jeudi 19 novembre 2009

La honte et la fierté : d'un océan à l'autre à l'autre

J'oscille. Mais la balance penche davantage du côte de la honte. Je viens de lire un compte rendu du témoignage présenté par Richard Colvin devant un comité parlementaire à Ottawa au sujet de la torture des prisonniers afghans. Vous savez ces prisonniers remis par les soldats canadiens aux services secrets de leur pays. Vous imaginez la suite. Privation de sommeil, chocs électriques, abus sexuels et même viols. Rien ne leur a été épargné (et rien ne leur est sans doute encore épargné aujourd'hui). Et qu'est-ce que notre gouvernement répond aux déclarations de ce diplomate? En fait, il répète la même réponse qu'il sert depuis que cette horrible situation a été mise au jour. Il nie. Il nie tout en bloc. Il ne sait rien. Et ce même si M. Colvin, pendant son séjour d'un an et demi en Afghanistan, a fait parvenir près d'une vingtaine de rapports à environ 75 personnes du gouvernement. Et pas n'importe qui. Des personnes haut placées comme le grand patron des Forces armées canadiennes et le sous-ministre des Affaires étrangères. Peu importe. Notre gouvernement continue de nier. Et ce courageux diplomate met sa tête sur le bûcher pour révéler la vérité.

Et ça continue de pencher vers la honte. Cette fois, c'est Loto-Québec qui met son poids dans le plateau. Cette brillante société d'État, toujours désireuse d'accroître ses gains sur le dos des contribuables, a l'intention d'offrir à la population du poker et du pari sportif en ligne dès l'été 2010. Dans un but louable, bien évidemment. Elle veut en effet protéger les joueurs des sites non sécuritaires et leur permettre d'exercer leur dépendance en toute quiétude. Que cette initiative fasse en sorte de remplir également les coffres de l'État n'est que pure coïncidence. Et que le poker suscite l'engouement d'un nombre grandissant de jeunes constitue le moindre de ses soucis. Après tout, est-ce qu'elle ne dispose pas d'excellents programmes pour venir en aide aux joueurs compulsifs? Je n'ai d'ailleurs jamais rien compris à cette double mission. C'est comme si on goinfrait quelqu'un au point de le rendre obèse pour lui proposer ensuite de s'inscrire aux Weight Watchers! Qu'est-ce qui cloche dans ce raisonnement tordu? Sans doute une propension marquée à jouer à l'autruche.

Malheureusement, nos gouvernements ne sont pas les seuls à s'enfouir la tête dans le sable. Nous le faisons tous collectivement en sanctionnant des comportements totalement répréhensibles. C'est sûr qu'avec la tête dans le sable, on n'entend pas grand-chose. Et c'est bien difficile de parler aussi. Alors, quand il s'agit de dénoncer, mieux vaut s'y prendre de bonne heure pour se sortir du trou!

Pour la paix de mon âme (et la stabilisation de ma tension artérielle), j'ai au moins eu le bonheur cette semaine de faire la découverte d'une section du Toronto Star intitulée Acts of Kindness, que l'on pourrait traduire par "Bonnes actions". On y trouve répertoriés des messages envoyés par les lecteurs qui racontent des bonnes actions dont ils ont été les témoins ou les récipiendaires. La rubrique, depuis cinq ans, a recueilli plus de 2 000 histoires! C'est un véritable baume pour le coeur. Si vous avez le temps ou le vague à l'âme ou encore si vous êtes désespérés de faire partie de la race humaine, rendez vous sans hésitation sur le site du Star à www.thestar.com/topic/ActsofKindness et prenez un bain de fierté. Même dans la langue de Shakespeare, l'effet est instantanément calmant. Et quel bonheur de se laisser anesthésier par la bonté plutôt que par le mensonge!
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Notes pédestres : J'ai eu la bonne idée ce soir de gravir mon Everest à moi pour améliorer mon cardio et aller me chercher un bon souper à mon restaurant libanais préféré. Il pleuvait juste assez. Et c'était doux. Seul hic : je me suis laissée emporter dans mes achats à la fruiterie et j'ai exercé mes biceps plus que je ne l'aurais souhaité en transportant mon sac un peu trop rempli!

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