samedi 27 février 2010

L'indécence incandescente

J'ai marché par un temps de grisaille aujourd'hui. Le ciel était sombre avec par endroit de minuscules coins de lumière qu'il fallait vraiment chercher, sinon... Sinon c'était foutu et c'était le noir et blanc qui gagnait. Même sur le moral.

Pendant que j'arpentais l'ancienne rue où habitait le Pusher, j'ai dû assister au spectacle désolant du "vidage" d'un appartement. J'imagine que les locataires n'avaient pas payé leur loyer. Tout de même. Faut-il pousser le respect de ses droits jusqu'à violer l'intérieur de quelqu'un, à mettre toutes ses affaires dans des sacs de poubelle et à faire atterrir son mobilier dans la neige et la gadoue? Me semble que c'est indécent. Voir les tiroirs béants, les pièces de vêtement qui traînent dans l'entrée, les taches sur les matelas. Faut-il à ce point détester l'humanité pour détruire le peu de biens que certaines personnes possèdent? Il y avait un écran d'ordinateur dans le banc de neige. Pas un de ces beaux grands écrans plats que le Fils et tous ses amis possèdent. Non. Un vieil écran beige comme celui que nous avions il y a plusieurs années. Il était sans doute encore fonctionnel et il répondait probablement aux besoins de son propriétaire. Certainement plus à l'heure actuelle.

Tout cela me fait chier. Désolée pour la vulgarité mais je ne trouve pas d'autres mots pour décrire à quel point ces situations me dérangent. Juste pour ajouter à mon propos, je vous révèle qu'il y a environ trois semaines, c'est un aquarium qui s'est retrouvé comme ça dans le banc de neige. Croyez-vous qu'il avait été vidé de ses occupants? Non. Tout y était. Les pauvres bêtes qui agonisaient dans l'eau verdâtre et les algues gluantes. La scène marine trônait au milieu des restes de ce qui semblait avoir été un divan, une table de nuit, une chaise, et je ne sais quoi d'autre. C'est de l'indécence incandescente et on ne s'offusque pas.

Vous savez ce qui me travaille les intestins aussi depuis ce matin? Deux manchettes. Tout d'abord celle qui touche l'état des urgences dans les hôpitaux, surtout ceux de Montréal. Je vous pose une question, et je ne suis pas la seule heureusement à avoir cette interrogation : pendant combien de temps un gouvernement peut-il prétendre que c'est à cause du gouvernement précédent que les urgences, et le secteur de la santé dans son ensemble tant qu'à y être, sont dans un état déplorable? Au moins sept ans, soit la durée des mandats de M. Charest au pouvoir. Non seulement la situation des urgences a empiré depuis son arrivée mais on force maintenant le personnel infirmier à travailler des heures supplémentaires obligatoires sans s'inquiéter outre mesure des effets désastreux qu'une telle façon de faire peut entraîner. Indécent? Très, selon moi.

Et l'autre manchette qui m'a purgée concerne celui qui prend un plaisir viscéral à pratiquer l'indécence incandescente. J'ai nommé bien évidemment notre cher M. Harper. Sa dernière trouvaille pour s'assurer que ses valeurs conservatrices sont respectées en tout temps? Il coupe les fonds des organismes non gouvernementaux (ONG) qui affichent des positions contraires à celles du gouvernement, notamment sur Israël. Et voilà que des critères politiques semblent maintenant déterminer le financement de projets humanitaires. Indécent. Grossièrement indécent. Et l'incandescence? Elle transparaît, que dis-je, elle irradie dans les réponses des politiciens qui couvrent leurs agissements par une pléthore de belles paroles et de faux-semblants.

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