jeudi 25 février 2010

À tous vents

Je ne sais pas comment on devient un esprit libre. Tout ce que je sais, c'est que j'aurais bien voulu en être un. Mais qu'est-ce que j'entends exactement par esprit libre? Je pense automatiquement à quelqu'un qui est fidèle à lui-même, qui est en contact avec ses besoins et ses désirs. J'imagine quelqu'un qui prend ses décisions sans se soucier constamment de l'opinion des autres. Le fameux "Fuck it!" de la Fille, quoi.

Un exemple récent de cette belle façon de s'assumer est le patineur américain Johnny Weir. Aujourd'hui, dans Cyberpresse, Pierre Foglia rapportait les propos de M. Weir lors de la conférence de presse qu'il a donnée hier pour répondre aux commentaires "mononcle" des journalistes Goldberg et Mailhot qui sont allés jusqu'à mettre en doute sa masculinité. Ce n'est pas tant cette attaque qui lui a déplu, mais plutôt les remarques voulant qu'il soit un mauvais exemple. Voici sa réponse :

"Je souhaite à tous les enfants d'être élevés comme je l'ai été, de recevoir autant d'amour que j'en ai reçu. Surtout, je souhaite à tous les enfants de pouvoir devenir ce qu'ils sont, de s'épanouir pleinement."

Je ne sais toujours pas comment on devient un esprit libre. Mais il faut croire que je sais comment on élève des esprits libres. Je me rappelle encore de ma réaction lorsque le Fils m'a annoncé qu'il voulait faire une technique au Cégep : "Tu n'y penses pas. Si tu fais une technique, tu ne voudras pas continuer à l'université." Réponse stoïque du Fils : "Je me suis informé. À l'École de technologie supérieure, où je veux aller étudier pour devenir ingénieur, on accepte seulement les étudiants qui ont fait une technique." (À noter que les critères ont changé depuis.) Il avait évidemment raison. Et après avoir pris la peine de mettre à jour mes connaissances en orientation scolaire, j'ai bien dû me rendre compte qu'il proposait un cheminement tout à fait valable. Il proposait surtout un cheminement qui lui convenait à lui. C'est ça l'important. Quand je le vois si bien adapté à sa vie de Montréalais et si heureux des études qu'il poursuit depuis déjà trois ans, je ne peux que me féliciter qu'il se soit senti suffisamment sûr de lui et confiant dans ses moyens pour avoir fait fi de ma réaction initiale.

Et ce midi, c'est au tour de la Fille de m'informer de ce qui sera son cheminement à elle après le Cégep. Peut-être l'École nationale de théâtre si elle est acceptée. Sinon, c'est le sac à dos et l'aventure pour un an. J'ai bien sûr un serrement au coeur quand j'imagine tout ce qui pourrait lui arriver. Si je m'arrête un peu plus longuement, toutefois, je sens que l'angoisse qui m'étreint se rapporte surtout à moi. Jamais je n'aurais eu le courage de prendre une telle décision. Jamais je n'aurais senti que j'avais en moi ce qu'il fallait pour partir et affronter l'inconnu. Encore à mon âge, j'angoisse parfois simplement à l'idée de quitter la maison pour aller à Montréal. Ne vous inquiétez pas... je me soigne. Bref, si moi je ne suis pas encore prête à collectionner les tampons dans mon passeport, ce n'est pas nécessairement le cas de la Fille. Et c'est bien ainsi.

Je suis peut-être un esprit libre après tout. Encore attaché à ses amarres. Mais si le vent se lève suffisamment fort un jour, qui sait si l'esprit libre n'aura pas envie de prendre son envol? C'est ce que je me souhaite.

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