samedi 6 juin 2009

Essai timide à la zolienne (très timide)

Je manque de mots ou, plutôt, je n'arrive pas à trouver les bons. Ça m'arrive rarement, mais ça m'arrive. Ainsi, quand je vis quelque chose de très intense et de totalement nourrissant, je deviens complètement absorbée par mes sensations intérieures et mon désir d'imprimer le plus d'images possible dans mon cerveau. Si je veux ensuite partager le tout, je me retrouve devant un écran noir, version moderne de l'angoisse de la page blanche.

C'est effectivement difficile de décrire les choses simples du quotidien parce qu'elles ne semblent pas de prime abord présenter d'intérêt. Pourtant ce sont elles qui nous permettent, justement à cause de leur constance, d'apprécier le moment présent. Comment? En nous libérant de l'obligation d'avoir à noter des choses nouvelles, elles nous offrent le luxe suprême de la pleine contemplation.

C'est ce que j'ai fait aujourd'hui en me rendant au Marché By pour petit déjeuner et jaser fleurette. Je vais régulièrement au Marché. Je connais les étals. J'ai mes contacts avec certains marchands que j'apprécie plus particulièrement en raison de leur bonne humeur et de leur absolue gentillesse. C'est un endroit familier. Je me suis donc juste laissée vivre. Les gens étaient souriants à cause du soleil qui avait finalement percé les nuages. Il y avait des fleurs partout qui créaient de superbes mosaïques et les fines herbes embaumaient l'air. Si je faisais une Zola de mon moi-même, je pourrais étirer sur plusieurs centaines de lignes la description des effluves de basilic, de menthe ou de romarin, et vous gaver jusqu'à satiété des caractéristiques horticoles des nombreuses espèces de plantes qui étaient représentées. Mais je n'ai malheureusement pas le talent de Zola pour décrire tellement bien les choses que l'on se prend parfois à sentir un parfum ou à goûter une épice. Je peux juste vous dire que c'était formidable d'acheter mes plants de tomates et ce que j'espère être les dernières annuelles et vivaces dont j'aurai besoin cette année pour remplir mes plates-bandes.

Après avoir terminé mes achats, je n'avais qu'une hâte : me retrouver justement dans mes plates-bandes pour mettre en terre mes végétaux tout neufs. C'est ce que j'ai fait tout l'après-midi sous une lumière radieuse et une brise moyennement légère. Le quartier était en plus étonnamment tranquille. C'est comme si l'Homme et moi étions les seuls à profiter de cette merveilleuse journée. J'ai terminé mes boîtes à fleurs pour la galerie avant, j'ai étendu du paillis de cèdre (ah! encore une fois une odeur à se mettre sous le nez!), et j'ai refait pour la troisième fois l'aménagement des plantes qui se trouvent au-dessus du Petit Muret de Gatineau. J'espère que je suis finalement arrivée à concevoir la combinaison gagnante quoique... j'ai eu l'idée tout à l'heure d'y transplanter demain deux vivaces qui végètent à l'ombre dans la cour arrière et de me procurer une autre astilbe.

Enfin, pendant que l'Homme s'affairait à la cuisson sur barbecue, je suis allée m'asseoir au soleil au bout du Petit Muret en sirotant mon verre de vin. Je m'y suis fait chauffer la couenne comme un lézard. J'aurais voulu que la journée ne finisse jamais. Pour me consoler, je me suis dit que c'était là la beauté du quotidien. Revenir, encore et encore.

2 commentaires:

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  2. La dernière phrase est charmante :) Pas besoin de faire une Zola de toi si tu ne le sens pas, tu es une fille qui va au but ;) et on t'aime comme ça!
    C'est si vrai que le quotidien fait tout, que ce ne sont pas nécessairement les grandes "One in a Lifetime Experiences" qui t'en apportent le plus, mais plutôt les petits gestes de soin et d'amour répétés qui fondent nos relations et notre personnalité. La familiarité, comme celle du jardin By, c'est l'un des plus beaux sentiments que je connaisse.

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