mercredi 20 juillet 2011

À poils et à nageoires

Ah! la, la, qu'il fait chaud! Je crois bien qu'il n'y a que les espiègles de l'étang pour apprécier la hausse du mercure à sa juste valeur. Parlons-en de ceux-là, justement. Ce soir, j'ai cru remarquer que l'un d'entre eux, ou devrais-je dire l'une, avait un gros ventre proéminent qui semblait rempli de quelque chose, comme de belles promesses. Je ne peux pas croire que le bassin va devoir accueillir de nouveaux pensionnaires. Avec les ados de l'automne dernier qui grandissent à vue d'oeil, ça va faire du monde à messe, comme on disait dans le bon vieux temps!

Et autre fait amusant découvert aussi ce soir au sujet de la faune piscicole de mon point d'eau : ses habitants me reconnaissent. Bon, bon, j'entends les rires incrédules. Aux sceptiques qui seront bientôt confondus, je réponds que j'ai fait le test à au moins trois reprises et que toutes les fois j'ai obtenu le même résultat. Qu'est-il? Voilà que je vous titille l'organe de la curiosité "pipelisante". Eh! bien, parce que j'ai l'âme d'une Cousteau et que je ne peux résister à vous transmettre mes découvertes, je vous révèle comme ça, tout de go, que les espiègles se précipitent vers moi dès que j'approche du bassin. C'est tellement mignon! Je sais que cela n'a rien à voir avec mon charme de sirène, mais tout à voir avec mon air de nourrice. N'empêche. J'aime croire qu'avec tous les soins que je leur prodigue inlassablement et presque jamais sans me plaindre, j'ai mérité une certaine forme de gratitude. Savoir reconnaître la main qui te nourrit et la saluer de temps à autre n'est pas un trop gros effort demandé. Que ce dernier soit déployé par des bêtes à nageoires me remplit d'une joie incommensurable. Après tout, me semble que j'ai lu ou vu quelque part que les Japonais, ou serait-ce les Chinois, sont capables d'apprivoiser des poissons et de leur montrer des trucs. Vous verrez bien si je n'arrive pas à faire sauter les espiègles dans un cerceau d'ici la fin de l'été!

Pour vous prouver, comme si j'avais encore à le faire, que j'entretiens un lien particulier avec la faune qui m'entoure, je vais vous parler d'un nouveau petit chat errant adepte de mes plats de nourriture. En fait, il ressemble beaucoup à la maman des chatons de l'année dernière. Je crois d'ailleurs que c'est une femelle elle aussi car son pelage est tricolore. Comme j'ai tenté d'améliorer son ordinaire à quelques reprises en lui donnant du thon, j'ai réussi à établir un début de communication avec elle. Certaines gens mal intentionnés diraient plutôt que j'ai créé un monstre. Ainsi, elle a vite compris que lorsque j'ouvre la porte d'en avant le matin, ce n'est pas seulement pour prendre les journaux. C'est aussi pour mettre les bols sur le balcon. Depuis quelques jours, elle m'attend donc sagement et, dès qu'elle m'aperçoit, elle miaule pour que je la nourrisse. Évidemment, la nourriture sèche n'est désormais plus son premier choix. Vous aurez deviné qu'elle attend le spécial du jour que je cours lui chercher. Je ne peux lui résister car elle est assez maigre. De plus, je crois déceler en elle l'ombre de la possibilité que je puisse éventuellement la flatter. Ce serait merveilleux!

Je ne sais pas pourquoi je suis toujours aussi intéressée à établir un contact avec les animaux : chats, chiens, oiseaux, poissons, écureuils, ratons laveurs, souris. Je me souviens même de m'être attachée au cloporte commun que le Fils avait gardé quelques semaines dans la maison pour mieux observer le quotidien de cet animal déniché dans la cave. Je crois qu'il lui avait donné une pomme de terre pour se nourrir. À un moment donné, j'ai dû me résoudre à faire une mère de mon moi-même et j'ai demandé au Fils de relâcher la bête dans la nature. Vous dire à quel point nous y étions attachés : le cloporte vivait dans la cuisine, son bol stratégiquement placé sur le micro-ondes. Ce fut vraiment un triste jour que celui où Gaston plia bagages pour rejoindre ses congénères.

Avec le recul, je me dis que j'ai peut-être une âme de zoologiste mais doublée d'une couche de sensiblerie telle qu'elle vient affaiblir mon côté scientifique pour laisser toute la place au gaga gougou de l'émerveillée inconditionnelle des bibittes de toutes sortes. Et puis après?

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