dimanche 19 décembre 2010

Le Noël des femmes

Vous connaissez Denise Bombardier? Journaliste, écrivaine et grande admiratrice de notre Celine "pas d'accent aigu" nationale. Elle tient chronique dans le journal La Presse la fin de semaine. Je la trouve pédante, hautaine, prétentieuse. Elle semble toujours vouloir abreuver de ses connaissances et de son savoir infini le pauvre peuple, c'est-à-dire nous, ignorants lecteurs. Je n'aime pas particulièrement son attitude d'intellectuelle "après moi le déluge". Voilà pourquoi je ne la lis pas régulièrement.

Hier, toutefois, je suis pour une fois tombée d'accord avec une partie de sa réflexion sur la fête de Noël. Denise prétendait donc que la naissance de l'Enfant et, surtout, toutes les célébrations et les ripailles qui l'entourent, tombent inévitablement sous la responsabilité des femmes. Ce sont elles qui prennent charge des rencontres de familles, de celles qui réussissent comme de celles qui échouent lamentablement. Ce sont elles encore qui se passent le flambeau de grands-mères à mères, de mères à filles, avec les recettes qui viennent avec l'art de recevoir.

Quand j'ai lu ça, il y a eu comme un déclic dans ma tête. Je me suis dit : "C'est drôlement vrai que c'est à nous, les femmes, qu'incombe de rendre ce temps de l'année féérique et magique." Toute une responsabilité. Et nous la prenons sur nos épaules sans trop nous en apercevoir. Au début, on aide simplement notre mère. On participe à la confection des recettes, au service à la table, à la décoration de la maison, à l'envoi des cartes de Noêl, à l'emballage des cadeaux. Puis, un jour, on fait tout ça et on s'occupe en plus de choisir les recettes, d'acheter les ingrédients, de cuisiner les plats, de décider du contenu et du nombre de cadeaux à acheter, de renouveler l'art d'envelopper les présents et de jouer à Houdini pour les cacher des enfants jusqu'à la Grande Nuit, d'organiser le réveillon, de lancer les invitations, de planifier la disposition des places autour de la table jamais assez grande, de penser à offrir un petit quelque chose à tous ceux pour qui on devrait le faire en vertu de conventions qu'on ne connaît pas mais qu'on apprend à maîtriser sur le tas, de choisir les vêtements que toute la famille va porter pendant les festivités et de magasiner au besoin pour remplacer le pantalon propre devenu trop petit ou la paire de souliers trop usés, d'assister aux spectacles des enfants à la garderie et à l'école, aux récitals de piano ou de danse, de préparer la maison pour recevoir les invités, et de faire bien plus encore sans jamais avoir trop le droit de se plaindre et d'être fatiguée.

"Un instant!", s'est insurgé l'Homme quand j'ai commencé ma litanie, "ce n'est pas vrai que tu fais ça toute seule. Je t'aide continuellement." C'est vrai, je le reconnais. Et c'est justement de ça dont je m'ennuie parfois. Simplement aider. Comme je le faisais avec ma mère quand c'est elle qui voyait à tout. Mais comme je ne me rendais pas compte à ce moment-là des innombrables détails entourant la logistique de cette grande fête! Cela semblait si facile. Un coup de baguette magique de la fée de la maison et ça y était : le sapin brillait et trônait tel un pacha au-dessus d'une montagne de cadeaux enrubannés, et tout le monde s'amusait en se bourrant la face dans la bonne bouffe de saison.

Je ne peux tout de même pas briser la tradition. Aujourd'hui, j'ai ajouté une douzaine de muffins aux bleuets avec garniture streusel aux amandes, cinquante biscuits aux deux chocolats et une quarantaine de bouchées au fromage au boeuf bourguignon, aux carrés au citron et aux fèves au lard déjà dans le congélo. J'ai eu l'aide de l'Homme pour la vaisselle... et pour la dégustation des desserts. Après tout, il ne faudrait pas empoisonner un invité. Et, à partir de demain, je m'adjoins l'aide du Fils qui va confectionner avec moi les raviolis chinois. Je demeure en charge des manoeuvres mais, au moins, j'ai du renfort!
_______________________
Notes pédestres : Il faisait ce temps d'hiver où on pourrait rester dehors indéfiniment. Tout naturellement, les gens s'attardaient d'ailleurs à échanger plus longuement que le simple bonjour rapide des périodes froides de la saison. Les trottoirs n'étaient cependant pas dégagés et la sloche rendait les pas plus ardus. D'un autre côté, l'entraînement n'était que plus méritoire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire