vendredi 25 février 2011

Pas encore de lumière au bout du tunnel

Depuis presque deux mois maintenant, je me fais croire que je vis mais, si je suis vraiment sincère avec moi-même, je suis obligée d'admettre que je vivote. D'après une définition trouvée rapidement dans la Toile, je vis donc au ralenti. C'est en plein ça.

Au moins, je vis. C'est déjà ça de pris. Je continue à marcher et à yogiser. Ça me calme l'intérieur et me fatigue l'extérieur. Et ça m'aide à dormir. Je vais aussi au travail tous les jours où je suis supposée y être. C'est plate parce que si je n'étais pas en train de vivoter, je finirais d'écouler mes congés de maladie (because la retraite prochaine) et je me ferais plaisir en profitant de belles journées de liberté. Mais, comme je ne sais toujours pas la hauteur du mont totonesque que je devrai gravir, je ne prends aucun risque et je garde mes congés en banque. Je suis sage, non? Je suis surtout plate.

Lire les journaux et continuer de me tenir au fait des coups d'éclat (ah! ah!) des brillants sbires que sont nos élus ne m'améliorent pas du tout le moral. Je suis désabusée. Je cherche l'ombre de l'apparence d'une vision d'une société meilleure et Anne, ma soeur Anne, je ne vois rien venir. Non, rien que les mêmes insanités, les mêmes indifférences, les mêmes insensibilités. C'est pas demain la veille que nous allons entendre la proposition qui va soulever les masses. Peut-être qu'avoir au pouvoir un dictateur pour une décennie ou deux nous amènerait à davantage de conscience et nous secouerait de notre léthargie collective. Je nous vois déjà en train de manifester dans les rues, oui nous qui sommes incapables de lever le petit doigt pour nous indigner de la misère et de la pauvreté vécues par des milliers de nos concitoyens. (Aparté - je viens d'écouter en rafale les deux derniers épisodes de Naufragés des villes. Je n'ai que le goût de m'engager au plus sacrant dans les mouvements de défense des écorchés de la vie et de partager avec eux tout ce que j'ai en trop. Je ne comprends pas que cette série ne soulève pas l'ire des gens. Les faits rapportés sont révoltants. Le portrait dépeint de notre société est absolument navrant. Pas de quoi, là encore, pour soigner une déprime.).

Bref, malgré de réels efforts pour prendre les aléas de la vie d'une façon cool, je dois reconnaître que je n'y arrive pas. Ou plutôt que j'y arrive par miettes. Je suis tellement fatiguée de m'inquiéter. Comble de malheur, quand je m'épanche un tant soit peu sur ma situation totonesque, c'est pour apprendre que mon cas n'est rien. Je n'ai pas de douleur. Je peux encore vaquer à mes occupations tout en vivotant. Ce n'est pas le cas de la personne que j'ai rencontrée qui devra attendre encore deux ans pour une opération à la hanche et qui souffre continuellement, ni celui d'une dame qui, après plusieurs mois de problèmes de digestion et de maux de ventre, vient d'apprendre qu'elle a en fait un cancer de l'utérus, ni celui d'une amie qui attend depuis neuf mois de rencontrer un oncologue après avoir passé un examen de l'intestin où le radiologiste a vu "quelque chose". Bon, ce n'est pas de la médecine de brousse, j'en conviens. Toutefois, je commence sérieusement à me demander s'il ne faudra pas en venir éventuellement à nous diagnostiquer et nous opérer nous-mêmes. De toute évidence, il y a péril en la demeure.

Si nous ajoutons à cela la pénurie de prêtres pour ceux et celles d'entre nous qui les utilisons encore, nous devrons aussi, j'en ai bien peur, nous asperger d'eau bénite par notre nous-même quand viendra le temps de nous mettre six pieds sous terre dans le trou que nous aurons bien entendu creuser de nos propres mains. C'est ce qui s'appelle ne jamais être aussi bien servi que par soi-même!

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