samedi 3 octobre 2009

Coup de poing filial

À la Fille... encore une fois

Vous savez à quel point l'Homme et moi éprouvons encore de la difficulté à voir nos oiseaux quitter le nid. Si, comme je vous le racontais plus tôt cette semaine, la nostalgie nous a totalement envahis au moment de jeter de vieux costumes d'Halloween, vous pouvez sans nul doute imaginer le drame qui se joue lorsque nous entrevoyons le moment de plus en plus rapproché où nous nous retrouverons seuls tous les deux. Sans enfants. Pour de bon.

Ce sujet revient à intervalles réguliers dans nos conversations. Pour dire vrai, nous en discutons presque tout le temps. Histoire d'arriver à digérer ces départs qui nous assomment et d'avaler un jour la pilule. Pour le moment, nous mâchouillons toujours la réalité nouvelle et éventuelle comme de bons vieux ruminants. Nous croyons sans doute à tort que, tant que nous refusons de l'avaler, la pilule ne pourra pas faire son effet. Quelle belle utopie parentale!

Alors, j'ai décidé de faire part de certaines de nos réflexions à la Fille avec qui je magasinais aujourd'hui dans l'espoir peut-être qu'elle s'apitoie sur notre sort. Comme nous prenions notre café sur une terrasse au marché, je me mets à lui raconter notre angoisse de parents bientôt orphelins. Je m'aventure même à lui mentionner que certains parents n'acceptent pas du tout le saut de l'ange des oiseaux désireux de quitter le nid.

Moi, d'un ton que j'essaie de rendre neutre : "Tu sais cette dame qui a aussi adopté une petite fille chinoise maintenant âgée de 18 ans, eh! bien elle a l'intention, parce que sa fille veut partir étudier à Sherbrooke, de louer un appartement et d'aller vivre avec elle."

La Fille, d'un ton vaguement moqueur : "Est-ce la même personne qui t'avait dit que c'était horrible que je parte pour BiCi et que je courais notamment le risque de me faire dévorer par un ours pendant mon séjour?"

Moi, déçue de sa perspicacité : "Oui."

La Fille, triomphante : "Tu crois qu'il s'agit là d'un exemple valable?"

Moi, décidée à lui faire saisir mon dilemme existentiel : "Tu sauras qu'il y a des parents qui refusent carrément que leurs enfants partent étudier à l'extérieur. Ils leur disent tout simplement de se trouver un programme dans les universités qui se trouvent autour."

La Fille, zen mais ferme : "J'espère que ces enfants disent Fuck You à leurs parents."

Moi, complètement sonnée de son aplomb : "J'imagine effectivement que c'est la réponse que ces parents méritent d'entendre."

La Fille, philosophe, rajoute : "C'est sûr que si tes parents te paient tout, tu n'es peut-être pas en mesure de faire ce genre de réponse, d'où l'importance de gagner son indépendance même si ce n'est pas facile."

J'ai immédiatement pensé à l'expérience BiCi et je me suis encore demandé comment des parents-poules comme l'Homme et moi avions pu élever des oiseaux aussi libres. En tout cas, si les poules ne volent pas, les oiseaux asiatiques, eux, piquent droit vers le soleil!

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