mercredi 7 juillet 2010

Est-ce que je devrai m'expulser du nid?

Je suis pathétique. Ces temps-ci, je ne suis plus capable de parler du Fils et de la Fille sans me mettre à pleurer comme une Madeleine. Je suis à un point tournant de ma maternité et je n'arrive pas à lâcher prise.

Je suis fière, bien sûr, d'avoir des oiseaux qui volent de leurs propres ailes. Des oiseaux qui sont prêts à parcourir les cieux pour réaliser leurs rêves. Des oiseaux qui bâtiront bientôt leurs propres nids. Des oiseaux qui sont libres et qui se sentent donc capables de se débrouiller par eux-mêmes.

Pourquoi alors est-ce que ça ne me rend pas plus heureuse? Pourquoi est-ce que j'ai le coeur déchiré toutes les fois que le Fils repart de la maison après une visite? Pourquoi ai-je bloqué dans ma tête la pensée même que la Fille doit quitter le nid familial à la fin de l'été pour s'envoler vers des cieux lointains... tellement lointains pour moi? Est-ce que je ne suis qu'une mère? Est-ce que c'est parce que j'angoisse à l'idée de me retrouver face à face avec mon moi-même?

Justement, me suis-je vraiment un jour retrouver seule avec mon moi-même? Je croyais l'avoir fait en partant pour l'université mais je n'en suis plus certaine. J'ai tellement souffert de mon départ de la maison que j'ai surnagé, sans plus. Je me revois encore dans ma chambre à la résidence des étudiants. La première année, je ne vivais que pour le moment où je reprendrais l'autobus le vendredi soir pour retourner à la maison. J'allais à mes cours pendant la semaine, je mangeais à la cafétéria, je rentrais dans ma chambre le soir pour étudier. Ce n'est qu'après avoir rencontré l'Ami, à la fin de ma première session d'étude, que j'ai commencé à profiter de la Ville de Québec. Grâce à lui, je suis allée voir des spectacles et des films, j'ai visité un peu et j'ai découvert quelques bons restos.

Malgré tout, je n'ai pas l'impression d'avoir vécu seule. Après tout, j'ai rencontré l'Homme à la fin de ma troisième année d'étude. Lorsque je me suis installée en appartement, il est bien vite venu me rejoindre. J'étais donc deux. Ensuite trois. Puis quatre. J'aurais voulu que ça dure toujours. Quelle utopie! Quelle naïveté! Je le répète, je suis pathétique.

Mais là, je n'aurai pas le choix. Oui, l'Homme continue d'être à mes côtés. Ses besoins ne seront cependant pas suffisants pour m'occuper à plein temps puisqu'il est très autonome de nature. En plus, je prends ma retraite dans un an. Je n'aurai pas non plus l'excuse du travail pour m'occuper la pauvre cervelle. C'est l'occasion ou jamais de me prouver à mon tour que je suis autonome. Gros hic. Je ne crois pas être aussi bien préparée que mes enfants. Juste à regarder par-dessus le nid et j'ai la gorge serrée par la peur. C'est le saut dans le vide. Il n'y a aucune garantie. D'un côté, c'est la sécurité à vie. Ou plutôt le quotidien qui se répète ad nauseam, sans défi, sans rien de nouveau à expérimenter. De l'autre côté, celui du vide abyssal, c'est le grand inconnu. C'est aussi l'aventure, le dépaysement, la surprise, le plaisir de la découverte.

Peut-être que je devrais commencer par un vol de reconnaissance? Comme ça, je sais que je rentre au bercail tous les soirs. Je ne suis pas non plus obligée d'aller loin au début. Juste m'arracher les pattes des brindilles du nid représentera un exploit en soi. Je reste à l'affût. Dès que le vent souffle du bon bord, je m'élance!
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Notes pédestres : Mes bonnes résolutions ont tenu ce matin malgré le manque de coopération du réveil qui est resté obstinément silencieux. Le soleil, encore une fois caché par le smog, ne m'a pas attaquée. J'ai choisi d'écouter cette fois la dernière livraison du Pusher qui remonte quand même à quelques mois. Je suis en train de faire des découvertes. Vous n'y échapperez pas... je vous en reparle très bientôt.

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