vendredi 17 septembre 2021

Rien à signaler sur le front

Je me suis levée ce matin avec l'envie d'écrire. Je me suis dit que ça allait passer. Mais me voilà devant l'ordi, avec pas grand-chose à dire finalement. Je me sens tellement dans un monde irréel depuis la pandémie. J'ai quitté maison, jardin et amis. J'ai été frappée par le grand C mais il ne m'a pas encore tuée. Ah oui, la COVID aussi m'a attaquée, pas trop fort heureusement. 

Alors, c'est ça. J'ai eu 66 ans lundi. C'est ma photo du soir d'avant quand je n'avais encore que 65 ans. Je suis surprise de ne pas avoir reçu la zénitude au travers de toutes ces tribulations. Bon, c'est sûr que j'ai paniqué ben raide quand j'ai appris que le vilain C s'était infiltré dans un de mes totons. Et sans que je m'en rende compte en plus. L'annonce du verdict, c'est comme à la télé. Tu recules. Dans mon cas, j'étais couchée et ce fut plutôt un déferlement de larmes sur la table d'examen devant le regard soudain désemparé de l'annonceur. J'ai réussi à me raisonner au fil des jours en me disant qu'il fallait tous y passer. La seule chose qu'on ignore c'est comment et quand. Ces spécialistes que j'espérais ne jamais voir de ma vie, ben, je les ai vus. Et ces mots que je ne voulais absolument pas entendre, ben, j'ai dû les apprivoiser et apprendre à en connaître le sens. Malgré que j'étais super bien entourée, ben, je me sentais horriblement seule. Parce que j'ai la foi, une foi inébranlable. ben, j'ai prié. Toujours les mêmes mots. Toujours le même mantra. "J'ai confiance en Toi". J'ai eu la force de passer les étapes. Maintenant il paraît que je suis guérie. Ouais. Faut quand même vérifier tous les six mois pour au moins cinq ans au cas où... 

Je devrais normalement être aux oiseaux d'être encore là. Et je le suis la plupart du temps. Je pense que je suis capable d'apprécier ma chance de vivre entourée de la Nature. Et de mes chats. Et de l'Homme. Et de presque toute ma famille. Pas de jugement, je vous prie, sur l'ordre de l'énumération précédente. Je crois à la spontanéité ici. 

Je suis déçue de ne pas me sentir comme une guerrière. Je me sens incapable de me joindre aux courses, aux groupes de soutien, aux activités organisées pour trouver un remède au maudit C. J'ai juste envie de me sauver loin et que mon nom soit rayé de la liste des malades "guéris". Je voudrais que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve et que je me retrouve comme avant. Mais je n'ai pas le choix. Je dois continuer d'avancer. Malgré la peur au fond du ventre. 

Je n'avais pas encore pu mettre des mots sur cette aventure de vie. Je crois que j'ai réussi à entrouvrir la porte pour regarder un peu ce qui me glace encore le sang. C'est drôle que j'aie eu envie d'écrire pour parler de ça. Ce doit être thérapeutique. Justement, permettez-moi de vous laisser sur ce qui me fait du bien. J'ai repris le yoga cette semaine, en vrai, pas devant un stupide écran impersonnel, non avec du vrai monde. Je fais la popote roulante avec l'Homme une fois par semaine. Je me sens remplie de faire une petite différence dans le quotidien des personnes à qui nous apportons des repas. L'art est de nouveau dans nos vies. Nous allons au cinéma, au théâtre et au concert. Un beau privilège de vibrer aux talents de ces créateurs qui nous ont tellement manqué. Et je marche souvent, presque tous les jours, et je respire la vie. Je m'attarde à contempler, à sentir, à m'arrêter pour admirer. Je me suis trouvée un nouvel ami arbre, je l'appelle le Vieux Sage. Il a une grosse bosse sur le tronc, mais il est encore là. Il a l'air en santé, oserais-je dire "guéri"? En tout cas, il fait toujours de l'ombre dans le parc. Et il me permet de caresser son écorce et de sentir son énergie. C'est important de sentir le vivant partout où il est, surtout sur le front.

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