jeudi 17 mars 2022

L'envers du miroir

Ce n'est pas la première fois que je me laisse séduire par les flaques d'eau et que j'arrête mes pas pour contempler le monde autrement. Aujourd'hui, c'était un de ces temps d'arrêt où j'ai marché mais en étant constamment à l'affût des images renversées qui se présentaient à moi. Ainsi, pourquoi cet immense pin a-t-il retenu mon attention? Justement, voir ce géant être contenu dans un si petit trou m'a tout de suite frappée. Comme si toute la force du monde pouvait à la fois être emprisonnée mais sans rien perdre de sa puissance. J'étais aussi intriguée par le bout de l'arbre perdu dans une autre cavité, celle-là remplie de boue. On pourrait croire que l'arbre va être éventuellement aspirée par la vase mais moi je préfère croire que les débris vont plutôt lui servir de nourriture et le rendre plus fort. Peu importe... l'image vaut le temps suspendu.
Dans ce cas, j'ai été attirée d'abord par les arbres mais, en y regardant de plus près, j'ai été surprise par l'immense butte de neige que je pouvais aussi apercevoir à l'arrière-plan, une colline brune qui transformait l'image en véritable paysage lunaire. On dirait qu'avec l'arrivée du printemps, on réalise tout d'un coup à cause de la présence de ces buttes parfois plus hautes que les maisons, que l'hiver a été long... et rigoureux. Qu'il y a eu beaucoup de neige qui est tombée. Qu'il a fallu tant bien que mal lui trouver une place dans notre vie. Qu'on pouvait bien la pelleter et la souffler mais qu'on ne pouvait pas la faire disparaître. Il fallait attendre. Patienter jusqu'à ce que le temps fasse son temps, et qu'une nouvelle saison se dessine à l'horizon. Quand même étrange que je n'ai rien vu venir. Ni l'accumulation constante des flocons, ni la façon dont ils arrivaient à se frayer un chemin envers et contre tout. Et là, ce sera encore une fois le miracle de voir fondre ces mastodontes blancs et d'assister à leur ratatinement jusqu'à ce qu'ils ne soient plus qu'un amas de roches et de sable sur nos terrains ou dans le fond d'un stationnement de centre commercial. Ouais ce gros banc de neige ne sera plus que minuscule tache blanche dans peu de temps.
Une maison à l'envers! C'est beau. Ça se peut. Tout est possible. Faut juste croire et voir. Rien de plus à rajouter.
Oeuvres d'art. Images finement ciselée. Y avait aussi des gouttes d'eau qui tombaient pendant que je n'arrivais pas à me décider quel angle choisir pour immortaliser la beauté. Je suis encore et toujours en constante admiration devant la nature qui nous entoure. Devant sa simplicité à nous démontrer qu'il n'y a pas lieu de chercher au bout du monde pour trouver la paix, la joie de la découverte, l'apaisement de contempler, le plaisir d'écouter les multiples sons de sa voix, le charme de ses odeurs. Tous nos sens sont en éveil quand on est dehors, quand on respire, quand on profite de notre chance de pouvoir marcher sans entendre autre chose que des bruits purs et non menaçants. L'envers du miroir paisible de ma promenade printannière, c'est la guerre. Je pense à toi Ukraine.

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