samedi 18 avril 2009

Des animaux et des hommes

Triste statistique dans le journal d'aujourd'hui : il paraît que Montréal compte maintenant plus d'itinérants que de chiens errants. Inutile de vous dire que les hommes ne sont pas mieux traités que les bêtes. D'ailleurs, la chroniqueuse Chantal Guy termine son propos en affirmant que c'est justement parce que l'on traite les hommes comme des chiens qu'elle aime les chiens.

Cette phrase m'a frappée. Car elle reflète bien ce qui se passe tous les jours autour de nous... si on prend la peine de regarder, bien sûr. C'est comme si la vie n'avait plus de valeur. Ou, plutôt, c'est comme s'il n'y avait qu'une seule sorte de vie qui comptait. Celle qui se joue à cent mille à l'heure, celle qui prône la jeunesse éternelle avec tout ce que cela peut comporter de botox et d'entraînement intensif, celle qui ne pense qu'à soi et qui se fout donc des autres.

Je vous donne un exemple animal. Dans mon quartier, ce sont les chats errants qu'on voit en plus grand nombre qu'avant. Je nourris été comme hiver ces petites bêtes apeurées, maigrichonnes, au poil tapé ou à l'oeil infecté. Elles ont vécu une expérience tellement traumatisante dans la compagnie des hommes qu'elles ne font plus confiance à personne. Et pour cause. Notre voisin a déjà déclaré à l'Homme, pour nous faire part de son mécontentement de nous voir donner un peu de répit à ces animaux abandonnés, qu'il n'hésiterait pas, dans le cas où l'une de ces bêtes s'aventurerait sur son terrain, à l'attraper pour la mettre dans un sac et ensuite lui fracasser le crâne sur l'asphalte! Et il était sérieux. D'ailleurs, ce même voisin, pour tenter d'éloigner les chats des fenêtres de son sous-sol, passe l'été à respirer l'odeur des boules à mites dont il tapisse littéralement le dessous de sa galerie. Ça pue à un tel point que j'ai de la difficulté à travailler dans mes fleurs lorsque je suis près de sa pelouse.

Et voici une autre réaction édifiante face à la gent animale. J'ai entendu, dans le salon de coiffure, quelqu'une qui exprimait haut et fort sa haine des oiseaux, ces horribles volatiles qui osaient par leurs chants la réveiller soi-disant trop tôt le matin. Elle avait suggéré à son mari d'utiliser une carabine à plomb pour les éloigner de ses fenêtres. Elle avait aussi songé à faire abattre l'arbre sur les branches duquel les oiseaux se perchaient pour mieux détruire sa vie!

C'est là où nous en sommes. Tout le monde doit être beau, tout le monde doit être gentil. Et personne ne veut se faire déranger. On comprend donc mieux pourquoi des bébés qui pleurent trop longtemps se font tabasser, pourquoi certains enfants sont battus ou négligés, pourquoi les itinérants sont chassés des endroits où ils trouvent un peu de chaleur l'hiver quand les endroits en question sont fréquentés par les gens biens et pourquoi des personnes âgées sont oubliées seules dans leur petit appartement.

Dis-moi comment tu traites les êtres autour de toi et je te dirai ce que vaut ta vie.
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Notes pédestres : J'ai eu recours à la technique de la bulle aujourd'hui pour oublier mon genou et, contrairement à hier où j'avais écouté les tounes d'Atreyu, je me suis branchée sur le metal plus hard de la dernière livraison du Pusher. Cette fois, j'ai pu me donner à fond et j'ai été emportée par Alexisonfire/This Could Be Anywhere in the World. C'est vrai qu'il y a une progression dans l'écoute du metal. Je suis totalement accro à cette musique qui vient t'arracher les tripes!

2 commentaires:

  1. Je connaissais bien ta verve verbale, ton art de raconter qui nous faisait dire aux collègues de travail que tu pourrais facilement devenir humoriste. Ce qui n'est pas exclu après tout. Maintenant je découvre en toi une adresse littéraire qui dépasse largement notre prose épistolaire de fonctionnaire. Je partage bien des thèmes que tu abordes mais serais-je capable de me dévoiler autant que tu le fais sans pour autant trop piquer la curiosité ? Je vais te suivre dans tes pérégrinations urbaines afin de te découvrir davantage.

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  2. Merci de me suivre dans mes aventures...réelles ou pas. C'est ça le parcours de la Marcheuse urbaine. Elle avance dans des sentiers battus mais elle aime bien aussi se risquer à visiter des endroits moins fréquentés.

    à +

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