vendredi 7 octobre 2011

Vendre ma salade

Je suis loin d'être un as de l'informatique. Vous en parlerez au Fils qui devra de nouveau en fin de semaine me donner un cours sur la nouvelle télécommande accompagnant notre passage à la télé numérique. Mon problème est bien simple, ou devrais-je plutôt dire simpliste : j'arrive à me connecter au petit écran, mais ça s'arrête là. Choisir un poste est devenu un véritable parcours du combattant. D'abord tous les numéros ont changé. C'était trop facile de conserver les mêmes. Dans le fond, je devrais voir cela d'un bon oeil, et apprécier l'occasion qui m'est ainsi donnée d'exercer mes neurones de vieille retraitée. Me semble que j'aurais d'autre chose à faire, cependant, que de me rentrer dans la tête encore d'autres numéros. Comme si je n'étais pas déjà surchargée avec les innombrables mots de passe qu'il faut retenir pour tout et pour rien. M'enfin. Ce n'était pas là le but de mon propos.

Je voulais effectivement parler d'informatique, mais sous un aspect plus humain. Je voulais partager avec vous un extrait d'un discours de Steve Jobs donné à des étudiants de l'Université Stanford, en 2005. Qui est Steve Jobs? Le demander, c'est avouer votre crasse ignorance du monde virtuel ou de la plus récente actualité. M. Jobs était le cofondateur d'Apple. Il est décédé cette semaine à l'âge de 56 ans des suites d'un cancer qu'il combattait depuis quelques années. Ce grand visionnaire et prolifique créateur a donné au monde l'ordinateur personnel iMac, l'iPod, l'iPhone et l'iPad, toutes inventions, mis à part l'ordinateur personnel et encore, dont je ne sais trop ce qu'elles ont l'air ni à quoi elles servent. J'en ai entendu parler et j'imagine que, sans m'en rendre compte, j'ai déjà croisé des utilisateurs. Je vous l'ai dit, je ne connais pas grand-chose du monde virtuel à part les quelques bribes de renseignements que le Fils accepte parfois de me livrer sur cet univers parallèle qui demeure toujours mystérieux pour moi.

Comme la mort de M. Jobs a fait la une des journaux pendant deux jours, force m'a été de m'intéresser un peu au personnage. Et c'en était un. Qualifié parfois d'excentrique, M. Jobs semblait avoir une maudite bonne tête sur les épaules si j'en juge par les succès accumulés et la fortune amassée. Même devenu plusieurs fois milliardaire, il ne changeait pas sa vision : "Être l'homme le plus riche du cimetière, ça ne veut rien dire pour moi. Me coucher le soir en me disant que nous avons fait quelque chose de merveilleux... voilà ce qui a de la valeur à mes yeux."

Et je reviens au discours où il a notamment déclaré : "Votre temps est limité, alors ne le gaspillez pas à vivre la vie de quelqu'un d'autre. Ne laissez pas le bruit des opinions des autres avoir le dessus sur votre voix intérieure. Et, le plus important, ayez le courage de suivre votre coeur et votre intuition. Tout le reste est secondaire." Allez savoir pourquoi, ces paroles sont souvent revenues me hanter au cours des derniers jours. S'il y en a une qui a maintenant le temps limité, c'est bien votre toujours anxieuse marcheuse qui ne cesse de se répéter depuis son entrée dans le Bel Âge : "C'est le temps ou jamais de faire ce que tu as vraiment envie de faire." Comme je ne veux pas manquer le bateau (il a déjà largué quelques amarres, alors vous pensez que ça presse pour moi), je me cherche une mission.

Je m'ouvrais de ce questionnement à mon amie J. cette semaine et celle-ci m'a répondu que ce type de torture mentale relevait de la nature féminine, vous savez celle qui veut tout sauver, tout ramasser, tout réformer, tout récupérer. J'ai trouvé cet argument intéressant et j'en ai parlé à l'Homme qui m'a simplement dit : "Tu te poses trop de questions. Tu es à la retraite, fais rien et profites-en." Si je peux ici lever la main pour tenter une timide intervention : "C'est que si je reste à la maison et que je ne fais rien, je vais capoter!" Fin de l'intervention et du dialogue.

Plus tard, nous sommes allés au Marché By. En jasant avec l'une de mes jardinières/agricultrices préférées, j'ai reçu cette offre : "Laisse-moi tes coordonnées pour que je t'appelle au printemps. Tu pourrais te joindre à nous quelques jours par semaine pour vendre des fruits et des légumes." "D'accord," que j'ai répondu, "mais seulement si je peux vendre ma salade!" 

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