mardi 30 août 2011

Tout ça, c'est de l'air!

Mon problème avec la retraite, hormis l'euphorie dans laquelle je baigne depuis que j'y suis entrée et dans laquelle je me complais béatement, c'est que je suis devenue incapable de me dépêcher. J'ai le bouton à "Arrêt" et je n'arrive pas à le changer de position.

Tenez, hier par exemple, je me suis finalement habillée à deux heures de l'après-midi et pourtant je m'étais levée à sept heures. Essayez d'y comprendre quelque chose. C'est sûr que j'ai pris le temps de lire mon journal en déjeunant. Mais j'ai aussi fait plein de petites choses plates que je ne finissais plus de finir, comme emballer un colis pour retourner des gougounes trop petites commandées sur Internet (c'est LA raison pour laquelle je déteste commander en ligne - si je ne vois pas, je ne sais pas choisir point), payer des factures, plier des serviettes. Comme vous voyez, des riens pas complexes du tout mais qui m'ont pris une éternité!

Aujourd'hui, c'était un peu mieux. J'étais encore levée tôt mais comme j'allais au cours de yoga avec la Fille, j'ai réussi à quitter la maison vers 10 h 30. Je n'y suis revenue qu'à 15 h 30 cependant. Juste à temps pour m'asseoir dans la cour et voir des choses dans le ciel. Hier soir, j'y avais aperçu un immense bourdon bleu avec d'énormes yeux qui lui sortaient de la tête et une cape rouge sur le dos. Aujourd'hui, le même bourdon est revenu mais il faisait encore plus de bruit. À un moment donné, j'ai même cru qu'il allait fondre sur moi. Finalement, comme l'espèce de chuintement se faisait décidément de plus en plus insistant, j'ai décidé de me lever de ma chaise et d'aller vérifier s'il n'avait pas tout simplement décidé d'atterrir sur le toit. Eh! non, il avait plutôt choisi la cour d'école au bout de la rue. Quand je suis arrivée près du terrain d'atterrissage improvisé, j'ai constaté que je n'étais pas la seule à avoir des visions. Une bonne partie du voisinage s'y trouvait déjà. De fait, le bourdon a même été applaudi quand il a posé aile sur le sol.

C'était vraiment impressionnant de le contempler dans tout son gigantisme. Quand il tournait la tête et qu'il dirigeait son regard sur nous, il arrivait presque à nous hypnotiser avec les spirales qui partaient de son gros iris noir. Il ne fallait pas trop s'attarder de crainte d'être transformé en statue de sel. Quand il nous montrait son arrière-train, par contre, il devenait franchement ridicule avec le minuscule bout de tissu rouge lui servant de cape et ses deux pattes franchement trop petites pour le reste de son corps. À un moment donné, il a poussé un drôle de soupir et il a commencé à s'affaisser. Là, c'est devenu un peu triste parce que le gros bourdon a cessé d'être menaçant pour devenir simplement pathétique, surtout quand il s'est laissé tomber sur le dos.

Avant qu'il ne se dégonfle complètement, j'ai tourné les talons. Et, pour ceux et celles qui ne l'auraient pas reconnue, je vous présente Super FMG, la mascotte du Festival de montgolfières de Gatineau, et elle a vraiment atterri à deux pas de chez moi!

dimanche 28 août 2011

Une journée délicieuse et vermeille


Grenouillons, grenouillettes, regardez qui habitent mon étang! Je vous présente Gertrude et Gontran prenant un bain de soleil sur l'une des pierres qui bordent le point d'eau. Mais, comme je vous l'ai déjà dit, ils ne sont pas seuls puisqu'ils voisinent une autre congénère baptisée Graziella. Tout baignait donc dans le bassin du côté des batraciens jusqu'à ce que je découvre hier après-midi deux autres représentants de l'espèce. L'Homme, la soeur Psy et moi, dans un immense effort d'imagination et de créativité, les avons affublés de noms fort originaux, soit Gaston et... Gougoune. Je sais, je sais, il y a encore un grand nombre de patronymes qui commencent par la lettre "G" mais, comment dirais-je, nous avons choisi de couper court. Je trouve quand même que c'est sympathique "Gougoune". Vous ne trouvez pas?


De son côté, Mignonne n'était pas contente. C'est que nous attendions beaucoup de monde à la maison pour souligner mon nouveau départ. Comme nous nous activions avec les préparatifs, elle ne savait plus où donner de la tête ou de la queue. Nous la dérangions en passant devant elle avec des assiettes, des ballons, des verres, des chaises, des confettis.


Désespérée de finalement trouver un coin tranquille, elle a décidé de se réfugier auprès de la Reine-Marguerite et de prendre un repos bien mérité dans la chambre d'en haut pendant que tout le monde s'énervait en bas.

Je n'aurais pu demander mieux comme journée pour réunir une gang de monde dans la cour afin de donner le coup d'envoi officiel à ma nouvelle vie. Des ballons "Bonne retraite" flottaient au-dessus de la tonnelle, les pots de fleurs avaient été stratégiquement déplacés pour présenter le jardin dans ses plus beaux atours. La température était parfaite : juste assez chaude pour être agréable mais pas trop pour nous faire suer. Les invités ont commencé à arriver. Nous avons sablé le champagne. Nous avons raconté des anecdotes... sur moi, bien évidemment. Nous avons beaucoup ri. Nous avons mangé comme des rois. Et pour ajouter à l'ambiance, nous avons eu droit à un éclairage fabuleux gracieuseté de T.Copain de la Fille. Voyez vous-même.



Et le plus merveilleux dans tout ça c'est que demain, je ne travaille pas!!!

vendredi 26 août 2011

C'est parti!

Me voyez-vous? Minuscule point noir à l'horizon. Je vogue, je dérive. Dès que la dernière amarre a été larguée, je me suis laissée porter par le vent. Et il soufflait fort. Alors me voilà, peinarde sur le pont, les pieds ballants au-dessus des flots. Très loin du rivage et, pour vous dire la vérité, je m'en fous un peu de ne plus voir les côtes. J'ai besoin d'espace. De vastes espaces.

Le soleil brille. Le vent n'est plus maintenant qu'une agréable brise qui transporte des effluves iodés à mes narines. Je hume à fond. Je remplis mes poumons de cet air vivifiant qui me fait sentir jeune, très jeune. C'est comme si j'étais redevenue la petite fille d'Arvida qui commence ses vacances d'été et qui a l'impression que ce temps de farniente ne finira jamais.

Je me sens la tête légère et pourtant je n'ai rien bu. Ne craignez rien à ce chapitre cependant. J'ai bien la ferme intention de fêter ma nouvelle vie avec familles, amies et dives bouteilles tout compris. Non, je dirais plutôt que je ressens une euphorie. C'est ça! L'euphorie de la liberté retrouvée. Finies les attaches. Terminés les comptes à rendre. Oubliées les interminables journées passées à m'ennuyer et à me dire que j'aurais beaucoup mieux à faire et à offrir que de juste avoir mon cul planté sur une chaise. Derrière moi les obligations qui n'en sont pas vraiment. Ah! je respire à plein et je n'arrête pas de vouloir que mes sens enregistrent tout. Le ciel bleu sans nuage. Les cris des oiseaux dans mes oreilles. Le bruit des vagues qui frappent le bastingage. Je vis à cent mille à l'heure et toutes, je dis bien toutes, les cellules de mon corps vibrent avec moi à l'unisson pour entamer cette merveilleuse aventure.

Je n'ai plus envie d'être pressée, ou sollicitée, ou obligée de quoi que ce soit. C'est moi le capitaine maintenant. Seule maîtresse à bord.

mercredi 24 août 2011

Larguer les dernières amarres

Demain, je lève définitivement les voiles. J'ai donc continué à préparer mon voyage pendant la journée. Je constate toutefois que boucler les valises devient de plus en plus difficile à mesure que diminuent le nombre d'amarres me permettant de demeurer encore au quai.

J'ai ainsi légué ma seule et unique plante de bureau, qui m'avait elle-même été confiée par l'Amie L. lors de son départ pour le Liban, à Pompon Brodeur. Me semble que c'était le seul choix logique compte tenu de notre passion commune et enthousiaste pour tout ce qui est vert et pousse dans nos cours et plates-bandes. Il a été maintes fois de bons conseils et il a partagé les hauts et les bas de la construction de mon bassin sans démontrer aucun signe d'impatience. Faut le faire. Et puis, il a déjà gardé ma plante lors de mes vacances de l'année dernière et celle-ci m'est revenue plus en forme que jamais. Il l'a baptisée "Quintaline". Je crois que je peux partir en paix côté jardin.

Ensuite, j'ai ôté mon nom sur le tableau des présences ou, plutôt, je l'ai déplacé pour le mettre de guingois. Quelqu'un d'autre le fera disparaître. J'ai aussi décroché l'affichette installée sur le devant de ma cloison pour m'identifier. Celle-là, par contre, j'ai décidé de l'apporter à la maison. Après tout, à moins qu'il n'y ait désir de tentative d'usurpation de mon identité, je crains bien qu'elle ne serve plus à rien.

Dans plus ardu à accomplir, j'ai enlevé le poster illustrant le joli minois d'une petite Chinoise et proclamant : "Les yeux en amande, le coeur québécois" qui m'accompagnait dans tous mes décors cléricaux depuis que la Fille fréquentait la maternelle. Il s'agissait en fait d'une publicité du ministère québécois de l'Immigration et des Communautés culturelles de l'époque que j'avais tellement aimée que j'avais réussi à obtenir un autre exemplaire du poster que j'ai fait laminer pour la maison. Celui du bureau montrait des signes de fatigue. N'empêche. J'ai eu un pincement au coeur quand je l'ai plié pour le mettre à la poubelle.

Toujours sur mon chemin de Damas, j'ai décidé tant qu'à faire de déprogrammer les boutons de mon téléphone. Pour dire vrai, j'ai seulement enlevé les petits cartons insérés sous les boutons grâce auxquels j'évitais à ma mémoire l'effort de se rappeler du numéro du coiffeur ou du vétérinaire. Juste comme je considérais que cette étape relevait plus du bien que du mal, je reçois un appel de l'Ami qui me déclare tout de go : "Réalises-tu que c'est la dernière fois que j'utilise ce numéro pour te parler? Dorénavant, je devrai penser à te joindre à la maison puisque tu ne répondras plus au bureau." Bon, on se calme là. "N'oublie pas que tu pourras aussi communiquer avec moi sur mon cell", que je lui dis pour tenter de rendre la séparation téléphonique plus facile à accepter. "Non, je n'oserai jamais. Ce ne sera pas la même chose. Je ne voudrai pas te déranger. Ce ne sera pas mon premier choix en tout cas." Fort bien. "Je comprends que l'idée du cellulaire t'angoisse," que je lui rétorque dans un deuxième effort pour le rassurer, "mais comme je serai à la retraite, il est fort possible que je ne sois pas au bout du fil à la maison. Je m'attends quand même à sortir de temps à autre de mon antre domiciliaire." "Nous verrons à l'usage," qu'il me lance avant de raccrocher.

Hum... c'est vrai que nous avons partagé d'incalculables fous rires et quelques pleurs, sans compter nos éternelles analyses des paysages culturels et politiques, lors de nos appels téléphoniques presque quotidiens des trente-quatre dernières années. Mon moment préféré demeure de loin la période des fêtes où, pendant les semaines qui précèdent Noël, nous délirons chaque matin en chantant "Chestnuts Roasting on an Open Fire" et en faussant allègrement en plus. J'imagine que nous pourrions poursuivre la tradition, moi à la maison, et l'Ami au bureau.

Enfin, j'ai effacé le fichier qui constituait mon fond d'écran depuis toujours, soit une photo de moi avec la soeur du Milieu et la soeur Psy, de dos, en maillots de bain, revenant de la plage lors de l'une de nos vacances sur le bord de la mer dans le pays de l'Oncle Sam. Nous avions peut-être 10, 9 et 5 ans sur cette photo vraiment touchante de trois petites filles avec leurs seaux et leurs pelles, marchant ensemble sur une même ligne, de la plus vieille à la plus jeune. Là, je l'avoue, j'ai eu le choc, surtout quand j'ai vu apparaître le bouquet de tulipes de Windows que j'ai choisi pour remplacer mes souvenirs.

Mais, mais, trêve de nostalgie, cette mauvaise conseillère. Me reste encore demain une dernière amarre, la plus difficile à couper : les adieux non plus aux choses matérielles, mais aux personnes qui ont partagé mon quotidien au cours des années. Déjà, certaines se sont manifestées. L'une m'a légué l'Arbre de la vie pour me rappeler que les changements successifs de couleurs des feuilles des arbres au cours des saisons sont semblables aux différents moments importants et uniques que nous sommes appelés à vivre. L'autre m'a laissé de merveilleuses notes yogiques que je ne saurai oublier : "La posture, c'est d'être fermement établi dans un espace heureux."

C'est ce que je souhaite que la retraite soit pour moi, un espace heureux!

dimanche 21 août 2011

Retraitée effarouchée

Que je vous parle d'abord de l'effaroucheur, enfin installé devant le bassin. Il a déjà fonctionné à deux reprises et il a réussi avec succès à éloigner les bêtes qui pensaient venir se régaler gratuitement de poissons frais! La mise à l'essai de l'appareil a cependant donné lieu à des scènes plutôt loufoques puisque j'ai dû jouer au raton pour évaluer l'efficacité du détecteur de mouvement. Évidemment que lorsque je passais debout devant l'appareil, cela ne fonctionnait pas. Non, je devais plutôt m'accroupir, à la hauteur de ce qui me semblait être celle d'un raton, pour me faire immanquablement asperger de trois tasses d'eau. Je peux maintenant affirmer que la douche froide aura sûrement tôt fait de décourager tout raton mal intentionné qui n'aura d'autre choix que de rebrousser chemin, bredouille. Tant pis et tant mieux.

Aujourd'hui, j'ai franchi une étape (encore une autre) vers mon passage imminent à la retraite. En compagnie de l'Homme, je suis allée vider mon bureau. Est-ce que j'ai eu un pincement au coeur? Un assez gros, dois-je tout de même confesser. On ne laisse pas impunément trente-quatre années de sa vie derrière soi sans pousser un soupir ni jeter un coup d'oeil mélancolique par-dessus son épaule. Après tout, je laisse un travail que j'aime encore passionnément. Ma seule consolation, c'est que je pourrai continuer d'écrire, peut-être même encore plus et surtout ce qui me plaît, en étant à la retraite. Je quitte également de très bonnes collègues avec qui j'entretenais des rapports réguliers et absolument agréables. Là encore, la retraite ne m'empêchera en rien de prendre le thé, d'envoyer des courriels et de faire des sorties entre amies. Au contraire.

Finalement, de quoi je me plains? Du temps qui passe et qui ne revient pas. Du temps qu'on ne peut pas reculer, même d'une seconde. Me reste à foncer, droit devant. De toute façon, jeudi c'est fini.

vendredi 19 août 2011

De protectrice faunique à effaroucheuse

Plus que quatre petits jours avant la retraite. Ça devient vraiment sérieux. La Reine-Marguerite, qui roupille à mes côtés en ce moment, est absolument sous le choc de la vitesse avec laquelle le dernier mois s'est écoulé. Elle me confiait d'ailleurs éprouver elle aussi quelque peu d'appréhension à l'approche de nos tête-à-tête bientôt quotidiens. Sa tranquillité, entre autres, risque d'en prendre un coup. Ah! mais je n'y peux rien. À compter de presque maintenant,je vais disposer de tout mon temps pour caresser, embrasser, minoucher, brosser, taquiner et faire que sais-je encore à mes deux félines préférées.

Il n'y a pas que les chattes qui s'énervent. Les espiègles aussi se demandent avec inquiétude si je planche sur de nouveaux plans pour leur habitat. Des rumeurs circulent selon lesquelles l'Homme et moi songerions à agrandir le fameux bassin afin de favoriser la survie du plus grand nombre au cours de l'hiver. Bien que le but soit noble, les espiègles craignent une surpopulation et, par le fait même, la baisse de leur qualité de vie.

J'ai dû interrompre ce blog pour cause de sommeil inopiné. Voilà cependant que je le reprends à 1 heure du matin pour cause d'invasion perpétrée par Bruno le raton tapageur et compagnie. Eh! oui, après m'être levée pour un pipi de vieille femme et future retraitée, j'ai été attirée par le manque de bruit dans l'étang, comme si la pompe ne fonctionnait plus. Ce qui était le cas. Après avoir ouvert la porte de la cour pour vérifier si poissons et batraciens se portaient bien, que vois-je ou plutôt qui vois-je émerger du bassin? Oui, eux. Immédiatement, je me précipite sur le piège que j'avais préalablement installé avant de rentrer pour la nuit et je me transforme en effaroucheuse.

Que je vous explique de ce dont il s'agit et de ce quoi je me suis inspirée. En effectuant certaines lectures sur la Toile pour tenter de trouver des moyens de rendre ma cour moins attirante pour Bruno et sa gang, j'ai appris des choses fort intéressantes. Premièrement, il est inutile et surtout inefficace de tenter d'attraper les intrus masqués dans une cage pour les relocaliser ailleurs. Selon les recherches effectuées par des experts en la matière, les ratons et les mouffettes se partagent allégrement le territoire urbain et, lorsque déplacés, ils se remplacent. Vous le savez, la nature a horreur du vide.

Deuxièmement, des lois protègent nos chers indésirables. À ceux ou celles qui seraient tentés de les empoisonner ou de leur tirer dessus, gare à vous! Les agents de la faune veillent. De toute façon, vous aurez déjà deviné que c'est une solution à laquelle je n'aurais jamais eu recours vu que je fraternise même avec les souris, surtout si elles ont pour nom Mimi! Par contre, il est possible d'utiliser un effaroucheur à détecteur de mouvement pour les décourager de transformer votre oasis de paix en un buffet permanent. Qu'est-ce qu'un effaroucheur? Un simple dispositif que l'on plante dans le gazon après l'avoir raccordé au boyau d'arrosage. Ensuite, le détecteur de mouvement fait le reste. Lorsque Bruno ou l'un de ses congénères fait mine de s'approcher, splouche, il reçoit trois tasses d'eau en pleine face!

Ce soir, l'Homme et moi avons effectué une expédition du côté du ROC pour nous procurer le machin en question qui est qualifié de miraculeux. Malheureusement, la chose se trouve encore à l'heure qu'il est dans le coffre de la voiture étant donné que nous sommes revenus trop tard pour l'installer. J'ai donc improvisé mon propre effaroucheur en accrochant le boyau après une chaise et en le pointant en direction de l'étang. Quand j'ai entendu Bruno, je me suis précipitée dehors, en jaquette, et j'ai ouvert l'arrivée d'eau. Lui et son comparse n'ont pas aimé. Ils ont immédiatement pris la poudre d'escampette. Quand je pense qu'ils étaient tous les deux dans l'étang, se pourléchant sans doute les babines en humant les sushis à portée de leurs pattes, j'en frémis!

Une demi-heure environ s'est écoulée depuis mon intervention. Je tape avec l'oreille dressée telle une Saint-Bernard dans ses montagnes enneigées. La Reine-Marguerite m'épaule toujours en dormant du sommeil du juste. Comme j'aimerais l'imiter.

À propos, vous ai-je dit que dans l'inconscience la plus totale, les espiègles ont recommencé à s'envoyer en l'air dès que le danger a été écarté? Mais peut-être qu'ils songent eux aussi à la nécessité d'avoir des petits en réserve au cas où ils seraient involontairement déplacés d'un étang à un estomac!

mardi 16 août 2011

Sous le signe de la gratitude

Blog du soir

Comme tout peut changer en l'espace de quelques heures. Après une nuit passée sur la corde à linge à surveiller Bruno le raton tapageur, je m'attendais à me sentir fatiguée toute la journée. Étonnamment non. J'avais plutôt en-dedans de moi un immense sentiment de gratitude. Pour dire vrai, il n'était pas si immense que ça ce matin. Ce sont plutôt les belles rencontres qui ont amené cette paix intérieure.

L'Amie J., d'abord, à qui je racontais mes péripéties de la veille et confiais mon anxiété à l'idée d'avoir à vivre la retraite prochaine et le voyage dans les Zuropes, m'a suggéré cette merveilleuse approche que j'ai décidé d'embrasser tout de go : "Pourquoi tiens-tu absolument à vivre les deux choses en même temps? Commence par prendre tes vacances. Après, peut-être que tu te diras que ce serait bien de ne pas avoir à reprendre le chemin du bureau et là tu prendras ta retraite." Vraiment, quelle excellente idée! Me semble que ça me laisse encore plus de place pour profiter pleinement de mon aventure à l'étranger.

Ensuite, l'Amie yogini, dans sa grande sagesse habituelle, m'a rappelé dans un petit courriel fort sympathique que je pourrais songer à commencer mes journées de retraitée en suivant les méditations guidées de Nicole Bordeleau avec, en prime, la compagnie de la Reine-Marguerite qui voudra sûrement être de la partie. Déjà, je commençais à sentir le calme descendre en moi.

Et, pendant le cours de yoga, c'est la gratitude qui m'a envahie. Je me trouvais privilégiée d'être bien vivante, là, sur mon tapis, entièrement absorbée par ma respiration et l'écoute de mon corps. Quand la période de relaxation est arrivée, je n'étais plus qu'une grosse masse de reconnaissance qui rendait grâce pour tous les bienfaits dont elle avait la chance de jouir.

La gratitude est restée imprégnée dans mes cellules et elle me remplit encore au moment où je vous écris. Il y a quelques minutes, j'étais dehors avec Mignonne dans mes bras. Elle aime quand je l'amène prendre l'air mais, comme elle est très peureuse, elle se trouve tout à fait rassurée en demeurant dans mes bras. Moi je profite de cette petite (hum!), moyenne boule de poils abandonnée et confiante pour me donner une séance de zoothérapie. Le ronronnement d'un chat, c'est tellement apaisant. J'étais donc assise dans ma chaise, sur le patio, avec ma minette sur moi. Je regardais le ciel au travers des branches de mon magnifique érable en écoutant le bruit de l'eau dans le bassin. J'étais au Présent, point.

En camisole... de nuit

Blog du matin

Il est trois heures du matin et je n'arrive pas à dormir. Je me suis réveillée à cause de ma vessie et de ma lanterne, puis en raison d'un bruit inusité en provenance de la cour. Le Visiteur masqué est là et j'ai décidé de monter la garde pour protéger mon étang dans lequel je l'ai surpris à s'ébattre gaiement. Malheureusement, malgré mes multiples sorties intempestives avec ma lampe de poche, il continue de descendre de l'érable et de s'approcher du bassin. J'écris donc avec l'oreille tendue, prête à réagir au moindre bruit suspect. Je ne suis pas seule pour veiller car la Reine-Marguerite, après avoir réussi à me soutirer quelques garnottes pour se rendre au matin, est venue me retrouver dans mon lit. Faut dire que dans son cas, je ne suis pas certaine que l'oreille soit vraiment tendue puisqu'elle roupille paisiblement à mes côtés en faisant entendre un ronronnement de contentement béat.

Puisque vous êtes là, je vais vous raconter ma soirée et vous démontrer, comme si besoin était, à quel point je peux être pathétique quand mon anxiété prend le dessus. Je suis revenue du travail inquiète de la façon dont mon bas du corps semblait se comporter. Me semble que je me sentais enflée et que j'effectuais des séjours un peu trop rapprochés à la salle de bain. Bref, je paniquais.

J'ai donc décidé de me rendre une nouvelle fois à la clinique pour chercher un réconfort quelconque, une raison d'espérer que je survivrais jusqu'à l'arrivée de mon premier chèque de nouvelle retraitée. L'Homme travaillant en soirée, je n'avais pas de voiture à ma disposition. Qu'à cela ne tienne, je suis la Marcheuse urbaine. J'ai pris mes pieds à mon cou et je suis partie en direction de la clinique, une marche d'au moins une heure. Comme j'arrivais pratiquement à destination, je me suis aperçue que j'avais oublié mon portefeuille à la maison. Privée de la carte d'assurance-maladie, je ne pourrais sans doute pas voir un médecin. Je passais devant le magasin où l'Homme travaille, alors je me suis dit que je prendrais la voiture pour retourner à la maison récupérer mes papiers. Petit hic de taille quand même, je n'ai pas non plus mon permis de conduire puisqu'il se trouve lui aussi dans le portefeuille. Vraiment embarrassée à l'idée de déranger l'Homme en pleine action, je décide d'appeler la Fille à la rescousse au cas où elle serait dans le coin revenue de son escapade au Saguenay. Je la rejoins par l'entremise du cell de son bien-aimé : "Salut, c'est moi. J'aurais un service à te demander. Où te trouves-tu en ce moment? À Tadoussac! Laisse faire, je vais me débrouiller autrement."

Un peu désespérée, j'appelle l'Homme qui ne peut se libérer dans un avenir immédiat rapproché pour me ramener à la maison. Je le confesse : j'ai pris le risque de conduire illégalement. Avais-je vraiment un autre choix? Rendue à la maison, mesurant l'ampleur de ma décadence, j'appelle le Fils en pleurant. Stoïque comme à son habitude, il écoute mon histoire et me dit simplement : "C'est pour ça que tu es aussi découragée? Pourquoi tu dis que ce n'est pas correct ce que tu as fait? Tu as simplement voulu te rassurer." C'est vrai. Comme il a raison. Du coup, je me suis sentie moins stupide surtout qu'il a refusé de me renier comme mère malgré des comportements frôlant la nécessité d'enfiler la camisole de force.

Rassérénée, j'ai décidé de rembarquer dans les nouveaux sillons et je me suis préparée un bon souper. À 19 h, n'en pouvant plus d'inquiétude, j'ai pris la voiture et je suis allée à la clinique. Oui. Avec ma carte d'assurance-maladie. Et mon permis. La réassurance a un prix, toutefois. J'ai dû me plier à un examen gynécologique et me déshabiller devant un médecin que j'ai toujours trouvé plutôt séduisant. Ouais. J'ai également eu droit à une requête pour passer une échographie pelvienne. Au privé. Paraît que ça va plus vite. Ça doit coûter plus cher aussi. M'enfin.

Alors, c'est ça. Je viens d'aller faire encore pipi. J'ai aussi jeté un oeil dans la cour. Tout semble redevenu tranquille. Je crois que je vais maintenant imiter la Reine féline et ronronner à mon tour. Déjà 4 heures. J'entends les grillons, ou les cigales, je ne sais plus trop, et le silence de la nuit. Un peu de calme avant le retour de la tempête.

dimanche 14 août 2011

La nature guérisseuse

Finalement, je n'ai pas déjeuné du tout avec l'Ami hier matin. Non. Je me suis plutôt tapée l'attente à la clinique médicale pour apprendre que je souffrais d'une infection des voies urinaires, ou de la vessie, ou encore d'une pierre au rein. Serait-ce parce que j'ai tendance ces temps-ci à prendre des vessies pour des lanternes que j'éprouve autant de problèmes dans le bas du corps? De toute façon, me voilà avec d'autres antibiotiques à prendre et mon hypocondrie galopante à gérer.

Et je peux vous dire qu'elle galopait fort ce matin. À un moment donné, j'étais certaine que les médicaments faisaient en sorte que j'étais hors de mon corps. Je m'écoutais parler, mais d'en haut. C'était vraiment bizarre. Faut dire que ça m'est déjà arrivé dans d'autres circonstances et sans antibiotiques. Je sais ce que vous pensez, mais ce n'est pas ça du tout. Pas besoin de me shooter quoi que ce soit pour que je commence à dérailler. Je fais très bien ça toute seule.

Alors, je parlais à l'Homme de mes malheurs et de mes projets en prenant mon café dans la cour. J'étais si triste et fatiguée. J'avais envie de fraises et de cerises de la forêt. Je voulais tremper mes lèvres asséchées dans un vin d'été. Oh! oh! vin d'été.

Voyons, que disais-je avant de me laisser emporter dans les bras de Robert Demontigny? Ah! oui, que je ne me possédais plus. Quoi? Vous ne savez pas qui est Robert Demontigny? Honte à vous qui ne connaissez pas ce beau brummell de la chanson québécoise de mes folles années d'adolescence! Tenez, admirez cet irrésistible charme et cette bouche en coeur...


... oui, cette bouche qui susurrait à nos oreilles : "Donne-moi encore ce baiser brûlant qui a fait de nous des amoureux. Ne laisse jamais une autre bouche caresser tes lèvres douces, un baiser de toi, c'est merveilleux!"

Bon, bien, je m'éloigne drôlement de mon sujet. Je voulais vous parler en fait du remède que j'ai trouvé pour me ramener les deux pieds sur terre et, surtout, pour cesser de rêvasser les yeux dans la graisse de bine en fredonnant bêtement : "Eso beso, serre-moi fort, Mucho, mucho, hum encore..." Mais juste une petite parenthèse avant que je retrouve le cours logique de ce message. Avouez que c'est difficile d'imaginer l'énOOOrme transition que j'ai réalisée dans mes goûts musicaux. De Robert au Métal, il y avait tout un pas à franchir, un véritable Rubicon!

Mais revenons à notre propos du départ. Pour remettre mon cerveau au mode normal, j'ai donc décidé de travailler dans mes plates-bandes. Quelle heureuse et intelligente initiative! Après une heure passée à couper les fleurs mortes, à attacher les tiges tombantes, à râteler le sol, à mettre de l'engrais, j'étais complètement revenue dans ma tête. Je connectais. J'ai poursuivi ma thérapie "naturelle" tout l'après-midi. De temps à autre, j'allais voir les espiègles qui s'ébattaient dans leur bassin, lequel avait d'ailleurs été encore un peu ravagé ce matin par une bête que je soupçonne être rayée de blanc. L'odeur ne trompe pas.

Mon plus grand plaisir, depuis que le trio de batraciens a décidé d'emménager avec les espiègles, c'est de tenter de les repérer. J'ai lu sur la Toile qu'ils pratiquent le mimétisme de façon fort habile. Et c'est tout à fait vrai. Bien souvent je pense qu'il n'y a aucune grenouille à proximité lorsque soudain, j'aperçois Gertrude tapie derrière une laitue d'eau, ou encore Gontran installé confortablement sur une feuille de nénuphar se laissant déporter au gré des bulles de la pompe. Vous pouvez imaginer sans peine que j'ai fait plusieurs allers-retours entre la flore et la faune!

Ce soir, je suis donc un peu réconciliée avec mon désordre urinaire. J'essaie aussi de rester dans mes nouveaux sillons. Merci la cour, oasis de paix. Je ferme les yeux et je te contemple dans toute ta beauté et ta sagesse.

Danke schön! Merci pour la joie que j'ai retrouvée!
(une autre chanson de Robert)

vendredi 12 août 2011

L'art de meubler le vide ... un semblant de début

Hum... je suis maintenant à huit jours ouvrables de la fin de mon temps utile. Vous sentez de l'amertume dans mes propos? Peut-être aussi un peu de cynisme? Vous n'avez pas tort.

J'étais en congé aujourd'hui et je ne pouvais m'empêcher de penser que ce serait comme ça pour les jours, les mois et les années à venir. Comme quoi? Comme j'ai déjeuné en lisant les journaux. Comme j'ai joué avec les félines. Comme j'ai pensé que j'allais défaire mon lit pour laver les draps. Comme j'ai pris le rôle de Martha et j'ai nettoyé la salle de bain du haut et épousseté les chambres. Bref, je m'emmerdais royalement. Et ce qui ne m'aidait pas, c'est qu'en faisant du ménage au deuxième étage, je ne cessais de tomber sur des cadres remplis de photos du temps où je servais à quelque chose, du temps où j'étais une maman à plein temps. C'est ça qui arrive quand on s'entête à garder des souvenirs, des bricolages, des petits mots d'enfants écrits dans des cartes fabriquées à la main. Oui, c'est la nostalgie qui prend le dessus et j'ai réalisé que la nostalgie est très mauvaise conseillère, du moins dans mon cas.

D'abord, elle fait monter en moi la tristesse des années qui ont fui à la vitesse de l'éclair. Ensuite, elle m'entraîne dans une rétrospective où je me demande parfois si j'ai bien su profiter de ces années où le Fils et la Fille étaient avec nous et même, ô comble du malheur, dans une culpabilité malsaine genre "Est-ce que j'ai vraiment été une bonne mère?, Est-ce que j'ai su écouter? Est-ce que j'ai été suffisamment présente?" Et là, les larmes coulent. Et je n'arrive pas à accepter que c'est fini et que je dois, que cela me plaise ou non, prendre le chemin de la retraite.

Après un moment, je me suis dit que ça va être beau quand le jour fatidique va arriver. Va vraiment falloir que je me brasse sinon c'est la dépression assurée au bout de quelques semaines. L'Homme, que j'ai accueilli à bras ouverts quand il est venu dîner parce que j'avais tellement envie de parler à quelqu'un, m'a dit de ne pas m'en faire et que j'allais éventuellement prendre une routine de retraitée. Comme je voulais en savoir plus, il avait fini d'avaler son repas et il filait pour son après-midi de travail... le chanceux!

Je suis remontée au deuxième avec la ferme volonté de trouver le courage de m'habiller car j'étais toujours en jaquette. La Reine-Marguerite dormait à pattes fermées sur le lit du Fils, près de la fenêtre par où entrait une bien agréable brise. Je n'ai pas pu résister et je me suis étendue près d'elle pour la flatter. Je m'étais dit qu'une fois habillée, je pourrais marcher jusqu'au Moca Loca pour prendre une limonade et lire sur la terrasse. Cela me permettrait de m'entraîner et de passer le temps. Encore fallait-il que je me lève. L'heure avançait et j'avais dit à l'Homme que j'irais le retrouver à la fin de sa journée, et ce, dans l'unique but de me forcer à bouger. C'était une bonne tactique car j'ai réussi à quitter les félines pour rejoindre les trottoirs. Autre note mentale que je ne devrai pas oublier : les félines et leur propension à se vautrer toute la journée dans une béatitude admirablement confortable ne sont pas des exemples à suivre à moins de vouloir peser 300 livres à la fin de ma première année à la retraite!

Une fois dehors, tout a mieux été. Il faisait un temps superbe. Avec le vent qui soufflait, on sentait à peine la chaleur. Comme prévu, j'ai siroté ma limonade en lisant mon livre jusqu'à ce qu'il soit l'heure de partir retrouver l'Homme. Je dois vous avouer, cependant, que je n'ai quand même pas voulu prendre le risque de déprimer une autre journée puisque l'Homme travaille en fin de semaine et, en arrivant au resto, j'ai donné un coup de fil à l'Ami : "Est-ce que tu fais quelque chose de spécial demain? Non. Ça te dirait d'aller déjeuner avec moi?"

dimanche 7 août 2011

Ayez un étang qu'ils disaient...

...et vous aurez des heures de plaisir en perspective! Vous ai-je dit que nous éprouvions des problèmes depuis quelque temps avec le niveau d'eau? Ben oui. Des problèmes suffisamment sérieux pour que je sois obligée de mettre le boyau au moins une fois par jour pour éviter aux espiègles de poursuivre leurs parties de nageoires en l'air directement sur la pelouse.

Alors aujourd'hui, l'Homme et moi avons décidé de faire face à la musique et d'entreprendre ce qui ressemblait ma foi à l'un des douze travaux d'Hercule. Nous avions de forts soupçons que la fuite se trouvait dans la partie non profonde. Première tâche, donc, vider la section en question pour voir ce qui se trame sous la toile. Chaussée de mes belles bottes noires en caoutchouc de chez Canadian Tire pour ne pas le nommer, j'ai embarqué dans l'étang pour enlever les plantes et les roches. L'Homme a commencé à enlever des chaudières d'eau puisées dans la partie profonde. Nous avons ensuite balayé la toile pour tenter de trouver la fameuse fissure. Et tout cela dans l'harmonie la plus totale :

Moi : "Attention aux plantes. Tu dois travailler doucement pour ne rien briser. Regarde où tu as mis les pieds. En plein sur les feuilles. Tu ne vois donc rien. C'est ça que tu appelles travailler en douceur! Ne va pas repêcher les poissons. Surveille s'il n'y a pas une grenouille sur le bord de l'étang. Avec tes gros pieds, c'est sûr que tu vas l'écraser s'il y en a une qui se pointe la cuisse."

L'Homme : Où ça une plante? Je fais attention mais il y a trop de roches et de feuilles et de toutes sortes d'affaires autour du bassin. Tu ne me fais pas confiance. Je sais ce que je fais. Si tu n'arrêtes pas de m'énerver avec tes mises en garde, je flanque tout là et je te laisse te débrouiller toute seule."

Reprenant notre sang-froid, nous réussissons à enlever suffisamment d'eau pour examiner la toile. Comme nous n'arrivons pas à repérer le trou problématique, nous pensons en arriver au point où il faudra soulever la toile. Heureusement, je continue à promener mes doigts gantés de latex sur le fond du bassin quand, soudain, je la vois : une fissure en forme de triangle juste sur le bord de la pente qui mène au deuxième palier. "Regarde. C'est là. Je l'ai finalement trouvée!", que je crie à l'Homme tellement je suis soulagée de ne pas avoir à travailler moins en douceur que je le souhaite. L'Homme qui m'accusait depuis le début d'être la responsable de la fissure à cause de mes allées et venues dans l'étang avec mes bottes de caoutchouc de chez Canadian Tire me répond : "Haha! je l'avais bien dit que tu ne devrais pas te promener tout le temps dans le bassin. Tu as sans doute pilé sur une roche qui a ensuite déchiré la toile." Furieuse d'être injustement clouée au pilori, surtout que je sais que ce sont toujours des raisons de force majeure qui m'amènent dans le bassin, je poursuis mon examen de la toile et je trouve deux autres trous semblables au premier. Et là, la lumière se fait dans ma petite tête : "Tu sais ce que je pense. Je pense que ce n'est pas moi la cause de nos maux. Je crois que c'est plutôt l'animal qui a ravagé le bassin au début de l'été qui a perforé la toile avec ses griffes. Regarde à côté des trous, il y a aussi de toutes petites perforations qui ont sans douté été laissées par le bout d'une griffe." Un peu de mauvaise grâce, l'Homme accepte ma théorie et commence à préparer les rustines.

En plus de la chaleur et de l'humidité, nous devons composer avec Gertrude la grenouille qui a décidé, au moment crucial où nous tentons de sécher les endroits à réparer, de justement venir s'installer en plein sur l'un des trous. Toujours animée du profond désir de travailler "en douceur", je ne veux pas brusquer Gertrude en la chassant. L'Homme, lui, a pratiquement les doigts collés sur la rustine que je refuse de prendre pour l'installer à l'endroit fatidique pendant que Gertrude poursuit, indifférente, son bain de soleil. Enfin, elle saute dans les buissons. "Vite," que je lance à l'Homme, "c'est le temps ou jamais de terminer notre réparation." Les trous colmatés, j'entreprends de réinstaller les plantes et les roches pendant que l'Homme remet le boyau pour remplir l'étang. Aussitôt, les espiègles se précipitent pour voir ce qu'il y a de nouveau dans leur habitat. Ils semblent apprécier le fait que nous avons haussé un peu le bord du bassin en ajoutant cinq grosses pierres que l'Homme a transportées à la sueur de son front et au mépris de son dos. C'est que cela fait en sorte que la partie peu profonde est un peu plus profonde. Ils s'en donnent à coeur joie en se frottant sur les petites roches que j'ai rajoutées exprès pour eux.

L'étang a retrouvé son niveau normal. J'ai nettoyé le filtre de la pompe et mis des produits dans l'eau pour l'éclaircir car tout ce remue-ménage de terre et de glaise l'a laissée en piteux état. Les espiègles ne semblent pas s'en plaindre, toutefois, et continuent de se poursuivre à vive allure d'un bout à l'autre de l'étang. Puis, pour couronner le tout, Gertrude, Gontran et Graziella réapparaissent tous les trois en même temps sur une des grosses roches. Elles semblent elles aussi évaluer l'état de la situation et, satisfaites, sautent sur une laitue d'eau.

Ayez un étang qu'ils disaient... et vous aurez des heures de contemplation béate en perspective!

samedi 6 août 2011

Bêtisier

Je ne peux vous parler que de bêtes ce soir car elles ont été omniprésentes dans ma journée. Je commence d'abord par Gertrude, la grenouille nouvellement emménagée dans le bassin. Eh! bien, figurez-vous qu'elle a un compagnon que l'Homme a baptisé Gontran. Je trouvais ça charmant d'avoir un petit couple dans l'étang. Et puis, ça allait bien avec les ébats amoureux des espiègles. Je ne sais pas ce que je fais pour sans le vouloir réunir les conditions de reproduction dans ma cour, mais à cause de ce talent, je me retrouve constamment avec plus de bêtes dans la réserve. En voulant faire admirer à l'Homme Gontran et sa gonzesse prenant un bain de soleil sur une laitue d'eau, qu'est-ce que j'aperçois qui effectue un superbe plongeon juste devant eux? Oui, c'est ça, une autre grenouille, que j'ai appelée Graziella. Notez ici l'utilisation des prénoms qui commencent tous par G pour... Grenouille. Bravo, je vois que vous suivez.

En même temps que je vous donne des nouvelles des batraciens, je suis allée sur la Toile pour tenter d'identifier ma tribu. J'hésite entre la grenouille léopard ou encore la grenouille du Nord. C'est vraiment difficile de les différencier car je n'ai pas trouvé beaucoup d'images. En tout cas, j'adore les observer. Je crois qu'elles vivent derrière une des pierres de l'étang et dans les plantes qui bordent le garage. Ce qui m'intrigue particulièrement c'est comment elles ont pu se rendre là? Est-ce que c'est un oiseau qui leur a dit d'aller chez nous parce qu'il y a toujours de l'eau et de la bouffe et, de ce temps-ci, du caviar de poisson rouge? Nous vivons quand même loin des cours d'eau environnants. Ça se déplace à quelle vitesse une grenouille? Et qu'est-ce que ça fait l'hiver? J'ai lu sur un site que certaines espèces vont dans l'eau pour hiberner. Je ne suis pas certaine que les espiègles seront d'accord pour partager l'espace restreint dont ils disposent pour la saison froide avec des batraciens non invités. C'est à suivre.

C'était aussi jour de vet pour la Reine-Marguerite. Il y a quelques semaines, Mignonne s'est fait dire qu'elle était grosse et qu'elle devait se mettre à la diète. Je m'attendais à la même observation pour la Reine. Mais là n'était pas ma plus grande préoccupation ce matin. Non. Je m'inquiétais surtout de la façon dont l'Homme et moi allions procéder pour amener la bête à son rendez-vous. C'est que, voyez-vous, Sa Majesté déteste se faire examiner et refuse d'être mise dans une cage pour se rendre chez son docteur. Il faut donc user de ruse pour arriver à nos fins. Ainsi, nous devons épeler les mots "vet" et "cage" sinon Sa Royale Grandeur se trouve une cachette d'où l'on ne peut la déloger. J'ai donc dit à l'Homme d'aller chercher la C-A-G-E dans le sous-sol pendant que j'entrerais subrepticement dans la chambre où Son Altesse Sublime faisait la sieste. Elle a grogné quand je l'ai prise dans mes bras et protesté quand j'ai réussi à l'enfourner dans la C-A-G-E. Les caprices ne s'arrêtent pas là. Comme la noblesse refuse de se mêler à la populace, je dois rester avec la Reine dans la voiture pendant que l'Homme fait de la salle d'attente. Ainsi, Sa Majesté ne fait son entrée que lorsque son tour est arrivé. Comme prévu, elle a été qualifiée d'obèse. Ce à quoi elle ne s'attendait pas toutefois, c'est de se retrouver avec le tour du "péteux" rasé pour qu'elle puisse plus aisément faire sa toilette. C'est hélas ce qui arrive quand on est gros et qu'on éprouve des difficultés à laver ses parties les plus intimes. Nous avons donc ramené à la maison une féline insultée qui marche un peu drôlement depuis sa nouvelle coupe de cheveux! On dirait qu'elle ne sait plus trop comment placer sa queue, comme si elle sentait un courant d'air dans son derrière.

Et je termine en vous disant qu'en allant fermer la porte d'en avant ce soir, j'entendais une cigale qui me semblait tout près. Comme je tentais de la repérer sur le balcon, je l'ai vue sur la fenêtre de la porte, juste à la hauteur de mes yeux. Elle était tellement belle dans sa robe verte. Je crois que je n'avais jamais eu l'occasion d'en admirer une d'aussi proche. Elle semblait insouciante dans sa promenade, trottinant de droite à gauche, laissant filer un petit insecte devant elle. Je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire : "La cigale ayant chanté tout l'été..." Je n'ai pas eu le temps de finir qu'elle sautait d'un bond dans le pot de fleurs en bas des marches non sans m'avoir fait une patte d'honneur en me lançant : "Faut bien être à la tête d'une réserve faunique pour ne pas faire la différence entre une cigale et une sauterelle!" Oupse.

jeudi 4 août 2011

J'ai faim

Je mange mon lunch en lisant le journal. Je tourne les pages et m'arrête sur les nombreux articles qui traitent des chutes de béton à Montréal. Comme c'est décevant de constater que personne parmi ces élus à qui nous confions l'avenir de notre société ne veut prendre la responsabilité de ce qui s'est passé. Tous autant qu'ils sont ne pensent qu'à une chose : leur belle image. Tous autant qu'ils sont ne carburent qu'à une chose : leur soif du pouvoir. Ils ne veulent donc pas perdre le vote des électeurs. Ils ne veulent surtout pas avoir l'air de cacher quoi que ce soit et pourtant... Ils refusent de dévoiler certains rapports, nient que des études aient démontré que la situation était sérieuse et que des correctifs devaient être apportés de façon urgente. Non! Selon eux, les experts mentent et les citoyens sont trop abrutis pour comprendre les analyses effectuées. Alors on multiplie les déclarations soi-disant rassurantes sur la sécurité absolue de nos infrastructures. Allez-y. Les cruches ne sont pas encore pleines!

Je prends une autre bouchée de salade et poursuit ma lecture. Un petit encart attire mon attention. Intitulé Somalie : la famine gagne du terrain, il nous apprend que les Nations Unies ont identifié trois nouvelles régions de Somalie comme étant en situation de famine. Ces régions s'ajoutent aux deux autres déjà déclarées le mois dernier. Je commence à mastiquer moins vite en lisant qu'une conférence de donateurs destinée à récolter de l'argent pour les victimes de la famine dans le pays a été reportée d'au moins deux semaines. Juste ça. Et pourquoi? Imaginez-vous que la conférence n'avait pas été programmée suffisamment à l'avance et que les chefs d'État ne pouvaient se libérer. Je pense qu'ils étaient en train de manger, eux. Faudrait surtout pas interrompre leur digestion. Quand on pense que plus de 2 000 personnes meurent de faim chaque jour en Somalie, on peut dire qu'il y a urgence de réagir. Selon de sombres pronostics, ce sont 2,2 millions de personnes qui risquent de mourir de faim. Et que faisons-nous? Pas grand chose. Nous ne sommes même pas foutus de tenir une réunion!

Là, je n'ai plus vraiment envie de terminer mon repas. Je suis dévastée par l'ampleur de la tâche. Il me semble que peu importe le geste que je pose, cela ne voudra rien dire. Cela n'aura aucun effet. La goutte d'eau à tout jamais perdue dans l'océan. Je me sens solidaire, mais totalement impuissante. Que faire quand les responsables de la guerre civile et, par conséquent, de la famine qui sévit, interdisent l'accès à la plupart des organisations humanitaires? À qui crier ma révolte? À qui adresser mon désarroi? Je peux faire un don, certes. Je peux aussi rendre grâce pour la nourriture dont je ne manque jamais et ne pas la gaspiller. C'est tellement peu et ça ne fait tellement pas disparaître les images des ventres gonflés des enfants qui se meurent.

Soudainement, j'ai faim. J'ai faim de justice. J'ai faim d'équité et de partage. J'ai faim de générosité, de solidarité. J'ai faim d'amour, de compréhension, de tolérance. J'ai faim de solutions permanentes et durables.

J'ai faim que la souffrance ait une fin.

mardi 2 août 2011

Garder l'oeil ouvert, et le bon!

Je suis toute énervée. Je ne me possède plus. J'ai fait une découverte étonnante ce soir dans l'étang. Ah! je sais ce que vous pensez. Vous êtes convaincus que j'ai trouvé de minuscules nouveaux habitants à nageoires. Que je vous détrompe tout de suite. Il s'agit effectivement de l'arrivée d'une autre bête dans mon parc faunique, mais d'une espèce que je n'avais pas encore eu le bonheur de côtoyer. Tadam! J'ai nommé Gertrude, la grenouille. Oui, oui, je l'ai vue là comme je vous écris. Laissez-moi vous raconter.

Alors, comme je le fais tous les soirs après le travail, je me suis dirigée vers l'étang pour saluer les espiègles. Le niveau d'eau étant assez bas dans la partie non profonde, j'ai décidé d'y mettre le boyau d'arrosage. Pendant que je surveille le remplissage du bassin, je remarque un pli inhabituel dans la toile ou, du moins, ce qui me semble être un pli. En m'approchant pour examiner tout cela de plus près, quelle n'est pas ma surprise de constater qu'il s'agit en fait d'une mignonne petite grenouille. Je n'en reviens pas encore. Évidemment que j'ai voulu tout de suite la baptiser après avoir crié à l'Homme de sortir dehors pour venir admirer notre nouvelle pensionnaire. "Comment est-ce qu'on pourrait l'appeler?" que je lui demande. Sans trop de réflexion, presque du tac au tac, l'Homme me répond : "Gertrude!" Surprise de sa suggestion, je l'interroge : "Pourquoi ce nom?" "Parce que tout le monde sait que Gertrude, c'est un nom de grenouille." Évidemment.

Moi qui ai déjà écrit que j'aime ça quand ça grouille, je suis maintenant servie.
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Notes pédestres : Avec la chaleur, je n'ai pas marché aussi régulièrement que je l'aurais voulu ces dernières semaines. J'ai cependant décidé de me reprendre d'ici la fin du mois afin d'être en forme pour mon voyage dans les Zuropes. Ce soir, la brise plus fraîche aidant, j'avais une véritable soif de macadam. Faut dire que ma soif n'était pas provoquée uniquement par la baisse du mercure, mais également par mon envie d'entendre la nouvelle marchandise fournie par le Pusher. Le Fils a en effet trouvé le temps en fin de semaine d'ajouter tout cela à mon MP3. C'était "métallement" emballant. Pour ajouter au plaisir, en prenant un raccourci, j'ai découvert qu'un immeuble gouvernemental du coin avait planté des pommiers sur son terrain, ainsi que de magnifiques quenouilles. Vous savez ce que je me suis dit? Je me suis dit que, dans pas grand temps, quatorze jours plus précisément, je vais pouvoir admirer et contempler la nature jusqu'à plus soif. Je ne vois pas de plus beau programme pour une Marcheuse urbaine à la retraite!