dimanche 7 août 2011

Ayez un étang qu'ils disaient...

...et vous aurez des heures de plaisir en perspective! Vous ai-je dit que nous éprouvions des problèmes depuis quelque temps avec le niveau d'eau? Ben oui. Des problèmes suffisamment sérieux pour que je sois obligée de mettre le boyau au moins une fois par jour pour éviter aux espiègles de poursuivre leurs parties de nageoires en l'air directement sur la pelouse.

Alors aujourd'hui, l'Homme et moi avons décidé de faire face à la musique et d'entreprendre ce qui ressemblait ma foi à l'un des douze travaux d'Hercule. Nous avions de forts soupçons que la fuite se trouvait dans la partie non profonde. Première tâche, donc, vider la section en question pour voir ce qui se trame sous la toile. Chaussée de mes belles bottes noires en caoutchouc de chez Canadian Tire pour ne pas le nommer, j'ai embarqué dans l'étang pour enlever les plantes et les roches. L'Homme a commencé à enlever des chaudières d'eau puisées dans la partie profonde. Nous avons ensuite balayé la toile pour tenter de trouver la fameuse fissure. Et tout cela dans l'harmonie la plus totale :

Moi : "Attention aux plantes. Tu dois travailler doucement pour ne rien briser. Regarde où tu as mis les pieds. En plein sur les feuilles. Tu ne vois donc rien. C'est ça que tu appelles travailler en douceur! Ne va pas repêcher les poissons. Surveille s'il n'y a pas une grenouille sur le bord de l'étang. Avec tes gros pieds, c'est sûr que tu vas l'écraser s'il y en a une qui se pointe la cuisse."

L'Homme : Où ça une plante? Je fais attention mais il y a trop de roches et de feuilles et de toutes sortes d'affaires autour du bassin. Tu ne me fais pas confiance. Je sais ce que je fais. Si tu n'arrêtes pas de m'énerver avec tes mises en garde, je flanque tout là et je te laisse te débrouiller toute seule."

Reprenant notre sang-froid, nous réussissons à enlever suffisamment d'eau pour examiner la toile. Comme nous n'arrivons pas à repérer le trou problématique, nous pensons en arriver au point où il faudra soulever la toile. Heureusement, je continue à promener mes doigts gantés de latex sur le fond du bassin quand, soudain, je la vois : une fissure en forme de triangle juste sur le bord de la pente qui mène au deuxième palier. "Regarde. C'est là. Je l'ai finalement trouvée!", que je crie à l'Homme tellement je suis soulagée de ne pas avoir à travailler moins en douceur que je le souhaite. L'Homme qui m'accusait depuis le début d'être la responsable de la fissure à cause de mes allées et venues dans l'étang avec mes bottes de caoutchouc de chez Canadian Tire me répond : "Haha! je l'avais bien dit que tu ne devrais pas te promener tout le temps dans le bassin. Tu as sans doute pilé sur une roche qui a ensuite déchiré la toile." Furieuse d'être injustement clouée au pilori, surtout que je sais que ce sont toujours des raisons de force majeure qui m'amènent dans le bassin, je poursuis mon examen de la toile et je trouve deux autres trous semblables au premier. Et là, la lumière se fait dans ma petite tête : "Tu sais ce que je pense. Je pense que ce n'est pas moi la cause de nos maux. Je crois que c'est plutôt l'animal qui a ravagé le bassin au début de l'été qui a perforé la toile avec ses griffes. Regarde à côté des trous, il y a aussi de toutes petites perforations qui ont sans douté été laissées par le bout d'une griffe." Un peu de mauvaise grâce, l'Homme accepte ma théorie et commence à préparer les rustines.

En plus de la chaleur et de l'humidité, nous devons composer avec Gertrude la grenouille qui a décidé, au moment crucial où nous tentons de sécher les endroits à réparer, de justement venir s'installer en plein sur l'un des trous. Toujours animée du profond désir de travailler "en douceur", je ne veux pas brusquer Gertrude en la chassant. L'Homme, lui, a pratiquement les doigts collés sur la rustine que je refuse de prendre pour l'installer à l'endroit fatidique pendant que Gertrude poursuit, indifférente, son bain de soleil. Enfin, elle saute dans les buissons. "Vite," que je lance à l'Homme, "c'est le temps ou jamais de terminer notre réparation." Les trous colmatés, j'entreprends de réinstaller les plantes et les roches pendant que l'Homme remet le boyau pour remplir l'étang. Aussitôt, les espiègles se précipitent pour voir ce qu'il y a de nouveau dans leur habitat. Ils semblent apprécier le fait que nous avons haussé un peu le bord du bassin en ajoutant cinq grosses pierres que l'Homme a transportées à la sueur de son front et au mépris de son dos. C'est que cela fait en sorte que la partie peu profonde est un peu plus profonde. Ils s'en donnent à coeur joie en se frottant sur les petites roches que j'ai rajoutées exprès pour eux.

L'étang a retrouvé son niveau normal. J'ai nettoyé le filtre de la pompe et mis des produits dans l'eau pour l'éclaircir car tout ce remue-ménage de terre et de glaise l'a laissée en piteux état. Les espiègles ne semblent pas s'en plaindre, toutefois, et continuent de se poursuivre à vive allure d'un bout à l'autre de l'étang. Puis, pour couronner le tout, Gertrude, Gontran et Graziella réapparaissent tous les trois en même temps sur une des grosses roches. Elles semblent elles aussi évaluer l'état de la situation et, satisfaites, sautent sur une laitue d'eau.

Ayez un étang qu'ils disaient... et vous aurez des heures de contemplation béate en perspective!

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