lundi 4 juin 2012

Au gré de mes errances

J'ai beaucoup marché aujourd'hui. Et j'ai beaucoup essayé encore une fois de pratiquer le "rien que" dont je vous parlais dans mon dernier message. Vous savez quoi? Christophe André, l'auteur de Méditer, jour après jour, a absolument raison quand il affirme que le "rien que" est suprêmement difficile! Nous voulons constamment faire plus d'une chose à la fois et, par le fait même, nous ne vivons rien. En tout cas, moi je sais que la tête ne m'arrête pas souvent. Pendant quelques millisecondes, j'arrivais à me concentrer uniquement sur mes pas, puis sur ce que je voyais autour de moi. Millisecondes, j'ai dit. Pas plus que ça. Le reste du temps, je vagabondais dans ma tête.

Sur le bord d'un boisé où broutaient mamans marmottes et petits marmottons, j'ai soudainement pris conscience que je souhaitais intérieurement avoir la chance? le bonheur? le privilège? de découvrir aux détours du chemin un minet abandonné. Je ne sais trop c'est quoi cette obsession de vouloir à tout prix sauver l'humanité féline. En plus, je l'ai déjà fait. Est-ce que Mignonne n'a pas été rescapée des affres de l'errance grâce à moi? Elle ne se terrait pas dans un boisé mais elle se cachait dans mes arbustes. Me semble que c'est pareil, non? Bon, j'ai pris une pause d'une milliseconde pour aller caresser ma douce Mignonne installée à sa place habituelle dans mon lit.

Je reprends donc le cours de mon chemin. Qui d'autre est-ce que j'ai vu? Oui, mon gentil ami chien. Aujourd'hui, il aboyait au travers des hautes mauvaises herbes qui entourent son minuscule territoire. Je ne sais trop ce qui l'excitait ainsi. Je sais seulement qu'en entendant ma voix, même si je me trouvais encore loin, il a cessé tout de suite. Il a remué la queue et il m'a accueilli avec un grand sourire. Oui, oui, un sourire. J'aime ce chien. Je l'ai déjà dit. En m'éloignant après avoir piqué une bonne jasette, je me demandais s'il recevait de bons soins. Il est toujours dehors. Au bout de sa chaîne. Qui n'est pas très longue. Comme je me retournais pour le saluer une dernière fois, j'ai aperçu une voiture blanche qui stationnait devant la maison de mon ami quadrupède. Une jeune femme en est sortie et elle a lancé un joyeux "Salut mon chéri" en direction de mon animal soi-disant maltraité. J'ai souri. Je suis maintenant rassurée. Et je comprends mieux pourquoi il réagit aussi bien à mes douces paroles. C'est son pain quotidien.

Avez-vous déjà acheté un livre parce que vous aimiez son titre? Moi oui. Le dernier en lice : Au beau milieu, la fin de Denise Boucher. Je me suis dit que ça ne pouvait pas ne pas être bon. J'avais raison. C'est une histoire toute simple sur la vieillesse. Sur les choses qu'on sait et qu'on ne dit pas sur cette lente dégradation, cette plus ou moins longue descente aux enfers. Pas de cachette ici. Les petits et gros bobos sont étalés. Plus important encore, l'auteure n'hésite pas à aborder les frustrations qui viennent avec cet état de vie. Les renonciations. Les abandons. Avec l'humour nécessaire pour qu'on puisse mieux digérer la pilule. Une phrase, comme ça, lancée par le personnage principal qui tente de se payer tant bien que mal quelques gâteries et qui pourrait tout aussi bien parler de moi : "Je n'ai pas le budget voulu, mais j'ai toujours vécu au-dessus de mes moyens." Ouf! Je ne suis plus toute seule. Et ces vers tirés du poème Le pont Mirabeau d'Apollinaire : Vienne la nuit sonne l'heure, Les jours s'en vont je demeure." Ça donne envie de lire le tout. C'est ce que j'ai fait. "Rien que" découvrir.
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Notes fauniques : Le voisin d'en arrière s'est rendu compte ce soir que Rita la ratonne avait déménagé dans son cabanon. Je l'ai entendu proférer des menaces. Je m'inquiète sérieusement pour la petite famille. Et je bénis le ciel que mon magnifique géant puisse encore de ses branches me cacher la suite.

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