dimanche 18 décembre 2011

Éviter la "surnôwellisation"

Voilà qui n'est pas évident. Et pourtant, je m'efforce de vivre le Noël le plus vert possible. Tout d'abord, côté décoration, je laisse les arbres dehors et je me contente de monter dans le salon mon petit village composé de la crèche fabriquée par l'Homme-bricoleur et des maisons en carton provenant directement de ma tendre enfance. Je m'assure ensuite de ne pas abuser des lumières pour empêcher Hydro de faire faillite. Enfin, je réutilise à l'extérieur les graminés toujours dans l'immense pot qui se trouvait dans l'entrée, pot qui a été déplacé dans la cour arrière pour l'occasion. L'Homme a ajouté un projecteur, et j'ai planté quelques branches lumineuses au travers du feuillage. Tadam! Décoration de saison instantanée et passablement écolo. J'oubliais. L'éclairage s'éteint tous les soirs à heure dite grâce à la minuterie.

Je suis donc pas mal fière de moi. Restent les cadeaux. Grâce à l'indignation de la Fille, c'est une coutume que nous avons bannie depuis quelques années. Pour quand même agrémenter la soirée du Réveillon, nous achetons chacun un cadeau d'environ 20 $ et nous jouons à l'encan chinois. Nous changeons de thème selon les années. Nous avons eu droit au cadeau "noir et blanc", au cadeau "produit du terroir" et au cadeau "culture québécoise". Cette année, c'est le cadeau "petite douceur". Je n'ai pas eu le choix. J'ai dû me rendre au centre commercial. Misère.

Le stationnement débordait même en plein vendredi après-midi. Coudonc, tout le monde es-tu à la retraite? Après quelques viraillages, j'ai réussi à trouver un espace à l'autre bout du monde, mais qu'importe puisque je ne suis pas encore impotente! Rappelez-vous. Je n'ai qu'un seul cadeau à acheter. Malheureusement, la parcimonie ne me réussit pas. Je ne peux en effet échapper à l'obligation de parcourir les allées et de me frayer un chemin parmi la cohorte de magasineurs déchaînés. Les pôvres! Ils tiennent la liste d'une main et la carte de crédit de l'autre. Ils entrent et sortent des boutiques à pleine vitesse, ils comptent sur leurs doigts pour être certains de n'oublier personne, ils parlent au téléphone pour demander une énième fois c'est quoi encore la dernière bébelle électronique que les enfants voulaient. Je suis un peu découragée de constater que les lignes les plus longues aux caisses se retrouvent au Magasin du dollar! Est-ce cependant si étonnant quand on connaît le taux d'endettement des ménages canadiens? Il a atteint dernièrement un sommet de 153 %. Ça fait peur, non?

Bon, bon. La curiosité vous titille-t-elle? J'arrête de vous faire languir. Oui, j'ai acheté ma petite douceur. Prix avec taxe : moins de 20 $. J'ai aussi trouvé deux chandails en vente que je vais pouvoir porter lorsque je bénévole. Prix avec taxe : moins de 40 $. Malgré tout, j'ai succombé à la caisse en acceptant d'acheter deux couvertures molletonnées pour le prix d'une, soit 6 $. Je crois que c'est parce que j'avais trop respiré le fameux parfum de Nôwell qui embaume (empeste?) le centre commercial au complet. J'avais les narines remplies de cannelle, de clou de girofle et de sapin. L'odeur de Nôwell m'habitait. Mon cerveau était passé en mode réjouissance. À la vendeuse, j'ai répondu : "Ho! Ho! Ho!, pourquoi pas? On n'a jamais trop de couvertures douces dans une maison. Où est-ce que j'insère ma puce?"
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Notes littéraires : J'ai terminé ma lecture de Benoîte. Je vous laisse avec une dernière citation qui explique la raison pour laquelle je n'arrive plus le matin à rabattre rapidement les couvertures pour me lever juste sur une ripompette comme je l'ai fait pendant si longtemps : Vieillir, il faut l'admettre, c'est aussi perdre la beauté du geste. On s'éloigne de plus en plus du mouvement idéal, celui qui joint la précision à l'économie. Peu à peu les gestes perdent de leur spontanéité : ils tiennent plus de la gesticulation, butant sur une limite douloureuse, cumulant l'inutile et le maladroit. Ce n'est pas tant la beauté de la formule qui m'émeut que son incroyable justesse.

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