lundi 3 mai 2010

Les mots qui, comme les miroirs, réfléchissent

Glanées dans le cours de ma lecture du journal Le Devoir, édition du samedi 1er mai et dimanche 2 mai, deux citations qui m'ont particulièrement touchées. Tout d'abord, un extrait du livre L'équilibre des requins de l'écrivaine italienne Caterina Bonvicini :

"Quand je suis heureuse, j'ai peur. Quand je souffre, j'ai peur. Quand je ne ressens rien et que je n'ai peur de rien, je sais avec certitude que j'ai perdu l'équilibre."

Dans mon cas, je dirais que les deux premières affirmations s'appliquent totalement à mon vécu. Pour ce qui est du troisième constat, je finirais plutôt ainsi en parlant de moi :

"Quand je ne ressens rien et que je n'ai peur de rien - ce qui ne m'arrive à peu près jamais - je crois presque que j'ai enfin trouvé le moyen de prendre le contrôle sur ma vie. Mais cela ne dure jamais très longtemps. Les interrogations reviennent à toute allure : Et si je me trompais? Et si je ne faisais pas le bon choix? Qui suis-je pour vraiment savoir ce que je veux? Et le carrousel repart. Et sa ronde infernale aussi."

Dans plus apaisant, j'ai communié aux déclarations de Jean-Claude Vigor dans sa chronique intitulée Jardiner, c'est bon pour le moral! Il y notait entre autres avec beaucoup d'humilité que l'on commence toujours par s'agenouiller au début de la saison de jardinage, par mettre le nez quasiment dans la terre. J'imagine que la génuflexion s'impose si on ne veut pas oublier de traiter avec tous les égards qui lui sont dus cette nature trop souvent malmenée par les hommes et les femmes. Pour moi, c'est aussi en hommage à la force indestructible de la vie que l'on se doit d'adopter une attitude priante quand on commence à gratter le sol pour y découvrir avec émerveillement qu'elle a une fois de plus fait échec à la mort.

Et, tant qu'à faire dans la philosophie et le sérieux, j'ajouterais que cette proximité avec le sol qu'engendre notre activité de jardinage ne peut qu'être bénéfique puisqu'elle nous ramène à la réalité de notre commencement et de notre fin. "Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière", ça vous rappelle quelque chose? Il n'est pas mauvais de temps à autre d'être ramené à l'ordre de notre impuissance. Qu'on le veuille ou non, c'est là que tout se termine... et que tout recommence.
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Notes pédestres : Qu'il faisait bon marcher encore aujourd'hui. La chaleur bienfaisante graissait les muscles qui pouvaient se laisser aller à leur pleine mesure. Si seulement j'avais les genoux pour le faire, je crois que je trotterais davantage. C'est rendu que j'aime vraiment ça de sentir que j'ai maintenant le souffle nécessaire pour courir... même sur une courte distance. Quand on a le souffle, on a l'erre d'aller!

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