mercredi 7 décembre 2011

Être ou ne pas être malade

Vous me connaissez maintenant. Ainsi, vous ne serez pas surpris si je vous apprends que, souffrant toujours du même virus tenace, j'aie décidé d'organiser une inspection surprise à l'hôpital le plus près dans la nuit de lundi à mardi. Histoire de vous présenter un compte rendu de l'état de notre système de santé, quoi!

J'ai donc quitté la maison vers les trois heures du matin sans même avertir l'Homme que je me sentais au bord de l'abîme. J'ai pensé qu'il était bien chanceux, lui, de pouvoir dormir et je l'ai laissé dans les bras de Morphée. J'ai éprouvé cependant un léger remords en constatant que la Reine-Marguerite semblait me regarder d'un oeil désapprobateur après que je l'aie gentiment poussée afin de me préparer pour mon escapade nocturne. Mais l'anxiété a été plus forte. Devrais-je quand même vous préciser que j'ai eu un réflexe sain en m'habillant une première fois et, constatant le geste stupide que je m'apprêtais à poser, que je suis retournée me mettre en pyjama? Pour une demi-heure peut-être. Jusqu'à ce que ma compagne inséparable me pousse finalement à réaliser mon inspection.

Je suis donc partie en voiture dans les rues désertes. Je voudrais toujours conduire quand les rues sont désertes. Ce serait tellement plus facile pour moi qui n'aime pas particulièrement me retrouver derrière le volant. M'enfin. Quand je suis arrivée dans le stationnement de l'hôpital, il tombait une petite neige. C'était vraiment beau. Mais je ne devais surtout pas me laisser séduire par la magie de la poudre blanche et je me suis dirigée tout droit à l'urgence. Je ne sais pas pourquoi j'espérais que l'endroit soit aussi désert que les rues. En même temps, s'il l'avait été, comment aurais-je pu mener à bien ma mission?

Une soi-disant amélioration avait été apportée depuis mon dernier séjour : il faut maintenant prendre un billet pour obtenir le droit de passer au triage. On n'arrête pas le progrès! Après avoir pris un numéro, le malade doit se diriger vers une première salle d'attente. À un moment donné, l'infirmière l'appelle pour lui donner une cote de priorité... qu'elle ne lui révèle pas. Par contre, lorsqu'on se rend compte après presque dix heures que l'on se trouve toujours dans la deuxième salle d'attente, on n'a pas besoin d'être un disciple d'Esculape pour déduire que notre cas ne suscite aucune inquiétude immédiate. Je savais en partant de la maison que ce serait mon sort. Heureusement, je ne suis restée que quatre heures sur ma chaise droite. Mais 240 minutes, c'est suffisant pour avoir le temps d'observer, surtout lorsque notre nous-même n'est pas sous observation.

Une chose par contre n'avait pas changé : la convivialité qui se développe presque automatiquement entre les patients en attente. C'est quand même une phénomène intéressant. Tu arrives dans une salle bondée où tu ne connais personne et, après un certain temps, tu surveilles la place de celui qui s'en va fumer dehors au cas où on l'appelle pendant sa pause-santé ou tu t'en vas chercher un verre d'eau pour celle qui vient de vomir dans la poubelle. Une véritable entraide se manifeste. J'ai vu notamment une mère qui accompagnait sa fille s'enquérir auprès du médecin, une fois que leur tour est enfin venu, de la raison pour laquelle l'homme qui avait reçu un bloc de béton sur la tête se trouvait toujours dans la salle d'attente. Elle est venue ensuite lui rapporter cette réponse laconique : "Tu n'es pas considéré comme urgent." Et les confidences pleuvent, aussi bien sur les malaises que sur les détails plus personnels. Vraiment, après un bout, on souhaite presque que notre tour ne vienne jamais pour éviter d'avoir à laisser nos nouveaux amis. En tout cas, j'ai pu passer ma nuit et mon anxiété. À 8 h, j'ai décidé de traverser la rue pour me rendre à la clinique. Autre salle d'attente, mais sans le côté amical. Au moins, j'ai pu y être examinée... pour la troisième fois en six semaines.

Et pour finir cette saga, imaginez-vous que j'ai appris cet après-midi que je souffrais en fait du virus de l'année dernière! Oui, oui. C'est l'acupunctrice qui me l'a dit. Elle était surprise que j'aie pris autant de temps à l'attraper. Comme je lui confiais que mon calvaire avait maintenant pris la forme d'une sinusite, elle m'a formulé cet encourageant encouragement : "C'est bien, c'est le dernier stade avant la guérison!" Que Saint-Sébastien, que je crois être le saint patron des acupuncteurs parce qu'il est aussi celui des archers, l'entende!

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