mercredi 26 janvier 2011

La vie (ou la mort) au bureau - L'invincible Vanessa

(Sixième épisode du feuilleton clérical le plus enlevant du Web. Pour rattraper les aventures précédentes de Vanessa, voir la colonne de gauche du blog.)

Consternation! Jeannot le clown venait d'être emmené par la police. Elle aurait bien dû sans douter. Il n'avait tout simplement pas l'étoffe pour éliminer Vanessa.

Lors de la rencontre au café du coin deux semaines auparavant, elle et le clown-tueur avaient convenu qu'il serait plus facile de faire disparaître Vanessa en exécutant le complot machiavélique directement au bureau. En effet, la béni-oui-oui était un véritable bourreau de travail exécutant principalement ses tâches pendant la nuit. Les complices en étaient venus à la conclusion qu'ils pourraient ainsi se débarasser en toute quiétude de l'empêcheuse de tourner en rond. Restait à trouver le mode d'emploi pour que la future victime soit exécutée sans bavure.

D'âpres discussions surgit tout de même un plan à exécuter. Il fut convenu qu'après avoir aidé Jeannot le clown à franchir les barrières de sécurité et à emprunter l'ascenseur, elle le conduirait à l'endroit du crime à perpétrer, c'est-à-dire la fameuse grosse poubelle verte située dans le corridor en face de la petite cuisine. C'est en effet là qu'elle avait décidé d'abandonner la dépouille de sa rivale. Cela ne l'inquiétait pas outre mesure de tenter une nouvelle fois de transformer Vanessa en déchet puisque Jeannot le clown serait là pour assurer la réussite de son projet qui lui permettrait enfin de retrouver son inaction, finalement bienheureuse, d'autrefois.

Le soir dit, elle laissa Jeannot le clown près de la poubelle et se dirigea vers son bureau où, bien évidemment, la poupée gonflable vaquait tranquillement à ses tâches cléricales. "Pas surprenant que le patron ne cesse de me gratifier de primes au rendement, cette marionnette remplie d'hélium ne connaît pas la fatigue", marmonna-t-elle en s'approchant doucement. "Allez ma vieille, c'est fini le zèle. Tu as outrepassé les consignes. Toi qui devais me faciliter la vie, tu es devenue une emmerdeuse de première classe. Pour te remercier de m'avoir donné plus de travail mais surtout d'avoir fait en sorte que je me suis tournée en ridicule au party de Noël, je t'ai concocté une surprise de mon cru. J'espère que tu aimes rire." Et elle roula jusqu'à son meurtrier la poupée assise sur sa chaise.

En voyant les gros totons de sa victime, Jeannot le clown poussa un couac approbateur dans sa trompette. "Wow! j'comprends que cette jolie demoiselle t'indispose. C'est sûr qu'elle ne passe pas inaperçue," s'exclama-t-il, un léger filet de bave dégoulinant le long de sa bouche exagérément accentuée par un rouge criard. "Bon, bon, reviens-en. T'as intérêt à reprendre ton sang-froid. Je te rappelle que si tu veux être payé, cette jolie demoiselle, comme tu dis, doit être mise à la rue. T'as donc intérêt à t'activer", lui rétorqua-t-elle en tournant les talons. Pendant qu'il exécuterait sa sale besogne, elle irait effacer toute trace compromettante dans le bureau.

Poussant un soupir de dépit, Jeannot le clown entreprit de soulever Vanessa afin de pouvoir mieux procéder à son démembrement. "Mais c'est que tu fais pas dans le poids plume", ahana-t-il en sortant un couteau de sa besace clownesque. Ce n'était pas évident de tenir cette grosse poupée d'une main et de tenter de lui découper un bras de l'autre. Ce qui devait arriver arriva donc. En voulant soulever Vanessa un peu plus haut pour se donner une meilleure prise, Jeannot le clown n'avait pas vu qu'il était à deux doigts du signal d'alarme. Mais Vanessa si. Sa main accrocha le levier et une sirène se déclencha automatiquement. Pris de panique, le tueur bouffon laissa tomber la poupée sur le plancher et se précipita vers l'escalier de secours.

Totalement sidérée par le bruit strident de la sirène, elle sortit précipitamment de son bureau pour aller voir ce qui se passait. Vanessa était étendue par terre, toujours en vie. Par ailleurs, elle eut le temps d'apercevoir Jeannot qui s'enfuyait les jambes à son cou. Prévoyant l'arrivée imminente des gardiens de sécurité, elle réussit à installer l'invincible Vanessa sur sa chaise et à la ramener à son bureau. C'est de sa fenêtre qu'elle assista ensuite à l'arrestation de son complice.

Aux forces de l'ordre qui l'interrogeaient, elle jura haut et fort qu'elle n'avait eu connaissance de rien car trop concentrée sur son travail. Les autorités conclurent que Jeannot le clown, surpris par la présence d'une employée sur l'étage, avait décidé de rebrousser chemin sans accomplir le méfait pour lequel il était entré par effraction dans l'immeuble. Et le signal d'alarme? Une anomalie? Une défectuosité? À ce jour, on se perd en conjectures. On a bien relevé des empreintes digitales sur le levier mais on a été incapable de retracer à qui elles appartenaient. Le mystère perdure.

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