jeudi 19 mai 2011

La pâmoison, c'est pu de saison?!

Je voulais vous faire part de mes deux coups de coeur de la journée et je n'avais trouvé mieux pour rendre mes sentiments que l'expression "être en pâmoison". Comme je tiens absolument à utiliser les bons mots dans les bonnes circonstances, j'ai rapidement cherché une définition sur la fameuse Toile. Qu'apprends-je? L'expression serait surtout utilisée ironiquement et laisse supposer que la personne peut être victime d'un évanouissement, d'une faiblesse, pire, d'une syncope.

Ce n'était pas mon cas. Pourtant, c'est encore à cette heure la seule expression qui me semble convenir pour décrire la façon dont je me suis sentie en découvrant les Serres Lafleur (je sais, le nom, mais je n'invente rien). J'en avais entendu parler. C'est la première fois que je m'y rendais. Imaginez-vous qu'à environ vingt minutes de chez moi, dans le secteur "campagnard" de la ville, se trouve un endroit idyllique où l'on cultive les végétaux avec passion. J'étais en voiture avec l'Homme et la Fille. Lorsque nous avons emprunté le petit chemin qui menait à la terre promise, je ne me pouvais plus. Tout ça pour moi! Je n'arrêtais pas de m'exclamer : "Regardez, comme c'est beau! C'est absolument magnifique. Regardez, il y en a partout." J'exagérais évidemment un peu mais j'avais quand même devant moi quatre immenses serres remplies à craquer de vivaces et d'annuelles sans compter les potées qui avaient été sorties à l'extérieur pour prendre l'air. En plus, j'étais la seule cliente en cette fin d'après-midi. La jeune fille de la jardinière a d'ailleurs dû annoncer bruyamment notre présence en sortant à pleine course d'une des serres en criant : "Il y a des personnes! Il y a des personnes!"

Effectivement. Il y avait nous. Bientôt, la jardinière est venue à notre rencontre. J'étais encore tellement énervée et sous le choc de cette admirable vision que j'ai posé cette très intelligente question : "Est-ce que, est-ce que vous avez tout?" Je voulais savoir en fait si elle avait reçu toutes les plantes qu'elle aurait à vendre pour la saison de jardinage. Elle m'a regardée d'un drôle d'air comme si elle ne comprenait pas trop ma question : "Que voulez-vous dire? Je n'attends rien. Je produis tout moi-même." Stupide citadine, me suis-je qualifiée en me frappant le front intérieurement avant de m'excuser et d'expliquer que je fais habituellement affaire avec des pépinières et les producteurs du Marché By. Elle m'a dit qu'elle comprenait en me dirigeant vers l'une des serres. Plantée sur le seuil, j'étais totalement en pâmoison car je me suis presque évanouie d'émerveillement. Les couleurs. Les parfums. Les multitudes de fleurs alignées en rangées bien sages. La jardinière avait véritablement produit tout. Je lui demandais une espèce, elle m'indiquait où mettre la main dessus. Je n'en revenais pas.

Parce que j'ai été incapable de contenir ma presque syncope, je n'ai pas résisté et j'ai acheté hosta, pulmonaire, et quelques fleurs éphémères dont j'ai déjà oublié le nom. Moi qui n'ai même pas encore nettoyé les plates-bandes, me voilà avec une dizaine de plantes à mettre en terre. C'est ridicule, je le sais bien. Mais je vais avoir beaucoup de plaisir demain si le soleil est au rendez-vous.

Ma deuxième pâmoison, c'est pour mes poissons. Quand je les ai nourris pendant que l'Homme s'activait aux fourneaux pour "barbecuer" le souper, je les trouvais si mignons que je suis allée chercher mon petit banc de jardinage pour m'asseoir près de l'étang afin de mieux les contempler. Surtout les bébés. Ils viennent en groupe pour réclamer leur pitance et, à cause de leur couleur noire, ils sont surtout visibles quand le hasard les place au-dessus d'un des gros espiègles rouges. J'aime tellement les voir lorsqu'ils remontent lentement à la surface pour s'approcher des granules. Ils les bouffent, bloup, tout d'un coup et en avalent parfois deux ou trois en même temps. Pas les petits, bien sûr, mais les gros ne se gênent pas pour s'empiffrer. Ils le font cependant avec une telle grâce que je leur pardonne leur goinfrerie.

En tout cas, j'étais bien, assise sur mon petit banc. J'entendais les oiseaux. Je sentais le soleil car j'étais placée juste à l'angle d'un de ses rayons qui traversait mon érable, roi de la cour. L'Homme, un peu plus loin, s'est tout à coup penché sur le bord de la clôture pour me dire : "Tu sais à qui tu me fais penser, là, installée devant ton étang, béate d'admiration? À un enfant, un enfant devant un étalage de bonbons." Je ne sais pas pour les bonbons, mais pour l'enfant, je suis d'accord. J'étais un enfant en pâmoison.

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