samedi 8 mai 2010

Des chiffres et des lettres

Hier, je vivais une journée marathon. C'était mon vendredi de congé et, voulant être la plus efficace et efficiente possible, j'avais littéralement rempli mon carnet de bal. J'avais donc trois rendez-vous à respecter, et ce, à partir de 9 h le matin. Pour me mettre dans l'ambiance mentale voulue, j'ai enfilé mes espadrilles pour bien me rappeler que je devrais sans doute courir pratiquement toute la journée.

Si vous avez lu mon message précédent, vous savez déjà que j'avais commencé ma journée par le coiffeur. Comme je vous le disais aussi dans mes notes pédestres, j'avais décidé, toujours pour ajouter à mon incroyable désir de performance, de marcher pour me rendre chez le faiseur de miracles. Par conséquent, quand je suis ressortie de ma transformation capillaire, il était 11 h. Le temps que je retourne à la maison, il était presque midi. Mon prochain rendez-vous était à 13 h. Je ne fais ni une ni deux, je prends la voiture et je me rends derechef à la banque.

Je voulais depuis un bout m'ouvrir un compte d'épargne. Mais je n'arrivais jamais à trouver le temps de remplir les formalités nécessaires. Il me semblait que c'était le moment rêvé. Je me présente donc à la réception et fait part de ma requête au préposé. Apparemment, tout n'est pas si simple que je le pense. Je dois notamment rencontrer un conseiller pour ouvrir ledit compte. De plus, je dois aussi prévoir au moins une quarantaine de minutes pour devenir une nouvelle épargnante. Je regarde l'heure. Midi cinq. Un conseiller est disponible. Je tente le coup. Je dois cependant m'asseoir sur un beau fauteuil rouge et attendre que l'expert m'appelle.

Je ne suis pas assise. Je frétille sur le bout du fauteuil en jetant un coup d'oeil sur ma montre aux trois secondes et demie. À midi dix, je n'en peux plus. Je retourne au comptoir et fait part au préposé de mon désir de quitter et de revenir un autre jour. Évidemment, c'est à ce moment que se pointe le conseiller. Il m'affirme qu'il peut répondre à mes désirs dans le laps de temps dont je dispose. Il a l'air de savoir de quoi il parle. Je le suis donc dans son bureau.

Naïvement, je pensais qu'il n'y avait qu'un seul modèle disponible pour l'épargne. J'errais une fois de plus. Comme je n'avais pas le luxe d'entendre un exposé élaboré sur l'éventail des produits offerts, j'ai rapidement éliminé tout ce qui avait l'air le moindrement complexe. Le conseiller semblait d'accord avec mon choix. Malgré tout, j'ai dû répondre à des questions pour lesquelles j'arrivais très difficilement à formuler un semblant de réponse. Par exemple, je ne me souvenais plus de mon salaire. J'ai donné un montant approximatif. Le conseiller, devant mon désarroi, m'a dit : "Ne vous en faites pas, je dispose d'une marge. Je vais inscrire entre 50 000 $ et 100 000 $." Ça me convenait. Ensuite, il fallait que je détermine ma valeur familiale. Comme je ne comprenais absolument pas de quoi il s'agissait, mon brave conseiller a dû me fournir quelques explications qui ne m'intéressaient pas vraiment. Mais il fallait que j'arrive à déterminer cette fameuse valeur. J'ai écouté poliment et proposé un chiffre. Merci la marge salvatrice!

Il n'y avait pas que des questions. Il y avait aussi des formulaires à remplir et des énoncés à comprendre. Mon patient conseiller entreprend cette nouvelle tâche en me confiant : "N'ayez crainte. Je peux répondre pour vous." "Voilà qui est parfait", me dis-je, surtout qu'il était maintenant midi trente. J'ai initialé des choses et signé mon nom à deux ou trois endroits. Quand il a voulu me parler de l'effet de levier et qu'il s'est rendu compte qu'absolument rien ne levait dans ma tête, il a soupiré : "Vous n'êtes vraiment pas chiffres vous, n'est-ce pas?". Ce à quoi je lui ai fait remarquer : "Si vous vous souvenez bien de ma réponse au sujet de l'emploi que j'occupe, vous devriez maintenant avoir compris que les chiffres, je n'en ai cure".

Il a rempli son mandat. Et moi le mien. À midi cinquante, je quittais la banque avec sa carte d'affaires dans mon portefeuille et un numéro de téléphone que je dois composer si je veux effectuer des transactions dans mon nouveau compte où je vais déposer des liquidités pour des besoins à court terme de moins d'un an... ou quelque chose comme ça. En tout cas, je veux le revoir pour planifier ma retraite. Cette fois, je vais prévoir une heure. Ce devrait être suffisant pour quelqu'un qui n'est pas chiffres...
_____________________
Notes pédestres : Il faisait froid. J'ai dû sortir mes pantalons de nylon que je m'étais juré de ne plus porter avant l'hiver prochain. J'endurais mon manteau d'automne et mon foulard. Au moins, il ne neigeait pas!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire