vendredi 29 avril 2011

Le sang bleu qui fait voir rouge

Ah! ah! comme je vous trompe avec le titre de ce message. Je suis certaine que vous pensiez que j'allais vous entretenir encore une fois de la campagne électorale en cours et de l'harperisation de notre société. Nenni! Je parle ici de sang royal. Oui, oui, celui notamment qui coule dans les veines du prince William, devenu duc de Cambridge en vertu des pouvoirs détenus par sa grand-mère de reine.

Ce n'est cependant pas son anoblissement et celui de sa maintenant épouse Catherine qui suscite mon intérêt aujourd'hui. C'est plutôt leur mariage et l'engouement mondial qu'il soulève. Je sais bien qu'il s'agit d'un sujet en or qu'aucun média ne peut ignorer. En même temps, ma naïveté proverbiale n'en finit plus de s'étonner de l'attention extraordinaire consacrée à un événement somme toute banal. Bon, bon, j'entends les cris de protestation de la Ligue monarchiste du Canada et je les enregistre. Toutefois, cela ne change pas mon opinion de Québécoise pour qui la monarchie ne veut absolument rien dire.

En vérité ce qui m'agace souverainement (fin jeu de mot, non?) dans ce genre de situation, et cela va bien au-delà de la couleur du sang qui coule dans les veines des personnes concernées, c'est la vacuité des propos des topos. Du vide. Du néant. Ainsi, hier soir, pendant que je tentais vainement de me distraire en écoutant un peu de télé, je suis tombée sur une émission où un éminent psychologue analysait l'entrevue donnée par les deux tourtereaux lors de l'annonce de leur prochain mariage afin d'y décortiquer les signes de leur langage non verbal : "Vous avez vu comme le prince se tord les pouces, particulièrement lorsque Catherine prend la parole? Cela dénote une nervosité certaine. Par contre, la façon dont ils se regardent indique qu'ils sont à l'aise ensemble." Vraiment! Vous m'en direz tant. Laissez-moi bailler aux corneilles et changer de poste par la même occasion.

En écoutant la radio dans l'autobus, j'ai dû me taper les commentaires des représentants de la fameuse Ligue dont je vous parlais plus haut, lesquels étaient réunis au Château Laurier depuis 5 h ce matin pour écouter en direct la cérémonie du mariage attifés de leurs plus beaux atours. Ils prenaient le petit déjeuner à l'anglaise, figurez-vous donc. Une monarchiste a déclaré qu'au moment où le prince et la roturière ont prononcé leurs voeux, elle n'a pu s'empêcher de s'épancher. "J'ai tellement pleuré que je me demande si mon maquillage a tenu le coup", nous a-t-elle avoué avec candeur. Tu parles si je m'en fous, je ne te vois même pas.

Toute la journée, j'ai fait semblant de m'intéresser aux élans admirateurs de ceux qui ne vivaient que par conte de fée interposé. "Tu as vu les chapeaux? Ils étaient magnifiques. Et la reine. Elle était d'un chic. Et les princesses Eugénie et Béatrice avaient des tenues absolument splendides." Et patati. Et patata.

Je n'en peux plus de voir le temps consacré aux futilités royales. Oui, des futilités. Certains, à qui j'ai osé exprimer ma voix dissidente, m'ont rétorqué que cela réchauffe le coeur d'être témoin d'un événement joyeux. Cela nous change, paraît-il, des mauvaises nouvelles dont on nous inonde constamment. Eh! oui, continuons de faire les autruches. Pendant qu'on s'émerveille devant les chapeaux royaux, on évite ceux qui nous sont tendus tous les jours par des mains devenues bleues, elles, à cause du froid.

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