mardi 10 novembre 2009

Confucius à la rescousse

J'ai pété ma coche ce soir en sortant du bureau. C'est l'Homme et la Fille qui ont écopé de mon ras-le-bol. La raison de mon emportement? Disons une frustration qui me reprend à intervalles plus ou moins réguliers.

C'est que, voyez-vous, il m'arrive des fois d'être franchement écoeurée de vouloir sauver l'humanité... contre son gré. Je sais, je sais, je n'ai qu'à refuser cette mission qui, de toute façon ne m'a été confiée par personne et dont mon petit moi idéaliste, humaniste, sensible et irréaliste s'est naïvement emparé. Mais je m'entête même si ça ne marche pas. Je ne veux pas me résoudre au fait que tout le monde n'est pas nécessairement beau et gentil. Alors, j'essaie de changer les choses à tout prix et je m'épuise.

Des exemples? Des gens qui vous côtoient régulièrement, quotidiennement, et qui ne sont pas foutus de vous dire un simple bonjour quand ils vous rencontrent. Des gens qui ne mettent jamais le coeur à l'ouvrage, qui laissent allègrement leurs responsabilités aux autres et qui s'en tirent tout le temps avec la présomption d'innocence. Des gens qui traitent les animaux comme si ce n'était pas des êtres vivants et qui traitent les enfants comme des animaux - pensez-y deux minutes et vous verrez que l'équation est douloureuse. Des gens qui sont toujours occupés à satisfaire leurs petits besoins personnels sans se préoccuper de savoir s'ils dérangent les autres - et quand vous osez protester, ils vous envoient paître!

Et ce qui m'énerve le plus là-dedans, ce qui m'enrage au superlatif, c'est que je ne suis absolument pas capable de changer mon attitude pour être davantage comme tous ces gens qui se foutent de tout et de tous. Il me semble que je serais moins malheureuse si je me donnais moi aussi le droit d'envoyer tout promener. En tout cas, je serais certainement moins fatiguée.

Tenez, j'ai voulu pratiquer ce soir en faisant des courses avec l'Homme et la Fille. Je leur ai dit : "Regardez-moi bien la face. C'est la dernière fois que vous allez y voir un sourire. À partir de maintenant, je fronce les sourcils et j'adopte une moue boudeuse et indifférente". Et je suis entrée à l'épicerie. J'ai parcouru les allées avec mon nouveau visage d'air bête. Je n'ai parlé ni à la caissière ni à aucun membre du personnel. J'ai aussi fait très attention de ne regarder personne au cas où je reconnaîtrais quelqu'un et que je serais obligé d'engager la conversation et de demander des nouvelles et patati et patata. Non! Tout ça est fini. Vos histoires ne m'intéressent plus. Allez pleurer sur l'épaule d'une autre. Je suis devenue Face d'air bête.

Quand je suis sortie du magasin, je ne sais pas pourquoi mais j'avais soudainement très mal à la tête. C'est tout simplement profondément injuste! J'ai trop froncé les sourcils et les muscles de mon visage, habitués à sourire béatement pour tout et pour rien, ont mal réagi à mon nouveau faciès. Je vous le dis, tout est contre moi!

L'Homme et la Fille, qui avaient observé en riant mais en cachette ma première tentative de basculer vers le côté obscur, avaient chacun leurs conseils à me prodiguer pour m'aider à faire la transition de bienfaitrice à bitch. Ainsi, l'Homme m'a suggéré de libérer ma colère et ma frustration en donnant des coups de pied à la première personne que je rencontrerais. Je trouvais que cela avait du sens. J'ai donc regardé autour de moi. Deux policiers venaient d'entrer dans le stationnement et se préparaient à sortir de leur char. "Voilà mes premières victimes", me suis-je dit. La Fille m'a conseillé de viser plus bas pour commencer ma transformation. Je crois qu'elle proposait que je m'attaque à plus vulnérable que la force de l'ordre.

Ce qui m'amène au conseil de la Fille : "Tu dois apprendre à filtrer. C'est sûr que si tu veux tout changer, tu n'y arriveras jamais. Tu dois plutôt choisir ce qui t'apparaît le plus important et laisser tomber le reste." Jusqu'à maintenant, je crois que c'est ce que j'ai entendu de plus sage. Ce ne sera pas chose facile cependant de cesser d'être une passoire défoncée pour devenir une passoire chinois ultra fin!

2 commentaires:

  1. NON! Ne change pas! J'en ai déjà trop avec la belle-mère!

    Mais après avoir lu ton message, je te comprend. J'ai souvent eu des jours semblables. Faut s'entendre que c'est peut etre pas aussi radical que toi. Mais bon, I understand dirait un montréalais typique.

    J'ai aussi remarqué que mes journées testesronées finissent généralement mal. Vous m'avez souvent demandé comment je fais pour vivre avec la réincarnation de Stalin. Eh bien, ma réponse est simple, y'a trop de belles choses à voir et à faire pour m'attarder sur la retarder.

    Tu ne réussiras probablement pas à changer tout le monde, mais tu as certainement réussi à changer ceux qui sont proche de toi.


    Fait moi confiance, j'en suis la preuve

    RépondreSupprimer
  2. C'est joli ce que tu viens de dire Scott :)

    Je pense un peu comme ça aussi: à quoi bon chercher à aider toujours plus loin alors qu'il y a des gens proches de nous dont le bonheur n'est pas fait? Moi je commence par faire toutes les petites choses qui ne coûtent rien (ou pas cher): remonter le moral de mes amis, rendre des petits services, etc. Et avec les étrangers, je fais ce qui est gratuit: sourire, m'excuser si je dérange quelqu'un, dire bonne journée, etc. Juste ça, moi ça me rend heureuse.

    RépondreSupprimer