vendredi 11 novembre 2011

Seule sur mon étoile

Tous ces jours qui ont passé sans que j'aie eu vraiment envie d'écrire. Ou plutôt si. Mais je n'avais rien de précis ou d'intéressant à raconter. Même mon quotidien, qui sait habituellement si bien me servir en matière brute, n'a pas réussi à m'inspirer. Pourquoi? Telle est ma question ce matin.

J'ai pourtant respiré cette semaine. Je ne suis pas restée terrée dans mon lit. Au contraire. J'ai été assez occupée. J'ai vu de la danse et entendu de la musique au Centre national des Arts. Ce n'est pas rien. Marie Chouinard, Mozart et Brahms confondus, c'est de la haute voltige culturelle. J'ai atteint un palier du nirvana au cours de yoga. Et je crois bien avoir mesuré un peu plus encore l'envergure de la liberté qui est maintenant mienne en allant dîner avec une ex-collègue retraitée elle aussi sans avoir à regarder ma montre pour me rappeler qu'il est temps de retourner au bureau. C'était absolument enivrant de réaliser encore une fois que je suis dorénavant seule maîtresse à bord.

C'est sûr que le bénévolat ne s'est pas révélé aussi efficace que les autres fois pour meubler mon vide. Au lieu de m'activer comme une poule pas de tête dans les tâches domestiques, comme je le fais trop souvent quand je sens monter l'anxiété, j'ai participé à la confection de 500 tourtières! N'est-ce pas là une autre forme d'échappatoire? J'ai bien peur que oui. Encore là, je dois poursuivre l'introspection pour mieux cerner mes besoins et les moyens que je prends pour les satisfaire.

Et ce matin. Je me suis levée avec un immense sentiment de solitude. Heureusement que Galarneau brille de tous ses feux. Je ne sais pas ce que je ferais si je devais en plus supporter un ciel ennuagé. J'en ai assez avec le mauvais temps qui m'emplit l'âme. Je me sens seule avec mon combat. L'hypocondrie a frappé fort ces derniers jours. Je suis retournée consulter le médecin et me suis tapée un trois heures d'attente pendant lequel j'ai remis moult fois en question ma décision de me trouver là. La peur l'a emporté sur la raison. Et je suis restée sur ma petite chaise avec mon obsession de vouloir me faire rassurer à n'importe quel prix. Je n'avais évidemment rien de sérieux mais je suis sortie quand même avec un bronchodilatateur pour m'aider à évacuer le mucus de mes poumons que je n'arrivais pas à moucher! Mon problème n'était résolu qu'à moitié. Rassurée j'étais, obsédée je devenais. Prendre un médicament représente un geste simple pour le commun des mortels. Je ne suis pas commune. Je lis donc le dépliant qui accompagne le sirop, la pilule ou la pompe de long en large en m'attardant principalement sur les effets secondaires, les rares autant que les fréquents. Parfois je pousse l'obsession jusqu'à compléter mes recherches sur la Toile. Pour mon plus grand malheur.

Alors c'est ça. J'ai résisté pendant vingt-quatre heures à inhaler le médicament. Hier matin, je n'en pouvais plus et je l'ai pris. Je me suis sentie mieux. Le soir, je devais récidiver. J'ai passé une nuit misérable. Je me suis réveillée à trois heures du matin avec la bouche tellement sèche que j'ai pensé un instant que j'avais entrepris la traversée du désert. Et j'ai toussé pour tenter une énième fois de me dégager les voies respiratoires. Je me suis levée. J'ai pris de l'eau chaude. J'ai remonté mes oreillers pour dormir en position assise. J'ai relu le maudit dépliant sur les effets secondaires tentant de me persuader que je n'avais pas besoin de courir aux urgences. J'ai finalement sucé une pastille aux herbes des montagnes. Et j'ai surtout flatté Marguerite qui ronronnait à côté de moi.

Je pleure ce matin sur ma solitude nocturne. Sur mon incapacité de me rassurer moi-même, de prendre soin de moi. Et pourtant il faudra bien que j'y arrive un jour. Il y a plein de choses que l'on ne peut vivre que seul, dont l'ultime rendez-vous. Paraît qu'on n'y accepte que les solos.

2 commentaires:

  1. Là c'est sûr qu'elle va nous avoir "fait" un malaise effet secondaire,la marcheuse!Et le pire ,c'est qu'elle est devenue silencieuse (façon d'écrire)...je m'inquiète,ni plus ,ni moins.

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  2. Merci de t'inquiéter Hélène. Je me sens déjà moins seule!

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