vendredi 7 mai 2010

Un autre voyage sans fumée

Vraiment, je ne sais pas comment je dois interpréter ces envolées astrales que je me paie à répétition ces derniers jours. Dois-je y voir un désir irrépressible de fuir? Sans doute. Et un besoin de lâcher prise. Tout à fait. (Tiens, ça fait longtemps que je ne l'avais pas utilisée celle-là! Comment te portes-tu expression si chère à mon coeur? Toujours aussi populaire? Chanceuse! - Sentez-vous ici la légère pointe d'ironie de l'auteur en quête de reconnaissance? Elle est subtile mais je vous assure qu'elle est là).

Bon que je revienne à ce voyage qui ne m'a à peu près rien coûté mais qui m'a permis de partir pendant une demi-heure ou peut-être un peu plus. Pardonnez-moi cette imprécision mais j'ai perdu la notion du temps pendant que j'oubliais mes soucis.

Pour ce périple, j'ai eu recours à une experte de l'aiguille. Pas une couturière qui raccommode les coeurs. Non, pas du tout. Pas une infirmière qui transperce les enveloppes cutanées. Absolument pas. J'ai appelé à la rescousse une acunpunctueuse reconnue pour sa passion irrésistible des petites pointes de métal. Le métal! Encore lui. Mais je m'égare.

Je reviens donc à la table où j'ai été épinglée de belle façon par une lépidoptériste animée des meilleures intentions. Je ne vous surprendrai pas en vous confiant qu'il faut pas mal de tiges de métal pour finalement m'immobiliser. Mais la spécialiste a réussi à le faire après m'avoir enfoncé au moins une dizaine d'aiguilles un peu partout sur le corps dont l'une dans mon ventre et l'autre en plein milieu du front.

Pourquoi dans le ventre?, vous demandez-vous en baillant si vous avez eu le courage de me suivre jusque-là dans mon délire. Tout simplement parce qu'au moment où on m'a enlevé l'utérus, on a aussi déplacé mes méridiens. Oui, oui. Je savais bien que j'aurais dû avertir la chirurgienne avant qu'elle ne plante allégrement son scalpel dans mon abdomen! Je suis certaine qu'elle aurait fait plus attention.

Alors, je suis maintenant épinglée. Ah! et j'ai oublié de vous dire aussi que j'avais le foie (et la foi aussi tant qu'à y être) engorgés. J'avais donc des aiguilles plantées quelque part pour remédier à cet embarrassant problème. Étendue, trouée, j'essaie de me détendre et de me convaincre que ce n'est pas possible que je puisse m'apercevoir de l'action des aiguilles. Et pourtant. Il me semble que je sens leur chaleur à tour de rôle. Tout d'un coup, j'entends un gargouillement dans mon ventre. Je m'interroge. Sont-ce les méridiens qui se rebiffent ou qui reprennent leur position abandonnée inopinément pour cause d'enlèvement d'organe? Non, d'après le bruit et l'endroit d'où il provient, ce sont plutôt le foie et la foi qui se vident. Et cela dure. On dirait que ça ne finira jamais. C'est qu'on en accumule de la frustration, de la colère, du ressentiment, du refoulement au fil des semaines, des mois et des années. C'est bon de faire le vide de temps en temps.

Malgré le bruit de vidange émanant de mon ventre, je me suis presque endormie. Je me suis en tout cas retrouvée dans un grand état de relaxation et de calme. Encore le plaisir de lâcher prise et de devenir pratiquement indifférente à ce qui se passait autour de moi. Tout est devenu au ralenti. Ma respiration, mes battements de coeur et mes pensées. Même lorsque j'ai été dépinglée, j'ai continué à me sentir dans un état second. J'avais l'impression d'être au Paradis. Un résultat, apparemment, de la crise de foi(e)s!
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Notes pédestres : J'ai marché en deux temps. Aller-retour chez le coiffeur. Il ventait beaucoup. Ça faisait du bien. Je capote toujours sur Atreyu.

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