vendredi 29 avril 2011

Le sang bleu qui fait voir rouge

Ah! ah! comme je vous trompe avec le titre de ce message. Je suis certaine que vous pensiez que j'allais vous entretenir encore une fois de la campagne électorale en cours et de l'harperisation de notre société. Nenni! Je parle ici de sang royal. Oui, oui, celui notamment qui coule dans les veines du prince William, devenu duc de Cambridge en vertu des pouvoirs détenus par sa grand-mère de reine.

Ce n'est cependant pas son anoblissement et celui de sa maintenant épouse Catherine qui suscite mon intérêt aujourd'hui. C'est plutôt leur mariage et l'engouement mondial qu'il soulève. Je sais bien qu'il s'agit d'un sujet en or qu'aucun média ne peut ignorer. En même temps, ma naïveté proverbiale n'en finit plus de s'étonner de l'attention extraordinaire consacrée à un événement somme toute banal. Bon, bon, j'entends les cris de protestation de la Ligue monarchiste du Canada et je les enregistre. Toutefois, cela ne change pas mon opinion de Québécoise pour qui la monarchie ne veut absolument rien dire.

En vérité ce qui m'agace souverainement (fin jeu de mot, non?) dans ce genre de situation, et cela va bien au-delà de la couleur du sang qui coule dans les veines des personnes concernées, c'est la vacuité des propos des topos. Du vide. Du néant. Ainsi, hier soir, pendant que je tentais vainement de me distraire en écoutant un peu de télé, je suis tombée sur une émission où un éminent psychologue analysait l'entrevue donnée par les deux tourtereaux lors de l'annonce de leur prochain mariage afin d'y décortiquer les signes de leur langage non verbal : "Vous avez vu comme le prince se tord les pouces, particulièrement lorsque Catherine prend la parole? Cela dénote une nervosité certaine. Par contre, la façon dont ils se regardent indique qu'ils sont à l'aise ensemble." Vraiment! Vous m'en direz tant. Laissez-moi bailler aux corneilles et changer de poste par la même occasion.

En écoutant la radio dans l'autobus, j'ai dû me taper les commentaires des représentants de la fameuse Ligue dont je vous parlais plus haut, lesquels étaient réunis au Château Laurier depuis 5 h ce matin pour écouter en direct la cérémonie du mariage attifés de leurs plus beaux atours. Ils prenaient le petit déjeuner à l'anglaise, figurez-vous donc. Une monarchiste a déclaré qu'au moment où le prince et la roturière ont prononcé leurs voeux, elle n'a pu s'empêcher de s'épancher. "J'ai tellement pleuré que je me demande si mon maquillage a tenu le coup", nous a-t-elle avoué avec candeur. Tu parles si je m'en fous, je ne te vois même pas.

Toute la journée, j'ai fait semblant de m'intéresser aux élans admirateurs de ceux qui ne vivaient que par conte de fée interposé. "Tu as vu les chapeaux? Ils étaient magnifiques. Et la reine. Elle était d'un chic. Et les princesses Eugénie et Béatrice avaient des tenues absolument splendides." Et patati. Et patata.

Je n'en peux plus de voir le temps consacré aux futilités royales. Oui, des futilités. Certains, à qui j'ai osé exprimer ma voix dissidente, m'ont rétorqué que cela réchauffe le coeur d'être témoin d'un événement joyeux. Cela nous change, paraît-il, des mauvaises nouvelles dont on nous inonde constamment. Eh! oui, continuons de faire les autruches. Pendant qu'on s'émerveille devant les chapeaux royaux, on évite ceux qui nous sont tendus tous les jours par des mains devenues bleues, elles, à cause du froid.

mercredi 27 avril 2011

Change toujours... tu m'inquiètes!

La grosse vague orange qui risque de s'abattre sur le Québec le 2 mai prochain n'est qu'un des changements auxquels je dois m'ajuster mentalement ces jours-ci. Il y aussi la retraite désormais annoncée et la popularité inexpliquée.

Commençons par la politique. Je dois avouer que je suis assez étonnée de constater l'ampleur du désir de changement qui semble animer une grande partie de mes confrères et consoeurs de la Belle Province. Je comprends qu'ils trouvent leur compte dans les valeurs incarnées et proposées par le sympathique Jack mais je ne suis pas certaine, par contre, qu'ils mesurent correctement les conséquences de ce choix soudain. Si ce mouvement fait en sorte que Jack devienne leader de l'opposition et que l'harperisation soit évitée, je pourrai m'en remettre. Par contre, si cela entraîne l'avènement d'un gouvernement conservateur majoritaire, je crains bien que je vais atrocement souffrir dans les années à venir. Moi, et avec moi tous les naufragés de la pauvreté, les créateurs en déroute, les écologistes éperdus, les pro-choix et les libres penseurs. Vous me direz que je vais être en bonne compagnie pour la longue traversée du désert qui va suivre. Faudra quand même s'assurer de ne pas manquer d'eau car ce ne sont pas les sables bitumineux ni les gaz de schiste qui nous abreuveront!

Avant de passer à mon deuxième point, je tiens à alimenter votre réflexion en vous laissant cogiter sur un extrait de l'éditorial de Manon Cornellier paru dans Le Devoir de ce matin. Elle revenait sur l'outrage au Parlement prononcé à l'endroit des conservateurs, élément déclencheur des élections dans lesquelles nous sommes actuellement plongés :

"Faudra-t-il conclure que l'état de santé de notre système démocratique émeut peu les citoyens? Parce qu'il faut le dire, la réélection des conservateurs équivaudra à une sorte de bénédiction pour les méthodes de Stephen Harper... Si le passé est garant de l'avenir, l'affaire des détenus afhans risque de retourner à la case départ et l'indépendance de plusieurs fonctionnaires, de rester fragile. L'ingérence politique dans les demandes d'accès à l'information pourrait se perpétuer puisque rien n'annonce qu'on y mettra fin. La presse sera encore tenue à distance. Les comités parlementaires risquent d'être à nouveau menottés et le Parlement, d'être incapable de tenir le gouvernement responsable... Il revient aux citoyens maintenant de juger de la conception qu'a le chef conservateur de l'exercice du pouvoir en démocratie parlementaire. Si, bien sûr, ils pensent que cela a une quelconque importance."

C'est toujours quand je pense avoir assimilé quelque chose que je subis l'effet boomerang. Ainsi, ma retraite, que j'ai officialisée la semaine dernière dans un délire enthousiaste provoqué par l'annonce de ma non-mort prochaine, est revenue me frapper en pleine face à mon retour à la maison hier soir. J'ai reçu en effet la première de plusieurs missives de la Direction des pensions qui sera responsable dorénavant de mon bien-être financier. Déjà les instructions sur les prochaines étapes à entreprendre ne m'apparaissent pas très claires et l'idée d'avoir à m'en remettre entièrement à un site Web pour obtenir le paiement de ce qui m'est dû m'inquiète quelque peu. À ce propos, devinez qui a décidé de centraliser tous les services de pension à un seul endroit virtuel privant ainsi les futurs retraités de la fonction publique d'une approche faisant appel à un être de chair et d'os? En plein dans le mille : ceux qui espèrent surfer sur la vague orange!

Enfin, le compteur installé par le Fils me donne des palpitations depuis les deux dernières semaines. Mes lecteurs, ou à tout le moins mes visiteurs, croissent de façon régulière et inexplicable. C'est un phénomène intéressant. Pas encore une vague mais, comme je suis habituée à une plus grande discrétion, pour moi c'est comme un début de tsunami. Je sais, je sais. Les artistes sont des petites bêtes de contradiction. Ils tiennent mordicus à avoir un public et, lorsque finalement ils obtiennent l'auditoire désiré, ils voudraient retourner se cacher sous les couvertures. Ne craignez rien. Je vais simplement enfiler un gilet de sauvetage et me laisser porter par le courant!

dimanche 24 avril 2011

Des Pâques non orthodoxes

Je ne suis pas ressuscitée mais j'en aurais bien besoin. C'est dur, dur de travailler ardemment à l'exercice de la démocratie. Je ne vois plus mes journées. Le compte à rebours est sérieusement commencé. Ce n'est pas le temps de flancher. Je vais donc continuer à mettre les bouchées doubles jusqu'au dénouement ultime. Au moins, je pourrai dire que j'ai donné tout ce que j'ai pu pour tenter d'éviter le pire c'est-à-dire, mais vous l'aurez sans doute deviné fidèles lecteurs, échapper à "l'harperisation" majoritaire qui plane au-dessus de nos têtes.

Inutile de vous dire que mon carnet de bal débordant, mes préparatifs pascaux ont été réduits au minimum. Heureusement que j'avais pris quelques minutes pour visiter Miss Chocolat jeudi midi. Cela m'a permis de gâter un peu l'Homme, le Fils et la Fille. Si je fais abstraction de mes douceurs chocolatées, cependant, je n'ai pas accompli d'autres pirouettes pour souligner la fête de Pâques de façon particulière.

La Fille recevait l'Amie voyageuse-polyglotte en fin de semaine et celle-ci a dû subir mon manque total de préparation. Je vous l'avoue avec un soupçon de honte : j'ai été une hôtesse de Cro-Magnon. C'est la grande Martha qui m'aurait répudiée sans remords aucun. J'ai en effet fait fi des bonnes manières et des conventions mondaines. Pas de fleurs de saison pour égayer le salon. Pas de jolies serviettes de papier à motifs de lapineaux ou de canetons pour s'essuyer le menton. Et pas davantage de petits plats dans les grands pour susciter des Oh! et des Ah! d'émerveillement. Non. Au lieu de ça, j'ai offert la débandade.

J'avais quand même planifié un bon repas qui a été concocté dans un désordre absolu mais efficace, et dans une gaieté nullement feinte. Je vous donne une idée du propos. J'ai d'abord préparé la sauce pour les crevettes et la marinade pour les steaks. Le Fils, la Fille et l'Amie voyageuse-polyglotte ont ensuite pris la relève pour terminer l'entrée de crevettes et cuisiner la salade aux poires et à l'avocat. L'Homme s'est acquitté de la cuisson au BBQ comme tout mâle qui se respecte pendant que le Fils surveillait le riz. J'ai fait un peu de vaisselle pour m'occuper pendant ce temps. Finalement, c'est la brigade jeunesse qui a coupé les fruits pour la fondue au chocolat. Et tout cela a été arrosé comme il se doit.

Devrais-je préciser en terminant que j'ai travaillé dans mes plates-bandes et autour du bassin une partie de l'après-midi et que je n'ai jamais pris la peine d'aller me changer pour enfiler une tenue plus propre pour le souper? Est-il utile aussi de souligner que j'ai manqué de serviettes en papier et que j'ai dû avoir recours à celles qui n'avaient pas été utilisées à Noël? Enfin, j'ai trouvé le moyen de tacher mon chandail avec le jus du steak et le chocolat de la fondue. J'offrais un spectacle plutôt lamentable. Curieusement, tout cela n'a rien changé au plaisir que nous avons eu de partager un bon repas en devisant sur les futurs projets de voyage de la Fille et la carrière en devenir du Fils.

Le moment présent. La richesse de parcelles de vie qui ne reviendront pas. Les fous rires qui auront éclaté tels des feux d'artifice et se seront éteints comme eux en ne laissant que des étincelles. La conscience d'avoir la chance incroyable d'être entourée et aimée. La reconnaissance pour le bonheur simple du quotidien. J'ai peut-être un peu ressuscité finalement en me débarrassant du faux-semblant et en me consacrant à l'essentiel.

Joyeuses Pâques à tous et à toutes!

lundi 18 avril 2011

La vérité toute nue

Bon. Une mise au point s'impose ici. Vous ne trouverez nulle part sur le site de mon blog une photo de ma personne en costume d'Ève. Je vous mets en contexte.

Le Fils, toujours à l'affût d'applications informatiques de tout acabit, a installé un logiciel qui me permet de savoir le nombre de personnes qui consultent mon blog. Parfois, cela m'encourage à écrire plus régulièrement quand je vois les chiffres monter; à d'autres moments, j'ai l'impression de simplement tout envoyer dans le Triangle de la Grande Toile. Qu'importe. C'est toujours intéressant de mesurer sa popularité, toute relative dans mon cas.

Imaginez-vous que l'application en question peut également servir à déterminer les mots clés utilisés par les lecteurs pour arriver sur le blog. Je trouve amusant à l'occasion de consulter ce tableau qui présente les mots selon leur fréquence. Quelle ne fut pas ma surprise hier soir de constater que l'expression tapée le plus souvent ces dernières semaines était "marcheuse nue"! Oui. Vous avez bien lu. J'imagine l'amère déception de toutes les personnes (remarquez ici que je me retiens de parler de mâles en chaleur en quête de sensations fortes) qui ont atterri sur un blog où l'on ne voit finalement qu'une femme vêtue se tenant en équilibre sur un fil. Et encore. Ce n'est même pas une vraie photo.

Je me sens un peu coupable envers les membres de mon public non averti. Malheureusement, au point de vue peau, c'est le plus que je peux offrir. Par contre, si ces personnes désoeuvrées sont prêtes à occuper leur temps en activant leurs neurones plutôt que leurs phéromones, elles peuvent aisément s'abreuver de mes réflexions et s'offrir des heures de plaisir sain. J'oserais même dire que, si elles prêtent vraiment attention à mes propos, elles auront un peu de crudité à se mettre sous la dent puisque je considère que je n'hésite pas à me mettre à nu pour livrer mes états d'âme.

Permettez-moi maintenant de rester dans le vif du sujet en vous entretenant de la vérité toute nue pendant une campagne électorale. C'est que je suis restée estomaquée ce matin en lisant dans les journaux que les gens semblaient étonnés de la profession de foi souverainiste de M. Duceppe au congrès du Parti Québécois en fin de semaine. J'ai même entendu un commentateur à la radio poser à un député du Bloc cette question formidable : "Est-ce à dire que les gens qui appuient le Bloc votent pour des souverainistes?" Ah! mais quelle révélation! Me semble pourtant que la mission du Bloc a toujours été claire : représenter le Québec à Ottawa jusqu'à ce que le pays se fasse. Ceux et celles qui ne veulent pas voir la vérité en face en préférant se perdre dans d'absurdes illusions sont bien libres de continuer à entretenir leurs chimères. Mais la vérité, la vérité toute nue, c'est que le Bloc et le Parti Québécois ne veulent qu'une chose : un pays. Et moi aussi.

Oups... je sens un petit courant d'air. Comme si soudainement j'étais nue, devant vous.

dimanche 17 avril 2011

Toton bien qui finit bien

Le croiriez-vous? L'ascension du mont Totonesque est terminée. Je suis finalement arrivée en haut, saine et sauve. Vous devinez ainsi que mes craintes ont été inutiles et que l'écrasement de mon toton et l'extraction d'une partie de son contenu ont permis de déterminer qu'il n'y avait rien là. Il me reste à attendre maintenant l'appel du doc pour établir l'échéance du suivi auquel je devrai immanquablement me prêter. Mais ça, c'est encore loin.

J'ai ressenti évidemment un immense soulagement à l'annonce de la bonne nouvelle. En même temps, c'est comme si je ne savais plus comment réagir tellement je m'imaginais que je ne pouvais pas profiter d'une fin heureuse à l'américaine. En fait, j'en étais rendue à me dire que, puisqu'il faut éventuellement mettre un terme à notre passage ici-bas, je devais accepter que c'était peut-être là mon "last call". Dire qu'enfant, j'ai déjà cru que j'étais d'un naturel optimiste! Je me rappelle d'ailleurs avoir été très fâchée quand ma mère avait détruit mes belles illusions en me déclarant sans ambages : "Toi? Optimiste? Jamais de la vie." Pourtant, il me semblait bien que la description faite cette journée-là par notre enseignante sur ces deux façons d'appréhender la réalité démontrait clairement que je me situais plutôt du côté positif des choses. Comme on se connaît mal parfois!

Alors, c'est ça. Ce lourd fardeau vient de quitter mes épaules. Pourtant, même après deux jours, j'ai encore de la difficulté à réaliser que je peux cesser de me méfier de mon toton gauche. Souvent, dans la journée, pour quelques secondes, je pense que je suis toujours en attente du couperet. Et, tout aussi vite, j'entends dans ma tête que c'est là chose classée. Je n'en reviens pas de la place que cette aventure a occupée dans mon quotidien. C'est atterrant. Et consternant aussi. Je croyais que j'avais appris à apprivoiser la situation assez bien en continuant mes activités comme si de rien n'était. Je croyais, mais je n'en suis plus aussi certaine aujourd'hui. J'en ai probablement manqué des grands bouts. Devrais-je en conclure que je ne me connais pas plus que lorsque j'étais toute petite? Probablement. Il me reste heureusement les nouveaux sillons et, quand ma nature pessimiste reprend le dessus, je me rappelle que j'ai quand même réussi à faire et à vivre les choses différemment.

Je retiens de tout ça aussi une conversation que j'ai eue avec une amie de la Fille auprès de qui je cherchais compassion pour l'inquiétude et l'anxiété qui me rongeaient fort à un certain moment. Elle a eu cette réflexion très à-propos dont je me suis fréquemment nourrie : "Parfois la vie nous envoie des épreuves simplement pour nous rendre plus fort. Il faut savoir les affronter et grandir au travers elles." Si jeune et si sage. Il y en a qui se connaisse de très bonne heure. Merci S.
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Notes aquatiques : Nous avons installé la pompe aujourd'hui. Et j'ai laissé le bulleur. Mes poissons vont peut-être faire une overdose d'oxygène. Mais je veux tellement qu'ils survivent. Les quatre poissons rouges, le bébé barracuda de l'année dernière et les bébés de l'automne (j'en ai compté au moins cinq). J'ai acheté aussi de la nourriture avec vitamines et des flocons pour les bébés. Je dois cependant attendre que l'eau soit plus chaude pour les nourrir. Ah! oui, j'ai aussi commandé un aspirateur pour mieux enlever les algues. J'ai vraiment hâte de tout remettre en place, poissons et plantes y compris.

Notes fauniques : Je crois bien que Mimi ne reviendra plus. J'ai trouvé son cadavre dans la plate-bande d'en arrière. Ça me rend un peu beaucoup triste, comme pour les barracudas. Moi je veux que toutes les histoires finissent bien.

lundi 11 avril 2011

De retour après la pause

Alors, pensiez-vous que j'avais été attrapée par la Grande Toile? Ou peut-être que j'avais été massacrée par une Mimi vengeresse déterminée à occuper la maison pour de bon et à s'accaparer de toute la nourriture des deux félines indignes de leur race parce qu'incapables de lui tenir tête? Pire encore, étiez-vous sur le point de signaler ma disparition aux autorités chargées d'enquêter sur les victimes d'aventures totonesques interminables?

Même pas. Merci quand même.

Finalement, vous avez eu raison de ne pas vous inquiéter outre-mesure puisque j'étais simplement en vacances avec la soeur Psy, donc très occupée à enrichir ma vie culturelle, à chercher de façon continue une nourriture riche et abondante accompagnée des nectars fruités appropriés et à me faire battre à plate couture au Scrabble. Tout cela, bien sûr, en continuant de suivre les hauts et les bas de la campagne électorale en cours. Cela démontre mon grand engagement en tant que citoyenne ou bedon l'immensité du vide qui caractérise parfois ma vie ou la navrante naïveté que j'entretiens envers et contre tout à l'égard de notre système parlementaire. J'imagine que la réponse réside dans un peu de tout ça.

Justement, l'amie Yogini me faisait remarquer ce midi, entre deux gorgées de thé noir pour moi et de chaï pour elle, que je détenais un sujet en or pour mon blog avec la décision prise par les partis politiques de reporter le débat des chefs en français pour laisser toute la place aux séries éliminatoires de hockey. Ouais. Ça en dit long sur nos priorités. Le pire, c'est que je ne suis même pas étonnée. Pas l'ombre d'un titillement de surprise. C'est le contraire qui m'aurait jetée par terre. Imaginez. Des citoyens assoiffés de démocratie envahissent les rues pour réclamer la tenue du débat et le report du match de hockey. Je vois déjà les pancartes : "Au diable le pain et les jeux. Discutons des enjeux!" (Avouez que c'est fort mais trop intello peut-être). Heureusement, j'en vois une autre : "Laissez le patinage au Canadien!" (Je parle du club de hockey ici, comme de bien entendu.)

Mais c'est pas demain la veille que nous allons accorder à notre démocratie toute l'importance qu'elle mérite. J'entendais ce matin à la radio des commentaires éloquents de gens de la rue qui vomissaient sur les fausses promesses et les demi-vérités de nos chers politiciens. Ils ont raison. Cependant, notre attitude de laisser-aller ne fait rien pour aider la cause. Il faut donc poursuivre la bataille, exiger des réponses, refuser les initiatives qui vont à l'encontre de nos valeurs et réclamer haut et fort une vision à long terme pour le pays dans lequel nous voulons habiter. Je vous laisse réfléchir à tout ça. Pendant ce temps, je retourne travailler ardemment à l'exercice de la démocratie citoyenne.
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Notes pédestres : J'ai repris mon entraînement hier après-midi en compagnie du groupe All That Remains. C'est un peu comme ça que je me sentais. Me semblait qu'il ne me restait pas grand-chose dans mon toton et dans ma tête. J'ai vite retrouvé les nouveaux sillons. J'avais même osé le mollet à l'air avec le capri moulant. J'ai juste hâte de recommencer. C'est bon signe.

Notes aquatiques : Je dois malheureusement vous annoncer le décès de trois de mes barracudas. C'est pas drôle de ramasser les cadavres de bêtes que vous avez amoureusement nourries et entourées de petits soins. En fait, c'est l'Homme qui a joué le rôle de fossoyeur. Moi, pas capable de faire ça et pas sûre que l'Homme y trouve un grand plaisir lui non plus. Une amie m'a toutefois rappelé la propension des barracudas à tout dévorer et, je dois le confesser, j'ai soudainement éprouvé le début d'une consolation en songeant que mes nénuphars pourraient enfin s'épanouir comme il se doit. Bonne nouvelle par ailleurs du côté des poissons rouges qui recommencent à s'agiter. Et c'est le statu quo en ce qui concerne les bébés pour lesquels je suis toujours sans nouvelles.

vendredi 1 avril 2011

Surtout pas un sermon sur la montagne

Pour vous raconter la suite (mais malheureusement non encore la fin) de mon aventure totonesque, je dois d'abord vous avouer que je suis devenue laboureur. Oui, j'ai décidé, pour ma santé mentale future, de creuser de nouveaux sillons pour faire face aux aléas de la vie.

En effet, les sillons que j'empruntais habituellement devant les mauvaises nouvelles touchant mon intégrité physique traversaient des vallées de larmes, de crises d'anxiété et de nuits partiellement blanches. Ils empruntaient évidemment des routes tortueuses parsemées d'embûches et faisaient inévitablement et inexorablement grimper ma tension artérielle. Inutile de vous dire que pratiquer ces sillons devenait pour moi un danger croissant avec l'usage.

Lorsque les coups du sort frappaient mais ne duraient pas trop longtemps, j'arrivais à m'en sortir même en parcourant des chemins ardus. Toutefois, quand la souffrance perdure pendant des mois, comme c'est le cas pour mon aventure totonesque, je crois qu'il faut trouver rapidement d'autres moyens pour survivre. Du moins, c'est la conclusion à laquelle je suis arrivée après plusieurs semaines vécues dans l'enfer de la mort prochaine et de l'angoisse quotidienne qui l'accompagne. Les sillons dangereux creusés inlassablement, je les connaissais amplement. Je savais aussi qu'ils ne m'avaient jamais été aussi utiles que je l'aurais voulu mais, comme de vieilles pantoufles, ils étaient confortables, débarrassés de roches et de pierrailles, et si faciles à suivre. Comment ai-je soudainement eu le sursaut de conscience nécessaire pour changer de cap? Je me le demande justement en vous écrivant ce message.

Ma première observation touche le temps écoulé entre l'annonce du début qu'il y a quelque chose qui cloche dans mon toton gauche et le rendu du diagnostic final. Ça fait trois mois aujourd'hui que je suis plongée dans cette aventure et je ne sais toujours pas à quoi m'en tenir. J'achète l'urne de sable dans laquelle je rêve de me lover pour l'éternité ou bedon le billet d'avion qui me conduira en France pour trois semaines de vacances? Dilemme. Dilemme. Mais, entre-temps, il faut continuer de vivre et, préférablement, dans une certaine zénitude. Nécessité fait donc loi.

L'autre facteur d'importance dans mon changement d'orientation repose sur ma spiritualité. Discours pas très à la mode de nos jours mais, que voulez-vous, je fais partie de cette génération élevée à l'eau bénite. Je ne m'en porte pas plus mal, merci. Avec les années, j'ai évidemment fait un peu de ménage dans les préceptes que j'ai reçus mais j'ai néanmoins conservé une foi inéluctable dans le message du Christ. J'aime assez l'idée de suivre une personne intègre et juste, animée d'un amour incommensurable de son prochain. Les naufragés des villes, Il connaît depuis fort longtemps et Il s'en est toujours fait proche.

Alors, j'ai prié. Au début, je voulais absolument guérir. C'est tout. Et je n'acceptais même pas l'idée de subir un quelconque examen, encore moins une intervention qui me transpercerait le toton. Et les bonnes choses sont arrivées à moi, une à une. Sans doute parce que j'avais le coeur ouvert. Je vous en livre quelques-unes. Un matin, c'est une prière que j'ai entendue à la télévision. Des mots qui me touchaient l'âme. Des mots qui, dès lors, m'ont accompagnée chaque jour. Puis, ce fut l'évidente nécessité de cesser de pratiquer une religion de superstition. Si tu m'accordes ceci, je te promets cela. J'ai mis un holà à ce marchandage enfantin. Enfin, ce fut la conscience de ma finitude et, par là, l'acceptation de la durée de ma vie sur Terre. Comprenez-moi bien, je n'appelle pas la mort. Mais je savoure pleinement la vie en sachant qu'elle aura une fin. Comme disait quelqu'un : "Nous sommes éternels, mais non pas immortels."

Et j'ai beaucoup travaillé aussi sur mon moi-même intérieur. J'ai réussi à garder mon énergie pour méditer plutôt qu'à la disperser pour oublier. J'ai fait face à la réalité. J'ai rendu grâce pour avoir la chance extraordinaire d'être entourée d'une famille aimante et présente, d'amis attentifs et dévoués. Et j'ai pris mes outils de laboureur pour m'en aller au champ. J'ai creusé hier matin les premiers sillons de mon nouveau chemin de vie. J'ai eu le toton écrasé et transpercé. Je n'ai ressenti aucune douleur. Là, je me repose sur des berges plus tranquilles en attendant la suite. Quand je regarde derrière moi, j'aperçois un long sillon fraîchement entamé. Je distingue les mottes de terre de chaque côté. Hé! que vois-je sur l'une d'elles? Oui, Mimi, qui me regarde avec un petit sourire moqueur.