jeudi 20 juin 2019

Au jardin...

ou de la difficulté d'exprimer ce qui est





Ce n'est pas la première fois que cela m'arrive. Éblouie par mon jardin, je veux photographier l'objet de mon admiration. Je me précipite sur ma caméra et j'essaie d'immortaliser ce qui a retenu mon attention. Dans le cas ci-dessus, en allant rendre une dernière visite à mon oasis de paix avant que la lumière ne se cache définitivement, je suis restée sidérée devant les gouttes d'eau que la pluie avait laissées sur les feuilles de l'iris versicolore. C'était tellement beau ces petits points brillants sur le fond vert. On aurait dit des diamants. Mais je ne suis pas une photographe professionnelle et je ne maîtrise même pas toutes les fonctions de ma caméra. Alors, j'ai droit à une photo surexposée qui ne rend pas du tout justice à l'extraordinaire spectacle qui s'est offert à moi.

D'un côté, je m'interroge sur mon besoin de fixer sur pellicule ce que je peux tout simplement me contenter d'admirer. Spontanément, je dirais que j'ai envie de partager la beauté de la nature, une beauté qui se retrouve partout autour de nous et qu'on ne voit pas assez. Une image ne vaut certes pas mille mots devant mes difficultés techniques. Qu'importe, je persiste et clic!


Vous voyez, ici, je voulais vous faire admirer Rodolphe le merle qui se pavanait dans le paillis. J'ai même voulu tenter l'effet spécial en utilisant le dossier de la chaise pour les besoins de la cause. Là encore, le résultat n'est en rien comparable au plaisir que j'ai éprouvé à voir Rodolphe s'ébattre dans le paillis fraîchement répandu. Les merles sont tellement amusants à regarder. Ils adorent entre autres venir se laver dans le bain d'oiseau. Vous allez me dire que c'est là l'utilité de ladite chose. Oui, mais eux, ils se baignent littéralement. Ils se couchent dans le récipient et ils battent des ailes et ils s'aspergent pendant de longues minutes. On peut sentir à quel point ils apprécient faire trempette.

Je me rends compte finalement que l'important demeure que je continue d'être à l'affût de toutes ces scènes de bonheur que mon jardin m'offre tous les jours. C'est un bonheur que je savoure encore plus pleinement cette année après la perte de mon magnifique érable à la suite de la tornade de l'été dernier. J'ai été en deuil de cet arbre pendant des mois. Durant l'hiver, il m'arrivait d'avoir de la difficulté à m'endormir en pensant au jardin dévasté : mes magnifiques vivaces piétinées, mes plates-bandes couvertes de bran de scie, les trous dans la pelouse, un véritable champ de bataille. J'ai tellement pleuré. J'ai cru ne jamais pouvoir passer de l'ombre à la lumière. Mais c'était sans compter sur la force de la nature et sa capacité de se régénérer. Quand le printemps est arrivé, j'ai commencé doucement à nettoyer les dégâts. J'y allais avec moult précautions pour ne pas écraser malencontreusement une plante cherchant à reprendre vie. Chaque fois que je découvrais la pointe d'une tige, je versais une larme. Elles sont toutes, toutes revenues : les hostas vieilles de vingt ans et les nouvelles que j'avais transplantées avant le grand désastre, la délicate fougère pas pareille comme les autres, l'asclépiade qui m'avait tant éblouie par sa floraison, les brunneras qui avaient été écrasées, les échinacées, les astilbes, les campanules, elles sont toutes là et elles m'émeuvent jusqu'au fond de l'âme. Impossible de dire avec des mots, de montrer avec des photos l'incomparable beauté de la nature qui m'entoure. Mais je veux tenter cet été en faisant appel à mes pauvres moyens de photographe amateur et à mon toujours grand plaisir d'exercer ma plume de vous entraîner dans mon jardin et dans le plaisir sublime d'être présent au moment qui est. Laissons-nous envoûter par les parfums des fleurs, réchauffer par les rayons du soleil sur notre peau, bercer par le bruit apaisant de la pluie qui tombe. "Que c'est beau, c'est beau la vie", comme disait Jean Ferrat.


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