelques nouvelles brèves

Bon, j'entame demain le dernier droit de mon marathon de retraitée-qui-revient-au-travail-mais-pas-pour-longtemps-merci. Je pourrai donc à compter de jeudi retourner à mon clavier et continuer à vous entretenir de mon intéressante quotidienneté.

Que puis-je donc vous révéler sur les derniers jours passés à ne plus avoir de vie? Pour m'occuper pendant les moments oisifs, j'ai notamment entamé et pratiquement fini de lire un roman "humoristique" intitulé Les obsédés textuels. Si je n'avais pas été prisonnière à l'intérieur d'un bureau pour une période aussi longue, je n'aurais sans doute jamais songé à entreprendre cette fascinante lecture. Pondue par Jean Delisle, traducteur assumé, l'histoire censée nous faire rire relate le sort de Donatien, un chevalier errant qui s'est donné pour mission de faire connaître et de mettre en valeur le glorieux mais ingrat métier de traducteur. Les guillemets dont j'ai accompagné le qualificatif utilisé plus haut signifient simplement que je ne me suis pas tordue les boyaux en tournant les pages. Par contre, je dois avouer que j'ai parfois éclaté lors de passages particulièrement bien imaginés. Selon l'auteur, entre autres, l'exercice du métier de traducteur ne peut que conduire à la folie. Heureusement que mon caractère beaucoup trop social et mon irrépressible désir de travailler en équipe m'ont empêchée de m'étendre ad infinitum sur le rendu des textes des autres!

Sur un autre registre complètement, puisqu'il faut bien que je passe à une autre nouvelle, je vous informe que j'ai eu cette après-midi une conversation fort intéressante avec un monsieur de 89 ans qui passait en triporteur devant la prison où je suis actuellement détenue. En devisant avec le cher homme, j'ai notamment appris qu'il travaillait comme gardien de sécurité... la nuit. Oui, oui, vous avez bien lu. Protecteur automatisé de la veuve et de l'orphelin, il s'occupe de surveiller les endroits où, en ses termes fort lucides et réalistes, il ne peut rien se passer. Voilà qui est rassurant. Pour lui et pour les gens qu'il est supposé protéger. N'empêche qu'il m'a raconté plein d'anecdotes succulentes sur Gatineau-les-bains, ville où il a toujours vécu. J'ai ainsi obtenu des détails scabreux sur un curé qui "sacrait comme un charretier", selon l'octogénaire disert. Comme je faisais mine de ne pas en croire mes oreilles, il m'a répondu aussi promptement : "Fallait ben, y avait une femme!" Me voilà du même coup mise au parfum du nom de la dame débauchée et de l'endroit de prédilection retenu par les amoureux pour leurs ébats illicites. Ouf!

J'effectue enfin un virage à 90 degrés pour vous glisser un mot sur ma chère Irma. Vous lecteurs qui habitez près de chez moi, je vous prierais de considérer la possibilité de devenir des adeptes de la gent féline pour jouir des plaisirs infinis dont ces petites bêtes à poils nous gratifient continuellement. Voyez-vous où je veux en venir? C'est ça. Irma est très fertile. Cette fois, elle n'a pas accouché d'un Mini Mignon, mais bien de 4!! C'est l'Homme qui les a aperçus le premier. Je ne le croyais pas jusqu'à ce que je me rende moi-même à l'évidence. La tribu se compose de trois bébés Mini Irma très semblables à leur maman et d'un petit Grisou qui lui me fait beaucoup penser au gros matou qui avait violé mon Irma. Depuis la découverte de cette troupe de joyeux lurons qui se jettent à bride abattue dans mes hostas, je me casse la tête pour trouver la stratégie qui me permettra d'attraper les bébés et ensuite leur maman pour enfin mettre un terme à son incontrôlable fertilité. Vous croyez que c'est facile de réunir des conditions gagnantes? Parlez-en à Pauline, foi de caribou!

dimanche 19 août 2012

Travailler ou farnienter?

Bon, je suis drôlement silencieuse depuis quelque temps, vous ne trouvez pas? C'est que je suis passée de Marcheuse urbaine libre à Marcheuse urbaine "pieds et poings liés". Vous l'avez sans doute déjà deviné. J'ai accepté un emploi rémunéré. Pour une courte période, je travaille de très longues heures, et ce, tous les jours. Ceci explique donc cela. Quand je reviens finalement à la maison le soir, j'ai à peine le temps de saluer l'Homme, de nourrir les poissons et les chats, de manger une bouchée et de me lover dans les bras de Morphée.

Vous savez que je n'ai pas trouvé évident de reprendre le collier après presque un an de vie passé à ne faire que ce dont j'ai vraiment envie. En plus d'avoir à me soumettre à un horaire imposé, j'ai également dû convaincre mon moi-même que j'étais encore capable d'apprendre de nouvelles choses. Lorsque j'ai su que j'avais réussi l'examen et que j'étais l'un des candidats retenus, je me suis donnée une bonne tape dans le dos. Non, mais, sérieusement, ça fait du bien à l'ego de se rendre compte que l'on n'est pas encore bonne pour la casse!

Ce petit contrat me fait réfléchir à la suite des choses. Devrais-je ou ne devrais-je pas éventuellement chercher un à-côté payant qui me permettrait de me gâter un peu? Gros hic : je n'ai pas du tout envie d'abandonner mon bénévolat. Il me reste par conséquent les lundi et vendredi. Mais le lundi, c'est le yoga, et ça, c'est sacré! Le vendredi, c'est la journée des sorties entre amies. Je pourrais travailler quelques soirs par semaine. Je vais y penser plus sérieusement une fois que j'aurai été remise en liberté.

Belle découverte, cependant, ce retour sur le marché des gens dits actifs car il m'a fourni l'occasion de rencontrer des personnes vraiment exceptionnelles. La capacité de côtoyer les mêmes visages soixante-seize heures par semaine sans avoir envie d'abîmer à un moment ou à un autre les visages en question n'est en effet pas donnée à tout le monde. Heureusement, je suis entourée d'une équipe formidable. Nous travaillons fort, mais nous rions aussi beaucoup. Et nous nous entraidons toutes les fois que nous le pouvons. Après la première journée, nous étions déjà "à la vie, à la mort". Alors, je considère que ça vaut la peine de sacrifier un peu de ma liberté pour avoir la chance de vivre une expérience différence, enrichissante et lucrative de surcroît!

Gardez l'oeil ouvert, et le bon, car la Marcheuse urbaine n'est jamais très loin.
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Notes fauniques : Je vous annonce d'abord que les espiègles ont décidé d'agrandir la famille... d'au moins une dizaine de bébés. Ils sont vraiment mignons et, surtout, encore très petits. Par contre, ils semblent en pleine forme et se précipitent goulûment sur la nourriture que je leur jette. L'Homme s'inquiète de la surpopulation de l'étang, particulièrement pendant l'hiver. Pour dire vrai, moi aussi, mais je persiste à demeurer optimiste et à croire que les espiègles n'auraient pas pris le risque de se mettre en danger s'ils croyaient que leur espace vital était menacé.

Et ma chère Irma continue de me visiter deux fois par jour. Je n'ai vu encore aucun bébé, ce qui me porte à croire qu'elle les a perdus, qu'un malheur leur est arrivé ou que quelqu'un les a adoptés. L'histoire est toujours à suivre. Et Irma aura assurément besoin d'un foyer lorsque la bise viendra.

jeudi 9 août 2012

Mieux vaut en rire

Eh! bien, eh! bien, eh! bien. Mes vacances sont finies. Et devinez quoi? Les personnes démunies ont encore faim. Oui, oui, je vous le dis. Après avoir préparé plus de vingt-cinq paniers au Service de dépannage de la paroisse et rempli tout autant de sacs à la Soupière, je peux vous l'affirmer sans ambages : les ventres creux constituent toujours une réalité au sein de la société.

Évidemment, je n'étais pas assez naïve pour croire que ce grave problème se résoudrait pendant les vacances de la construction. J'ai juste pris une pause dans ma mission. Et, tant qu'à y être, aussi bien vous l'avouer : je me suis ennuyée de mon travail de bénévole et de tous les gens qui gravitent autour. Mardi matin, j'étais donc toute heureuse de retrouver le sous-sol du Service de dépannage, ainsi que les fruits et légumes défraîchis livrés par Moisson Outaouais. Je dois toutefois décerner une note positive pour la boîte de paquets de viande hachée que nous avons reçue. C'est là une denrée rare qu'il nous a grandement fait plaisir de distribuer.

J'ai traversé par la suite chez nos voisins de la Soupière. J'y étais attendue avec fébrilité en raison du grand nombre de boîtes de denrées de toutes sortes qui devaient être vidées. La banque alimentaire brillait comme un sou neuf. C'est qu'il y avait eu branle-bas de combat pendant les deux dernières semaines du grand ménage. Grâce à l'aide de J. et de F., j'ai vite fait toutefois de remettre la banque à ma main. J'ai d'ailleurs terminé aujourd'hui de placer les dernières boîtes de biscuits, de faire la rotation des céréales et des boîtes de conserve, et de vérifier les dates d'expiration des compotes. Ouf! Comme J. l'a déclaré en entrant dans le local cet après-midi : "Wow! la madame est passée!" C'est moi, ça, la madame qui devient parfois achalante avec ma manie de tout classer, organiser, trier, et de rappeler à ceux qui m'aident de ne surtout pas oublier de vérifier les dates d'expiration pour placer au bon endroit chaque produit qui se retrouve sur "mes" tablettes. Un p'tit chausson avec ça?

Ranger la commande, c'est la partie facile de mon travail. Recevoir les demandes des gens dans le besoin, c'est l'aspect plus ardu de la tâche. Chaque semaine, je me laisse prendre au jeu douloureux de la misère humaine. Je ne me rends pas compte qu'après un certain temps, l'accumulation de malheurs vient insidieusement me frapper comme un coup de poing dans l'estomac. Soudainement, je me surprends la larme à l'oeil en train de penser à la jeune maman monoparentale de dix-sept ans qui semblait totalement dépourvue devant l'ampleur de sa nouvelle maternité. Ou encore je revois le monsieur qui avait besoin de photocopies de documents rédigés par son médecin pour les envoyer au bien-être social parce que "vous savez, madame, j'ai un cancer généralisé et je vais mourir". Devant la photocopieuse, je me disais : "Voyons, c'est pas possible d'avoir à déclarer ça debout, dans le bureau d'un organisme communautaire, comme si c'était la chose la plus banale qui soit." Et comme je croyais être enfin arrivée à boucler ma semaine de bénévolat, voilà qu'un monsieur ayant pour tout bagage un sac en plastique avec un peu de linge vient s'enquérir de la possibilité d'obtenir un dépannage. J'avais fini. J'avais même accepté d'aider un peu plus tôt un jeune homme qui n'avait pas appelé. Pas grave. Je suis retournée dans la banque pour préparer des sacs que j'ai tenté de remplir avec des aliments faciles à cuisiner. Je ne suis même pas certaine qu'il avait un chaudron ou même une assiette. Il est reparti, à bicyclette, sous la pluie.

Pourquoi je continue à faire ça? Parce que je ne me suis jamais sentie aussi utile, je ne me suis jamais sentie aussi vivante, je ne me suis jamais sentie aussi reconnaissante. Et aussi parce que c'est drôle des fois à la Soupière. Tenez, ce midi, quelqu'un s'est mis à sacrer assez fort. Une des personnes dans la salle lui a rétorqué : "Tais-toi. On ne sacre pas ici." L'interpelé lui répond : "Pourquoi?" Et il reçoit cette étonnante réplique : "Parce qu'ici, c'est comme une église tabarnak!" Toute la salle a éclaté de rire.

vendredi 3 août 2012

Eden gaspésien

Aujourd'hui, c'est pas compliqué, on a passé notre temps dans les environs de Sainte-Flavie. Qu'y a-t-il à voir là, allez-vous peut-être me rétorquer? Vous allez être surpris d'apprendre qu'on peut notamment y admirer les étonnants personnages du Grand Rassemblement de Marcel Gagnon. Pourquoi étonnants? Comment qualifier autrement ces sculptures de béton qui habitent des radeaux ou qui semblent tout droit sortir de la mer? À marée basse, mais plus encore à marée haute, le tableau qu'ils offrent est saisissant. Voyez ces images croquées ce matin par la soeur Psy :



Et celles-ci prises en fin d'après-midi :



Disons que l'oeuvre porte à réflexion. Je vous partage celle de la soeur Psy qui voit qu'on embarque avec armes et bagages et qu'on revient uniquement avec l'essentiel. Pour nous, la contemplation ne faisait cependant que commencer car nous avons poursuivi notre route en direction des Jardins de Métis. Et là, la nature nous a livré un spectacle flamboyant. Nous avons passé plusieurs heures dans un endroit enchanteur où, à chaque détour de sentier, nous n'avions qu'une seule envie, soit celle de nous arrêter pour regarder les couleurs éclatantes et nous imprégner d'odeurs sublimes. Les parfums, la caméra de la soeur Psy ne pouvait évidemment pas les emmagasiner, mais les coups d'éclat de la végétation luxuriante ont été artistiquement fixés sur la "pellicule" numérique. Je vous en livre quelques-uns :





Dur, dur de laisser ce jardin d'Eden où nous avons fait le plein de beauté mais nous devons quitter le Paradis.

Nous terminons la soirée en prenant soin de notre rate grâce au spectacle de Denise Guénette qui se présentait tout naturellement comme étant "encore plus folle qu'on pense". C'est aussi là que nous avons rencontré une Rimouskoise qui n'en revenait pas de notre engouement pour le fleuve. En fait, le nôtre et celui de tous ces touristes qui, à son grand étonnement, ne cessent pas de s'arrêter sur le bord de la route pour se laisser captiver par le spectacle toujours changeant de l'immense nappe bleue. Quand nous avons ajouté que nous étions aussi en pâmoison avec l'odeur iodé de la mer, nous avons eu droit à une bouche bée. Est-ce possible de s'habituer à ce point à l'extraordinaire pour n'y voir ensuite que l'ordinaire? Je me rends bien compte que poser la question, c'est y répondre. En effet, ne fait-on pas trop souvent la même chose avec les gens que nous aimons lorsque nous les prenons pour acquis?

Sachons donc préserver notre regard pour qu'il reste neuf.

mercredi 1 août 2012

Virée sur la 132

Eh! oui, me voilà partie sur la route des vacances. Je sais ce que vous allez me dire : "Mais n'es-tu pas toujours en vacances?" Pas vraiment puisque je bénévole assez régulièrement merci. Alors voilà, même à la retraite, ça fait du bien de laisser la routine derrière soi.

Pour cette escapade, je suis donc en compagnie de la soeur Psy qui a ordonné que nous laissions toutes nos préoccupations à la sortie du pont de Québec. Nous les reprendrons au retour. En attendant, nous faisons des Jack Kerouac de nos nous-mêmes et nous suivons la Route des navigateurs. Je n'ose vous avouer le nombre d'escales que nous avons effectuées depuis que nous sommes parties, têtes libres et cheveux au vent. Nous entrons dans tous les petits villages, nous arrêtons à tous les points de vue, bref, nous pissons à tous les poteaux!

Mais quelles merveilleuses découvertes nous faisons ainsi! Hier après-midi, nous avons assisté au plongeon inopiné et improvisé d'une jeune nageuse téméraire qui s'est précipitée en bas du quai où la soeur Psy et moi avions fait halte de contemplation. Elle hésitait, debout sur le rebord de ciment, et s'enquérait auprès des baigneurs en bas de la possible présence de roches. Ayant reçu un semblant d'assurance, elle n'a fait ni une ni deux et, devant nos yeux stupéfaits, s'est tout simplement jetée dans les flots. Elle a forcé notre admiration car elle s'en est sortie sans égratignure. Bravo le courage de la folie!

Après avoir croisé la clinique du Docteur Bonheur et réfréné l'envie presque irrésistible d'y faire halte pour expérimenter l'une de ses réconfortantes thérapies, nous sommes arrivées à Montmagny au chic Manoir des Érables 1814 pour jouer les grosses madames. Une fois rendues dans notre chambre sise dans le Pavillon Collin attenant au Manoir, nous avons troqué nos fringues de voyageuses pour des vêtements correspondant davantage au luxe de la salle à manger. Ce n'est pas le décor, toutefois, qui nous a séduites mais bien l'extraordinaire talent du chef cuisinier qui a littéralement fait jouir nos papilles gustatives! Brochettes de crevettes sur mousse de poisson, granité au thé du Labrador, gravlax de saumon, carré d'agneau, filet de veau, crème brûlée, et je vous passe, parce que je ne m'en souviens plus, les noms recherchés qui enrobaient chacun de ses succulents plats que nous avons dégustés avec le désir malheureusement impossible à exaucer de ne jamais les terminer.

Nous avons repris la route ce matin en poursuivant entre autres notre dégustation de sorbets et de gélatos. À cet effet, un arrêt s'imposait aux Glaces Ali Baba. Comme vous le voyez, il ne fallait surtout pas confondre les produits des Pères trappistes, les crevettes et les glaces!


Nous avons aussi déniché un fameux bon petit resto pour le lunch. Nous étions assises juste en face du fleuve et avons siroté une sangria en nous rappelant l'importance de profiter du moment présent. Voyez plutôt :


Et nous dormons ce soir à Sainte-Flavie, bercées par le doux bruit des vagues. Vraiment, que demander de plus?


mardi 24 juillet 2012

"On a le droit madame!"

7 h 30 ce matin. Je sors dans la cour pour nettoyer le filtre de la pompe de l'étang. Il fait beau. Il vente un peu. C'est beaucoup moins chaud que les deux derniers jours. Ça sent bon l'été.

En revenant du garage avec la nourriture des espiègles, j'entends des coups de marteau et des bruits de scie à chaîne. Je me rappelle que le voisin d'en arrière a vendu sa maison et que des ouvriers ont commencé hier à refaire la galerie. Les malheureux n'ont d'ailleurs pas pu travailler très longtemps à cause de l'orage et de la grêle. Normal donc qu'ils se remettent à l'oeuvre aujourd'hui.

Je continue tranquillement à vaquer à mes occupations de jardinière quand, tout d'un coup, ma bulle éclate. La radio joue à tue-tête et je dois maintenant composer avec des rythmes effrénés de disco en sus du tintamarre de la rénovation. Je sais, je sais. J'aime la musique métal. Je ne devrais pas m'offusquer de quelques décibels tonitruants. Et pourtant si. Il n'est pas encore 8 h. Je viens à peine de me lever. Je voudrais profiter de la beauté simple de cette journée sans avoir à me faire crier dans les oreilles. J'ose une première intervention : "Je m'excuse. Mais il est encore tôt. Pouvez-vous baisser un peu la musique?" Bien évidemment, pas de réponse. C'est sûr que les deux machos en bedaine ne m'entendent pas. Je prends une grande respiration et je fonce de nouveau : "Pardon, mais pourriez-vous baisser le son?" Finalement, un des gros bras se réveille et il dit à son copain : "Hé! j'entends comme une petite voix." C'est ma chance. Je ravale ma timidité féminine devant les hormones mâles et je réitère ma demande en prenant la peine cette fois de me présenter. Et la réponse ne tarde pas. Elle est directe et absolument conforme à la société dans laquelle nous vivons actuellement : "On a le droit madame de mettre de la musique!"

Eh! oui, tout le monde a des droits, personne n'a de responsabilités. Quel monde parfait! Et égoïste en plus! Je suis tellement écoeurée de cette attitude désinvolte et irrespectueuse. J'en ai plus qu'assez de me battre contre des moulins à vents, de jouer à la Don Quichotte des temps modernes.

Je suis rentrée dans la maison. J'ai fermé les fenêtre d'en arrière. Et j'ai gardé dans ma tête la maudite réplique de ces hommes des cavernes pendant une trop grande partie de l'avant-midi : "On a le droit madame!" Non, mais, quand est-ce que ça va être mon tour d'avoir le droit de quelque chose?

C'est là qu'une image s'est rappelée à mon souvenir. Celle de toutes les pelouses jaunes que j'ai croisées en marchant dimanche matin. Un spectacle désolant, presque lunaire. Les seules taches vertes qui se découpent dorénavant sur les gazons morts proviennent, je vous le donne en mille, des mauvaises herbes. Oui, elles, elles ne semblent pas souffrir outre-mesure du manque chronique d'eau qui nous afflige depuis plusieurs semaines. C'est plutôt le triomphe dans leur cas. Elles s'étalent de tout leur long. Elles s'étirent à l'infini pour envahir le territoire habituellement défendu. De là à en tirer une leçon de vie, il n'y a qu'un pas que je franchis allégrement.

Plus t'es dur et impitoyable, plus t'as de chance de survie! Je ne donne pas cher de ma peau...

jeudi 19 juillet 2012

La vie, la mort, et quoi encore?

Je ne vais écrire que des lieux communs, je le sens, mais ça fait un bout que je n'ai pas touché du clavier et je m'ennuie. De toute façon, j'ai quand même une nouvelle à vous apprendre : ma chère Irma a accouché de nouveau.

Eh! oui, je l'avais un peu perdue de vue depuis les deux derniers jours. Résultat : mon inquiétude avait monté d'un cran car, lors de ses dernières visites, Irma avait démontré des signes évidents de fatigue. Il faut dire que se promener avec un gros ventre ballottant pendant la canicule n'est pas du plus grand confort. La plupart du temps, la pauvre essayait de se trouver une place à l'ombre pour s'étendre de tout son long, la bedaine bien en évidence. Disons que les endroits frais se faisaient rares. En tout cas, l'Homme m'avait informée qu'il l'avait nourrie hier matin. Aujourd'hui, cependant, pas de signe de la parturiente.

Comme je me préparais à rentrer le bol de nourriture avant de monter me coucher, qui est-ce que je vois en train de se sustenter? Irma, taille de guêpe! Plus de bedon rond, plus de bosses latérales. Juste une petite chatte mignonne et affamée. Elle a englouti deux boîtes de pâté dans le temps de dire "miaou". Elle semblait quand même en forme, avec le poil luisant et la truffe humide. J'imagine que tout s'est bien passé. Pour le moment, je ne sais pas si les rejetons ont survécu quoique mon instinct félin me dit qu'elle en a réchappé au moins un si je me fie à son comportement après son repas pris à la sauvette. Même si elle semblait contente que je la caresse, je sentais qu'elle n'avait pas de temps à perdre. Elle a quitté assez rapidement le balcon et s'est dirigée le long du garage. Je parie qu'elle a mis bas au même endroit que la dernière fois. Faut maintenant que je patiente jusqu'à ce que les Mini-Irma soient présentables!

Alors, la vie est une roue qui tourne. C'est l'éternel recommencement. On naît, on meurt. Après trois mois d'attente, j'ai finalement reçu cette semaine le résultat de mon dernier écrasement de toton. L'épée de Damoclès ne s'est pas abattue sur ma tête. Mais j'ai deux amis qui combattent en ce moment. Je les admire tellement car le traitement type "remède de cheval" n'est justement pas si bien adapté que ça au système humain. Il détruit tout sur son passage, le bon comme le mauvais. Et puis, qu'est-ce qu'on fait quand on apprend qu'on doit partir en guerre pour sauver sa vie? Mes deux amis ont tout simplement choisi de vivre une journée à la fois et de profiter du moment présent. Comme nous devrions tous le faire d'ailleurs.

Le soleil couchant hier éclairait les arbres d'une lumière tamisée qui recréait presque les couleurs de l'automne sur les feuilles. C'était beau à admirer. Et j'ai vu un couple de chardonnerets venir s'abreuver dans le bain d'oiseaux en fin de journée. Ils étaient tout près de moi. J'aurais voulu les toucher. Comme lorsque j'ai écarté une feuille de nénuphar pendant que je nettoyais le filtre de la pompe et que j'ai surpris un membre de la gang des G qui me fixait bien tranquillement. Je me suis arrêtée et j'ai savouré.