mercredi 4 mai 2011

Choc post-traumatique

J'ai mis du temps à vous faire part de ma réaction au tsunami orange. C'est que j'ai l'impression d'avoir reçu le toit sur la tête. Je suis encore abasourdie, hébétée, étonnée, désespérée, déprimée, souffrante. Je vis comme un automate depuis que j'ai vu lundi soir sur l'écran de télé apparaître le chiffre 155 à côté du logo honni. Le cauchemar qui devient réalité.

Pour tout vous dire, entourée d'autres vaillants bénévoles du Bloc qui avaient la mine aussi basse que moi en constatant l'ampleur du désastre, je me suis revue lors du dernier référendum. Vous savez celui où nous avons eu un pays pendant une heure environ, en fait jusqu'à ce que les résultats de la région de Québec viennent confirmer notre défaite. Jamais je n'ai oublié le visage lumineux de Richard Séguin qui, les larmes aux yeux, déclarait avant que l'affreux verdict nous rattrape : "Enfin, nous l'avons notre pays!" Hélas, hélas, notre bonheur fut de courte durée.

Devant l'immense écran électronique du bar sportif où nous étions rassemblés lundi, je ne savais plus si je devais crier ou pleurer. J'ai donc fait un peu les deux. Décontenancée, penaude, je suis retournée à la maison avec l'Homme qui, tout aussi découragé que moi, n'a pu que me dire pour tenter d'atténuer ma peine : "Tu sais, le désir d'indépendance, le combat pour la souveraineté, c'est notre génération. Cet idéal va mourir avec nous". Moi je ne veux pas accepter ce constat. D'autant plus qu'il y avait beaucoup de jeunes qui ont travaillé avec nous et qui pleuraient et rageaient autant que nous en prenant connaissance des résultats du désastre. C'est l'un d'entre eux, d'ailleurs, qui m'a donné le courage de me relever : "T'en fais pas. On va se revoir, c'est sûr, parce qu'on a un pays à construire". C'est vrai. Alors, toutes les fois où je me surprends à vouloir abandonner le combat pour de bon, je me rappelle ces mots remplis d'espoir.

En attendant, pour un petit moment, j'ai choisi de me retirer dans mes quartiers pour panser mes blessures. J'ai besoin de prendre soin de mon jardin et de mon bassin, de respirer l'air frais, de toucher la terre qui se réveille. La nature possède un grand pouvoir de guérison. J'ai confiance qu'elle saura me donner l'énergie dont j'ai besoin pour poursuivre ma route.

Et pour la suite des choses...

À tous ceux qui voulaient des changements, je vous souhaite seulement de ne pas avoir à vivre des lendemains trop amers. Déjà, ce matin, plusieurs groupes et organismes faisaient part de leurs vives inquiétudes envers le programme que M. Harper pourra dorénavant, sans plus d'entrave aucune, mettre de l'avant allégrement en faisant fi des valeurs fondamentales d'une grande partie de la population, de la majorité en fait. Suffit de penser aux secteurs pour lesquels il n'éprouve aucun désir d'améliorer les choses, notamment les arts et la culture, l'environnement et les langues officielles. Il y aura certes des avions de combat, des prisons plus grandes et davantage d'armes à feu en circulation. Sans compter que l'on pourra s'enliser à volonté dans les sables bitumineux. Mais il faudra chercher en vain les logements sociaux, les mesures pour abolir la pauvreté, entre autres chez les Autochtones, l'allègement du fardeau des aidants naturels et le souci de venir en aide à nos aînés démunis.

Je crains malheureusement que les cris de protestation de Jack, aussi forts et véhéments soient-ils, n'empêchent aucunement notre ciel d'être envahi de gros nuages noirs pour les quatre prochaines années.

2 commentaires:

  1. Quel désastre! Un gouvernement conservateur sans aucune limite pour 4 ans!!!! Ma seule consolation c'est que ce n'est pas grâce aux Québécois! Est-ce qu'une vague bleue ciel, remplie de l'espoir d'un pays remplacera ce bleu foncé? Je l'espère de tout coeur!Attention Harper, car nous pouvons avoir la mémoire longue sans compter que nous agissons parfois sur le coup de l'émotion, alors ne nous mets pas au défi!

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  2. La vague orange n'a rien à voir avec la majorité de Harper. Duceppe à la tête de 50 sièges n'aurait pas pu crier plus fort que Layton à la tête d'une centaine.
    D'autres voient la vague comme une promesse... Le Québec n'a jamais été aussi cohérent dans son vote contre Harper, pour des valeurs de gauche. J'en connais plusieurs en qui ça ranime la fibre souverainiste... Ça n'est vraiment pas fait, mais ce sont des conditions gagnantes pour cette lutte.

    Mais mon Dieu que je pleure avec vous de la majorité de Harper... en fait non, ma première réaction a été de crier! Il va falloir être plus politisés que jamais! Lu sur Facebook: La vraie opposition, elle est dans la rue.

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