dimanche 27 juin 2010

Des vertes et des pas mûres


Voici l'amoureux de Joufflue, la laitue d'eau : le Juncus Effusus Spiralis, mieux connu sous le nom de Bras Long. Je les ai observés tous les deux l'autre après-midi de mon lieu de contemplation. Je ne pouvais pas les manquer. Ils s'ébattaient juste en face de moi. Bras Long avait passé une de ses tiges amoureusement autour d'une des feuilles de Joufflue et tentait ainsi de la retenir contre lui. Joufflue semblait consentante. En tout cas, elle se laissait porter au gré des bouillons de la pompe, bien accrochée à Bras Long. Cela a duré longtemps. Parfois, Joufflue tentait de s'éloigner un peu mais Bras Long s'étirait davantage et la serrait plus fort pour qu'elle revienne à côté de lui. À d'autres moments, un des poissons frôlait les racines de Joufflue, ce qui avait pour effet de la forcer à tournoyer et à tester la capacité d'étirement de Bras Long. Mais ce dernier réussissait toujours à garder sa bien-aimée à proximité de ses tentacules d'amour.

"Comme c'est attendrissant!", me passais-je comme réflexion en les voyant tous deux barboter doucement dans l'étang. Le soleil lançait des reflets au travers les branches de l'érable et frappait l'eau qui lui renvoyait sa lumière en pleine face. Les poissons dansaient autour de la pompe et se poursuivaient à qui mieux mieux d'un bout à l'autre de leur habitat. Une scène idyllique. Jusqu'à ce que Joufflue décide tout d'un coup qu'elle en avait assez de faire du surplace. La séparation a été soudaine et imprévisible. En moins de temps qu'il n'en faut pour dire "Coudonc", Joufflue avait rompu les amarres et s'enfuyait de toute la vitesse de ses longues racines à l'autre bout de l'étang. Bras Long en est resté hébété et moi aussi. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour que Joufflue coupe les ponts de façon aussi radicale? A-t-elle été attirée par son congénère qui flottait depuis un moment déjà dans la partie creuse, libre de toute attache? A-t-elle été poussée par le vent de la liberté? Qui sait ce qui se passe entre deux feuilles de laitue?

Je passe du végétal à l'animal pour vous donner quelques nouvelles de Mignonne, la post-traumatisée du tremblement de terre. Elle a passé la fin de semaine terrée derrière le lit. Je devais penser à la sortir de sa cachette deux fois par jour pour l'amener près de son bol de nourriture. Chaque fois que je déplaçais le lit pour aller la chercher, je voyais deux yeux verts terrifiés qui me regardaient. Elle acceptait volontiers, toutefois, que je la prenne et que je la cajole. Je dirais que ce soir, pour la première fois depuis le "séisme", elle a adopté un comportement plus normal. Après l'avoir sortie une fois de plus de son trou, j'ai remarqué qu'elle est restée dans le salon et a même risqué un petit dodo sur sa couverture préférée près de la fenêtre. Espérons maintenant que le pire est derrière nous!

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