dimanche 23 janvier 2011

Deux images, deux mille mots

J'aime assez quand des images de ma vie quotidienne reviennent me hanter ou, plus exactement, m'entraîner dans les méandres des bobines enregistrées par mon cerveau. Quand elles refont ainsi surface, je sais que je dois y revenir sinon elles ne voudront pas se laisser classer dans les archives, archives auxquelles j'espère être en mesure d'avoir accès encore longtemps :).

La première photo donc, pas très drôle, je l'ai prise jeudi après-midi. Je m'étais absentée du bureau pour tenter d'abaisser mon niveau d'anxiété lequel avait grimpé d'un cran après la première rencontre de mon groupe de discussion sur la retraite le soir précédent. C'est que, voyez-vous, dans un élan du coeur que je n'ai évidemment pas pu contrôler, je me suis soudainement surprise à exprimer aux autres participantes à quel point je souffrais de mon inaction cléricale. Comme vous le savez, je suis sur la ligne de touche depuis un bout de temps maintenant et je me rends compte que je commence sérieusement à souffrir de la situation. Disons que, ne serait-ce que pour cette reprise de conscience, je suis déjà satisfaite d'avoir accepté de faire partie de ce groupe pilote.

Léger aparté, comme j'en ai parfois l'habitude, pour revenir à jeudi après-midi. Je suis en train de parcourir mes trottoirs chéris toute heureuse de pouvoir le faire en plein jour et au gros soleil. Je suis partie depuis environ quinze minutes et je me prépare à arpenter deux longues rues. J'en suis à la moitié de la première quand je passe, presque sans la voir, devant une petite chatte d'Espagne roulée en boule contre le banc de neige. Mon coeur s'arrête. Je vois bien qu'elle est complètement immobile, donc morte. Je vous l'écris et j'ai les larmes qui me montent aux yeux. Je sais, je sais, je suis hyper sensible, mais vous connaissez aussi mon amour indéfectible pour les félins. Son pelage était tout beau et luisant, ce qui m'a amené à conclure qu'il ne s'agissait sans doute pas d'un chat abandonné mais probablement d'un pauvre minou de maison qui avait été mis dehors pour sa promenade quotidienne. J'imagine que l'animal a été frappé par une voiture. Je dois vous dire que je ne me suis pas attardée à examiner le cadavre. J'essayais seulement de reprendre la route en contenant mes émotions. Je pensais à un moment donné que j'étais pour m'effondrer. Je sais, je sais, c'est fort comme réaction, mais vous ne savez pas à quel point je peux faire grimper ma tension artérielle. Ma zénitude n'est la plupart du temps qu'une utopie que je tente vainement de transformer en réalité. Dur, dur, d'être coooool!!

La deuxième image dont je veux vous parler est un peu plus vivante... ou presque. Hier midi, j'étais à Montréal en compagnie entre autres de l'Homme, du Fils et de la Fille. Nous étions dans un restaurant chinois pour le dim sum - repas au cours duquel un assortiment de bouchées cantonaises cuites à la vapeur ou frites, sucrées ou salées, sont traditionnellement présentées sur des chariots qui sont déplacés de table en table par des serveurs (définition du dictionnaire). Nous étions tous assis autour d'une table ronde quand j'ai soudainement remarqué que, de ma place, j'avais une vue imprenable sur un immense aquarium dans lequel se trouvaient de gros poissons. Ils n'avaient pas l'air d'avoir beaucoup d'espace pour nager. En tout cas, ils se déplaçaient très, très lentement. Vous me voyez venir, non? J'ai immédiatement fait un rapprochement avec mes barracudas adorés qui doivent fort probablement, surtout aujourd'hui à moins 20 degrés Celsius (moins 30 degrés avec le facteur éolien!), être complètement immobiles dans leur bassin.

Tous les jours, l'Homme ou moi allons nous assurer que le bulleur fonctionne et que le trou d'aération n'est pas bouché. Des fois, je m'inquiète (oui, encore!) parce que j'ai peur de donner de l'oxygène à une tombe. Ce serait tellement dommage car, malgré le fait qu'ils sont absolument malcommodes, mes barracudas ont conquis mon coeur d'amante des bêtes. Ce sera un triomphe sans précédent de les voir émerger au printemps. C'est ce que je me souhaite : continuer de croire que la vie est plus forte que tout!

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