mardi 12 janvier 2010

Des maux et des dents

Je suis allée chez le dentiste aujourd'hui. Une de mes activités préférées que je place pas très loin derrière la mammographie. Je plaisante. C'est évidemment moins pénible et moins douloureux la fraise du dentiste.

Peu importe. Chaque visite dans ce cabinet me permet de pratiquer mes techniques de gestion du stress. Je ne sais pas pourquoi je dis ça puisque je n'en ai pas vraiment ou, pour être plus précise, je n'en ai aucune qui fonctionne. Je me suis donc retrouvée sur la chaise honnie avec le coeur qui battait tellement fort que je pensais qu'il était pour me sortir de la poitrine. Et il faut bien donner le change. Alors, à la question de l'assistante du dentiste qui s'enquérait de mon bien-être, j'ai évidemment répondu que j'allais très bien. Et avec un sourire à part ça. J'avais presque l'air sincère, vous savez. Presque.

N'empêche. Pendant que la gueule me gelait et que je me retrouvais seule sur la chaise honnie avant que la fraise ne se mette au travail, je ne sais pas pourquoi mais je me suis soudainement rappelée de mon premier dentiste. Jusqu'à cette heure où je vous écris, je n'ai pas encore réussi à me souvenir de son nom (je suis sûre que l'une des deux soeurs va pouvoir m'aider à combler cette perte de souvenance momentanée. La soeur Psy a déjà sans doute sa théorie à ce sujet. Mais je digresse, comme à l'habitude). Mon premier dentiste donc. Je ne me souviens pas de son nom mais je vois très bien sa face par contre. Il était vieux, du moins dans mes souvenirs embrouillés, et il avait une grosse verrue dans le visage. Ajoutez à cela qu'il fumait, qu'il avait les doigts jaunis par la nicotine et qu'il n'utilisait évidemment pas de gants avant de nous fouiller dans la bouche. Ce genre de protection n'était pas encore à la mode. J'aurais bien aimé en tout cas que le masque ait fait son entrée dans son bureau. Cela m'aurait évité bien des cauchemars!

Bon, bon, la fraise est à l'oeuvre. Que disais-je donc? Ah! oui, mes cauchemars dentaires. C'est que, en plus, je trouvais l'endroit où il pratiquait absolument sinistre. Je détestais le petit immeuble où il rangeait sa fraise (hum... il me semble que je fais dans un autre registre ici. Ce doit être le zigonnage des instruments dans ma bouche), un petit immeuble d'affaires des années 50, brun, en briques brunes laides (essayez de prononcer ces trois mots rapidement, c'est pratiquement impossible, surtout avec la gueule gelée). L'optométriste pratiquait dans le même immeuble, en briques brunes laides. Et je ne l'aimais pas plus que le dentiste, mais pour d'autres raisons.

Ça y est. On entame la partie que je trouve moins pénible, j'ai nommé le remplissage du trou (voilà que je change encore de registre. Vraiment, c'est devenu une manie). Mais je n'ai pas fini l'évocation de mon souvenir dentaire. Ce qui m'est surtout resté de la disposition des lieux, c'est le fameux lavabo rond en porcelaine blanche dans lequel il y avait un petit tuyau qui laissait continuellement échapper de l'eau et qui se trouvait à la gauche de la chaise. Quand le dentiste lâchait finalement sa fraise, il terminait invariablement par ses mots : "Crachez, s'il vous plaît". Et là, c'était l'humiliation à coup sûr. Car comment cracher correctement avec la gueule gelée? Je n'arrivais jamais à diriger convenablement ma salive vers le fameux lavabo et je dégoulinais de la bouche sur ma belle bavette en papier. Je vous le dis, l'humiliation. Une chance que ce dentiste était laid. Et vieux. Et qu'il avait une verrue.

C'est fini. J'ai été assise sur la chaise à peine une demi-heure. Mon nouveau dentiste est jeune. Il ne fume pas. Il n'a pas de verrue non plus. Ni de lavabo. Et sa fraise ne touche pas. Elle effleure. À peine. Je crois que je suis encore gelée. Ça aussi, ça devient une manie.

3 commentaires:

  1. Mes souvenirs ressemblent aux tiens surtout en ce qui a trait aux doigts jaunis et à l'haleine de fumeur, dégueulasse!!! Et surtout le même blanc de mémoire concernant le nom de ce cher dentiste. Après la folie à deux il y a maintenant l'amnésie collective!

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  2. Je viens de résoudre notre problème d'Alzheimer grâce à notre papa : il s'agissait du Dr Lévesque. Je ne sais pas si je me porte mieux maintenant que je sais son nom. Il me semble plutôt que les souvenirs reviennent plus fort. Au secours docteur!

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  3. Beurk, moi aussi je hais les dentistes! Et j'y vais la semaine prochaine :(
    J'ai été plutôt traumatisée par l'arrachage (parce que c'est bien de cela qu'il s'agit) de mes dents de sagesse. brrrr

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