dimanche 10 mai 2009

Bonne fête des mères ma petite maman

"Je n'ai plus de mère!", c'est la première phrase que j'ai dite à l'Homme quand je suis revenue de l'hôpital. M'entendre prononcer une telle énormité me glaçait les sangs. Et pourtant je n'avais pas le choix de m'y habituer car c'était dorénavant ma nouvelle réalité.

J'avais quarante-deux ans moins quelques mois. C'était trop tôt pour moi. J'avais encore tant de choses à vivre avec elle, tant de caresses à lui faire, tant de "je t'aime" à lui dire. Heureusement que je n'avais jamais hésité à lui faire part de l'immense amour que je lui vouais. Comme ça, au moins, j'ai évité les regrets qui accompagnent parfois des départs aussi douloureux que la perte d'une mère.

De quoi je m'ennuie? De sa bonne humeur. Maman aimait la vie. Elle aimait rire et elle aimait faire rire. Elle s'enthousiasmait facilement. Je me souviens d'une fois où elle avait participé à un tournoi de golf sans aucune conviction de gagner quoi que ce soit. Elle prétendait toujours que cela ne lui faisait rien de ne pas être la meilleure mais je savais bien que le goût de gagner courait dans ses veines. Elle est revenue cet après-midi-là, les cheveux tout mouillés et aplatis sur la tête à cause de la pluie (quelque chose qu'on ne voyait jamais chez maman qui allait chez le coiffeur toutes les semaines), mais avec le sourire fendu jusqu'aux oreilles. Elle avait gagné! J'ai une photo d'elle, triomphante, les bras dans les airs, juste avant qu'elle ne se prépare à aller chercher son trophée. Elle était tellement belle.

Je m'ennuie aussi de nos longues séances de magasinage. Quand j'étais en visite à Arvida, nous prenions toujours une journée pour aller dans les magasins. Nous partions tôt le matin. C'est maman qui conduisait. Elle stationnait invariablement près de la même porte. "C'est plus facile pour se retrouver", disait-elle. Et nous déjeunions ensemble. Je voulais payer ma part. Elle ne voulait jamais. Après, même si les magasins n'étaient pas encore ouverts, elle insistait pour que l'on se promène dans le centre commercial pour examiner les vitrines. Nous faisions du repérage. "Comme ça, nous allons savoir tout de suite où nous diriger quand les magasins vont ouvrir". Moi je trouvais qu'elle avait de bonnes idées et je la suivais avec plaisir. En fait, nos escapades de magasinage, c'était surtout de bonnes excuses pour avoir du temps juste pour nous. Nous parlions souvent plus que nous ne dépensions.

Je m'ennuie de nos longues conversations téléphoniques. C'était bien avant que les interurbains ne coûtent à peu près rien. Nous avons sans aucun doute contribué à la prospérité de Bell Canada car nous ne pouvions passer plus de deux jours sans nous donner des nouvelles. Nous avions rarement des choses extraordinaires à nous raconter mais, en partageant notre quotidien, nous avions l'impression d'être un peu moins loin. J'ai tellement souffert de la distance qui nous séparait. Comme j'aurais voulu l'inviter à prendre un café ou à partager un repas. Mais il fallait toujours attendre les congés, Pâques, Noël, les vacances d'été, la Trinité!!! Moi j'aurais voulu la voir quand j'en avais envie.

Mais c'est sûr que ce qui me manque le plus c'est son amour inconditionnel. Pour maman, j'étais la meilleure, la plus intelligente, la plus belle, la plus fine. Je n'avais jamais tort. C'était le monde entier qui se trompait. Et elle était évidemment comme ça avec mes deux soeurs. Cet amour démesuré, c'était notre maman. Pour elle, nous étions tout. Et pour nous, elle était tout.

Quelqu'un m'a déjà demandé un jour : "Est-ce que ça aide d'écrire ce genre de choses?". Pas pour combler le vide, c'est sûr. Mais pour garder la mémoire, c'est très important.
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Bonne fête des mères à toutes les mamans avec une pensée spéciale pour mes deux soeurettes qui sont des mères exceptionnelles, et une union de coeur avec une maman coréenne et une maman chinoise qui ont aimé leur enfant plus qu'elles-mêmes.

3 commentaires:

  1. Il est tooujours trop tôt pour perdre sa maman, cela laisse un vide immense impossible à combler mais aussi une montagne d'amour et de tendresse accumulés. Une chance qu'il y a la montagne qui me permet de donner à mon tour plein d'amour à mes 2 amours!
    Bonne fête des mères!
    xxx

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  2. Bonne fête des mères ma chère Marcheuse!!!!
    Moi ce matin j'ai invité ma mère à venir déjeuner chez moi. Des bonnes crêpes santés aux bleuets et des ''puffs'' aux oeufs et bacon (une petite invention bien plaisante que j'ai essayer). C'était super plaisant de passer du temps avec elle! J'espère que tu vais avoir du bon temps avec tes enfants aussi!! Bonne journée!

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  3. Bonne fête des mères à vous deux XXX Je viens d'avoir mon dernier voeux en direct de Paris et j'avoue que je l'attendais avec impatience. Notre parisienne a allumé un lampion à la cathédrale d’Amiens pour notre mère chérie. Je vous embrasse, Mic.

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