mardi 24 mai 2011

En attendant la fin

Puisque nous sommes des laissés-pour-compte de la fin du monde, des parias du Paradis, nous nous devons au moins de jouir de toutes les parcelles de bonheur qui se présentent à nous avant que le Jugement dernier ne s'abatte définitivement sur nos têtes. Voici donc mes petits bonheurs d'aujourd'hui. Fermez les yeux pour mieux les déguster.

J'ai d'abord cru que je serais trahie par mon corps pendant le cours de yoga. C'est qu'accablée de courbatures comme je l'étais à la suite de mes récents abus de jardinière, j'étais certaine que chaque étirement, chaque position m'arracherait des cris de douleur. Comble de malaise, il y avait parmi les élèves ce midi un prof de yoga venu inspecter la salle pour peut-être éventuellement lui aussi s'en servir pour dispenser son savoir. J'avais assisté à un de ses cours il y a quelques semaines et j'avais été à même de contempler la musculature impressionnante dudit prof. Son tapis était tout juste derrière moi. Je me suis dit : "Ma vieille, c'est pas le moment d'avoir l'air d'une future retraitée rouillée." En même temps, je savais trop bien que je ne pourrais rien forcer. S'il y a un endroit où il faut respecter ses limites, c'est bien au cours de yoga. J'ai heureusement été témoin d'un petit miracle : la machine répondait au quart de tour. J'ai été agréablement surprise et j'ai décoché un sourire intérieur pour me remercier comme il se doit.

Ensuite, il y a eu une série de belles images à mon retour à la maison. Les espiègles qui se couraient après dans le bassin en tournant en rond à toute vitesse autour de la pompe. La tente de la Fille plantée dans la pelouse attendant d'être roulée et emportée en Amérique du Sud. Un petit garçon haut comme trois pommes qui apprenait à faire de la trottinette dans le parc. Les jeunes joueurs de soccer qui s'ébattaient sur un terrain sentant bon le gazon fraîchement tondu. Le vent qui soufflait juste assez pour me rafraîchir pendant que j'arpentais mes trottoirs. L'Homme qui terminait la cuisson du souper à l'instant où je posais les espadrilles dans l'entrée. Mignonne vautrée sur son pouf préféré qui offrait son ventre noir et blanc à mes caresses. La douche chaude sur les muscles endoloris. Le soir qui tombe doucement. La fraîcheur de la nuit qui se laisse déjà deviner.

Je suis prête cette fois. Prête pour une autre journée.

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