lundi 12 décembre 2011

Arrêtez-moi quelqu'un

C'est le titre qui m'est venu à l'esprit pendant que je passais mon anxiété hier soir en cuisinant comme une Ricardo déchaînée. À la fin de ma folie culinaire, j'étais prête à ouvrir un Tim Horton : une douzaine de muffins aux framboises, une douzaine de muffins aux bleuets et un pain au chocolat et au café. Tout ça en une heure et des poussières! Comme je me désespérais devant l'Homme de mon handicap maladif, celui-ci m'a réconfortée en m'affirmant sans ambages : "Moi je trouve que tu t'en fais trop. C'est plutôt avantageux que tu réagisses ainsi quand tu te sens mal dans ta peau. Ça me permet de me goinfrer à mon goût." C'est effectivement une façon de voir les choses. Je ne suis pas certaine cependant que cela soit bon pour le tour de taille. M'enfin.

J'ai tout de même fermé mon resto à un moment donné (je n'avais plus de farine) et je me suis calmée. Après une nuit reposante, j'étais prête pour mon lundi, ma journée désormais préférée. Aujourd'hui, je n'ai pas trouvé d'ex-collègue disponible pour prendre un café avec moi. Je me suis donc attablée à un Tim Horton (pas aussi bien équipé en pâtisseries que le mien) et j'ai poursuivi ma lecture d'un livre de Benoîte Groult intitulé Mon évasion. Je savais uniquement de Benoîte qu'elle était une féministe reconnue. J'ai donc tout appris sur son cheminement et j'ai beaucoup aimé la façon dont elle raconte sa vie. J'en ai extrait les deux notes littéraires ci-dessous qui m'ont tiré un sourire parce que tellement près de ma façon de jouer mon rôle de mère.

À la demande de la Nièce littéraire qui aime ces nouvelles notes, je vous les présente sous le format habituel.
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Notes littéraires : En parlant de sa difficulté à imposer des règlements à ses enfants, Benoîte avoue ainsi son impuissance - "Faire peur, quel rêve! Je connais des femmes plus douces que moi mais dont chaque ordre est exécuté sans broncher. Et avec bonheur qui plus est, car au fond les enfants aiment autant obéir que désobéir, à condition qu'ils n'aient pas l'occasion d'hésiter. S'ils décèlent la moindre hésitation dans votre voix, c'en est fait de vous. Je n'ai jamais su être assez ferme..."

Comme je me suis passée souvent cette réflexion en constatant moi aussi à quel point certains parents étaient sévères et exigeaient (et obtenaient) plein de choses de leurs enfants. Bon, je trouvais aussi qu'ils exagéraient parfois. Je n'ai jamais été partisane de l'obéissance type militaire et je n'ai jamais eu la ténacité nécessaire pour remplir des tableaux, coller des bonshommes sourires et récompenser le plus petit effort accompli par le Fils et la Fille. Je choisissais mes batailles pour égoïstement économiser mon énergie. En ayant moins de choses à surveiller, j'arrivais plus facilement à obtenir des résultats. Puis, quand ils ont vieilli, le Fils et la Fille m'affrontaient de temps à autre et ne se gênaient pas pour remettre en question mes préceptes, principes et valeurs. C'est une époque où j'ai beaucoup appris parce que j'ai accepté de me remettre parfois en question. Cela m'a permis de faire le ménage dans les affaires que je traînais depuis longtemps sans me demander si elles étaient encore pertinentes et valables. Ah! et puis, pour tout vous dire, j'étais pas mal fière de constater à quel point ils savaient ce qu'ils voulaient et je ne détestais pas les voir me proposer des chemins différents de ceux que je connaissais. Je ne le disais pas tout de suite mais, après une bonne discussion, je réfléchissais et je me rendais à leurs arguments même si cela voulait dire que mon coeur de mère allait souffrir. À cet égard, je laisse le dernier mot à Benoîte :

"Après tout, l'affrontement, ce n'est pas nécessairement quelque chose de néfaste. Comme dans les rapports entre parents et enfants, on se libère d'autant mieux qu'on peut s'opposer."

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